Lettres de Kamura
Chapitre VIII
Huitième lettre
Chère Dylis,
Pardonne mon silence de ces derniers temps. L’amiral Galleus m’a dépêchée sur plusieurs chasses et expéditions, certaines s’éternisant un peu trop à mon goût. J’ai à peine eu le temps de souffler, et je n’ai pas eu la moindre occasion de t’écrire une seule lettre.
L’un des chercheurs les plus pointus concernant la traque des Trois Seigneurs était porté disparu. Il se serait aventuré un peu trop dans les terres en suivant une piste, et l’avant-poste a perdu toute trace de son passage. Un anjanath avait été aperçu dans les environs, et puisque ce chercheur n’est en rien un chasseur, une rencontre entre eux aurait été désastreuse. J’ai donc été envoyée éliminer cet anjanath et retrouver la trace de cet homme, accompagnée de Dame Fiorayne et de deux apprentis chevaliers sur la bonne voie.
Dame Fiorayne a suggéré que nous nous séparions afin de couvrir plus de terrain, et que le premier à retrouver le chercheur envoie une fusée de détresse afin de l’indiquer aux autres. Grâce à l’œil avisé de Misen et le flair sans pareille de Senki, nous avons pu remettre la main sur lui en premier, et alerter les autres. Mais je dois avouer que cette rencontre aura été particulière, tout comme le personnage… Peut-être aurais-tu aimé le rencontrer, toi qui as déjà vu bien des caractères hauts en couleurs !
Pour commencer, c’est un Wyvérien, ce qui n’étonne guère en définitive lorsqu’on connaît son rôle. Je n’avais jamais vu de Wyvériens au teint basané à Kamura, cela m’a surprise. C’est vrai qu’à Elgado résident tant de chevaliers aux physionomies différentes et dont les couleurs de peau pourraient dessiner un arc-en-ciel, j’ai mis du temps à m’y faire. Quoi qu’il en soit, son caractère excentrique m’a surprise, et je pense que tu aurais ressenti la même chose au premier abord. Il restait plongé dans ses observations, daignait à peine remarquer ma présence… Il semble m’avoir reconnue, bien que nous nous rencontrions alors pour la première fois, et seulement alors m’a-t-il adressé la parole de façon bien plus loquace, en se présentant sous le nom de Bahari.
Je t’épargnerai les détails, mais il a plus prêté attention aux traces du monstre qu’il suivait qu’à notre discussion. J’ai eu beau lui faire savoir que tous à l’avant-poste se faisaient du souci pour lui et sa sécurité, il ne voulait rien écouter. Il examinait les marques laissées par le passage d’un « garangolm » (je ne suis pas sûre de l’avoir bien orthographié) qui aurait saisi et traîné quelque chose, retournant la terre sur une surface conséquente. Ce monstre doit être massif, et très impressionnant, je redoute notre affrontement. Bahari affirme que cette espèce quitte rarement son territoire, ce qui signifie que quelque chose se trame bel et bien dans l’ombre. Sûrement quelque chose de conséquent. L’apparition du malzeno y est très certainement liée.
Je devrais être bientôt mobilisée à nouveau pour des recherches sur le terrain. Je dois t’avouer prendre goût aux chasses en compagnie de Dame Fiorayne. Elle sait bien manier l’épée et le bouclier, c’est très agréable d’avoir une compagne d’armes aussi vive et agile. J’espère que vous pourrez faire plus ample connaissance à l’avenir ; votre première et dernière rencontre a été plutôt brève…
Je t’écrirai à nouveau lorsque les recherches progresseront par ici. En attendant, transmets mes remerciements au village pour leurs chaleureuses attentions s’il te plaît. Je ne vous décevrai pas, je te le promets.
Nozomi