Deux ombres
Chapitre V — La rumeur
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Les guérisseurs wyvériens allaient et venaient dans les quartiers médicaux, souvent en formant ce groupe ethnique auquel les humains étaient difficilement conviés. Ils étaient tous plutôt jeunes – les plus âgés basés à Seliana devaient être nés il y avait de ça pas moins de cent soixante ans – et ricanaient allègrement, leurs oreilles pointues bougeant au gré de leurs humeurs.
Il était rare de les voir se mélanger aux humains. Souvent, le sentiment était réciproque ; le malaise engendré par une différence de sens de l’humour, ou tout simplement par l’écart de longévité entre les deux espèces menait souvent à une distanciation mutuelle. Dylis ne faisait pas l’exception, et préférait de loin faire sa vie dans son coin, à soigner ses camarades chasseurs, sans se mêler aux autres.
Il lui arrivait cependant d’admirer de loin ses collègues. De par leur grand âge, et leurs longues vies, ils accumulaient bien plus de connaissances qu’un simple humain ne saurait acquérir. C’en était frustrant ; ils pouvaient lire tous les livres qui avaient été écrits, et même les relire, sans que leurs corps ne fanassent avec les années.
Celui qu’elle admirait le plus était Merle, que l’on surnommait le « Voyageur » ; ce Wyvérien était arrivé à Astera avec la première flotte, quarante ans auparavant, et semblait encore plus jeune et robuste que les chasseurs parvenus avec la Cinquième. Ses cheveux noirs tressés en une queue de cheval laissaient apparaître ses oreilles aux bouts pointus rougis, et son armure ne laissait aucun doute planer sur son identité de chasseur. Le plus amusant était ses jambes fort musclées et digitigrades ; la courbure de la partie inférieure rappelait par ailleurs celle des felyns dans une moindre mesure. En revanche, cela perturbait toujours autant la jeune femme que de constater leurs mains pourvues de quatre doigts uniquement. Pour sûr, ces humanoïdes descendaient bien des mêmes ancêtres que les wyvernes que chassaient les Hommes.
Tirée de ses pensées par les gémissements d’Áedán, elle se dépêcha de se pencher à son chevet, et de s’enquérir de ses réclamations. Ses plaies allaient de mieux en mieux, se résorbaient en ne formant plus que de vilaines cicatrices qu’il faudrait continuer à traiter pour les faire diminuer, à défaut de pouvoir les faire pleinement disparaître. Le bois d’un petit brasero se consumait doucement, emplissant la pièce d’une délicieuse odeur de feu de cheminée. Les flammes s’élevaient faiblement, léchant les braises et l’écorce, et crépitaient, devenant une douce mélodie rassurante.
« Dis-moi tout, commença-t-elle en employant un ton maternel. Qu’est-ce qui t’arrive ?
– J’ai soif, articula-t-il difficilement en tournant vers elle sa tête aux traits creusés ; ses cheveux, qui avaient déjà bien poussé, lui tombaient en plus de cela sur ses yeux sombres fatigués. Est-ce que je peux avoir de l’eau ?
– Je vais te chercher ça tout de suite. Attends-moi un instant. »
Elle se leva, épousseta machinalement son tablier de chanvre, et attrapa la bassine d’eau qui reposait près du lit. Quitte à aller chercher de l’eau, autant en profiter pour changer celle dans laquelle elle trempait les linges pour aider le pauvre patient à lutter contre la fièvre qui le prenait parfois. Il aurait été bien qu’elle lui administrât une nouvelle dose d’antidote, juste au cas où. On n’était jamais trop prudent.
Une source approvisionnait directement le cœur de l’aile médicale, mais pour s’y rendre il lui fallut traverser les quelques couloirs qui permettaient d’accéder aux diverses chambres. Les murs de pierre et de bois, tous semblables, restaient impersonnels. Seule une petite plaquette de fer gravé indiquait le numéro de la pièce, pour peu qu’il eût fallu numéroter chacune des douze chambres. Seules deux ou trois étaient de toute manière occupées, ils n’en avaient bâties autant qu’au cas où. Au cas où quoi ? Dylis l’ignorait. La dernière grande affluence de blessés datait du temps où le shara ishvalda causait un chaos incomparable. Et même malgré ça, ils n’avaient pu remplir les chambres. Tant qu’ils ne finissaient pas en surpopulation de l’aile médicale, tout allait bien pour elle.
Elle croisa une de ses collègues wyvériennes affairée à panser les plaies d’un chasseur de la Quatrième Flotte qui aurait mieux fait d’avoir froid aux yeux ce jour-là. Ce n’était, à première vue, rien de bien méchant, mais la grimace qu’il fit alors que la guérisseuse appliquait une pommade sur une griffure laissait comprendre que ça n’avait rien d’agréable.
La jeune femme sourit. Certains faisaient les fiers, mais étaient de vrais gamins lorsque venait l’heure de se soigner, au point qu’ils ne venaient même pas pointer le bout de leur nez ici. Elle repensa alors aux nombreuses cicatrices qui décoraient les bras bronzés de l’amiral. Les petites striures blanches s’étaient accumulées au fil des années, et formaient désormais comme des tatouages gagnés au fil de ses combats contre les bêtes les plus féroces. On racontait qu’il avait déjà affronté un rajang enragé à mains nues. Était-ce vrai ? Dylis misait plutôt sur des rumeurs entretenues par l’allure un peu sauvage de Cornell.
L’image du corps de Uthyr qu’elle avait pu observer lorsqu’elle l’avait soigné lui sauta alors aux yeux. Si on oubliait ces trois grandes balafres qui traversaient tout son torse, il n’avait pas tant que ça été marqué par ses affrontements avec les prédateurs. Il y avait bien de nombreuses coupures sur les avant-bras majoritairement, et cette longue trace qui griffait son œil gauche, mais à part ça, il semblait plutôt préservé. Il était relativement jeune, il devait approcher lui aussi de la trentaine, et il n’était, au final, qu’au début de sa carrière. Certes, il avait affronté à lui seul le xeno’jiiva, et le shara ishvalda – ce qui n’avait pas été une mince affaire, avaient témoigné son assistante, Efa, et la vieille chasseuse, Heulwen – et cela relevait de l’exploit pour quelqu’un de si « peu » expérimenté comparé au commandant Gareth ou à l’amiral Cornell. L’Étoile de Saphir était décidément quelqu’un de très particulier, et cela ne s’arrêtait pas à juste son mutisme forcé.
Ce serait bien s’il arrêtait ces bêtises, et qu’il parlait réellement comme n’importe qui de sensé, se dit Dylis en empoignant une des cruches de terre cuite qui patientaient sur une étagère, avant de la tremper dans le petit bassin dans lequel coulait en continu de l’eau issue des sources voisines.
Qui était-elle pour lui reprocher ses choix de vie ? Ce n’était pas comme s’ils étaient proches ou quoi que ce fût. Elle secoua la tête, et essuya doucement les côtés de la cruche qui dégoulinaient. Elle entreprit de vider la bassine dans une cuve destinée aux eaux usées, et la remplit elle aussi. Tandis qu’elle épongeait l’eau qui coulait le long du récipient, elle entendit des voix et des rires appuyés.
« Attends, je ne t’ai pas dit la meilleure, dit une première femme. Celle-là je la tiens de Brithroth.
– Ce saoulard ? répondit une seconde. Il me fait honte.
– Tu sais, quand Efa a pris congé de lui pour suivre une piste de son côté, il a un peu été assisté par celle de l’estropié.
– Je me souviens de ça. Et ?
– Eh bah figure-toi qu’elle s’est pas juste contentée de l’assister dans la chasse, si tu vois ce que je veux dire. »
Les deux partirent dans de gros éclats de rire. Dylis sentit ses joues s’empourprer, un peu gênée d’entendre parler de la vie intime de ses collègues et amis dans de telles conditions. Elle se reprit bien vite, pour confronter les deux indiscrètes – des Wyvériennes, de surcroît ! rien qui n’arrangeait son malaise – qui parlaient avec peu de respect des histoires qui pouvaient tourner autour de sa colocataire.
« Vous n’avez pas honte de rapporter les mensonges d’un ivrogne avéré ? gronda-t-elle en gonflant les joues et en leur adressant un regard assassin, bien qu’elle ne crût pas un instant à son air intimidant. Vous feriez mieux de retourner à vos recherches, ça vous apprendra à propager des rumeurs infondées.
– Tu peux parler. Tu fais rien à part trainer avec l’estropié.
– Áedán, parce que c’est son nom, à cet « estropié » comme vous l’appelez, m’a été confié par Sadie, son assistante, elle-même. Parce que figurez-vous qu’ils sont unis, pas juste pas la chasse. »
Si elle n’avait pas été un minimum maîtresse d’elle-même, elle aurait probablement laissé s’échapper de ses mains la cruche ou la bassine, et qui savait quels dégâts cela aurait pu causer. Sa voix avait d’ailleurs décidé d’être un peu plus libre qu’à l’ordinaire, et s’était faite plus aiguë et perçante ; à coup sûr, on l’avait entendue depuis l’autre bout de la ville-colonie.
Elle garda la poitrine bombée et l’air fier, mais en réalité elle brûlait de honte. Elle détestait se faire savoir et affirmer ses positions et convictions. Mais elle ne pouvait juste pas laisser passer cela.
« Et puisque vous parlez de lui aussi, figurez-vous que Uthyr n’est pas un de ces hommes qui forniquent avec la première venue, ajouta-t-elle au comble de la colère.
– C’est pour ça que tu es frustrée qu’il soit toujours avec son assistante ? »
L’insinuation de la Wyvérienne la frappa comme un uppercut. Comment osait-elle parler de choses d’une manière aussi frivole et blessante ? Ce n’était pas comme si Dylis avait eu la moindre relation avec le chasseur autre que celle d’une guérisseuse et de son patient. Et ce n’était pas comme si elle avait souhaité plus ; la solitude lui convenait dans tous les cas.
« Il ne s’approcherait pas même de vous, » cracha-t-elle avant de tourner les talons, revenant sur ses pas, dans les couloirs du bâtiment.
Leurs ricanements mauvais flottèrent jusqu’à ses oreilles encore quelques instants, puis se turent. Une seconde de plus en leur présence et elle aurait probablement pu en venir à tuer ces personnes de ses propres mains.
Voilà une des raisons pour lesquelles elle n’appréciait guère les Wyvériens : certains étaient particulièrement ignobles et s’amusaient grandement à parler en mal de leurs collègues humains. Mais il fallait admettre que c’était quelquefois la même chose, dans le sens contraire.
Elle grommela quelques insultes à leur égard, quelque chose au sujet de leurs oreilles pointues, et ne vit pas la forme duveteuse qui s’imposa face à elle. Elle manqua de peu de lui rentrer dedans.
« Pardon, souffla-t-elle en retenant l’eau qui tenta alors de s’échapper des contenants. Je ne vous avais pas vu. »
En levant le nez, Dylis reconnut l’air renfrogné habituel de l’Étoile de Saphir. Ah.
Cette fois-ci, cependant, il avait l’air quelque peu blessé. Elle fit rapidement le lien avec la discussion qu’elle avait eue avec ses camarades. Mince. L’avait-elle entendue ?
« Attendez-moi ici, je reviens. À moins que vous ne vouliez voir Áedán ? »
Les yeux de l’homme – celui de couleur noisette comme son voisin grisâtre – regardèrent tour à tour Dylis, le sol, puis la porte de la chambre qui se trouvait à deux pas. Il finit par acquiescer, mais quelque chose sur son visage – bien qu’il fût difficile pour la jeune femme de mettre le doigt sur quoi en particulier – laissait clairement comprendre que ça n’avait pas été son intention première.
« Il sera ravi d’avoir de la visite de la part d’un ami, lui sourit-elle. Venez. »
Elle poussa doucement la porte. Toute son agressivité était retombée, elle s’était immédiatement calmée en voyant l’imposante stature du chasseur qui rôdait dans l’aile médicale.
« Voilà pour toi, Áedán, murmura-t-elle au patient en lui posant sur les lèvres un verre rempli d’eau fraîche qu’elle fit peu à peu basculer. Bois doucement, tout doucement…
– Merci, exhala le rouquin lorsqu’il eut fini d’avaler goulument la boisson. Ça fait du bien…
– Est-ce que tout va bien ? Tu as besoin d’autre chose ? »
Il fit non de la tête, et elle se contenta de poser le verre sur la table de nuit, près de la cruche, et trempa un linge dans la bassine pour le mettre sur le front du blessé, qui la gratifia d’un sourire. Il se réinstalla mieux dans le lit, bougeant le moins possible ses bras par peur de réveiller la douleur de ses doigts et mains, et tourna les yeux vers Uthyr, qui était resté dans un coin de la pièce, les bras croisés sur le torse. Il avait juste patienté, en les observant, et lorsqu’il remarqua que son camarade de flotte le regardait, il lui adressa un sourire maladroit. Ce n’était pas simple pour lui non plus de voir Áedán dans cet état, il fallait le comprendre.
« Toi aussi tu es venu voir ton ami estropié ? rit amèrement le rouquin. C’est bon, j’ai pas besoin de voir votre pitié. Sadie me suffit.
– Ne dis pas ça, rassura Dylis en luttant pour ne pas détourner le regard. Il faut que tu voies tes amis, ça te changera de moi. »
Uthyr se rapprocha, et posa gentiment sa main sur l’épaule de son ami, un sourire des plus réconfortants dessiné sur son visage. C’était sa manière à lui de rassurer le pauvre Áedán qui vivait difficilement la situation.
« Ça m’apprendra à m’attaquer à un tobi-kadachi vipère sans les protections adéquates, fit-il avec amertume. Peut-être aurais-je eu plus de chance si j’avais été l’Étoile de Saphir. On dirait que le destin te guide et te sauve à chaque fois. Je suis pas né sous la bonne étoile. »
Dylis jeta un regard désolé au visiteur ; elle aurait aimé qu’il n’eût pas à vivre une des mauvaises passes du blessé. Surtout qu’il n’était probablement pas venu pour ça dans un premier temps.
Par chance, Sadie arriva à ce moment-là. En la voyant, la mine d’Áedán s’illumina, et il sembla oublier, l’espace de sa visite, le mal qui le rongeait peu à peu. Après s’être assurée qu’il ne manquait plus de rien, Dylis prit congé de son patient, et invita Uthyr à la suivre, ce qu’il fit sans demander son reste. Étonnamment, pour une fois, il lui obéissait. Si l’ambiance n’avait pas été au malaise face à Áedán, peut-être se serait-elle permise de lui faire une remarque à ce sujet. Quelque chose qui sonnerait probablement comme : « Quand je vous ordonne de ne pas bouger pour que vous alliez mieux, vous désobéissez, mais quand je vous dis de me suivre hors d’une pièce, tout de suite vous allez dans mon sens ! ».
Quoi qu’il en fût, ils se retrouvèrent seule à seul dans le couloir. Épuisée, la jeune femme s’adossa au mur, se donnant le temps de souffler un peu, et lui proposa de venir se rafraîchir avec elle dans la salle commune.
« Ma journée est finie, de toute manière, ajouta-t-elle, alors autant en profiter pour aller boire un verre. J’aurais bien besoin d’un remontant. »
Il acquiesça, toujours dans ce silence qu’il gardait éternellement et, en quittant l’aile médicale, ils croisèrent les mêmes Wyvériennes que celles que Dylis avait entendues ricaner plus tôt. Elles lui jetèrent un regard en coin, en constatant l’homme qui l’accompagnait, et s’esclaffèrent de nouveau. L’une d’elle murmura même quelque chose que la jeune femme préféra ignorer, bien qu’elle eût facilement compris cette pique qu’on lui envoyait.
« Dites, commença-t-elle, vous m’attendiez tout à l’heure, non ? »
Il ne pipa mot, ni ne bougea sa tête, fixant continuellement un point devant lui alors qu’ils avançaient ; cela correspondait, aux yeux de la jeune femme, à une réponse positive. En enfilant sa cape de velours lorsqu’ils approchèrent de la sortie, Dylis poursuivit.
« Je suis désolée que vous les ayez entendues tout à l’heure. Je veux dire, à propos de ces rumeurs entre vous et Sadie… »
Il haussa les épaules. L’air indifférent qu’il affichait était surprenant. Se moquait-il de ce qui se racontait à son sujet ?
« Je me doute bien qu’elles racontent ça par pure jalousie, et que vous n’êtes pas comme ça, ajouta-t-elle en jetant des regards discrets vers son visage, espérant repérer un tic qui lui indiquerait une quelconque émotion pouvant trahir son impassibilité. Elles ne viendront sûrement pas le faire d’elles-mêmes, alors je vous prie d’accepter leurs excuses… »
Il ouvrit la porte, et une bourrasque glaciale les frappa soudainement. Sortir du bâtiment releva de l’exploit tandis qu’ils avançaient péniblement à travers le blizzard qui s’était abattu sur Seliana. En passant près du vaporium, ils virent le vieux Wyvérien technicien en chef qui se battait avec ses machines pour les remettre en état de marche. Uthyr s’approcha doucement de lui et vint lui prêter main forte, sous le regard observateur de Dylis.
Un mal-être la gagnait. Elle commençait à ressentir une forme de pitié pour cet homme, au-delà du respect qu’il lui inspirait pour ses prouesses audacieuses. Il avait beau être l’Étoile de Saphir, l’homme qui avait vaincu à lui seul le xeno’jiiva et le shara ishvalda, ces deux monstres ayant été jusqu’alors des espèces non recensées, faisant ainsi de lui le premier humain – ou humanoïde – à avoir fait la rencontre de ces créatures, il semblait à ce moment-là appeler sa clémence. Il était parti de rien, simple chasseur audacieux de l’Ancien Monde, et avait gravi les échelons.
Et malgré tout cela, malgré sa réussite qu’il ne devait qu’à sa robustesse et à son courage – et probablement aussi à son caractère un peu borné, tant il ne s’arrêtait jamais, et ce alors que ses camarades l’appelaient sans cesse à se calmer n’était-ce qu’un peu – il n’était pas respecté et admiré de tous. C’était surprenant. Autant que certains ne ressentissent qu’une indifférence en ce qui le concernait ne l’étonnait guère – elle en avait longuement fait partie jusqu’à ce qu’elle dût s’occuper de lui –, autant le fait que d’autres le méprisassent au point de raconter de telles sornettes à son sujet la plongeait dans un désarroi total. Grâce à lui, le Nouveau Monde avait évité la destruction de peu. Une telle attitude n’était-elle pas un peu étrange ?
Oui, c’était bien de la pitié. On salissait son nom, et sa seule manière de répondre aux provocations, lui qui détestait sortir de son silence autrement qu’en riant, était d’ignorer ses détracteurs. Son malaise s’intensifia, et elle sentit sa tête lui tourner. Voilà qu’en croisant son regard, elle sentait son ventre se nouer. Elle détourna immédiatement les yeux, incapable de se concentrer sur le visage de l’homme.
« Désolée, souffla-t-elle lorsqu’il revint vers elle après en avoir fini avec les machines chauffantes du vieillard. Je ne me sens pas bien. Je vais rentrer dans mes quartiers. »
Il sembla à la fois surpris et déçu. Mais comme toujours, il ne pipa mot.
« On se rattrapera une autre fois, c’est promis, » ajouta Dylis en joignant les mains pour l’implorer gentiment, avant de tourner les talons et de se hâter de retourner vers le bâtiment réservé aux individus banals, comme elle.
Uthyr attendit quelques instants dans son incompréhension, et finit par hausser les épaules avant de repartir vers la grand-salle. N’était-il pas parti pour boire un verre à l’origine ? Seul ou accompagné, il n’y voyait aucune différence.