Prologue

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Ce n’est pas dans mon habitude de mettre des mots sur mes émotions et mes ressentis. Mais après tous ces événements, je ne pouvais pas laisser mes souvenirs flétrir avec le temps.

Je ne compte pas m’éterniser sur chacune des choses que j’aurais à dire, car cela serait aussi désagréable à me remémorer que douloureux.

Je tiens juste à préserver son passé et les souvenirs que nous avons partagés ensemble. Au crépuscule de ma vie, alors que ma mémoire s’éparpille en fragments que je peine à rassembler, j’ose espérer que ce journal pourra nous réunir une dernière fois.

Son absence durant toutes ces années a été la pire des tortures qu’il m’ait été donnée de subir. Aucune parole ne saura nous redonner l’unique chance que nous avions saisie ; nos poings n’ont pas été suffisamment serrés pour l’empêcher de nous échapper.

J’ose espérer que ces sentiments si chers à mon cœur sauront atteindre cette personne, où qu’elle se trouve à présent.

La main calleuse posa la plume trempée d’encre sur son support, laissant le temps de sécher à celle apposée sur la page. Les doigts abîmés par le passage des saisons vinrent saisir le bord de la page, et la tournèrent, offrant à l’auteur du journal une nouvelle toile sur laquelle peindre un chapitre de son histoire.