Le roi des chat de Paris. (Miraculous: Les aventures de Lady bug et Chat Blanc)
Chapitre 2 : Le derniers sursaut de Nathalhie
2248 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a 6 mois
Note de l'auteur : Dans ce chapitre, je m’épanche un peu beaucoup sur ce que je pense être le ressenti de Nathalie. Sachez que, de mon point de vue, c'est nécessaire pour comprendre les réactions de ce personnage dans les prochains chapitres.
Nathalie reprit conscience. Le moindre mouvement, la moindre respiration étaient devenus un supplice infernal. Cela faisait des mois que son corps n'était plus que douleur. Depuis ce jour funeste où elle avait commis l’irrémédiable erreur de se sacrifier pour un homme qu'elle pensait déterminé à commettre les plus terribles atrocités pour le bonheur de sa famille.
Ce n'était que récemment qu'elle avait compris toute l'ampleur de sa tragique erreur. Plus précisément depuis le jour où, par un hasard et par une chance extraordinaire, l'un de ses plans douteux avait fini par porter ses fruits. Un miracle inespéré.
Lorsqu'elle l'avait appris, elle avait éprouvé deux sentiments contradictoires. La jeune femme éprouva un soulagement merveilleux devant cette improbable nouvelle. La jeune femme s'était résignée à sa fin prochaine. Pour elle, aucune issue n'était envisageable, et ce n'était pas faute d'avoir envisagé la question. Sa seule chance de guérison était de faire un vœu, mais elle n'en connaissait que trop bien le prix. Une vie pour une vie. Même s'ils parvenaient à mettre la main sur les Miraculous de la coccinelle et du chat noir, pourrait-elle accepter d'être ainsi sauvée ? Pourrait-elle continuer à vivre en sachant que sa survie avait été obtenue avec la mort d'une personne innocente ?
Cela lui posait un cas de conscience. Elle s'était torturée l'esprit sur l'énoncé d'un vœu dont les conséquences soient plus moralement acceptables. Tuer une personne innocente était inacceptable, évidemment, et jamais elle ne s'y résoudrait.
Avant sa mort, Émilie en était arrivée à la même conclusion. Elle avait même fait une vidéo l'exhortant à ne pas tenter cette folie. Gabriel connaissait l'existence de ses vidéos et ce qu'elles contenaient, mais ne les avait jamais regardées. Au début, elle avait essayé de lui faire comprendre que son épouse ne lui serait pas reconnaissante de cette résurrection et que, plus probablement, elle risquait de le lui reprocher. Gabriel avait écarté tous ses arguments en prétextant savoir mieux que personne ce qui était le mieux pour sa famille. Propos qu'il réitérerait bien des fois pour justifier les souffrances qu'il infligerait par la suite à son fils, par sa négligence et ses décisions intrusives.
Nathalie avait fini par se résigner et petit à petit le rejoindre dans son délire, allant presque jusqu'à se laisser convaincre de la justesse et de l’altruisme de ses décisions. Comme quoi, Adrien n'était peut-être pas la personne la plus naïve vivant sous ce toit.
Mais Nathalie n'était pas Émilie et elle portait bien son patronyme « Sans cœur ». Non qu'elle fût une femme froide et dépourvue de sentiment, même si cela devait être l'image que la plupart des gens avaient d'elle. Loin de les détromper, c'était une impression qu'elle cultivait telle une armure pour se protéger. En dissuadant quiconque de tisser des liens avec elle, elle ne risquait pas d'être blessée. Une stratégie qui avait toujours fonctionné, à deux exceptions près. Émilie et Adrien. Ni la mère, ni le fils ne s'étaient arrêtés aux apparences, ne semblant même pas en avoir conscience. Non, Nathalie n’était pas insensible, elle contrôlait seulement parfaitement ses émotions et ne se laissait pas aveugler par elles. Si un problème semblait insoluble, alors peut-être y avait-il un moyen de le contourner.
Un innocent ne pouvait être sacrifié, mais quid du cas où la personne sacrifiée ne l'était pas ? Si c'était un terroriste, un pédophile, un trafiquant de drogue ou un tueur en série ? Est-ce que cela deviendrait plus acceptable ? Peut-être. Enfin, pour cela, il faudrait pouvoir avoir la possibilité de choisir la personne qui allait mourir et elle ne savait pas si c'était possible, mais elle se raccrochait à ses pérégrinations mentales pour ne pas sombrer dans le désespoir lorsque la nuit, elle était terrifiée à l'idée de la mort.
Alors, lorsqu’il lui avait appris la nouvelle de sa toute première victoire, elle s'était prise d'un fol espoir lorsqu'il avait déclaré vouloir utiliser le Miraculous du Lapin qui permettait de revenir dans le temps. C'était la solution parfaite qui lui permettrait de tout annuler. Un espoir d’annuler la mort d'Émilie, leurs maladies dues aux bijoux brisés du Paon et surtout toutes les atrocités qu'il avait perpétrées durant cette année. Mais Gabriel n'avait pas pensé à tout ça. Il n'avait vu dans le pouvoir du concept de l'évolution qu'un moyen de découvrir l'identité de Ladybug et Chat Noir. Aussi surexcité qu'un enfant à qui l'on venait d'offrir un nouveau jouet, il s'en était allé avant même qu’elle n'ait pu dire quoi que ce soit.
La jeune femme se souvint qu'elle avait ressenti une vive appréhension que son patron ne gâche cette occasion unique d'effacer tout le mal qu'il avait fait à cette ville, à eux-mêmes et surtout à Adrien. Elle n'eut pas le temps de se sentir frustrée, car aussi vite qu'il était parti, il était revenu vers elle, la queue entre les jambes, dans un bien piteux état. À peine trente secondes s'étaient écoulées depuis le moment où il lui avait raccroché au nez, mais par la magie du temps, cela avait été amplement suffisant pour qu'il se fasse vaincre par les deux adolescents super-héroïques une fois de plus. C'est alors que, sans doute pour la première fois depuis qu'elle était à son service, Nathalie l'avait vu tel qu'il était réellement. Un pauvre petit homme mesquin et totalement dépourvu d’empathie pour quiconque, ne se souciant que de ses intérêts et cherchant uniquement à obtenir ce qu'il estimait lui être dû.
Il était dans un état aussi pitoyable ; en même temps, il n'était pas non plus accoutumé à monter au front et à se salir les mains. À l'instar de l'ancien gardien de la Miracle Box, qui avait toujours préféré se servir d'adolescents afin de préserver son anonymat et éviter d'avoir à prendre des risques. Il lui avait alors demandé de la nourriture pour les kwamis en râlant sur la méchante Ladybug qui l’avait une fois de plus encore – c'était la cent-septième fois quand même – battu.
"Pauvre petite chose", s'était-elle alors dit, se demandant ce qu'elle et Émilie avaient bien pu trouver d'honorable chez ce ridicule et pitoyable petit troll malveillant. Son moment de gloire n'a pas duré longtemps.
En dépit de cette prise de conscience, elle l'informa de ce qui lui semblait logique : le moyen le plus efficient d’utiliser le pouvoir du temps, à savoir modifier la chronologie des événements en utilisant les connaissances acquises durant le Miracle Queen pour réparer le Miraculous du Paon avant la conception d'Adrien et ainsi annuler toutes les conséquences délétères et le mal qui en avait découlé.
Lorsqu'il vit ses yeux s'éclairer comme devant une révélation divine devant ce qu’elle considérait comme un plan auquel un gamin de six ans un peu éveillé aurait pu penser, elle eut très envie de le frapper. Mais lorsqu'il s’exclama « comment n'y ai-je pas pensé ? », elle réalisa que la réponse ne résidait pas dans les capacités cognitives - somme toute très limitées - de son patron, mais plutôt dans le fait qu'il n'était pas, contrairement à elle, tourmenté par le mal qu'il avait pu causer. Ressusciter sa femme au prix d'une autre vie ne lui posait aucun cas de conscience particulier, du moment qu'il obtenait ce qu'il voulait.
La suite n'avait fait que confirmer ses craintes. Au final, il avait privilégié un affrontement direct avec sa Némésis Ladybug plutôt que tendre la main afin de saisir une victoire finale certaine mais anonyme.
Cela pouvait sembler anecdotique. Un détail de l'histoire. Mais pour Nathalie, qui avait tant sacrifié pour aider cet homme qui prétendait faire toutes ces choses affreuses pour sa famille, ce fut la trahison de trop. Jusque-là, et en dépit de toutes ses déconvenues, ce qui sauvait Gabriel, c'était qu’aussi horrible que soient les choses qu'il avait faites, c'était pour ramener un être aimé. Seulement là, il aurait clairement pu obtenir tout ce qu'il voulait. Sauver sa femme, la sauver elle, et effacer toutes les souffrances infligées à cette ville. Sauf que tout cela ne représentait rien aux yeux de Gabriel Agreste, qui se fichait des malheurs des autres. Non, non, non. Remettre à sa place la gamine qui l'avait si souvent mis en échec était bien plus important.
Au final, il n’aimait personne d'autre que lui. Adrien, Émilie et même elle-même n'étaient que des accessoires. Contrairement à ce qu'elle avait naïvement cru, il ne faisait pas cela pour sa famille, mais parce qu'il estimait que quelque chose lui avait injustement été enlevé. Gabriel, issu d'un milieu modeste, s'était élevé grâce à son travail. Le problème, c'est que loin de porter un regard bienveillant sur ceux qui étaient restés en bas, dans une classe sociale inférieure, il s'était mis à mépriser ceux qui, il n'y a pas si longtemps, étaient ses semblables et ses pairs. Contrairement à ce qu'avait pu prétendre Gabriel Agreste, ce n'était pas par amour qu'il agissait, mais par ego. Sa détermination n'était pas celle d'un homme qui se battait pour ses proches, mais plutôt l'arrogance de celui qui pense que tout lui est dû.
Ce qu'elle avait vu par la suite n'avait fait que confirmer cette opinion. Le fait qu'il s'assagisse vis-à-vis de son fils et cherche à forger des liens aurait pu être interprété par elle, quelques semaines plus tôt, comme quelque chose de positif. Sauf que depuis, ses œillères étaient tombées. Désormais, elle le voyait pour ce qu'il était. Ce qui le motivait n'était autre que l’ego, cela ne faisait plus aucun doute. Sans une hésitation, il avait balayé par amour-propre tout ce pour quoi il avait prétendu se battre. La résurrection de sa femme, sa guérison et même le bonheur de son fils, rien de tout cela ne pouvait tenir la comparaison avec la revanche contre une fille anonyme en costume rouge à pois noirs.
Tout ce qu'elle avait vu depuis n'avait fait que renforcer la mauvaise opinion qu'elle avait du styliste. Et ce n'était pas la brève période où il avait vaguement essayé de se rapprocher d'Adrien qui risquait de la faire changer d'avis. Il y avait deux raisons qui expliquaient cette tentative de rapprochement. La première, c'était qu’après qu'elle l'ait envoyé paître, il avait été mortellement blessé par le cataclysme de Chat Noir. Ce n'était donc qu'en désespoir de cause et faute de mieux qu'il s'était tourné vers l'enfant qu'il avait délaissé, tout en faisant peser sur ses épaules le poids de ses attentes déraisonnables. Ce pseudo-repentir n'avait d’ailleurs pas duré longtemps. Ses bonnes résolutions, bien vite envolées, il n’avait pas tardé à se montrer à nouveau intrusif et cruel à l’égard de ce dernier. Gabriel justifiait son attitude par les circonstances et le fait que le temps leur était compté.
Sauf que Nathalie n'y croyait pas, car loin de s'en vouloir pour le mal qu'il faisait à son fils, il s'en réjouissait. L’assistante l'avait constaté à plusieurs reprises : à chaque fois qu'il soumettait son fils en utilisant le pouvoir, loin de s'en vouloir, il en tirait une vive satisfaction. Cela se voyait sur son visage. Parfois même, il ne faisait pas l'effort de le cacher et il souriait. Comme cette nuit où il lui avait, après qu'il ait tenté de l'Akumatiser, ou quand il avait tenté de faire pression sur sa petite amie, Marinette Dupain-Cheng, et pire encore, quand il lui avait annoncé avec un grand sourire qu'il allait l'envoyer un an en Angleterre. Ce n'était plus de la contrainte lorsqu'on y prenait du plaisir.
Non, il était inacceptable qu'un tel individu ait une belle vie en marchant sans une once de scrupule, d'autant que nul ne savait le vœu qu'il ferait. Une chose était certaine : des gens mourraient si cela advenait. La conclusion s'imposa telle une évidence : si elle pouvait l’empêcher, elle devait le faire.
Elle se résolut, par un simple effort de volonté, à ne pas se laisser mourir et à se battre jusqu'à son dernier souffle, en dépit de son état. L'effort qui lui fallut pour sortir de son lit et se dresser sur ses deux jambes lui demanda un effort considérable, tant son corps, rongé par la magie déficiente du Miraculous du Paon, lui faisait mal. Mais elle devait se lever et mettre fin à cette folie. Pour le bien de tous les habitants de Paris, elle devait tuer Gabriel Agreste.