Tokyo Mew Mew : L'éveil du tigre blanc
Chapitre 10 : Les ailes du changement
5749 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a environ 2 mois
Le parc était baigné de la lumière chaude de l'été, le soleil scintillant à travers les arbres aux feuillages d'un vert éclatant. Les brises légères emportaient avec elles la douce chaleur et l'odeur des fleurs en pleine floraison, créant une atmosphère sereine et presque magique. Lucie était assise sur un banc en bois près d'un petit étang, ses pieds nus touchant l'herbe fraîchement coupée. Le carnet de croquis reposait sur ses genoux, et son crayon glissait doucement sur la page, esquissant des formes fragiles et aériennes.
Elle dessinait des papillons, mais aussi des chibis. Ses petites versions des Mew Mew prenaient vie sous ses doigts : Ichigo avec sa tenue rose pétillante, Mint dans une pose gracieuse, Zakuro au regard mystérieux, Retasu toute timide et maladroite, enfin Pudding entrain de jongler. Même Ryo et Keiichiro avaient droit à leurs petites représentations, dans des scènes farfelues et pleines de douceur. C'était un mélange d'émotions, une galerie de ses amis dessinée avec tendresse et humour.
Un papillon, aux ailes orange et dorées, vola soudainement près d'elle, attirant son attention. Fascinée, Lucie cessa de dessiner un instant pour le suivre des yeux. Il se posa délicatement sur sa tête, ses petites ailes battant lentement sous la chaleur estivale. Un sourire effleura ses lèvres alors qu'elle tendait une main, prête à l'attraper, mais elle hésita. Le papillon était tellement fragile, si beau dans sa lente danse. Lucie en oublia presque tout autour d'elle.
Soudain, elle entendit des bruits de pas, rapides mais délicats. Un éclair de mouvement attira son attention, et elle tourna la tête juste à temps pour voir une silhouette s'approcher rapidement. C'était une jeune femme, sa silhouette élancée, son regard intense et déterminé.
Rei Nishina, qui avait observé le papillon quelques instants, sourit soudainement. Un éclat malicieux brilla dans ses yeux. —"Je peux l'attraper ?"
Avant que Lucie ne puisse répondre, Rei agita un filet qui semblait avoir apparu de nulle part, et, avec une précision presque comique, le lança... droit sur la tête de Lucie. Le filet se posa doucement sur ses cheveux, cachant la vue du papillon, et Lucie, surprise, resta un instant immobile, ses bras toujours tendus vers le ciel.
—"Oh... désolée !" s'exclama Rei, rougissant légèrement, mais une lueur de plaisir brillait dans ses yeux. —"Je voulais juste attraper le papillon."
Lucie, un peu abasourdie, retira lentement le filet de sa tête avec un sourire amusé. —"C'est... un peu trop direct, non ?"
Rei éclata de rire, son regard s'adoucissant immédiatement. —"Je ne pensais pas que ça finirait comme ça. Mais c'est toujours plus facile de les attraper avec un filet."
Le papillon, indifférent à toute cette agitation, reprit son vol et se posa doucement plus loin, sur une fleur toute proche. Lucie le suivit des yeux, puis se tourna à nouveau vers Rei, qui la regardait avec une curiosité amusée.
—"C'est un bel été, n'est-ce pas ?" dit Lucie, un léger sourire aux lèvres, ses yeux brillants sous la chaleur de la journée.
Rei hocha la tête, toujours en train de sourire. —"Oui, l'été a cette étrange capacité à rendre les moments légers, même quand on ne s'y attend pas."
Un silence se fit, une brise légère les enveloppant, avant que Lucie ne brise l'instant avec une nouvelle question :
—"Je ne crois pas t'avoir vue ici avant... Tu viens souvent dans ce parc ?"
Rei la regarda un instant, puis secoua doucement la tête. —"Non, en fait... je suis venue aujourd'hui pour étudier les papillons." Elle sourit légèrement, comme si elle partageait un petit secret. —"C'est un peu mon travail, en fait."
Lucie la fixa, surprise. —"Étudier les papillons ?"
Rei acquiesça, son regard devenant soudain plus sérieux, comme si elle était en train de lui confier quelque chose de plus important. —"Oui. Je travaille sur l'étude de la biodiversité des papillons à Tokyo. Il paraît que le nombre de papillons que l'on voit dans un endroit peut indiquer la qualité de l'air." Elle marqua une pause, un léger nuage traversant ses yeux. —"Si l'air est pur, il y a beaucoup de papillons. Mais s'il y en a peu, cela veut dire que l'air est contaminé, et c'est inquiétant."
Lucie fronça les sourcils, pensive. —"C'est fascinant... et un peu inquiétant, en effet."
Rei observa les papillons qui voltigeaient autour d'elles, ses yeux se posant sur chaque mouvement léger. —"Oui, c'est pour ça que j'essaie toujours de comprendre le comportement des papillons ici. Les populations sont parfois trop faibles..." Elle laissa sa phrase en suspens, un léger frisson d'inquiétude traversant son regard. —"Ça me trouble."
Lucie, touchée par cette vérité silencieuse, hocha doucement la tête. —"Je vois..." Elle marqua une pause, se souvenant de la légèreté de l'instant précédent, puis reprit avec un sourire plus doux : "Mais, en attendant, tu as attrapé un papillon, non ?"
Rei se détendit un peu, son sourire revenant. —"Oui... c'est vrai." Elle se tourna alors vers Lucie avec un regard qui devenait de plus en plus curieux. "Et toi, pourquoi dessines tu des chibis dans un endroit comme celui-ci ?" Elle sourit doucement, observant le carnet de Lucie. —"C'est un bel endroit pour capturer la beauté des petites choses, non ?"
Lucie, surprise par la question, baissa les yeux vers ses dessins. —"J'aime les petits moments. Les petites choses qui rendent la vie spéciale." Elle haussait légèrement les épaules. —"C'est comme un souvenir. Je trouve que les chibis, c'est une façon mignonne de capturer ça."
Rei sourit en l'écoutant, avant de tendre la main à Lucie avec un air plus amical. —"Je suis Rei Nishina."
Lucie lui serra la main avec un sourire sincère. —"Lucie Sakuragi." Elle fit une petite pause, amusée. —"Ton prénom est mignon."
Rei, un peu surprise mais flattée, rit doucement. —"Merci, Lucie. Ton prénom est charmant aussi."
Les deux jeunes femmes échangèrent un sourire, une connexion naissant entre elles, renforcée par la douceur de l'été et la magie des papillons.
Rei sourit de plus belle et se leva lentement, ajustant son filet à papillons. —"C'était vraiment agréable de discuter avec toi, Lucie." Elle lui tendit un dernier regard, ses yeux pétillants d'une lueur amusée. —"J'espère que nos chemins se croiseront à nouveau, un de ces jours." Lucie, surprise par la douceur de la phrase, hocha la tête avec un sourire. —"Moi aussi." Puis, sans un mot de plus, Rei s'éloigna, disparaissant à travers les allées du parc, son filet flottant derrière elle.
Lucie resta un moment, les yeux fixés sur l'endroit où Rei avait disparu, avant de se tourner pour ramasser son carnet. Elle jeta un dernier regard aux papillons, dont les ailes colorées semblaient voler autour d'elle comme pour la saluer.
Puis, d'un mouvement fluide, elle se leva, prenant le chemin du Café Mew Mew.
Pendant ce temps dans la lumière tamisée de l’arrière-cuisine, baignée d’un calme feutré, Keiichiro était assis seul à la table de préparation. Devant lui, un carnet de croquis entrouvert révélait le dessin méticuleux d’un gâteau : plusieurs étages aériens, orné de papillons stylisés qui semblaient presque prêts à s’envoler. Il traçait les détails avec soin, concentré, son crayon glissant sans bruit sur le papier.
La porte battante de la cuisine se poussa doucement. Retasu entra, ses pas discrets sur le sol.
Elle s’approcha doucement, jetant un coup d’œil au dessin.
— "C’est magnifique… C’est pour un nouveau gâteau du café ? "
Keiichiro répondit sans lever les yeux :
— "Non. C’est un gâteau d’anniversaire. "
Retasu, surprise, inclina légèrement la tête sur le côté.
— "Oh… C’est le vôtre ? "
— "Non. " répondit-il simplement.
Un court silence flotta entre eux.
Les yeux de Retasu glissèrent à nouveau sur le dessin, s’attardant sur les papillons.
— " Est-ce que vous voulez que je vous apporte un plat spécial pour le poser ? "
Mais Keiichiro ne répondit pas.
Il restait absorbé dans sa tâche, comme si le monde autour n’existait plus. Son regard suivait les courbes du gâteau sur le papier avec intensité. Il n’avait pas ignoré Retasu par impolitesse : il était simplement… ailleurs.
De l’autre côté des battants souples séparant la cuisine de la salle, Ryo, qui passait par là, ralentit en entendant les voix. Il écarta légèrement un des battants pour jeter un œil, restant à l’abri des regards.
Son regard passa brièvement sur Keiichiro, puis sur Retasu, debout à côté de lui, patiente, douce, respectueuse de son silence.
Un peu plus loin, au mur, un calendrier accroché attira l’attention de Ryo. Il y avait une date entourée au stylo rouge : le 6 juillet.
Il plissa légèrement les yeux, pensif.
Quelques instants plus tard, le tintement léger de la clochette d’entrée annonça l’arrivée de Lucie.
— "Bonjour tout le monde !" lança-t-elle avec son sourire habituel.
Elle entra dans le café, enfilant son tablier rouge rubis d’un geste gracieux. Autour du comptoir, Ichigo, Mint, Retasu qui venait de ressortir de la cuisine, et Pudding, discutaient à voix basse.
Lucie s’approcha, intriguée.
— "Y’a un truc ? Vous avez toutes l’air de marmonner comme des petites conspiratrices. "
— "C’est Keiichiro. Il agit bizarrement aujourd’hui… " murmura Ichigo en regardant vers les battants.
— " Il est dans sa bulle. Il a même pas remarqué que je lui avais laissé un thé tout à l’heure. " dit Mint en croisant les bras.
— "Il dessinait un gâteau… avec plein de papillons… " ajouta Retasu, un peu troublée.
— "Peut-être qu’il est amoureux !" chuchota Pudding, l’air espiègle.
Lucie arqua un sourcil, son sourire devenant plus doux.
— "Ou alors c’est un souvenir important. "
Alors que les filles échangeaient leurs hypothèses, Zakuro s’approcha, une assiette vide à la main. Elle les observa avec son regard calme, presque distant.
— "Laissez le tranquille. Si c’est important, il en parlera quand il sera prêt. "
Aucune d’entre elles n’osa répondre. Elles hochèrent simplement la tête, respectueuses.
Un peu plus tard, alors que l’après-midi se poursuivait, Lucie poussa sans bruit les battants de la cuisine et entra.
Keiichiro était toujours là, son carnet devant lui, crayon à la main.
Elle ne dit rien. Juste un pas lent, puis elle s’assit à côté de lui dans un silence paisible, presque complice.
Un long moment passa.
Lucie tendit la main et prit doucement le crayon entre les doigts de Keiichiro. Il ne résista pas, relevant seulement légèrement les yeux.
Elle ajouta quelques traits précis, affina les ailes d’un papillon, corrigea une ombre, suggéra un reflet léger. Puis elle reposa le crayon à côté du carnet, calmement.
Keiichiro l’observait en silence. Son regard s’adoucit, imperceptiblement.
Lucie, elle, resta un instant immobile, son doigt effleurant encore légèrement la table. Ses yeux se posèrent sur lui, plus attentifs, presque interrogateurs.
Un frisson discret d’émotion avait traversé Keiichiro. Rien de visible… mais elle l’avait ressenti.
Quelque chose de profondément enfoui, doux mais teinté de mélancolie. Une nostalgie silencieuse, ancienne… et précieuse.
Elle ne dit rien. Elle se contenta de lui adresser un petit sourire apaisant. Mais son regard avait changé, comme si elle savait… sans avoir besoin qu’il le dise.
De l’autre côté des battants entrouverts, Ryo observait toujours. Il baissa légèrement les yeux, pensif.
Le lendemain, après les cours, Lucie se rendit au parc pour poursuivre ses dessins. La journée était douce, l’air frais, et elle aimait cette ambiance tranquille qui l’aidait à se concentrer. Elle s’installa près de l’étang, ses crayons et son carnet bien en main, prête à capturer la beauté paisible qui l’entourait. Alors qu'elle esquissait tranquillement, un papillon, avec des ailes aux couleurs subtiles, se posa doucement sur son épaule.
Lucie, absorbée par son dessin, ne fit pas attention à la présence de l’insecte pendant un instant. Mais au bout de quelques secondes, elle sentit un léger poids sur son épaule, comme si une petite brise venait de la frôler. Elle tourna légèrement la tête, se retrouvant face à l’étang, mais le papillon restait bien là, immobile.
Soudain, une sensation étrange lui traversa l’esprit. Une présence. Elle se retourna brusquement et, en la voyant, perdit l’équilibre. Rei, qui venait d’arriver, se tenait là, un sourire amusé sur les lèvres. Dans un instant de panique, Lucie tenta de se rattraper, mais elle glissa et, avant même de pouvoir se stabiliser, Rei tendit instinctivement la main pour l’aider.
Mais, dans un mouvement maladroit, les deux jeunes filles perdirent pied et tombèrent dans l'eau. Le bruit de l'eau éclaboussant autour d'elles se mêla à leurs éclats de rire, tandis que le papillon, toujours présent, s’éleva en douceur au-dessus d’elles, virevoltant dans l’air.
Elles émergèrent de l'étang, trempées de la tête aux pieds. Lucie, éclatant de rire, s'ébroua comme un chat mouillé. Rei, un peu gênée mais aussi amusée, se releva avec un sourire, en s'époussetant.
—"Allez, viens, suis-moi. Il faut que tu te changes," dit Rei, sa voix toujours calme, mais pleine de bienveillance.
Lucie acquiesça, et elles se rendirent toutes deux à l'intérieur, vers le bureau de Rei, situé non loin du parc. En attendant que ses vêtements sèchent, Rei lui proposa un ensemble de vêtements de sport. Lucie, tout en s’habillant, laissa son regard glisser autour du bureau de Rei, curieuse. C’est alors qu’elle remarqua les papillons empaillés, soigneusement disposés dans des cadres en verre. Un frisson passa dans le dos de Lucie, mais elle garda sa pensée pour elle, admirant néanmoins la beauté des insectes.
—"C’est joli, n’est-ce pas ?" commenta Lucie d’une voix douce.
Rei se figea un instant, son regard se perdant dans le vide. Puis elle répondit, d’une voix un peu plus triste : "Je me sens mal de les avoir ainsi, mais... je n’ai pas le choix. Si je veux les étudier, c’est comme ça que ça doit être."
Lucie sourit tendrement. —"Tu es gentille," dit-elle.
Rei tourna lentement la tête vers elle, étonnée par le compliment. —"Tu es la seconde personne à me dire ça," répondit-elle, presque dans un murmure.
Lucie, absorbée par les détails du bureau, se remit à observer les objets qui l’entouraient. Puis ses yeux s’arrêtèrent sur un calendrier posé sur une étagère. Un cercle rouge était tracé autour de la date du 6 juillet. Lucie fronça les sourcils en l'observant.
—"Il y a quelque chose de spécial ce jour-là ?" demanda-t-elle, intriguée.
Rei regarda le calendrier, puis sourit doucement, une teinte de mélancolie dans le regard. —"C’est mon anniversaire, aujourd’hui."
Lucie se perdit dans ses pensées un instant, avant de répondre avec une certaine retenue. —"C’est intriguant. Notre chef pâtissier a aussi entouré la date du jour... Mais je ne pense pas que vous connaissiez Akasaka Keiichiro."
Aussitôt, Rei sembla légèrement surprise. Ses yeux s’écarquillèrent, un frémissement d'inquiétude se lisant sur son visage. Elle ne dit rien tout de suite, mais son air changea, laissant échapper un léger souffle de surprise, comme si elle venait d’entendre un nom qu’elle n’aurait pas voulu entendre dans ce contexte précis.
La soirée avait enveloppé le Café Mew Mew d’un calme apaisant. À l’intérieur, seules quelques lumières tamisées diffusaient une lueur chaude sur les meubles et les murs, projetant des ombres douces. Lucie, punie par Mint pour son retard, s’activait silencieusement, balai dans une main, serpillère dans l’autre. Le clapotis de l’eau et le frottement régulier sur le sol accompagnaient ses pas.
Elle passa devant les battants souples de l’arrière-cuisine, ces rideaux de plastique qui se balançaient doucement en silence. Elle allait continuer son nettoyage, mais quelque chose attira son attention. D’un pas léger, elle écarta doucement un des battants et glissa un œil à l’intérieur.
Keiichiro était là, seul, concentré. Il préparait un gâteau avec une précision presque rituelle. Chaque geste était fluide, méticuleux, comme s’il reproduisait une chorégraphie familière. Il ne semblait pas remarquer sa présence.
Lucie resta là un instant, figée, le regard accroché à cette scène paisible mais empreinte d’une étrange mélancolie.
—"Tu as l’air d’aimer espionner les autres."
La voix de Ryo, surgie de nulle part, la fit sursauter si fort qu’elle manqua de faire tomber le seau. Elle se retourna brusquement, son cœur battant la chamade, et fit une moue vexée.
—"Ce que tu peux être impoli," bougonna-t-elle en croisant les bras.
Ryo s’était adossé nonchalamment à l’encadrement de la porte, bras croisés, un sourire amusé aux lèvres. Lucie détourna les yeux vers Keiichiro qui continuait, impassible, à décorer son gâteau.
—"Keiichiro fait un gâteau chaque année pour l’anniversaire de son ancienne petite amie," dit-il d’un ton détaché.
Lucie ne répondit pas, mais ses yeux s’agrandirent légèrement, touchée.
—"C’est pour une personne qui étudie les papillons," ajouta Ryo, plus doucement.
Lucie tourna lentement la tête vers lui, les sourcils légèrement froncés. Il vit dans ses yeux un mélange de curiosité et d’inquiétude sincère.
—"Pourquoi tu veux savoir ?" demanda-t-il, intrigué par son expression.
Elle baissa un peu les yeux, cherchant ses mots. Puis elle répondit, presque à voix basse :
—"J’ai rencontré Rei aujourd’hui… Et j’ai ressenti quelque chose. Une grande solitude dans son cœur."
Ryo la regarda, surpris. Pendant un instant, il sembla voir Lucie différemment. Il jeta un rapide coup d'œil vers Keiichiro, toujours plongé dans sa préparation, comme s’il essayait de faire le lien lui aussi.
Un silence les entoura à nouveau, plus lourd, plus chargé de sens. Un mystère ancien flottait dans l’air, et Lucie, d’un simple regard sincère, venait peut-être d’ouvrir une porte que personne n’osait plus pousser.
Lucie observait silencieusement Keiichiro, assis en retrait, ses yeux baissés sur un gâteau qu’il venait de finir. Son expression était calme, mais un voile de mélancolie planait autour de lui comme un parfum oublié. À ses côtés, Ryo, le regard un peu fuyant, prit la parole d’un ton posé, presque tendre, comme s’il déroulait une mémoire précieuse.
—"Tu sais… Keiichiro n’a pas toujours été comme ça."
Lucie tourna la tête vers lui, attentive.
—"Avant tout ça… Il avait quelqu’un. Elle s’appelait Rei." Ryo marqua une pause. —"C’était une fille vive, douce, un peu rêveuse… Je crois qu’elle l’aimait profondément."
Les mots de Ryo éveillèrent en Keiichiro une série de souvenirs. Le premier surgit avec une douceur cruelle.
Un petit café aux allures chaleureuses, une carte étalée sur la table, des tasses fumantes entre eux. Keiichiro, le regard brillant d’excitation, parlait à Rei de l’expédition archéologique qu’il allait rejoindre avec son professeur. Il traçait du doigt l’itinéraire, évoquait les ruines et les mystères enfouis. Rei souriait, heureuse pour lui.
—"C’est ton rêve, non ? Je suis contente qu’il se réalise", dit-elle doucement.
Keiichiro hocha la tête, absorbé. Rei baissa les yeux sur la carte.
—"Ça a l’air amusant… mais c'est un peu triste aussi", murmura-t-elle.
Il la fixa avec un soupçon d’inquiétude.
—"Mais tant que tu es heureux, alors ça me va", ajouta-t-elle, un sourire doux aux lèvres.
Puis, une autre scène s’imposa dans sa mémoire.
Un soir d’hiver. Keiichiro retrouvait Rei après des jours sans nouvelles. Il s’excusa, gêné.
—"Je suis désolé, je voulais te voir, mais le travail…"
—"On est le 15 février, Keiichiro", souffla-t-elle avec un sourire brisé.
Il blêmit. Il avait raté la Saint-Valentin.
—"Je voulais vraiment passer un moment avec toi", continua Rei. —"Je sais que tu es occupé, moi aussi je le suis… mais je t’attendais."
Elle tendit un petit paquet, les mains tremblantes.
—"Joyeuse Saint-Valentin…"
Elle tourna les talons, fuyant ses émotions. Keiichiro resta figé, le cœur serré.
Le dernier souvenir, le plus douloureux, refit surface.
Il rentrait chez lui. Sur son répondeur, la voix de Rei.
—"Je t’ai attendu, Keiichiro… Tu m’as dit que tu avais une surprise pour mon anniversaire… J’ai été heureuse rien qu’à y penser… mais je rentre maintenant."
Pris de panique, il voulut faire demi-tour. Mais il trébucha, et le gâteau s’écrasa au sol. Il resta figé, impuissant.
La voix de Rei continuait, plus lointaine.
—"Peut-être que chacun doit suivre son propre chemin. Peut-être que je n’ai pas eu assez confiance pour venir aujourd’hui. Tu as toujours été gentil… Je ne dirai pas au revoir."
Le silence fut plus fort que tout.
Dans le présent, Ryo s’était arrêté. Keiichiro, toujours assis, fixait son gâteau comme si ses souvenirs y étaient incrustés.
—"C’est à ce moment-là qu’il a commencé à faire des gâteaux", murmura Ryo. —"Tu comprends ? Ce ne sont pas nos affaires. Ils ont fait leurs choix. C’est tout."
Mais Lucie serra les poings. Quelque chose en elle grondait, plus fort que la logique ou la résignation. Elle se redressa d’un mouvement vif et poussa la battante de la cuisine, pénétrant dans l’arrière-salle. Ryo la suivit, alarmé.
—"Hey, Lucie…"
Elle s’arrêta devant Keiichiro, les yeux pleins d’une détermination farouche. Ryo posa une main sur son épaule, tenté de l’arrêter.
—"Arrête", dit-il doucement.
Mais Lucie repoussa sa main avec douceur. Puis, sans prévenir, elle entoura Keiichiro de ses bras dans une étreinte chaleureuse et sincère. Keiichiro resta figé, stupéfait.
—"Keiichiro… Tu dois voir Rei", murmura-t-elle. Nous devrions y aller maintenant.
Il leva les yeux vers elle, surpris, puis vers Ryo, comme pour chercher une réponse. Ryo détourna le regard, un peu gêné.
—"Je suis sûre qu’elle aimerait te revoir", continua Lucie, sa voix vibrante d’émotion. —"Je le sais. Je le sens. Rei voulait simplement que tu puisses étudier ce que tu aimais. Elle ne t’a jamais quitté, pas vraiment."
Keiichiro sentit une phrase remonter de sa mémoire. Une phrase de Rei, jadis, alors qu’ils observaient des papillons voler librement au-dessus d’un champ :
« Les papillons sont tellement plus libres que tout autre chose, n’est-ce pas ? »
—"Elle est partie parce qu’elle t’aimait, Keiichiro. Je suis sûre que tu ressens la même chose."
Lucie resserra brièvement son étreinte, puis s’écarta, le regardant droit dans les yeux, ses iris bleu-violet brillants d’une foi inébranlable.
C’est à ce moment-là que les filles firent irruption dans la cuisine. Ichigo, Mint, Retasu, Pudding et Zakuro. Lucie se tourna vers elles, un peu surprise.
— "Vous n’êtes pas encore parties ?"
— "On étais inquiète mais tu as raison, Lucie", dit Ichigo avec un sourire encourageant. —"Keiichiro-san, vous devriez aller la voir."
—"Elle t’attend sûrement", ajouta Retasu timidement.
— "On ne peut pas laisser ça comme ça", lança Mint, les bras croisés mais les yeux doux.
— "C’est triste sinon", fit Pudding, mine boudeuse.
Zakuro s’approcha, grave.
— "Si rien n’est fait, Rei restera attachée au passé pour toujours. Tu dois la libérer… toi seul peux le faire."
Keiichiro sentit son cœur se serrer sous le poids de leurs encouragements. Il n’était pas seul.
Ryo, qui avait tout écouté en silence, soupira, faussement blasé.
— "Franchement… vous êtes curieuses."
Lucie, elle, gardait son regard intense sur Keiichiro. Elle tendit la main vers lui, paume ouverte, pleine de confiance.
— "On devrait y aller", Keiichiro.
Il la regarda un instant, puis, lentement, glissa sa main dans la sienne.
— "D’accord."
Et ce simple mot était déjà un début de réconciliation avec le passé.
Rei était plongée dans ses pensées, assise à son bureau dans son bureau silencieux, un léger sourire sur les lèvres alors qu’elle travaillait sur des documents. La pièce était calme, à l’exception du doux bourdonnement d’un ventilateur car même si il faisait nuit il continuait de faire un peu chaud. Soudain, deux silhouette inconnu entrèrent dans la salle.
Avant même qu’elle puisse réagir, Tart détruisit les cadres où étaient suspendus les papillons en verre, les éclats de verre se répandant au sol. Rei se redressa, inquiète. Elle observa Pie s’approcher de l’un des papillons, ses yeux fixés sur l’insecte délicat.
—"Attend ! ne touche pas à ce papillon ses ailes sont emplis de poison," Rei le dit de son ton calme mais avertisseur.
Pie haussait un sourcil, un sourire malicieux se dessinant sur son visage. "C’est encore mieux," répondit-il, il leva la main vers Re et en un instant, il vola l'âme de celle-ci, fusionnant cette dernière avec le papillon aux ailes empoisonnées, un cri de douleur silencieux résonnant dans l'esprit de la jeune femme.
Au même moment, les Mew Mew arrivèrent, haletantes après leur course effrénée, pour se retrouver face à une Chimera Anima Papillon, une créature nouvelle et effrayante. Toutes étaient surprises, incapables de comprendre immédiatement la gravité de la situation. Ryo, le regard déterminé, leur cria alors :
—"Transformez-vous !"
Les filles obéirent immédiatement, revêtant leurs costumes et prêtes à combattre. Cependant, Lucie, même transformée, se tenait la tête, les doigts serrés sur son crâne. Elle ressentait la douleur de Rei comme un poids lourd dans son cœur. Rei était là, enfermée dans un cocon lumineux, et la douleur était insupportable.
Les autres Mew Mew s’apprêtaient à attaquer la Chimera Anima, mais Pie intervint. —"Chimera Anima," dit-il, —"attaque-les. Je veux étudier leurs pouvoirs."
À l'instant où il donna l'ordre, la Chimera Anima libéra une nuée de poudre empoisonnée dans l'air. Les Mew Mew furent paralysées, leurs mouvements ralentis, leurs corps incapables de réagir. Tout à coup, Keiichiro, qui avait vu Rei dans son cocon, perdit toute concentration. Il lâcha le gâteau qu'il tenait dans les mains et se mit à courir dans leur direction, ignorant la dangerosité de la situation.
—"Gardez-la occupée !" cria-t-il aux Mew Mew. —"Je vais sauver Rei !"
Avant qu’il ne puisse avancer davantage, Pie se tenait devant lui, un sourire cruel sur les lèvres. —"Tu crois pouvoir sauver quelqu’un dans cet état ?" murmura-t-il avant de lancer son attaque Fuu-Rai-Sen.
Une bourrasque d’énergie frappa Keiichiro en plein torse, le projetant violemment au sol. Il roula et tomba, légèrement blessé mais déterminé à continuer.
Lucie, voyant Keiichiro à terre, sentit la colère et l’inquiétude monter en elle. Avec un effort immense, elle réussit à reprendre contenance. Elle se redressa, se concentrant, et leva les mains en l’air. —"Mew Cherry Protection !" cria-t-elle.
Une barrière d’énergie rouge et cerise enveloppa Keiichiro, le protégeant des attaques suivantes. Relativement indemne grâce à Lucie, Keiichiro se releva, la douleur effacée par l'énergie protectrice. Il se remit en marche, courant toujours plus vite vers le cocon où Rei était prisonnière. À chaque pas, la lumière devenait plus brillante.
Une fois arrivé, il s’élança dans le cocon, se retrouvant dans un espace étrange et lumineux. Il attrapa Rei dans ses bras, son cœur battant fort dans sa poitrine. Dans cet instant suspendu, ils se connectèrent par télépathie.
—"Rei," murmura Keiichiro, son souffle tremblant. "Je suis là, je suis juste là."
Rei, d’un souffle faible, répondit : "Keiichiro…" Ses mots étaient comme un doux murmure, une caresse de soulagement. —"Keiichiro, je t'ai attendu depuis ce jour."
Keiichiro, les yeux emplis de douleur, continua : —"Je ne voulais pas que tu sacrifices quoique ce soit pour moi."
Rei, malgré la douleur, sourit faiblement. —"Je savais que j'allais abandonner mes études et que je le regretterais, mais je suis désolée. Je ne suis pas assez forte pour me séparer de la personne que j’aime. Merci d’avoir risqué ta vie pour moi."
À ces mots, un éclair de lumière éclata autour du cocon, une lumière si intense qu'elle éblouit tout le monde. Ryo, les yeux écarquillés d'inquiétude, cria : —"Keiichiro !"
Les Mew Mew, aveuglées par la brillance de la lumière, se tinrent sur leurs gardes, leur cœur battant la chamade. Lucie, malgré la lumière, esquissa un petit sourire, comprenant ce qui venait de se produire. C'était plus qu’un simple acte de sauvetage. C'était un lien, un pouvoir que Keiichiro et Rei avaient partagé, plus fort que tout.
Lucie leva les yeux vers la Chimera Anima, observant la créature de près. La Chimera Anima semblait perturbée, comme si quelque chose venait de changer en elle. Ryo, reprenant sa respiration, se tourna vers Lucie.
—"Il a emporté l’esprit," dit-il déterminé. —"Mew Lucie, utilise Heartbeat Resonance maintenant."
Lucie acquiesça d’un hochement de tête et ferma les yeux, se concentrant sur l’énergie qui bouillonnait à l’intérieur d’elle. Un battement puissant résonna dans l’air, une onde d’énergie émanant de son corps. —"Heartbeat Resonance," dit-elle en silence.
La résonance de son cœur se connecta à celui d’Ichigo, unissant leurs forces dans un éclat de lumière et de puissance. Ensemble, elles libérèrent une attaque combinée : Twin Heart Oblivion. L’attaque frappa la Chimera Anima avec une force dévastatrice, éliminant la créature en un instant.
Tart, qui avait observé la scène, sembla déçu de la défaite de la Chimera Anima. Mais Pie, toujours calme, fixa intensément Lucie. Un regard curieux et intrigué, presque respectueux. Puis, sans un mot, il disparut dans l’ombre, emportant avec lui l’écho de la bataille.
Le cocon, maintenant purifié, se dissipa lentement. L’âme de Rei retrouva son corps, et un souffle de vie reprit son cours. Keiichiro, tout proche d’elle, souffla un léger soupir de soulagement. La bataille était terminée.
Les Mew Mew soufflèrent un soupir de soulagement, épuisées mais heureuses d’avoir vaincu la Chimera Anima. La tension s’éclaircit lentement, mais il restait un poids dans l’air, presque imperceptible, comme un vide qu’aucun d’eux ne pouvait vraiment expliquer.
Lucie observa Keiichiro qui aida Rei à se relever après qu’elle ait repris connaissance. Ils se mirent à l’écart du groupe, s’éloignant un peu de l’agitation de la bataille. Ryo s’approcha lentement de Lucie, son regard s'attardant sur Keiichiro et Rei avant de dire, d’un ton calme mais ferme :
—"Ne dites rien."
Il s'adressa ainsi à toutes les Mew Mew, mais ses yeux se posèrent brièvement sur Lucie, comme s'il lui confiait un secret non dit.
Du côté de Rei et Keiichiro, un lourd silence régna. Ils échangèrent un regard, puis Keiichiro brisa ce silence avec une douceur étonnante.
—"J’ai fait un gâteau pour toi, mais je l’ai fait tomber…" dit-il en baissant la tête, un léger sourire désarmé sur le visage.
Rei, d’une voix douce et apaisée, répondit :
—"Keiichiro… je crois que je peux le dire maintenant… Au revoir et merci."
Keiichiro lui répondit par un petit sourire, et Rei s’inclina doucement devant lui.
Le cœur d'Ichigo se serra en voyant la scène, et d’une voix triste, elle demanda :
—"Pourquoi ?"
Mint, avec sa sagesse un peu acerbe, rétorqua :
—"Je suppose qu'ils ne peuvent plus s'aimer comme avant."
Retasu, toujours aussi douce, ajouta :
—"Quelque part, ça semble vraiment triste."
Pudding, avec son caractère pétillant, lança, l'air un peu déprimé :
—"C'est déprimant d'être un adulte…"
Zakuro, calme et réfléchie, répondit d’un ton tranquille :
—"Plutôt que de rester dans cet état, elle passe à autre chose."
Ryo observa la scène, puis lança, pensif :
—"Je suppose…"
Lucie jeta un regard furtif vers Ichigo, Mint, Retasu, et Pudding, qui semblaient encore sous le choc de ce que venait de dire Ryo. Un léger rire échappa à Lucie en les voyant si perplexes, avant qu’elle ne parle à son tour :
—"Il semble que l'amour ait plusieurs facettes…" Elle tourna les yeux vers Ryo, un regard intense, comme pour chercher une réponse. Puis, se tournant vers les Mew Mew, elle poursuivit : "Il faut accepter que les choses changent, que l’amour se transforme. C’est un processus… et nous devons avancer."
Ryo, avec un sourire un peu plus doux, répondit :
—"Je suis sûr que vous finirez par comprendre, les filles."
Lucie prit un moment pour observer intensément Ryo, un silence s’établissant entre eux. Puis, les Mew Mew levèrent les yeux vers le ciel nocturne, où un papillon volant solitaire passa au-dessus d'elles. Lucie resta silencieuse un instant, se perdant dans la beauté fragile de l'insecte qui virevoltait dans la nuit, comme pour leur rappeler que tout évolue, que tout passe.
Et que, malgré tout, il faut continuer d’avancer.