Le sacrifice du Maverick originel

Chapitre 1 : Le sacrifice du Maverick originel

Chapitre final

4512 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/08/2024 11:59

Mega man Zero : Le sacrifice du Maverick originel

 

Cette fanfiction participe au jeu d'écriture : « Citation à comparaître » du forum fanfictions.fr (juillet/août 2016) en seconde chance.

 

"Qu’est-ce qui est le mieux ? Être né bon, ou dépasser votre nature malfaisante au prix d’immenses efforts ?"

 

Je remercie Cerveau d'avoir réparé mon corps et amélioré mon saber-Z, avant de fermer calmement la porte de la salle d'opération. Je suis à peine sorti, qu’un groupe d'enfants court devant moi dans les couloirs de la base. Des humains jouant avec des Reploids tels que moi. Une vision que je pensais impossible aujourd'hui. Parmi eux, il y a une fillette que je connais bien qui me salue avec son chat en peluche. Alouette est notre futur, elle a beaucoup d'affection pour moi et Ciel, notre chef. Je dois me montrer digne. Nous sommes un peu comme son père et mère adoptif. Nos ressemblances physiques sont à s’y méprendre. Longs cheveux longs et yeux bleus. Je n’ai jamais pensé devenir une figure paternelle mais ce n’est pas un mauvais sentiment. Une fois, elle a essayé de jouer avec saber-Z car elle était fascinée qu’il s’agissait d’un sabre laser. Autant dire que la journée fût mouvementée pour Ciel et moi. D'ailleurs, je me demande ou est Ciel ? Pas à l’extérieur en tout cas. Je profite du vent qui caresse mes cheveux et du soleil qui brille sur mon armure. C'est si bon, comme l'entraide qui a lieu en face de moi. A l'image des enfants, les adultes s'entendent pour porter des cartons de ravitaillement et remplir nos provisions. Ils accueillent également les réfugiés de la cité maintenant perdue de Neo Arcadia. Dévastée d'une seule attaque de la station spatiale, Ragnarok. Après tout ce temps, c'est finalement en situation de crise que les hommes et robots décident de travailler ensemble. Est-ce que le conflit est nécessaire à l'entente ? Dois-je favoriser l'épée au dialogue ? Ma rêverie est interrompue par des tapotements sur mon épaule. Finalement, c'est Ciel qui m'a trouvé. Notre chevelure se touche à cause des courants d'air, fusionnant en une longue tresse dorée. Un petit rougissement couvre son visage, mais je ne suis pas dupe. Ses petites joues sont trahies par le regard grave dans ses yeux. Mon sourire suffit néanmoins à dissiper ses doutes. J'aimerais rester avec elle mais le temps nous manque. Il est l'heure de passer à l'action.

 

Ma prochaine mission : Éliminer le docteur Weil et détruire la station spatiale Ragnarok. Mais avant cela, je dois trouver un moyen d'y accéder. Pour cela, Ciel et la résistance me proposent d'entrer dans le cyberespace, pour supprimer les mesures de sécurité et ainsi, être téléporté directement vers mon objectif. En tant que Reploids, je peux y télécharger et transférer mon esprit pour agir comme s'il s'agissait du monde réel. Des données peuvent aussi être matérialisées depuis le cyberespace vers le monde réel. En détruisant le noyau qui est connecté à la station, nous aurons la possibilité de lancer une attaque directe. Je ferme les yeux et attends le processus de dématérialisation. Dans cet environnement numérique, mon sens du toucher est gravement affecté. Je sens à peine mon sabre dans ma main. Les blessures seront à peine perceptibles et si j'échoue, je serai assimilé. J'ai l'impression d'être un fantôme. Ce qui est logique étant donné que cet endroit est une sorte de purgatoire pour nous autres êtres artificiels. Ce labyrinthe binaire peut prendre n'importe quelles formes sur plusieurs niveaux. Je cours, encore et encore. Le sol, si on peut l’appeler ainsi, m'éclabousse au contact de mes bottes. Comme si je piétinais une flaque d'eau remplie de données. Grâce aux directions de Ciel, il est peu probable que je me perde. Elle a toute ma confiance tout comme je possède la sienne. Si elle me donne une indication ou un ordre, je la suivrai sans hésitation. Elle n'est cependant pas la seule à me guider. Je peux sentir sa présence. Celle de mon vieil ami, X, qui malgré la mort continue de veiller sur moi. Toujours à s’inquiéter pour moi, hein X. Il va falloir faire attention, je suis considéré comme une anomalie dans cet endroit. Un virus…, une menace qui doit être mise en quarantaine. Comme contre-mesure, des versions presque méconnaissables d'anciens adversaires que j'ai terrassé par le passé se dressent face moi. Ces illusions ne me retiendront pas. Le son de déchirure métallique résonne tel un écho vers l’infini. Je ne regarde pas derrière moi et d'un simple geste, je coupe le noyau en deux.

 

De retour à la base, je suis félicité par notre équipe mais je n'ai pas le temps de me reposer. Chaque seconde compte. Je déteste tergiverser, alors je demande immédiatement de m'envoyer là-haut. Leur visage change du tout au tout. Ils ne veulent pas me voir partir, surtout pas seul. Mais je suis le seul capable de réussir cette mission et ils le savent. Ils finissent rapidement par accepter ma demande. J'apprécie leur respect en mon égard mais j'ai besoin qu'ils me fassent confiance. Avant de partir, Ciel m'offre un câlin. Sa tête est cachée sur mon torse, sûrement pour cacher ses pleurs. Sa voix crispée me poignarde le cœur. Je la console du mieux que je le peux en tapotant son dos.

 

- Zero… j’ai un très mauvais pressentiment. S’il te plaît, soit prudent.

 

J'acquiesce en silence avant de briser le câlin et entrer dans le téléporteur. Je ne m'y habituerai jamais. Pour les autres, seule une fraction de seconde s'écoule. Mais pour moi, c'est comme si j'étais dans un ascenseur qui mène aux cieux. C'est le moment, je suis prêt. Mes pas brusque et brutal intimident mes cibles. Ils reculent face à mon expression déterminée, presque sans émotion. Un regard perçant qui effraye même mes propres alliés de temps en temps. Heureusement, j'ai des petits anges à mes côtés qui se sentent en sécurité. Trois minuscules elfes cybernétiques jouent et se cachent dans mes cheveux. Pour des programmes informatiques, ils se comportent comme des bébés. Ciel et la résistance les ont élevés avec amours et attention. Une humaine capable d’éprouver tant de gentillesse envers des êtres artificiels avec une conscience. Peut-être est-ce son cœur pur qui m’a poussé à rejoindre sa cause, alors que j’étais satisfait d’être oublié et éteint pour l’éternité. Ces trois elfes me permettent de booster mon endurance et ma vitesse. Également de paralyser momentanément mes ennemis. Idéal pour endurer le long et rude chemin, Il n'y a que des machines dénuées d'intelligence et le gardien du docteur, son bras droit et commandant en chef, Craft.

 

Craft est un Reploid de type militaire qui a travaillé pour Neo Arcadia pendant des années. Un jour, il a sauvé une humaine du nom de Neige, ce qui a amené à une relation entre les deux. Une relation interdite qui devait être l'élément déclencheur de l'union entre nos deux civilisations. Je maudis Weil d'avoir détruit Neo Arcadia et mis en danger sa bien-aimée. Ce monstre force Craft à le servir en usant de sa puissance et son emprise. C'est un guerrier qui combat avec honneur, je ne veux pas lui faire de mal mais je n'ai pas le choix. X aurait essayé de le sauver, ou trouver une solution pacifique. Moi en revanche, peu importe ceux qui se dressent face à moi, je n’hésiterai pas. C'est eux ou nous. Il a l'air complètement déprimé, il croit que les héros sont une chose du passé et que ma tentative de les sauver est vaine. Que l'état lamentable du monde ne peut pas être changé. Ses mouvements sont prévisibles et erratiques, le total opposé de ce qu'il est vraiment. Lui non plus ne veut pas de cet affrontement. Sa détermination est en miettes. L'issue du combat est déjà décidée.

 

« - Ce n'est pas notre rôle de changer le monde Craft. C'est celui des humains comme Ciel et Neige.

- Pourquoi leur fais-tu confiance ? Ils ne font rien et se cachent derrière nous. D'autres tentent de conquérir leur propre planète. Certains ont peur de nous, leurs propres créations. Comment arrives-tu à te battre pour eux ?

- Parce que j'ai fait une promesse à un vieil ami que j'ai l'intention de tenir. Pour quelqu'un qui croyait dur comme fer en l'harmonie entre humains et Reploids. Je lui ai toujours fait confiance et par conséquent, je fais confiance aux humains qu'il aimait tant. »

 

On dirait que ma réponse l'a un peu déboussolée. Ses yeux n'ont toujours pas quitté le sol taché d'essence coulante de sa blessure béante. Il me remet sa plaque d'identité militaire et me demande d'arrêter Weil une bonne fois pour toutes. Une autre promesse que je tiendrai. Je l'aide à s’asseoir contre le mur, aussi confortablement que possible et attends son heure à ses côtés. Je peux sentir mon corps bouillir de l'intérieur. Utiliser le chagrin de quelqu'un pour ses propres intérêts. C'est inacceptable ! Prépare-toi Weil, je vais te le faire payer. Tes restes seront les seules choses qui occuperont cette prison. Je m’exécute sans tarder, la colère ne souhaite pas quitter mon corps et me guide vers mon destin.

 

Enfin, te voilà. Docteur Weil, ce vieux fou qui déteste les Reploids. Car à l’inverse de simples robots, les Reploids sont fabriqués à l’effigie des humains. Nous pouvons penser, ressentir, aimer, haïr, tout comme eux. Une grande partie de sa haine provient des multiples guerres face aux Mavericks, des Reploids renégats et criminels. Un défaut dans notre fabrication, un court-circuit dans notre cerveau, un virus. Notre libre arbitre peut être notre plus grande force mais aussi notre faiblesse. Ses conflits au fil des années lui ont fait perdre tout contact avec des idéaux désormais sans valeur à ses yeux, tels que la liberté et la justice. Il ne croit plus que nous pouvons comprendre les émotions et la douleur au même niveau que les humains. Que nous ne sommes destinés qu’à servir sous le joug de l'humanité et non vivre à leurs côtés, en tant qu’égaux. Quel hypocrite. Il a beau être un homme, il aime torturer et tuer ses congénères pour satisfaire ses désirs psychotiques. Il a si peu d'estime pour son corps de chair et de sang, qu’il est devenu lui-même un être de métal. Pour lui, un monde rempli de souffrances et sans fin est l’utopie parfaite, adaptée au mieux pour les humains et Reploids jusqu’à l’avènement d’une nouvelle ère, la sienne. Ce futur me donne envie de vomir. Une tyrannie fausse, corrompue, à laquelle tout le monde est perdant. Pourtant, beaucoup de ses compatriotes étaient d'accord avec cette proposition, avant de voir l’étendue de leur erreur.

 

Nous n’avons rien demandé, nous avons été crée dans le but d’assister et aider les siens dans leur vie quotidienne. De les protéger et construire un avenir radieux. Leur peur de nos capacités a toujours été une source de débats. Au point qu'ils en viennent un jour à vouloir notre éradication totale. Neo Arcadia fût bâtie pour satisfaire ce sentiment amer. Une ville paradisiaque où ils vivaient en maîtres et chassaient petit à petit tous les Reploids. D'une certaine manière, je peux comprendre leur mépris sans pour autant la cautionner. Je suis partiellement responsable de tout cela. Après tout, je suis le Maverick originel, dû au génie mal tourné d’un scientifique trop ambitieux. A cause d’un virus instable implanté dans la gemme sur mon casque. Je suis née pour détruire et instaurer le chaos. De laisser les graines de cette fumée pourpre contrôler le destin d’innocents Reploids, Jusqu’à ce qu’elle s’écoule totalement de mon système, pour ne laisser qu'une coquille vide dénuée de tout but. Un virus qui a fini par se développer dans d'autres hôtes pour continuer d'apporter la discorde. Avec le temps et le soutien de celui qui ne m’a jamais abandonné, X, j’ai commencé à réparer mes péchés. J'ai commencé doucement à prendre goût à la vie, à apprécier mon prochain. Jusqu'au jour où le naturel est revenu au galop, ce qui a obligé l'humanité et mes semblables de me sceller pour toujours, malgré les protestations de mon ami. Je peux voir le sourire sombre et arrogant sur les lèvres de Weil. Il se moque, sachant que je ne suis qu’un pion dans cette énième guerre.

 

- Tu es aux premières loges pour voir la fin de ce monde, Zero. Cette mer d’étoiles sera ton tombeau.

 

Je refuse de répondre et de lui donner de l’importance, je ne suis pas venu pour argumenter ou pardonner. Je vois qu’il ne reste presque plus rien d’humain hormis son visage ridé et décrépi. Le reste n’est qu’un mélange de câbles électriques et d’assortiment d’armes qui n’ont ni queue ni tête. Rebondir contre les murs me permet d’esquiver ses décharges électriques. Il a beau arboré un bouclier électromagnétique, son arrogance le pousse à y laisser des brèches pour m’attaquer. Une opportunité que je ne compte pas rater. Malgré l'impact de mon coup de sabre, Weil continue de rire. Son ricanement me met mal à l'aise. Ma crainte est confirmée lorsque la station commence à trembler. Elle... elle chute vers la Terre !

 

- Si je dois mourir, alors j'emporterai le monde avec moi.

 

Au travers de mon micro intégré, Ciel m'implore de retourner à la base. Si je reste, elle ne sera plus capable de me rapatrier. Non, je ne peux pas rentrer, il y a encore un moyen. Si j'arrive à éliminer Weil et lancer l'autodestruction de la station à temps, je pourrai tous les sauver.


« - Ciel... Crois en moi.

- Ha ! Es-tu vraiment capable de m’arrêter, chasseur de Mavericks. »

 

Environ quatre minutes, c’est tout ce qu’il me reste. Weil a fusionné davantage avec la station. Il est devenu une abomination. Sa taille imposante lui offre tout de même une vitesse à ne pas négliger.

« - Zero ! Ton épaule.

- Ne t’en fais pas Ciel, ce n’est qu’une égratignure. » 


Mince… l’une de ses barres d’acier a réussi me prendre à revers. La douleur est exécrable. Mais ce n’est pas cette gêne qui va me vaincre ! A la moindre opportunité, c'est fini pour lui. Ses cris d'agonies resteront muets dans ce cercueil volant ! Calme-toi Zero.  L’analyse de Ciel à trouver son point faible. C’est maintenant ou jamais !

 

Je l'ai enfin abattu par mon sabre et pourtant, je n’ai pas le temps de me réjouir. Son corps a beau être en lambeau à mes pieds, je dois empêcher son plan de se réaliser. La gravité de l’espace joue contre moi, le bruit de mes pas résonne dans les couloirs de la station. Grâce à mes bottes à propulsion, j’accélère dans la pénombre. La destruction du cœur est la seule issue. Mes oreilles sont monopolisées par les cris de Ciel, la tristesse de sa voix est presque capable de me faire douter. Je suis désolé, mais je ne pourrais pas te revenir. C’est toi qui m’as ramené à la vie, qui m’as réveillé de ce long sommeil de cent ans. Tu m’as donné une nouvelle chance. Il est l’heure de payer ma dette.

 

Je décide à contrecœur de couper ma communication avec elle. Si je veux réussir, pour elle et le monde qu'elle chérit tant, je ne dois pas laisser mes sentiments prendre le dessus. Je me trouve enfin devant le poste de contrôle principal et lance le scanner de l’ordinateur central. Grâce à la puce électronique récoltée sur le cadavre de Weil, l’accès m’est autorisé. J’en profite pour renvoyer mes cybers elfes à la base via le cyberespace. Ces petits bonhommes ne méritent pas de périr ici. Si seulement je pouvais revenir aussi de cette manière. Cela impliquera de laisser mon corps ici. Malheureusement, la résistance n’a pas les matériaux et la connaissance nécessaire pour me fabriquer un nouveau corps. Si Neo Arcadia existait encore alors peut-être, mais ce n’est plus le cas. Je n’ose imaginer l’état de Ciel ou Alouette en constatant que je suis piégé pour toujours dans le cyberespace. Ni mort, ni vivant. Non, je préfère choisir ma fin en mes termes. J’envoie également tous les fichiers secrets de Weil à la base, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Plus que le lancement de la séquence d’autodestruction. Une minute, une simple minute pour me laisser dans mes pensées.

 

60 secondes. Mes yeux se tournent vers une vitre presque brisée, son reflet distordu arrive à peine à discerner la sphère bleue. Un monde qui a tant subi, qui rêve d’espoir et de stabilité, qui mérite la paix. Elle qui a connu tant de défenseurs, de héros. J’ai toujours rejeté ce titre. Je n’en suis pas un. Ce n’est pas le sens de la justice qui me guide, j’ai toujours combattu uniquement pour ceux en qui j’avais confiance.

 

50 secondesMa fonction incomplète a toujours cherché ma vérité à la vérité, ma mémoire de chasseurs de Maverick à ma mémoire de Maverick originel, au plan de mes compagnons face au plan de mon créateur. Qui suis-je réellement ? Le dieu de la destruction, oméga ? Ou l’avènement d'un nouveau début, alpha ? Il m’est rarement arrivé de m’interroger sur ma conception, mon design, la signification de mon existence. La peinture rouge de mon armure symbolise-t-elle le sang de mes congénères éliminés au fil des années ? Ou ma volonté de continuer à me battre ? Et dire que je suis en train de faire une introspection à un moment pareil. Cela ne me ressemble vraiment pas.

 

30 secondes. Avec le peu de temps qu’il me reste, j’essaie de reprendre contact avec Ciel. Immédiatement après que notre connexion soit établie, elle n’a pas hésité à répondre. Je ne peux m’empêcher de sourire face à sa réaction.

 

« - Zero ! S’il te plait… rentre à la maison. Je peux encore te téléporter à la base. Donne-moi juste-

- Non, il est trop tard et tu le sais. Le téléporteur n'aura jamais le temps de charger pour me ramener sur Terre. C’était un aller sans retour.

- M-Mais…

- Écoute-moi car je n’ai plus beaucoup de temps. Je ne me répéterai pas. Ciel, tu m’as montré que malgré les ténèbres, le soleil se lèvera toujours pour les dissiper. Aide les humains et Reploids à se relever et construire un futur paisible. Mon rêve et celui de X est entre tes mains. Je sais que tu en es capable. »

 

Après un silence interminable, elle me répond d’un simple : Merci pour tout. Doux, heureuse mais aussi mélancolique. C’est moi qui te remercie. C’est tout ce dont j’ai besoin, avant d’être submergé par les flammes de l’explosion.

 

…Pourquoi je ne suis pas mort ? Je ne sens plus mes jambes, ni mon bras droit. Je ne peux ouvrir que mon œil gauche. Des étoiles à perte de vue. J’ai si froid et si chaud en même temps, comme si mon corps était une boule de feu qui navigue le vide interstellaire. Je le sens, je retourne enfin à la Terre. Ah, quelle ironie, c’est moi qui va s’écraser. Je n’ai pas peur, je suis calme et satisfait d’être enfin libre. Et pourtant, comme si le destin n’en a pas encore fini avec moi, une part de mon passé m’accompagne dans cette descente. Réveillant des souvenirs que je croyais perdus.

 

Est-ce que j’hallucine ? Te voilà enfin, mon frère de cœur, X. Ton armure bleue brille toujours de cet espoir indescriptible. Tu étais le meilleur de nous tous. Tu n’étais peut-être pas le plus fort, ta naïveté t’empêchait de prendre des décisions radicales, ta bonté et dégoût des combats t’ont même poussé à quitter les champs de bataille. Mais lorsque la situation l’exigeait, tu combattais avec ardeur pour ton rêve. Tu n’as jamais protesté, tu ne t’es jamais caché. Être à tes côtés était les meilleurs moments de ma vie.

 

Tu te souviens de notre première rencontre ? On pensait que j'étais quelqu'un d’efféminé, à cause de ma chevelure et de mes deux ampoules verts incrustés sur le torse de mon ancienne armure, là où on trouve les tétons sur l'anatomie humaine. Ma voix a suffi à te laisser... sans voix. Ne te moque pas s'il te plaît. Les blagues n'ont jamais été mon point fort. Mais j'ai aimé notre conversation, tu n'étais pas effrayé et tu me parlais comme tu le faisais avec les autres. Pas d'arrière-pensée, juste quelqu'un qui voulait apprendre à me connaître. Tu as même insisté à me présenter au QG des chasseurs. L’idée de te voir un jour devenir un Maverick m'a toujours paru impossible, même lorsque tes doutes prenaient le dessus.

 

« - Dit Zero… Que feras-tu si je deviens un Maverick un jour ?

- Ne pose pas de questions aussi stupides.

- Je suis sérieux. Si cela doit arriver, je veux que ce soit toi qui m’élimines.

- Ne soit pas ridicule, ce jour n’arrivera jamais. Mais si cela peut te soulager. En retour, si c’est moi qui venais à changer, je veux aussi que ce soit toi. »

 

Nous avons parcouru tant de moments difficiles ensemble. Je me souviens encore de tes mots, lorsque nous avons combattu Weil pour la première fois pendant la guerre des elfes.

- Nous ne combattons pas pour faire du mal aux autres ! Nous… nous voulons juste un monde où tous peuvent vivre en harmonie !

 

De ton soutien après la mort d'Iris. La première femme que j'ai aimé...

« - Iris continue de vivre Zero. Ici, dans nos cœurs. Tout comme nous, elle rêvait d'un monde de paix pour les Reploids, nous devons honorer sa mémoire.

- J'ai commis tellement d'erreurs X. J'ai choisi ma mission au lieu de l'amour. J’aurai dû être là pour elle et le pire dans tout cela, c'est que je ne sais pas comment j'aurais pu faire autrement. »

 

Lorsque le virus est à nouveau entré en moi et a réveillé mon côté monstrueux, mon vrai visage, celle d’une machine à tuer. Malgré notre promesse, tu as réussi à sauver mon âme sans m’éliminer.

- Zero… Je te promets que je te ramènerai à la raison. Même si cela doit me coûter la vie.

 

Et notre dernière conversation lors de mon scellement. Tes larmes, ta détresse de me perdre étaient les dernières choses que mon cerveau conserva avant mon hibernation.

« - Pourquoi ? Comment peuvent-ils te faire ça après tous ce que tu as fait pour eux ?

- Tant que je continue d’exister… l'histoire continuera à être peinte de sang.

- Non… Zero, Qu’est-ce que tu racontes ?!

- Je me suis toujours demandé… dans quel but… pour qui… nous Reploids devons être éliminés, les uns après les autres. Mais malgré tout, tu continues de croire aux humains. Tu es mon ami. C’est pour cela… que je veux croire en tes principes…

- Arrêter le processus ! Par pitié !

- Tout va bien, X… je te lègue la sui- »

 

Pourquoi tu nous as quitté en premier ? Cela aurait dû être moi. Alors que tu sacrifiais ton enveloppe charnelle pour le bien de tous, j'étais inconscient. Incapable de te venir en aide. Malgré tes meilleurs efforts, le monde était encore divisé. Lorsqu’ils ont vu que leur héros a disparu, ils n’ont pas hésité à accepter une copie défectueuse comme remplaçant. Oubliant subitement ce qu’ils nous ont fait subir dès lors qu’ils avaient besoin de toi. J’aimerais tellement les détester mais je ne peux pas. Ils ne sont pas tous comme ça. Ton créateur Thomas Light, docteur Cain et évidemment, Ciel. Des personnes bonnes, incorruptibles qui sont malheureusement, involontairement responsables d’atrocités sur le long terme. Light a amené l’âge des robots, Cain a instauré les Reploids et Ciel a dû créer Copy X. Alors que moi, le virus vivant, dois rétablir le bien. Et si Light n’avait jamais étudié la robotique, est-ce que quelqu’un d'autre aurait pris sa place ? L’avancée technologique aurait-elle prise une autre forme ? Ce n'est plus la peine d'y penser à présent.

 

Naître bon ou mauvais, il n’y a pas de différence. J’ai appris que chacun peut changer, pour le meilleur et pour le pire. Ce sont nos actions, nos décisions, qui dictent qui nous sommes réellement.

 

C’est l’heure pour moi de te rejoindre X. J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre. Ciel, Alouette, vous tous, nous nous reverrons un jour. En attendant, prenez soin de vous.

 

Je suis Zero, chasseur de Maverick. Mission accomplie.

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