Odinson...

Loki se déplacait dans les couloirs du château qu'il connaissait depuis sa naissance, évoluant dans un univers légèrement flou dû à la magie de son invisibilité. Il regarda les serviteurs et les gardes marcher, parler, rire parfois entre eux, mais ne leur prêta guère attention. Il cherchait quelque chose. Quelqu'un.

Les Soleils d'Asgard étaient en train de se coucher, et le Dieu de la Malice ne pu s'empêcher de s'arrêter pour les contempler encore une fois. Il se surprit à regertter que Thor ne fusse pas là, à ses côtés. Il aurait sûrement commencé à parler de son prochain combat, ou de Fregga, ou alors cela aurait été lui qui se serait moqué de son frère, ils auraient rit, et...

Loki chassa ces pensées et repartit d'un pas pressé en fixant son objectif: la porte qui se trouvait au bout du couloir, devant lui. Il était au milieu du-dit couloir quand il vit apparaître une silhouette qu'il connaissait bien: celle de la belle et redoutable guerrière Sif. La colère monta dans l'esprit de Loki quand il se souvint que celle-ci l'avait combattu, et empêché de tuer Thor. Il dégaina sa dague, et s'avanca derrière elle en silence. De la voir aussi vulnérable, de dos, il faillit sourire; qui l'eut cru, que la "grande combattante" allait mourir d'un simple coup de dague? Il leva le bras d'un geste souple, inspira et...

...arrêta son geste.

Sif pleurait.

Il ne l'avait jamais, au grand jamais vu pleurer. L'idée même de l'imaginer couler des larmes lui semblait étrangère. Surpris, il baissa sa dague et l'observa. Sif étaient face à une tapisserie brodée qui décorait un mur de pierres taillées, et quand Loki suivit son regard son coeur s'arrêta. La tapisserie représentait toutes les familles royales d'Asgard, et y figuraient Bör, Odin, Fregga, Thor et lui-même, évidement. Son départ -ou plutôt sa mort d'un point de vue officiel- ne datait que de quelques semaines, son visage n'avait pas encore été supprimé de toutes les archives et de tous les tableaux ou broderies du royaume.

Et c'était lui que Sif touchait du bout des doigts, suivant la courbe de son visage de son ongle, frôlant ses cheveux noirs comme le charbon.

-Sif? Qu'est-ce que tu fais là?

La voix de Fendral la fit sursauter. Elle essuya rapidement ses yeux et dit d'une voix forte et indignée:

-Je regardais la tapisserie. je ne comprends toujours pas pourquoi ils n'ont pas enlevé le visage de ce traître de Loki. Il n'a plus rien à faire là!

-Je sais bien, répondit Fendral en haussant les épaules, mais que veux-tu. Bon, tu viens t'entraîner? Hogun nous attend.

Ils partirent tout deux sous le regard froid de Loki. Visiblement, Sif était bien plus sentimentale que ce qu'elle laissait paraître, mais pas encore assez discrète.

Loki continua de marcher vers la porte où étaient sculptés deux immenses corbeaux noirs, qui le fixaient d'un air mauvais, comme s'ils pouvaient voir ses intentions. Loki tenta de ne pas les regarder et ferma les yeux. Une incantation plus tard, il était de l'autre côté dde la porte, dans la chambre d'Odin; mais à son grand étonnement, celui-ci ne s'y trouvait pas. Étrange. D'habitude, le Père-de-Tout était toujours dans sa chambre à ceette heure-ci. Du moins, c'était ce qui était prévu pour qu'il puisse le tuer sans aucun témoin.

Il entendit alors un bruit étouffé, provenant du balcon, dont la porte était ouverte. Loki la passa, et y découvrit non seulement Odin, mais aussi Fregga, sa mère. À sa vue, il fit un pas en arrière. Cela n'était pas prévu. Il ne voulait pas la voir. Pas elle.

Le Roi et la Reine étaient dans les bras l'un l'autre, et sur la joue de Fregga Loki apperçut une larme séchée.

-Pourquoi a-t-il fait cela? murmura-t-elle. Pourquoi?

-Je ne sais pas, répondit doucement Odin en lui caressant ses cheveux d'or. Je ne sais pas.

La colère enfouie de Loki se raviva. Il ne savait pas? Il ne savait pas? Il fit un grand effort pour ne pas le poignarder tout de suite, devant Fregga. Il serait alors obligé de tuer sa mère, et ça, il ne le pouvait pas.

-Tu étais l'une des dernières personnes à qui il a parlé, soutint Fregga, qu'a-t-il dit? Qu'a-t-il fait avant de tomber dans l'abîme?

Une fulgurante tristesse passa dans l'oeil unique d'Odin.

-Il voulait que je sois fier de lui, répondit-il d'une voix étranglée. Que nous le soyions tous.

C'était trop.

Loki d'un coup se téléporta dans le couloir puis s'enfuit en courant hors du château, ne sentant même plus sa respiration, ne sachant même plus s'il avait des jambes pour le soutenir.

Ses pas le menèrent sans qu'il le veuille au Bifrost. Enfin, à l'endroit où se tenait avant le Bifrost. Un homme y était assis, l'air très las. Loki eut alors peur que ce soit Heimdall, car il l'aurait remarqué aussitôt et aurait trahi sa présence aux Asgardiens, ruinant considérablement son plan. Mais, en regardant un peu mieux, il remarqua que la stature de l'homme ne pouvait être celle d'Heimdall, ainsi que ces cheveux blonds ou ce marteau posé à ses côtés.

Thor. Celui qui fut son frère.

Assis, les jambes pendues dans le vide, il regardait l'horizon. Cétait une attitude étrange aux yeux de Loki, qui avait l'habitude de le voir bouger, frapper, rire, autre chose que de réfléchir, en fait. Réfléchir n'était pas dans la nature du Dieu du Tonnerre.

Il s'assis à côté de lui en silence, et Thor ne le remarqua pas. Il se contenta de soupirer et de fermer les yeux. Loki n'eut même pas besoin de regarder dans sa tête pour savoir à quoi il pensait. À sa chute. À sa mort. À lui.

Thor se leva alors, et allait partir quand il se pencha et murmura au vide, sans se tourner vers Loki:

-Joyeux anniversaire, mon frère.

Sur quoi, il se retourna et repartit vers le palais d'Asgard. Loki resta là, hébété, regardant sa dague sans savoir vraiment quoi en faire. Ce fut à lui de soupirer doucement.

-Je n'aurais pas dû venir.

Le décor changea alors immédiatement,et effaca le beau couché de Soleils pour laisser place à une obscure planète, plongée dans une nuit perpétuelle. Loki se leva. Sa tenue légère s'était transformée en une amrure verte et noire, et sur sa tête était posé un casque. Devant lui se tenait un être répugnant, aux yeux cachés par une capuche noire.

-Etes-vous prêt? demanda l'Autre d'une voix d'outre-tombe.

Le visage de Loki se fendit d'un sourire sournois.

-Oui. La Terre sera bientôt à nous.