Les Vestiges d'Hydra

Chapitre 12 : Seuls

2519 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/03/2023 10:52

Bucky s’essuie vaguement la bouche d’un revers de main et vient s'asseoir à côté de moi.

– Buck, tu… tu n’étais pas obligé de faire ça ! Lui dis-je, embarrassé, en m’asseyant à mon tour.

Ça peut paraître un peu hypocrite de ma part vu le plaisir que j’ai éprouvé, mais pour autant, mon embarras est profondément sincère !

– C’est pour ça que je l’ai fait ! j’en avais envie… Me répond-il, avec un sourire timide.

– Je… c’était… merveilleux, Buck ! 

Je balbutie, j’aimerais tant dire quelque chose d’intelligent en ce moment, mais je ne trouve aucun mot pour retranscrire mes émotions. Je choisis donc la facilité et me jette à moitié sur lui pour l’embrasser à pleine bouche ! Je sens mon goût sur sa langue, mais loin de me dégoûter, ça me rappelle l’intensité de ce qui vient de se produire et je n’en suis que plus reconnaissant. Je passe mes mains derrière sa tête et le maintien fermement pendant ce baiser désordonné, mais dès lors qu’il se sent immobilisé, il se crispe ; je le relâche alors immédiatement et fais glisser mes mains sur ses joues. Il reprend son souffle et me sourit : 


– Rogers ! tu… tu m’embrasses alors que tu viens de… dans ma bouche ? Me demande-t-il, étonné.

– Oui et alors ? j’ai très envie de le refaire…

– M’embrasser ? Me demande-t-il, curieux, pour ne pas dire suspicieux.

– Oh, je pourrais me contenter de réitérer l’ensemble… Répondè-je en rigolant.

Je rigole, mais rien que le fait de le mentionner, je sens que ça se réveille dangereusement en bas. Bucky rit lui aussi. Ce son résonne dans mon cœur ; y provoquant des palpitations ; dans mon ventre, y provoquant une danse de papillons et entre mes jambes, y provoquant une trique monumentale… Je ne veux surtout pas l’effrayer alors pendant qu’il me regarde, je rabats la couverture sur mon abdomen pour cacher mon enthousiasme. 

Bucky se lève et s’étire à côté de moi. Comme ça. Comme si de rien n’était ! J’ai une vue dégagée sur son cul et sur son membre viril qui, si je ne m’abuse, n’est pas tout à fait au repos non plus… En vérité, mes dessins rendent à peine hommage à ses mensurations ; maintenant que je l’ai sous le nez, son sexe est véritablement bien calibré. Pas autant que le mien, mais pas loin ! Quant à la perfection de ses fesses… Sainte Mère de Dieu…

Il choisit pile ce moment pour me tourner le dos et se pencher en avant afin de ramasser l’oreiller pour le jeter sur le lit ; ma curiosité est aussitôt piquée en constatant qu’il n’a aucun poil, ni devant, ni derrière… À la place, j’ai à peine le temps de remarquer des centaines d’impacts cicatriciels et j’ai la réponse à ma question. Il a été épilé au laser ou tout du moins avec une technique similaire. Pour tester ladite technique, qui ne devait pas du tout être au point si j’en juge par les brûlures résiduelles. Le diable soit d’Hydra !

Colère. Rage. Tristesse.Culpabilité…

Mon visage se tord sous l’effet que cette abjecte découverte me provoque. Bucky se retourne à ce moment-là, toujours réjouit, mais son sourire s'efface aussitôt en me voyant : 


– S… Steve ? S’inquiète-t-il.

Je me force à me composer un visage neutre parce que j’ai conscience d’irradier de colère et je lui fais peur :


– C’est rien, j’ai des courbatures à cause de ma chute et je me suis fait mal en voulant me redresser…

J’ai envie de me gifler ! Le mensonge, il ne manquait plus que ça à ajouter à la liste de mes péchés envers lui… Néanmoins ça marche ; il paraît soulagé de ne pas être à l’origine de ma contrariété et va dans l’armoire se saisir de vêtements : 


– T’as fait une sacrée chute en même temps… tu, euh… peut-être que ça te ferait du bien de reprendre un bain ce soir ? Demande-t-il, la tête soigneusement dissimulée par la porte de l’armoire.

Je souris immédiatement à cette possibilité en souhaitant soudainement que la journée passe le plus vite possible et me lève à mon tour pour m’habiller : 


– Pourquoi pas ? en attendant je meurs de faim, pas toi ?

– Va pour un petit-déjeuner ! M’approuve-t-il, en enfilant un hoodie.

Une pensée fugace me traverse l’esprit ; ça aurait été bien aussi une mission dans un camp de naturistes parce que, entre le jacuzzi d’hier soir où il était immergé et ce réveil bien trop rapide, j’ai à peine eu le temps d’admirer sa nudité !


*~*


Bizarrement il n'y a aucun bruit en provenance de la cuisine, c’est assez étonnant car Lachlan a l’habitude de venir dès l’aube. En arrivant dans la pièce principale, je vois que le feu est mourant dans l’énorme cheminée ; Bucky va s’en occuper comme il aime le faire et moi je vais direct dans la petite cuisine. Il y a un post-it sur le frigo : 


“ Bonjour les Grant ! Mo chlann ont la grippe, je vais devoir rester avec eux quelques jours… Il y a suffisamment de provisions ; j’espère que vous pourrez vous occuper des animaux en mon absence, sinon, vous avez mon numéro, appelez-moi et on se débrouillera ! Lachlan. “

– Lachlan va être absent quelques jours, Buck ! ses enfants sont malades, enfin je crois… mo clann, ça veut dire enfants ? Criè-je, depuis la cuisine.

– Ouais ! Me répond-il depuis la pièce principale.

– Bon… ben je vais nous préparer un petit quelque chose alors ! 


Je suis décidé à concocter un full Scottish breakfast comme le prépare Lachlan ; avec du bacon, des champignons, de la tomate, des œufs, une galette de pommes de terre (tattie scone), de la saucisse (la Lorne), du boudin noir (black pudding) et du porridge ! Je me mets aux fourneaux pendant que Bucky prépare du café. 

Comme dans notre appartement au Complexe, l'exiguïté de la cuisine fait que nos corps se frôlent à chacun de nos mouvements… La différence, c’est que je ne trouve plus ça frustrant, ni ambiguë ! Juste agréable et étrangement “domestique”. Je me surprends à ressentir un contentement certain et imagine, l’espace d’un instant, que ce serait formidable que Bucky et moi puissions avoir le droit de vivre comme ça, comme un couple lambda.

Comme si c’était possible. Comme si nous formions un couple. Comme si je le méritais…


*~*


Après avoir copieusement déjeuné et nous être occupés des animaux, c’est déjà le milieu d’après-midi ! Je suis plutôt fier de moi, j’ai curé les pieds de tous les poneys sans qu’ils ne s’enfuient ou me marchent sur mes pieds à moi. Comme à son habitude, c’est SP 95 qui m’en a fait le plus voir, mais ça ne m’étonne plus ; il a essayé de manger mon manteau trois fois. À la quatrième tentative, Bucky l’a appelé et le poney obèse a accouru vers lui…

– Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Demandè-je à mon ami.

– Tant qu'il fait encore jour, on pourrait prendre la bétaillère et emprunter la route le long de la pointe nord du Shin ? 

– Oui, bonne idée ! Répondè-je, un peu à contre-cœur tant j’aimerais que la routine apaisante de cette journée ne s’arrête jamais.


Nous fermons le château et prenons place dans l’antique camion ; nous n’avons jamais trouvé les clés, mais ça n’a pas dérangé Bucky, qui l’a démarré en moins de deux minutes après s’être installé au volant ! Tandis qu’il conduit, un silence confortable s’installe entre nous. 

Je regarde le paysage enneigé magnifique par la fenêtre, bercé par le bruit du moteur et mes pensées s’évadent, échappant au présent, échappant à toute logique… Je nous imagine en train de conduire pour nous rendre au marché acheter de la bonne nourriture pour que je puisse préparer de bons petits plats à Bucky ; qu’il viendrait déguster après s’être occupé des chevaux (torse-nu et en sueurs par un soir d’été, de préférence). Un sourire béat se plaque sur mon visage d’imbécile heureux quand Bucky m’interpelle : 


– Steve ? à quoi tu penses ? 

– Hein ? à rien, pourquoi ?

– Pour rien… euh, tu devrais commencer à regarder par la fenêtre. enfin je veux dire… à… à regarder vraiment ! les… les bords du Loch, si tu vois le bateau, par exemple, ou toute autre chose digne d’intérêt… Me suggère-t-il.

– Oui… oui, je vais faire ça ! Répondè-je, en me redressant et en sortant de ma rêverie.


Deux heures. C’est le temps que nous avons passé à faire des tours et des détours le long de la pointe nord. Nous sommes descendus à plusieurs reprises du camion pour tenter d’explorer les berges à pied, mais nous n’avons absolument rien trouvé ! Aucune trace, aucune embarcation, aucune empreinte de pas ; sans compter que sans les chevaux, il est difficile d’accéder à de nombreux endroits : 


– Il n’y a rien ! et avec la neige tombée cette nuit, s’il y avait des empreintes, elles sont recouvertes depuis longtemps… Dis-je, en me dirigeant vers Bucky qui explore un talus un peu plus loin.

– C’est étrange que le bâteau ait disparu…

– Il est peut-être dissimulé par de la végétation ! on ne peut pas accéder à l’eau partout, s’il est bien caché… Je ne termine pas ma phrase, mais hausse les épaules.

– Mmmm… 

– La nuit tombe, Buck ! on devrait rentrer.

Déçu, Bucky me suit vers la bétaillère et reprend place au volant. Un quart d’heure plus tard, alors que la nuit a pris ses quartiers, je repère un chemin au bord de la petite route : 


– Là ! il y a un chemin qui mène au Loch on dirait !

– On va devoir faire un peu de hors-piste… Me répond Buck qui, sans attendre, braque le volant et s’engouffre dans le chemin de terre.

Quelques minutes plus tard, le camion bascule un peu sur la droite, puis patine, nous empêchant de poursuivre. Bucky descend, fait quelques pas et revient se planter devant sa portière presque aussitôt : 


– Дерьмо (1)! fausse piste, on a atterri dans une putain de tourbière ! Grogne-t-il.

Je descends, un peu fâché par ce contretemps, mais surtout déçu par ce nouvel échec. Avec Buck, nous nous plaçons chacun d’un côté de la bétaillère et soulevons le véhicule pour le remettre dans le sens inverse. Pendant que je m’essuie les mains sur mon jean, Bucky place sa main cybernétique sous le pare-chocs et tracte le camion deux mètres plus loin, sur le sol ferme. Au quotidien, je dois bien reconnaître que le fait d’être optimisé nous rend pas mal de services… Nous remontons dans la guimbarde et retrouvons la route, puis un peu plus tard, le château.


*~*


J’ai fait de la soupe pour le dîner et Bucky a insisté pour m’aider en faisant gratiner quelques tartines de Caboc et de Crowdie dans le four. Je n’ai pas protesté parce que j’en ai allègrement profité pour me coller à lui à plusieurs reprises ; posant çà et là mes mains ; tantôt sur ses épaules, tantôt sur ses hanches pour le déplacer gentiment afin d'attraper légumes ou ustensiles… À chaque fois, il a tressailli, mais ne s’est pas dérobé sous mes mains. Je me demande même s’il n’a pas fait exprès de se placer pile entre moi et ma soupe à plusieurs reprises. Éternellement empêtré dans le paradoxe de sa peur d’être touché et dans sa recherche désespérée de contact affectueux…

Après avoir dîné au Whisky (Lachlan nous a interdit de manger du fromage écossais en buvant autre chose), Bucky se propose de faire la vaisselle. Je m’occupe un instant du feu, puis décide de le rejoindre pour prendre en charge l’essuyage. Pendant que je cherche un torchon, il se met à chantonner en russe.

Jamais je ne l’ai entendu chanter, ni à Brooklyn et encore moins depuis que je l’ai retrouvé en Roumanie !

Subjugué par la mélodie qui reprend une de ses chansons préférées-Zima-une chanson entraînante russe des années 70, j’essuie la vaisselle mécaniquement en l’écoutant comme si j’entendais le son de sa voix pour la première fois de ma vie… Il me sourit à plusieurs reprises en me jetant quelques pans d'œil et l’espace d’un instant, ses yeux pétillent de la même malice qu’autrefois. J’en avais oublié la beauté de son regard lorsqu’il est animé par la joie. Comment ai-je pu oublier ce regard ? À la place, je me suis résigné à y voir un voile de peur et des larmes. Comment ai-je pu laisser faire ça ? 

Quand il termine de chanter le refrain, je lui souris : 


– Ça parle de quoi cette chanson ? je ne t’ai jamais demandé…

Sûrement parce que je n’en n’avait strictement rien à faire avant de l’entendre de sa bouche. Sa magnifique bouche pulpeuse et qui s’avère si polyvalente…

– Ça parle de contes folkloriques russes ! Me répond-il, en essuyant ses mains sur le torchon que je tiens encore.

– Tu as une très jolie voix ! Lui dis-je, en admiration.

Bucky grimace :


– Je chantais quand j’étais dans… dans ma cellule… les chansons qui passaient à la radio et que les soldats écoutaient dans le couloir. après qu’ils…m’administraient les électrochocs, j’essayais de me souvenir des paroles pour ne pas… pour essayer de ne pas tout oublier…

Je suis brisé par cette confession. Je suis au-delà de la colère quand j’imagine Bucky, le corps meurtri au fond d’une cellule, en train de chantonner pour sauver son esprit de la barbarie. 

– Et… pourquoi tu chantes ça maintenant ? Demandè-je, d’une voix brisée par l’émotion.

– Sans doute par réflexe ! je ne veux pas oublier…

– Oublier quoi ? 

– Cette journée. Me répond-il dans un souffle.




(1) merde



***** Et voilà, nouveau chapitre, nouvelles photos dispos sur le forum du site.

Pour ceux que ça intéresse, le lien YT pour écouter la chanson de Bucky

https://youtu.be/osBPrU0k21s

❤️❤️❤️

À bientôt mes amis 😊. *****

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