Jededhia, ou le journal d'une survivante
Jour 1
Cher journal, chère personne qui le lira peut être un jour, aujourd'hui je commence mon histoire, et je m'en branle si ça t'intéresse pas ! J'écris ces lignes avec une machine à écrire presque fonctionnelle retrouvée dans une décharge, au Sud du Wasteland. Mais bref, trêve de mondanité, place à un peu d'Histoire avec un grand H.
Avant notre époque, les humains avaient déjà envisagé la fin du monde. Certains croyaient en l'Apocalypse du Nouveau Testament, d'autres encore pensaient qu'ils seraient contaminés par un virus mortel, les transformant en mort-vivant. Tous ces gens avaient plus ou moins raison en fin de compte, puisqu'il y'a bien eu une fin du monde. Seulement, pas de sauveur divin ni de zombies à l'horizon. Y'a que du sable, partout, et des hommes qu'y ont plus vraiment l'air d'en être. Aujourd'hui, vaut mieux même éviter ceux qu'on ne connaît pas, sous peine de finir dans la soupe du soir. Pour les gens qui sont morts lors du Cataclysme, ça a été facile. Pas de souffrance, pas de survie, juste un gros dodo. Pour moi, qui suit née juste après, j'ai jamais rien connu d'autre, donc la vieille époque me manque pas. Je pense que le plus dur, c'est pour ceux qui ont vu le monde basculer, leurs proches mourir, et la société plonger dans le chaos. Mes parents ont connu ce temps merveilleux, où l'eau coulait à flot du robinet, où les arbres fleurissaient encore et où personne ne mangeait personne. Ils m'en parlent souvent, ressassant le bon vieux temps, les yeux pleins de larmes mélancoliques... Quand le Cataclysme est arrivé, ma mère était enceinte de moi d'à peine deux mois. On peut dire que j'ai vraiment du bol d'être là, d'avoir survécu malgré les pénuries qui ont eu lieux avant que je vienne au monde et aux radiations dus à l'holocauste nucléaire. J'ai encore du mal à comprendre pourquoi mes parents n'ont jamais opté pour l'avortement alors que le monde s'effritait partout autour d'eux. Mais bon, je me plains pas, j'aime bien ma vie et c'est pas si mal, on peut même dire que j'ai pas mal de chance ! Je vis avec mes deux parents, j'ai une famille, de l'eau, du pétrole et de la nourriture en suffisance. Ensemble, on parcourt le Wasteland avec notre convoi. On fait du commerce ou plutôt du troc et on relit les différentes zones d'habitations en apportant les dernières nouvelles, allant de la Forteresse de Jeet à Gastown, en passant par Bullet Farm et d'autre petites habitations, comme celles de Pink Eye et Gutgash. On évite un peu La Citadelle, trop dangereuse aux goûts de notre communauté de nomades.
Les gens nous surnomment les Caravaniers, je trouve que ça sonne plutôt bien. Notre clan de caravaniers se compose d'une vingtaine d'individu, et elle est pour moi une famille, je les connaît presque tous depuis ma naissance. Parmi eux y'a mes parents évidemment, Anny la mécano, Ted le trouveur et le vieux Stan. Bon, eux ce sont les membres les plus importants, ceux qui prennent les décisions graves et qui choisissent les destinations et les points d'arrêts qu'on fait. Moi, j'm'appelle Jedehdia. C'est pas terrible, alors je préfère qu'on m'appelle Jed, c'est moins pire et plus rapide. Bref, tout ça pour dire qu'aujourd'hui, rien à signaler sur la planète Terre, où du moins dans le périmètre où je me trouve. Nos véhicules sont chargés de marchandises, les réservoirs d'eau sont pleins. Le seul hic, c'est l'essence, on est un peu à sec. Rien de grave pour le moment mais va vraiment falloir s'en occuper, parce que y'a rien de pire que la panne sèche en plein dans nul part. Du coup, ils ont décidé de mettre le cap sur Gastown, là-bas c'est sûr qu'on aura des jerricans. En plus, on apporte pas mal de trucs qui pourraient être échanger contre de l'hydrocarbure. On a des vêtements, des bidons d'eau, des armes à feu pas trop abîmées, des médocs et de l'alcool.
Je dois avouer qu'aller à Gastown me fait un peu peur. Les gens de là-bas sont pas toujours très net, voir dangereux, mais normalement, ils attaquent pas notre convoi, parce qu'on est plutôt un atout. Enfin, je fait confiance à mes parents, je sais qu'ils ne mettraient jamais notre groupe en danger, même pour de l'essence.