La petite famille dans la Prairie

Chapitre 4 : La petite famille dans la prairie

1364 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 04/05/2023 10:28

Chapitre 4: La petite famille dans la prairie



Les voyant faire, Carrie voulu imiter ses sœurs. Tel un oiseau, elle entendit ses bras et se lança et couru depuis le haut de la colline, en sautillant. Au bout de trois sauts, la petite fille s'étala de tout son long.

-Charles, Carrie est encore tombée ! Hurla Caroline qui préparait le repas à quelques mètres du chariot.

-Si on la relevait à chaque chute, on y passerait la journée.

Charles attachait ses chevaux à un vieil arbre à l'écart du campement provisoire. L'herbe y était grasse et abondante. La clairière était un petit éden offrant quelques pommiers, un petit cours d'eau et des étendues de pelouse sans fin. Les filles jouaient avec Rantanplan. L'heure était à l'insouciance.

Toujours sur le dos de Jolly, Luke avait tenu à sécuriser le périmètre, et ramener du bois sec pour le feu. Des vagues oranges s'étiraient dans le bleu du soir. La lune et le soleil cohabiteraient encore pendant quelques heures.

À genou, Luke déposa son petit bois sous la casserole et souffla pour revigorer les braises. Il n'accompagnait pas la famille Ingalls pour récolter une quelconque récompense, mais troquer ses habituels haricots pour le maïs et le bœuf sécher de Caroline valait tout l'or du Klondike.


Rantanplan s'était couché sous le chariot, Jolly Jumper vaquait désormais librement autour du campement et les voyageurs s'étaient réunis autour du feu, en tailleur, leurs gamelles en métal dégageant un doux fumet. Comme pour expliquer ses choix, Charles commença :

- La naissance de Grâce fut une bénédiction: nous venions de perdre notre dernier enfant peu avant. Cela nous semblait inespéré. Mais un bébé reste une bouche à nourrir. Nous sommes une famille modeste, Luke. Nous n'avons jamais réellement réussi à nous relever de la Peste des Sauterelles. J'ai enchaîné différents emplois…

Le tremolo dans la voix de son nouvel ami poussa Luke à le rassurer :

-Vous n'avez pas à vous justifier, Charles.

Le patriarche Ingalls marqua une pause, puis repris après avoir bu une gorgée d'eau dans une tasse cabossée :

-J'ai la chance de faire partie d'une confrérie. J'ai un emploi et des amis qui m'attendent à Walnut Grove. D'ici à quelques mois, je serais à même de vous rémunérer…

Le cow-boy leva la main pour l'interrompre :

-Encore une fois, Charles. Je ne fais pas ça pour de l'argent.


Rapidement, les assiettes furent vidées et les estomacs comblés. Charles avait sorti un vieux violon pour en tirer un peu de mélancolie que Luke agrémenta d'espoir avec son harmonica. Lorsque la musique se tut, le ciel était constellé d'étoiles. La petite Carrie, couchée sur l'herbe, avait posée sa tête sur les genoux de sa mère. Elle luttait pour garder les yeux ouverts :

-Vous jouait drôlement bien, M'sieur Luke.

-Merci, ma petite. Mais mon cheval joue mieux que moi encore, assura-t-il avec un sourire en admirant le reflet des flammes dans le chrome de son instrument.

Assise à côté de sa sœur, Mary ne put retenir une question :

-Il paraît que vous tirez plus vite que votre ombre, M'sieur Luke ?

-Je ne regarde pas souvent mon ombre lorsque je tire.

Puis ce fut le tour de Laura :

-Vous avez déjà tué quelqu'un, M'sieur Luke ?

Les yeux du cow-boy disparurent derrière sa mèche noire.

-Laura ! S'indignèrent en cœur ses parents. La jeune fille baissa les yeux :

-Bah, je demande, c'est tout…

Luke se tapa les cuisses des deux mains, se leva et conseilla :

-Nous devrions aller dormir. La route est encore longue, il faut prendre des forces.


...


La nuit couvrait la plaine d'une douce lueur bleue. Attachant les rênes de Wanted, son cheval nerveux, à un buisson, Belt lui glissa d'une voix calme :

-Tu bouges pas et tu auras une récompense.

L'étalon marron parlait le même langage que son maître.

Belt passa son index sur le bout de sa langue et le leva dans la brise. Il était sous le vent : aucun risque. Il sortit donc sa vieille pipe et son sac à tabac du fond de sa poche. Il enfonça du pouce une épaisse quantité de tabac dans la chambre. Il sortit son revolver et tassa sa pipe avec le bout du canon qu'il remit rapidement dans son étui. Il craqua une allumette, puis tira rapidement quelques bouffées. Belt inspecta la zone : traces de roues et de quatre chevaux. Il n'avait pas perdu leur piste. Il voyait au loin une fine colonne de fumée grise. Ils étaient à une heure de marche. Belt partirait tranquillement vers sa cible d'ici une petite heure. Le temps de les rejoindre, ils devraient tous dormir profondément. Contrairement aux voyageurs, Elliot Belt avait une nuit de sommeil de plus à son actif. Bien que la nuit à venir s'annonçait blanche.



Avançant silencieusement sous les étoiles d'un pas confiant dans la clairière dégagée, Belt voyait maintenant distinctement le campement. L'herbe tendre frissonnait à peine sous ses pas légers. Il évitait les brindilles et son souffle était calme.

Les parents dormaient profondément non loin des braises. Luke également. Il aurait été facile pour le chasseur de prime de l'abattre. Mais il avait un autre objectif : la petite rouquine qui dormait dans le chariot avec ses sœurs. Par chance, elle dormait sur le bord du matelas.

Il entendit les chevaux, les trois chevaux gris attachaient à un arbre à quelques mètres. Glissant sur l'herbe, il s'approcha et dégagea le nœud qui enserré les rennes à l'une des branches basses. Les animaux ne bougèrent pas, mais d'ici au levé du soleil, ils auront très certainement profiter de cette liberté inattendue. Aux travers les ombres, Belt revint vers le chariot. Il n'avait pas fait attention au chien. Rantanplan s'était levé. Le limier sorti lentement d'entre les larges roues. La bouche pâteuse, reniflant de-ci de-là, il avança vers l'intrus comme s'il cherchait quelque chose. Belt resta immobile. Le chien lui reniflait maintenant les bottes. Rantanplan leva la patte et se soulagea comme s'il s'était trouvé au pied d'un arbre, et retourna se coucher à l'ombre du chariot. Belt fulmina silencieusement, leva la jambe pour égoutter sa botte du mieux qu'il put, et repris son chemin.

Il se pencha au-dessus de Laura. De l'une des grandes poches de son long manteau, il sortit une bouteille de chloroforme, cadeau du bon Dr Starr, et un vieux chiffon. Une fois le chiffon imbibé, il le posa sur le visage de l'enfant. Belt leva doucement le bras de Laura, qui retomba lourdement sur sa poitrine. Il ouvrit délicatement la ridelle, qui grinça à peine, fit rouler l'enfant sur son épaule. Ils s'evaporèrent derrière les vallons.


...


De la main, Mary chercha sa sœur, puis l'appela doucement. Quelques oiseaux gazouillaient à l'extérieur. Elle se pencha hors du chariot, surprise de trouver la ridelle battante. Mary appela à nouveau, à voix basse, pensant Laura sortie. La petite blonde posa la main sur un tissu humide au parfum médical. Quelque chose de grave avait eu lieu. Elle appela sa mère en hurlant. De peur, quelques lapins ainsi que les trois chevaux gris détalèrent, peu habitué aux cris de terreur.

Les adultes se réunirent bientôt à l'arrière du chariot. Mais Luke avait déjà compris :

-Belt… Laissa-t-il filer entre ses dents.

Le cow-boy ne laissa pas le temps aux Ingalls de réagir. Il était déjà en selles lorsqu'il enjoint Charles :

-Récupérez vos chevaux. On se retrouve à Walnut Grove.

Charles avait déjà son fusil à la main. Luke se voulu confiant :

-Jolly est le cheval le plus rapide de l'ouest. J'aurais récupéré et ramené Laura avant votre arrivée.

Caroline s'approcha de l'appaloosa, les yeux rougis :

-Ramenez-moi ma Laura, M'sieur Luke. Je vous en supplie.

-Je vous en donne ma parole, M'dame.

Le soleil se levait doucement, le ciel était clair. À bride abattue, Lucky Luke et Jolly Jumper disparurent dans le lointain.

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