Voyage temporel en France
Chapitre 1 : Une longue journée particulière
728 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a 4 mois
Une longue journée particulière
Le descendant de Jacquouille, Jacques-Henri, déambule dans les rues jusqu’au marché. Là-bas, un footballeur renommé s’exclame :
— Monsieur Jacquart, êtes-vous le propriétaire de l’hôtel Relais & Château ?
Sensible à la question, il ajuste son veston rouge et répond fièrement :
— Oui, très exactement ! Ce château médiéval renaît de ses cendres depuis les rénovations et les travaux de terrassement.
Les deux hommes se quittent en bons termes. Jacques-Henri continue sa promenade.
Soudain une voix s’élève :
— Quelqu’un veut être notre arbitre ? Ce voleur, ce professeur, me donne de la fausse monnaie pour cette fine vaisselle de porcelaine !
Le propriétaire l’ignore et s’arrête net lorsqu’un chat noir miaule, se rappelant d’un rendez-vous manqué. Il court jusqu’au restaurant chic, espérant ne pas poser un lapin à Edgar Bernay.
Jacques-Henri rentre en trombe et s’excuse avant de manger les légumes sautés à la poêle. Le vinaigre piquant de la salade met le petit homme de mauvaise humeur. Comprenant qu’il est sur un fil du rasoir auprès du banquier, le trentenaire murmure :
— Voulez-vous venir cueillir des pissenlits cet après-midi ?
— Non, hurle, poings serrés, regard lançant des éclairs, Edgar, je refuse !
Son interlocuteur chouine quelques minutes avant de revenir à l’hôtel, saluant au passage une sœur respectée. Cette dernière lui donne un papier et affirme :
— Trouvez l’opercule et la trompette-de-la mort !
— Pourquoi ?
— Pour fermer la porte du temps qui s’est ouverte !
L’univers du propriétaire vient de s’effondre.
— Mais c’est impossible !
— Quantité de réalité le sont aussi !
Quittant sans ménagement son interlocutrice, Jacques-Henri salue le réceptionniste qui graisse ses bottes depuis deux semaines, ne pensant qu’à prendre le prochain wagon pour Nice. Le propriétaire s’enferme dans son bureau, mangeant un yaourt. Soudain, courant comme une zèbre, Godefroy fait irruption dans la petite pièce, dérangeant le Français moderne dans ses pensées de son prochain voyage sur une yacht.
— La qualité de votre viande…
Jacques-Henri grille d’impatience chaque fois qu’il entend cet excentrique.
— … Est honteuse ! La qualification de vos cuisiniers également !
Mâchant une madeleine comme un koala ses bourgeons d’eucalyptus, Jacques-Henri pense qu’il lui faudrait un verre de xérès pour calmer ses nerfs à bout.
— Monsieur, daignez bien venir avec moi prendre un verre !
Le Comte accepte et les deux hommes descendent au bar rattaché au restaurant. Buvant un whiskey, assis sur la belle terrasse, le propriétaire, entre deux klaxonsd’automobilistes impatients, demande, d’une voix de velours :
— Quelles sont vos réussites dans votre vie ? D’où venez-vous ? Je ne connais rien de vous ! Vous êtes un homme bien … particulier…
Vidant son verre de vin, Godefroy répond :
— Ma venue est le résultat d’une invention d’un mage qui pratique la lévitation.
Se levant de son fauteuil d’étonnement, déçu d’abandonner le délice facile de son alcool, Jacques-Henri réplique :
— Mais que racontez-vous ? Avez-vous consommer une sucette hallucinogène ?
Godefroy désapprouve d’un geste.
— Le soir, lorsque j’ai donné l’alarme, je me suis aventuré dans une forêt, suivi en une fraction de seconde par mon fidèle Jacquouille. Un sabbat a eu lieu… des tuyaux étranges ont pendus, des crânes humains sans dents …
— Épargnez-moi les détails ! s’offusque le petit homme.
Les deux hommes se taisent.
— Sachez que je reviendrais bientôt dans ma demeure ! s’exclame le Comte. Vous habitez dans ma demeure, manant !
— Quelle arrogante et curieuse hypothèse ! commente Jacques-Henri.
Le propriétaire revient enfin chez lui, exténué par son étrange journée.
À suivre