Un combat de tous les instants

Chapitre 56 : Dernière chance

3373 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 30/11/2019 22:56

Léonardo interrompit la série de mouvements qu’il était en train d’exécuter avec ses ninjatos lorsqu’il remarqua Casey, qui s’était immobilisé à quelques mètres de lui, mais qui semblait vouloir lui parler. Le ninja bleu rengaina ses sabres et se passa une main sur le front. Il ne s’entraînait que depuis une vingtaine de minutes, mais il était déjà épuisé.

Les autres avaient raison : il s’était trop négligé. Son ressentiment vis-à-vis de son entourage, et de Raphaël en particulier, n’avait pas changé, mais il s’était néanmoins résolu à se reprendre en mains. Cette décision, il la devait surtout à Karai.

Quelques jours plus tôt, April était venue lui apporter un bol de céréales pour le petit-déjeuner, et lui avait révélé être entrée en contact avec la kunoichi, dont le timbre mental l’avait tirée de son sommeil. Elle était restée très vague sur la conversation qu’elles avaient eue, mais Léo avait tout de même appris que les coordonnées transmises précédemment par Karai devrait leur donner les moyens de terrasser les Kraangs une fois pour toute.

Cela signifiait donc que, même du plus profond de son inconscience, elle comptait sur eux pour poursuivre la lutte, en conséquence de quoi Léonardo n’avait pas le droit de se laisser submerger par la rancœur. Il devait se battre, et s’il ne le faisait plus pour ses frères, ni pour son maître qui n’était plus là pour le voir, il le ferait pour Karai.

- Ils ont fini, annonça Casey lorsque la tortue mutante le rejoignit.

Trois simples mots auxquels Léo donna instantanément un sens. Le drone était terminé, ce qui signifiait qu’ils allaient enfin obtenir plus de détails sur le plan que Karai avait décidé de fomenter pour eux. Le ninja remercia l’adolescent d’un signe de tête, puis se dirigea vers la grange, où il savait qu’il trouverait les deux scientifiques.

Marianne et Donnie se tenaient effectivement de part et d’autre de l’appareil peu esthétique qu’il avait contribué à construire lorsqu’il pénétra dans le bâtiment. Un bruit dans son dos lui indiqua que Casey lui avait emboîté le pas.

- Vous l’avez testé ? s’enquit Léo en désignant l’engin.

- Son autonomie est d’une heure sept minutes, informa Donnie. Et il peut s’éloigner de son point initiale jusqu’à vingt-six kilomètres trois cents. Si vous dépassez cette limite, les commandes se désactivent aussitôt, et le processeur du drone se met en veille. Il n’y a alors pas d’autre choix que de le rallumer manuellement.

- Pas pratique.

- Comme tu dis, commenta Casey. Je me suis farci toutes ces bornes à travers le bois juste pour aller récupérer ce tas de ferraille. Il va vraiment falloir faire gaffe au moment de la manœuvre.

- Vous ne pouvez pas plutôt arranger ça ? interrogea le ninja bleu.

- On pourrait, oui, répliqua Marianne, mais ça nécessiterait du temps supplémentaire. À toi de voir si tu as envie d’en gaspiller, ou si tu préfères piloter le drone avec prudence. Enfin, quand je dis tu...

- C’est moi qui m’en chargerai, éclaira Donatello. De nous tous, je le connais le mieux. Hormis Marianne, bien sûr, mais elle ne viendra pas avec nous sur le terrain.

- Quand tu dis nous...

- Ça veut dire nous trois. Toi, moi et Casey. Si ça te convient, nous nous mettrons en route ce soir, pour approcher de New-York à la faveur de l’obscurité.

Léonardo n’hésita pas longtemps. Il posa ses yeux bleus sur le drone, puis sur Casey, avant de les ramener sur son frère.

- Ça me convient, approuva-t-il.

***

April écarta le rideau de la fenêtre lorsqu’elle entendit Casey mettre en marche le moteur de la Ford Explorer que Mikey avait baptisé Lastchance, en s’interdisant de penser qu’ils jouaient peut-être leur dernière chance de vaincre les Kraangs.

Son regard s’attarda sur la silhouette de Léonardo, assis sur le siège passager. Avait-elle eu raison de lui taire la vérité concernant l’état de santé de Karai ? C’était Donnie qui lui en avait fait la suggestion, mais elle-même en avait également eu l’idée sans qu’il n’ait besoin de la lui souffler.

Évidemment, cela avait eu un impact positif sur Léo : il reprenait le chemin du guerrier qu’il était autrefois, alors que s’il avait appris que Karai ne reviendrait jamais véritablement à la vie, cela n’aurait fait que l’enfoncer un peu plus profondément dans l’abîme où il avait déjà bien assez sombré.

Malgré cela, April s’en voulait de lui faire une telle dissimulation. Elle n’aimait pas mentir, encore moins à ses amis, or c’était ce à quoi elle se résignait par omission. Personne, à l’exception de Donatello, n’avait connaissance de l’intégralité de sa discussion avec la kunoichi.

Elle étouffa un soupir de culpabilité et entoura son buste de ses bras minces, tandis qu’elle accompagnait le véhicule du regard, en direction de l’horizon crépusculaire vers lequel il s’éloignait.

***

- C’est bon, là. On en a assez fait pour la soirée.

Marion avait beau s’être détournée de Raphaël pour lui dissimuler la souffrance qui se lisait sur ses traits, il avait tout de même eu le temps d’apercevoir sa grimace. Elle essuya d’un geste vif les larmes de rage et de douleur qui perlaient au coin de ses yeux, puis lui refit face.

- Non, on continue, ordonna-t-elle.

Elle fit passer son épée de la main droite à la gauche et se fendit. Bien que sa dextérité se soit un peu améliorée de ce côté, elle était loin d’avoir acquis un niveau ne serait-ce que correct. Elle le savait, et Raph aussi. D’un mouvement sec, il coinça sa lame entre les pointes de son sai et la désarma. La rapière effectua trois tours sur elle-même pour aller se planter dans l’herbe, quasiment devant l’entrée de la grange qui projetait sa lumière sur eux, la nuit étant maintenant tombée depuis plus d’une demi-heure.

- J’ai dit : ça suffit. Allez viens, Marion. On rentre.

Il remit ses sais à sa ceinture, ramassa l’épée de la jeune fille et étendit aussi doucement que possible la patte dans sa direction. Marion le repoussa brutalement et tourna les talons, furieuse. Pas contre Raphaël, mais contre elle-même. Contre son incapacité à redevenir la bretteuse qu’elle était autrefois.

Dès que Marianne l’avait jugée remise de sa mésaventure face à Moka, elle avait recommencé à s’entraîner plus que de raison, mais à quoi bon ? Pourquoi ne pas tout simplement se résigner et accepter le fait qu’elle était désormais tout juste apte à soulever une fourchette pour s’alimenter. Seul un miracle pourrait l’aider, et les miracles, cela n’existait pas.

***

Le projecteur automatique s’éteignit lorsque Raph s’éloigna à son tour, plongeant dans les ténèbres la grange, ses environs et la silhouette qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Marianne accola son front au lourd battant de bois, avant de le repousser pour fermer l’entrée. À l’aveuglette, elle regagna sa table de travail et alluma la petite lampe qui était posée dessus.

Le faisceau lumineux éclaira un désordre organisé, principalement composé de feuilles raturées, couvertes de calculs savants et de listes d’éléments chimiques complexes. Marianne les observa à tour de rôle, puis prit son visage entre ses mains. Elle avait commencé à réfléchir sur une formule de soin à base de mutagène, ainsi que Mikey lui en avait soufflé l’idée, en grignotant un peu plus sur ses heures de sommeil.

Malgré cela, ses recherches n’avançaient pas. Jusqu’à présent, tout lui avait semblé simple, accessible, même ce que d’aucuns auraient considéré comme impossible, mais là, c’était différent. Il y avait un facteur autre que la science et l’intelligence qui entrait en compte. Et ce facteur, c’était Marion.

Le ninja orange avait raison : elle devait absolument trouver une solution. Si elle ne le faisait pas, sa sœur pâtirait de son état tôt ou tard, car elle ne pouvait tolérer le fait d’être devenue un poids mort. Elle irait au devant du danger, et si la combattante qu’elle était il n’y avait pas si longtemps encore n’aurait rien eu à craindre, les conséquences de sa blessure lui seraient probablement fatales.

***

- Aïe ! fulmina Donnie pour la sixième fois. Tu ne peux pas faire attention, bon sang ?

Casey venait encore de s’enfoncer dans un nid de poule avec Lastchance et, à cause de la vitesse excessive du véhicule, cela avait provoqué un remous si violent que le ninja mauve avait été projeté contre la portière. S’il ne s’était pas agi d’une mission de la plus haute importance, il aurait été tenté d’abattre son bo sur la nuque de l’idiot qui leur servait de chauffeur.

- Tu en as de bonne, toi ! répliqua l’intéressé. Tu y voies quelque chose, peut-être ? Il fait noir comme dans un four, et je suis obligé de rouler avec les phares éteints pour dissimuler notre approche.

Donnie n’ayant rien à répliquer à cela, il saisit plutôt son T-Phone et alluma l’écran, où se dessinait une carte. S’il en croyait leur position, ils atteindraient d’ici quelques minutes la zone limite pour déployer le drone et avoir suffisamment de champ d’action pour le faire voler jusqu’aux coordonnées de Karai.

- Trente... Vingt-huit... Stop ! Vingt-six kilomètres pile, ce qui nous laisse une petite marge de trois cents mètres supplémentaires.

Casey, qui avait freiné net, coupa le moteur, mais laissa les clés sur le contact. Dans l’éventualité où ils auraient à fuir précipitamment, mieux valait ne pas avoir à les chercher. Ils étaient trop proches de Shredder, ici.

Léonardo aida son frère à sortir le drone du coffre, en veillant à ne pas l’endommager. Donatello tâtonna un bref instant dans l’obscurité à la recherche de la télécommande, sur laquelle ses trois doigts finirent par se refermer.

- Prêts ? demanda-t-il, son pouce effleurant le bouton de mise en marche de l’appareil.

Les deux autres confirmèrent, et le drone décolla en émettant un petit bourdonnement. L’obscurité ne tarda pas à l’engloutir. Pour se repérer, Donnie ne pouvait compter que sur son T-Phone. La trajectoire de l’engin volant s’affichait en pointillés, tandis que les coordonnées transmises par Karai étaient matérialisées par un gros point rouge.

- Tu t’écartes légèrement sur la gauche, fit remarquer Léo. Redresse un peu.

Donnie s’exécuta aussitôt. Casey faisait les cent pas autour d’eux, aux aguets. En raison du silence qui régnait, troublé uniquement par le bruit de leur respiration et, occasionnellement, par le grincement de la télécommande quand il fallait modifier le cap, il ne devrait avoir aucun mal à entendre un ennemi approcher.

- J’y suis presque, indiqua Donnie, ce qui n’était pas utile, puisque Léonardo tenait le T-Phone à hauteur de ses yeux et ne lâchait pas non plus l’écran. Je passe en mode caméra infrarouge.

L’image changea aussitôt, et la carte de New-York laissa place à une déclinaison de bleu, de vert et de magenta. Le drone planait au-dessus d’un bâtiment imposant, mais l’extérieur importait peu à Donatello. Ce qu’il lui fallait, c’était s’infiltrer à l’intérieur pour découvrir les secrets qu’il recelait. Heureusement, il repéra vite un conduit d’aération, assez large pour permettre à l’appareil de s’y faufiler.

Le ninja mauve manœuvra avec précaution, afin de ne pas heurter les parois avec les flancs métalliques du drone, car cela risquerait d’émettre un tintement qui attirerait l’attention. À condition qu’il y ait quelqu’un à l’intérieur de l’immeuble, étant donné que les capteurs sonores ne relevaient quasiment aucun bruit.

- Tu vois quelque chose ? demanda Léo.

- Absolument rien. Ah... Je crois que... Oui, j’arrive au bout du conduit !

La caméra dévoila ce qui ressemblait à une gigantesque salle, qui ne renfermait aucune présence organique. Elle était en revanche remplie de machines diverses, toutes plus complexes les unes que les autres. De longues bandes striaient le sol.

- Non, pas le sol, se corrigea aussitôt Donnie. Elles sont légèrement surélevées. À mon avis, c’est une chaîne de montage.

- Une quoi ? interrogea Casey en rejoignant les tortues pour observer lui aussi l’image diffusée par le T-Phone.

- Une usine. Ces grands traits, je pense que ce sont des tapis roulants. Regardez, ils passent tous sous ces appareils. Ils doivent servir à fabriquer ou assembler des pièces.

- Pourquoi Karai nous aurait-elle conduits à une usine ? s’étonna Léonardo. À moins que... Tu penses que ça pourrait être une fabrique d’armes ?

- Quelles armes nous fourniraient un avantage conséquent face aux Kraangs ? Des bombes ? Des bazookas ? Nous ne pourrions pas en transporter suffisamment en dimension X pour qu’elles se révèlent vraiment utiles.

Donatello poursuivit son exploration du lieu, mais comme il n’y avait rien d’autre à retirer de l’endroit que le drone balayait sa vision infrarouge, il se mit à la recherche d’une autre pièce, via le circuit de ventilation. Quelques minutes plus tard, l’appareil contrôlé à distance débouchait dans une sorte de hangar.

- Ressors, Donnie, ressors ! conseilla Léo. Je crois avoir repéré une silhouette humaine.

- Il n’y en a pas qu’une, rectifia son frère, mais plusieurs dizaines. Et même si elles en ont la forme, ce ne sont pas des humains. Regarde leur température, elle est inférieure à celle de l’air. Et puis, elles ne seraient pas aussi parfaitement immobile.

- Qu’est-ce que c’est, alors ? s’enquit Casey.

- Ce que Karai voulait qu’on trouve : des robots. Ce n’est pas une fabrique d’armes. Je mettrai ma patte à couper que c’est ici que Shredder conçoit ses Foot-bots.

- Des Foot-bots ? En quoi est-ce que ça nous avance ? Tous ceux qu’on a croisés jusqu’ici voulait nous tuer, pas nous aider. Surtout qu’à la base, ce ne sont pas les Kraangs qui ont fourni à Shredder la technologie et la connaissance nécessaires pour les construire ?

- Un robot n’a d’ennemis que ceux qu’on lui programme, répliqua Donnie. Et au cas où vous ayez la mémoire courte, qui nous a sauvé la mise, en dimension X ?

- Marianne, répondit aussitôt Casey. Avec...

- Son armée d’androïdes, compléta Léo.

- Le voilà, le plan de Karai. Puisqu’elle a vu l’armada de Marianne, elle sait pertinemment qu’elle sera capable d’en recréer une, à condition d’avoir le matériel adéquat. Et c’est ce qu’elle nous fournit : des soldats de métal qui se battront à nos côtés une fois leurs circuits trafiqués pour libérer les habitants de New-York et éradiquer la menace kraang. C’est d’autant plus pratique que les robots n’ont pas à respirer : ainsi, ils n’auront aucune difficulté à évoluer dans l’atmosphère toxique de la dimension X.

Donnie passa une nouvelle fois en revue les silhouettes figées devant lesquelles le drone venait déjà d’effectuer plusieurs allers-retours. Le stock était conséquent : malgré l’image peu précise que lui renvoyait la caméra infrarouge, il dénombra plus d’une soixantaine d’humanoïdes.

- Qu’est-ce qu’on attend pour aller les chercher ? interrogea Casey. On en charge quelques-uns dans la voiture et on les rapporte à Marianne pour qu’elle les bidouille. Et après, on revient avec notre team robot prendre le contrôle de l’usine.

- Ça pourrait être un excellent plan s’il n’était pas aussi débile, rétorqua Donnie. Tu crois que Shredder laisserait un bâtiment lui appartenant sans surveillance s’il ne fourmillait pas de pièges ? Je suis même étonné que le drone n’en est déclenché aucun. On ne peut pas foncer tête la première.

- En fait, l’idée de Casey n’est pas si sotte, intervint Léo. Vous devriez seulement arrêter de ne jurer que par le cerveau de Marianne et vous rappeler que tu en as un, toi aussi, Donnie. Combien de temps est-ce qu’il te faudrait pour programmer ces Foot-bots ?

- Beaucoup, s’ils ont déjà reçu des instructions. Il faudrait que je les réinitialise pour ensuite recoder intégralement leur système. Et pour ta gouverne, même si j’ai effectivement un cerveau, celui de Marianne est nettement plus fonctionnel que le mien. Peu importe le temps que je mettrais et la tâche à accomplir, je ne doute pas qu’elle serait deux fois plus rapide que moi.

Léonardo l’observa d’un air blasé, mais résista à la tentation de lui demander si c’était son objectivité qui s’exprimait, ou tout simplement son faible pour les rousses. Karai les avait envoyés ici afin d’accomplir une tâche bien précise, et ils avaient assez perdu de jours avec la construction du drone.

- Je sais à quoi tu penses, le coupa Donnie dans ses réflexions. Et tu ferais mieux d’oublier ça tout de suite. Elle ne nous a pas conduits ici pour qu’on se jette dans la gueule de Tiger Claw. Si on entre dans cette usine, si on commet la moindre erreur, on risque de déclencher une alarme qui attirera Shredder et ses sbires jusqu’ici. Et tu sais comme moi que, face à lui, nous n’avons pas la moindre chance.

- Et sous prétexte que nous n’avons pas la moindre chance, nous continuerons à fuir indéfiniment le monstre qui a assassiné notre maître ?

- Je n’ai pas dit ça. Chaque chose en son temps, c’est tout. Tu as oublié ? Le mot « nin » signifie patience et persévérance. Alors on va patienter. On va retourner à North Hampton, rapporter aux autres ce qu’on a découvert et en discuter tous ensemble. Ensuite, on persévèrera dans ce qu’on doit accomplir. D’abord les Kraangs.

- Et ensuite Shredder ?

Donnie jeta un dernier regard à son écran, avant d’enclencher le processus d’autodestruction du drone. C’était du gâchis, après toutes les heures de travail que sa construction avait nécessité, mais c’était aussi une mesure de prudence nécessaire. Mieux valait sacrifier l’appareil que de courir le risque que quelqu’un le traque jusqu’à eux.

- Et ensuite, nous verrons, se contenta-t-il de répondre. Essayons de rester en vie jusque-là, ce sera déjà un bon début.

Ce n’était pas du tout les mots que Léonardo souhaitait entendre, mais les arguments énoncés par Donnie juste avant suffirent à le convaincre d’emboîter le pas de son frère jusqu’à leur véhicule. Lastchance. La dernière chance. Celle que Karai leur offrait, et qu’ils ne devaient pas manquer.

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