Un combat de tous les instants

Chapitre 36 : Coup de massue

2562 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 12/01/2018 22:31

Léonardo se baissa pour esquiver les lames mortelles de Shredder, pendant que Raphaël et Karai coordonnaient une attaque bilatérale. La tortue reçut un coup de pied en plein ventre et la jeune fille se baissa juste à temps pour esquiver le coup de tête de son père adoptif.

Malgré les mois qui s'étaient écoulés depuis leur dernier affrontement face à Shredder et l'expérience qu'elles avaient engrangée, les tortues n'étaient toujours pas de taille à le vaincre, pas plus que Karai.

Ils n'étaient pas les seuls en difficulté. Mikey, Donnie et Casey devaient combattre de front Tiger Claw et les Foot-bots qui continuaient à faire irruption dans la salle sans discontinuer. Il suffisait qu'un soit abattu pour que deux autres prennent sa place. Shredder avait probablement profité de la retraite des tortues à la campagne pour accroître ses effectifs.

Léonardo jeta la dernière bombe fumigène en sa possession, mais le Destructeur la balaya d'un geste, comme s'il s'était agi d'une simple mouche. Elle rebondit deux mètres plus loin et le nuage de fumée se dissipa dans l'air, sans gêner personne.

- Vos ruses sont pathétiques, les humilia Shredder. Une fois que vous croupirez dans mes geôles, il ne me restera plus qu'à capturer Splinter. Vous aurez l'honneur d'assister à son exécution, avant que je me charge de la vôtre.

- C'est ça, dans tes rêves !

Raphaël réussit à toucher Shredder au visage, grâce à une diversion de Léo. Avec son poing, il fit sauter son casque, que Karai rattrapa au vol. Avec un sourire narquois, elle le coiffa sur sa tête, tandis que leur ennemi poussait un rugissement de rage.

- Tu es indigne d'être à la tête du clan des Foots, Shredder ! rétorqua Karai. En fait, tu es indigne de vivre après ce que tu as fait à ma famille.

- À notre famille, renchérit Léo.

Ils préparaient un nouvel assaut quand Shredder saisit Raphaël par le bras et le tordit. Un craquement sinistre, le même qu'avait émis la jambe de Marianne en cassant, se fit entendre malgré les bruits de combat. Le ninja rouge serra les dents et essaya de se dégager, en dépit de ses os brisés, mais le Destructeur le menaça en plaçant une lame sous sa gorge.

- Si vous faites un pas de plus, je le tue. Posez vos armes et agenouillez-vous.

Léo et Karai échangèrent un regard. Ils savaient que Shredder n'aurait aucun scrupule à passer à l'acte. Prudemment, ils déposèrent donc leurs épées à terre, puis plaquèrent un genou au sol, sans baisser la tête. Ils ne voulaient pas quitter leurs ennemis des yeux.

- C'est toi qui es une fille indigne, Karai.

- Je ne suis pas ta fille, cracha-t-elle.

- Indigne de mon enseignement, indigne de l'affection dont je t'ai entourée, indigne... de moi.

- Tant mieux, parce que tu n'es qu'un monstre.

Léo voulut la retenir, mais elle bondit sur ses pieds et se rua sur Shredder, qui la repoussa avec force d'un geste bras. Elle tomba sur le flanc et se cogna la tête, ce qui dut la sonner, car elle ne se releva pas. Le ninja bleu voulut se précipiter vers elle, mais un poids le percuta. Ce ne fut qu'en voyant un enchevêtrement de membres verts qu'il comprit que Shredder avait lancé Raphaël sur lui.

Un rugissement féroce retentit au même moment. Ce n'était pas celui de Tiger Claw, mais Leatherhead qui annonçait son arrivée. S'il était là, cela signifiait probablement que le second groupe avait accompli sa mission et sauvé Marion. Raph se redressa aussitôt, soulagé.

- Où est-elle ? demanda-t-il en se frayant un chemin jusqu'à Slash, entre les Foot-bots.

- Avec April O'Neil.

- Que toutes les deux ?

- La fille rousse n'a rien voulu entendre, elle a insisté pour que nous venions vous aider, et elle a eu raison, à ce que je vois. Vous...

- Raph, qu'est-ce que tu fabriques ?

L'intéressé se retourna pour voir Léo bondir sur Shredder, qui s'était rapproché de Karai, toujours inconsciente. L'attaque du ninja bleu échoua et il recula en se tenant le bras à l'endroit où l'une des lames du Destructeur l'avait entaillé.

Raphaël jeta un sai en direction de leur ennemi mortel, mais cela n'eut aucun effet. Son extrémité se contenta de rebondir sur la cuirasse de Shredder, pendant qu'il se penchait pour ramasser Karai et la percher sur son épaule.

- Non ! s'époumona Léo.

Il voulut s'élancer à sa poursuite, car Saki se dirigeait vers l'oculus, mais il fut immobilisé par le rayon givrant de Tiger Claw. Le mutant avait réussi à jeter Mikey au tapis et à casser le bo de Donatello en deux. Léonardo tenta de se dégager, mais c'était peine perdue. Saisissant son ninjato, il frappa la glace de toutes ses forces.

La douleur qu'il ressentit lorsque sa jambe se libéra était insoutenable, d'autant qu'il était trop tard. Shredder venait de quitter son quartier général en passant par la fenêtre et en emportant Karai avec lui.

- C'est trop tard, tortue, grogna Tiger Claw. Vous êtes faits comme des rats, et puisqu'on parle de cet animal, votre maître ne tardera pas à vous rejoindre.

- Qu'est-ce que... bredouilla Donnie en le voyant se munir d'une télécommande.

Le tigre pressa un bouton rouge et, presque aussitôt, une violente secousse ébranla le bâtiment. Tous les combattants, Foot-boots aussi bien que les tortues et Casey, furent déséquilibrés. Seul Tiger Claw ne souffrit pas de ce tremblement, car il avait un jetpack dans son dos.

- Ne le laissez pas s'échapper lui non plus ! s'écria Léo.

Slash leva sa masse, prêt à la lancer sur le félin, mais Tiger Claw provoqua une nouvelle explosion avant de disparaître à l'extérieur. C'était un piège. L'endroit était truffé de dynamite et Shredder était décidé à sacrifier son quartier général afin de se débarrasser de ses adversaires.

- Laisse tomber, Léo ! conseilla Casey. Il faut qu'on se barre d'ici en vitesse !

Les Foot-bots, cependant, avaient été programmés pour les retenir aussi longtemps que nécessaire. Ils se dressèrent devant les deux issues possibles, la fenêtre et la porte. D'un puissant coup de masse, Slash en balaya quelques-uns, tandis que Leatherhead croquait les autres et que Rahzar les perforait avec ses piquants.

Les trois mutants réussirent à dégager un passage, mais au moment où ils s'apprêtaient à s'échapper par les couloirs du repaire de Shredder, le plafond s'écroula. Mikey poussa un grand cri, imité par ses frères, tandis que des tonnes de béton s'abattaient sur eux.

***

- Tu as senti cette secousse ? demanda Marion. Qu'est-ce que c'était ?

April et elles suivaient le boyau étroit par le biais duquel Rahzar les avait guidés à l'intérieur du quartier général du clan des Foots. L'endroit était humide, grouillant de rats, et puait presque autant que les égouts eux-mêmes. Sans cesser de soutenir Marion, la rouquine porta une main à sa tempe.

- Je crois que Tiger Claw a l'intention de faire exploser le bâtiment.

- Quoi ? Mais... Et les autres ?

- Ils sont bloqués dans la grande salle. Les Foot-bots leur barrent la route.

- Il faut retourner les aider ! s'exclama Marion. Nous ne pouvons pas les laisser...

- Arrête ! Ne sois pas stupide ! Même si ça me coûte de l'admettre, nous ne pouvons rien faire pour eux, et si l'immeuble s'écroule, je te signale que nous sommes encore dessous. Nous devons sortir d'ici tout de suite.

Marion voulut protester, mais April la tira de toutes ses forces par le bras pour la contraindre à presser l'allure, au moment où une nouvelle vibration faisait trembler le sol. Quelques morceaux se décrochèrent de la voûte et la rouquine manqua d'être assommée par l'un d'eux. Sans son sixième sens, elle n'aurait pas pu s'écarter à temps.

- Vite ! Vite ! répétait-elle.

À bout de force, Marion trébucha, mais April parvint à la redresser avant qu'elle ne bascule face contre terre. Elles n'étaient plus très loin de la sortie, l'adolescente pouvait le sentir. Il ne leur restait plus qu'un petit effort à faire et elles seraient tirées d'affaire.

- Courage ! ahana-t-elle. Nous y sommes... presque.

April freina brusquement, tandis que le tunnel continuait à s'effondrer. Elles avaient atteint une trappe, à laquelle la rouquine dut se suspendre de tout son poids pour parvenir à l'ouvrir. L'ouverture céda et l'air frais de la rue s'engouffra dans la galerie étroite.

- Viens-là, ordonna-t-elle à Marion.

Elle lui fit la courte échelle et après s'être péniblement hissée à la surface, la jeune fille l'aida à son tour à sortir du trou, des entrailles duquel s'élevaient des grondements assourdissants. Elles s'accordèrent quelques secondes pour reprendre leur souffle, puis observèrent les alentours.

- Nom d'une carapace... soufflèrent-elles en chœur.

À l'endroit où, quelques minutes plus tôt, se tenait encore le sinistre repaire de Shredder, il ne restait plus qu'un amas de verre, de brique et de béton. L'explosion avait tout détruit, ne laissant aucune cloison intacte. April avait les larmes aux yeux et Marion, oubliant sa fatigue, bondit sur ses pieds, les poings serrés et les traits déformés par la fureur.

- Viens ! intima-t-elle. Nous devons les retrouver.

- Marion... Nous ne pourrons jamais les dégager à nous deux, même s'ils sont toujours vivants. Et si Shredder est toujours dans les parages et qu'il nous aperçoit, je ne donne pas cher de nous.

- Peu importe. Je refuse de laisser Raph, Mikey et tous les autres là-dessous. C'est pour me sauver que vous êtes venus.

- Et c'est parce que nous t'avons sauvée que tu dois risquer bêtement ta vie ?

- Non, c'est parce que je ne la mériterais plus si je ne tente rien.

- Hmpf... D'accord, finit par capituler April. Mais laisse-moi d'abord sonder les environs.

Elle se concentra et Marion garda le silence pendant qu'elle se servait de ses dons psychiques pour évaluer une potentielle menace. Au bout d'une minute qui lui parut interminable, April secoua la tête.

- Ça me semble tranquille. Allons-y.

Les deux filles entreprirent d'escalader les décombres en s'aidant mutuellement. De temps en temps, elles prononçaient le nom de leurs amis, mais n'osaient pas parler trop fort, de crainte d'être repérées. Mieux valait que le clan des Foots pense qu'ils avaient tous disparu.

- Par là-bas, murmura April à mi-voix en désignant un amas de poutres métalliques.

Marion confirma en voyant le monticule s'agiter. Elle s'approcha avec prudence, au cas où il s'agisse d'un énième piège de Shredder. Comme elle regrettait de ne pas avoir son épée avec elle ! Elle se demandait ce qu'il était advenu d'elle. Ses amis l'avaient-ils récupérée ou gisait-elle toujours dans la ruelle où Fishface l'avait vaincue ?

Elle se ressaisit en se rappelant que le moment était mal choisi pour se poser de telles questions, tandis qu'une patte verte, palmée et griffue jaillissait presque sous son nez, pulvérisant au passage un bloc de béton.

- Leatherhead ! s'exclama-t-elle. April, aide-moi, vite !

La rouquine l'avait déjà rejointe et elles s'appliquèrent à dégager le mutant. Les décombres étaient lourds, mais grâce à son aide, elles réussirent à le libérer. Ses solides écailles l'avaient protégé, si bien qu'il était fourbu, mais pas grièvement blessé. Il se hissa à la surface, hors d'haleine.

- Est-ce que tu sais où sont les autres ? interrogea Marion en caressant sa gueule aux dents acérées, suivant le conseil que Mikey lui avait donné pour s'adresser au crocodile nerveux.

- Quelque part là-dessous, au milieu des carcasses de Foot-bots.

- Tu penses que... Tu penses qu'ils sont toujours en vie ?

- Les tortues ont la carapace dure, mais pour ce qui est de l'humain...

- De l'humain ? répéta April. Tu veux dire Casey ? Et Karai, que...

- Elle a été enlevée par Shredder.

La rouquine plaqua ses mains sur ses lèvres. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était amie avec la kunoichi, mais cette nouvelle lui faisait un choc. La dernière fois que Karai avait été captive de son père adoptif, elle était tombée dans une cuve de mutagène qui l'avait transformée en serpent.

- Une chose à la fois, intervint Marion. Leatherhead, peux-tu nous aider à soulever ces tonnes de débris ? Seules, nous n'y arriverons jamais.

Le reptile acquiesça et, tous les deux, ils entreprirent de déblayer des endroits choisis au hasard, tandis qu'April se remettait à sonder le monticule sous eux, dans l'espoir de percevoir la conscience de ses amis. Elle s'apprêtait à indiquer un emplacement quand Slash surgit de lui-même.

Il en fallait plus que l'effondrement d'un immeuble pour venir à bout de créatures telles que Leatherhead et lui, mais quand April songeait au physique gracile des humains, elle craignait le pire pour Casey, exacerbé par les paroles du crocodile. Elle redoubla d'efforts afin de détecter les autres.

- Je crois... murmura-t-elle. Oui, là !

Marion et les deux mutants fondirent sur l'emplacement qu'elle désignait. En l'espace de quelques secondes, les colosses, pourtant mal en point, dégagèrent Léonardo, dont le front était marqué par une commotion. Alors qu'elle tentait de le redresser précautionneusement, Marion s'écria :

- Raph !

Le ninja rouge gisait lui aussi inconscient sous le corps de son frère. Son bras, difforme, avait dû être brisé. L'adolescente songea avec une grimace qu'il faudrait réduire la fracture, mais si elle savait remettre des vertèbres en place, cette manipulation dépassait son domaine de compétence.

Un fracas assourdissant se fit entendre pendant que les quatre amis sortaient les blessés du trou au fond duquel ils étaient. À quelques mètres de là, Rahzar émergea des restes du bâtiment en tenant Michelangelo entre ses pattes. La tortue était sonnée, mais consciente, contrairement à ses ainés.

- Je vois des pizzas, marmonna-t-il. Des pizzas qui dansent un tango avec des milkshakes.

- J'ai peur que le coup qu'il a reçu lui ait détraqué les neurones.

- Non, il va bien, rassura April. Ça en fait au moins un. Et Casey et Donnie ?

Ils finirent par les retrouver au milieu de carcasses de Foot-bots désactivés. Si Donatello remuait faiblement, c'était à peine si l'humain semblait respirer. April et Marion craignaient des lésions internes, peut-être même une hémorragie.

- Ramenons-les à maître Splinter, déclara la rouquine. Il n'y a que ses mantras qui pourront les aider. Et puis... Nous devons aussi l'avertir, pour Karai...

Les autres acquiescèrent solennellement, sans prononcer un mot. S'ils étaient tous inquiets pour leurs amis, ils n'avaient aucune envie d'être celui ou celle qui se chargerait d'annoncer à Splinter l'enlèvement de sa fille par Shredder.

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