Un combat de tous les instants

Chapitre 8 : Raid au T.C.R.I.

3661 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:16

- Je reste persuadé que c'est une très mauvaise idée de venir ici alors que nous n'avons pas la moindre stratégie.

Léo secoua la tête, dépité. Ils se tenaient sur le toit du T.C.R.I. et ils s'apprêtaient à pénétrer dans la tour des Kraangs par effraction. Le chef de la bande, toutefois, hésitait à en donner l'ordre. Il avait cédé à l'ultimatum de Raphaël uniquement parce qu'il savait son frère capable de le mettre à exécution.

- J'en ai une, de stratégie. On rentre. S'il y a des extraterrestres, on cogne. On s'empare du mutagène. Si on retombe sur les extraterrestres, on recogne. Et...

- A part cogner, est-ce que tu aurais d'autres suggestions ?

- Pourquoi ? Ça aide à se sortir de pas mal de situations gênantes, en général.

- Les Kraangs sont des centaines, là-dedans.

- Et alors ? Nous sommes déjà venus ici à quatre, par le passé. A présent, nous sommes six et demi. On va gérer, comme d'habitude.

Marion allait grommeler quelque chose suite au demi dont elle venait d'être qualifiée, mais d'un geste, April lui indiqua que cela n'en valait pas la peine. Elle n'avait rien contre le fait de la laisser tenir tête à Raph le reste du temps, mais pour l'heure, il était impératif qu'elle reste concentrée sur la mission, exactement comme eux.

En plus de leurs armes, ils étaient tous équipés de sac, qu'ils portaient dans le dos ou en bandoulière, afin de ramener avec eux le maximum de fioles de mutagène possible. A l'aide de son kusarigama, Mikey arracha la plaque qui condamnait l'un des conduits d'aération et invita les autres à se faufiler dedans.

Après avoir esquissé une dernière grimace, Léonardo consentit à s'y engouffrer en premier. Raphaël se faufila dans son sillage et les trois humains lui emboîtèrent le pas. Donatello et Michelangelo fermaient la marche.

Le passage étroit qu'ils empruntaient débouchait sur un tunnel désert. Malgré cela, Léo insista longuement pour qu'ils restent immobiles, juste au cas où un Kraang aurait la mauvaise idée de faire une ronde dans le secteur au moment où ils se laissaient tomber sur le sol.

- Tu deviens complètement parano depuis que nous sommes revenus de North Hampton, frérot, gronda Raphaël. Rappelle-toi que tu fais ça pour Karai, ça devrait t'aider à avancer. Et sinon, il y a toujours ma méthode.

D'un puissant coup d'épaule, il le frappa au niveau des reins pour le propulser dans le corridor. Pris par surprise, Léo ne put anticiper sa chute et s'écrasa par terre, face contre terre. Son frère atterrit avec souplesse à ses côtés, juste avant que les autres ne les rejoignent à leur tour.

- Donnie, trouve l'alarme et désactive-la, afin que nous puissions forcer les cages de l'ascenseur jusqu'au dix-neuvième étage.

La tortue au bandeau violet acquiesça d'un hochement de tête. Il se dirigea vers un petit panneau rectangulaire, qui était en réalité l'une des bornes du système de sécurité. Il s'y connecta à l'aide de son T-Phone et, quelques secondes plus tard, leva un bras en l'air en signe de victoire.

- Bravo, Donnie. Moins d'une minute, tu es de plus en plus rapide, le félicita April.

- Ca va, il a juste à pianoter sur quatre touches, ce n'est pas un exploit, minimisa Casey, mais personne n'y prêta la moindre attention.

Personne à l'exception de Marion qui dissimula un sourire. Apparemment, les autres devaient déjà être au courant de la situation ambiguë qui régnait entre ces trois-là, car cela ne semblait surprendre personne. Elle-même en était amusée et elle songeait à interroger April à ce sujet, mais elle redoutait de paraître trop curieuse.

En léger retrait, elle rejoignit les autres qui s'étaient déjà rassemblés autour de l'ascenseur. Avec la lame de l'un de ses ninjatos, Léonardo parvint à les écarter l'une de l'autre, dévoilant un trou sombre et béant. A l'aide de leur grappin, ils entreprirent de descendre la paroi en rappel.

Marion observait avec envie Casey et April. Malgré ses facultés au combat, elle n'avait pas l'habitude de fréquenter des adeptes du ninjutsu et, par conséquent, elle était beaucoup moins douée que pour réaliser ce genre de prouesses physiques. Qui plus est, bien qu'elle ne soit pas sujette au vertige, elle redoutait tout de même le vide sous elle.

- Ne regarde pas en bas. Contente-toi de cramponner ta corde et de te laisser glisser doucement.

Elle fut surprise de constater que ce conseil provenait de Raphaël. C'était la première fois qu'il s'adressait à elle sur un ton autrement qu'ironique ou colérique. Comme il était juste à côté d'elle, elle tourna la tête dans sa direction, et murmura timidement :

- Merci.

Un grognement lui répondit. Michelangelo, plus agile et plus rapide que ses frères, fut le premier à atteindre les portes du dix-neuvième étage. Il se faufila prudemment de l'autre côté, en attendant que les autres le rattrapent. Marion, en bonne dernière, fut aidée par Casey, car elle n'osait plus lâcher sa corde.

- Tu crois vraiment qu'on va te laisser tomber ? Fais-moi confiance et saute.

Elle plaça ses jambes contre le mur et se propulsa dans sa direction. Il manqua quelques centimètres pour atteindre la bordure, que l'adolescent compensa en l'empoignant par le bras pour la tirer sur un sol ferme. Elle le gratifia d'un sourire.

- Par là ! informa Léonardo en pointant une direction avec son sabre.

A peine eut-il prononcé ces mots qu'une porte électronique se déverrouilla sur leur gauche et que six Kraangs pénétrèrent dans le couloir. Ce face à face inattendu désempara les deux camps, mais les tortues furent les premières à réagir. Mikey s'élança en agitant ses nunchaku et en s'écriant joyeusement :

- Booyakasha !

Les autres chargèrent à leur tour, mais sans pousser de cri de guerre. Marion n'eut même pas le temps de dégainer le katana que ses amis lui avaient prêté afin de remplacer son épée que, déjà, ils avaient réduit les robots en un tas de débris métalliques.

- C'est pas grave, affirma Mikey en lui tapotant l'épaule. La prochaine fois, je t'en garderai un, si tu veux.

- J'ai déjà détruit des Kraangs, rappela-t-elle, légèrement vexée.

Elle savait que, dorénavant, ils n'allaient pas hésiter à la sous-estimer, car son niveau était nettement inférieur au leur. Elle se réconfortait en se disant que son père l'avait entraînée à l'escrime, non à combattre des extraterrestres, et qu'elle ne pouvait exceller dans tous les domaines.

- Est-ce que tu es sûr que le labo sera toujours au même endroit ? interrogea Raph alors qu'ils reprenaient leur progression. Puisqu'on a fait exploser la tour, ils peuvent très bien l'avoir reconstruit ailleurs.

Il s'attendait à ce que Léo lui réponde, mais ce fut Donatello qui s'en chargea. D'après lui, les Kraangs étaient des créatures très pointilleuses, mais également très carrées, aussi n'y avait-il aucune raison pour qu'ils n'aient pas rebâti leur quartier général exactement à l'identique.

Ils traversèrent plusieurs corridors, menés par la tortue au bandeau bleu, jusqu'à atteindre une salle gigantesque, où un panneau de contrôle démesuré occupait une grande partie de l'espace. Les yeux de Donnie se mirent à scintiller dès qu'ils se posèrent dessus. Les cerveaux à tentacules avaient beau être leurs ennemis, il ne pouvait s'empêcher d'admirer leur technologie.

- Par contre... commença-t-il avant de marquer une légère hésitation. Il fallait s'attendre à ce que le mutagène ne soit plus dans des cuves après la catastrophe que Karai a provoqué.

- Justin ! minauda amoureusement Mikey, pendant que Léonardo détournait le regard, gêné.

Comme venait de le souligner Donatello, il n'y avait plus aucune trace de l'épais liquide bleu-vert dans la salle. Les lieux en avaient été vidés jusqu'à la dernière goutte et les Kraangs l'avaient certainement stockés ailleurs. Il leur fallait à présent découvrir où, ce qui était la question que tout le monde se posait.

- Allons voir derrière cette porte, suggéra Raphaël. C'est la seule issue, en dehors de celle par laquelle nous sommes entrés.

Léo ouvrit la voie jusqu'au battant électronique. Celui-ci n'était pas verrouillé et il pivota automatiquement à son approche pour lui permettre de passer, les autres sur ses talons. Une mauvaise surprise les attendait de l'autre côté. Il s'agissait d'un autre laboratoire, dans lequel il y avait effectivement du mutagène, mais également plusieurs dizaines de Kraangs qui se livraient à des expériences diverses.

Si la majeure partie d'entre eux se trouvaient dans leur carcasse robotique, quelques-uns étaient installés sur des nacelles volantes. Ce fut l'un d'eux qui les repéra, pour donner immédiatement l'alerte aux autres dans un cri suraiguë.

- Ceux que l'on nomme Tortues doivent être éliminés dans cet endroit que l'on nomme labo, décréta l'un des exosquelette de sa voix mécanique.

- Pas bon, ça ! s'exclama Léo.

Plusieurs pistolets lasers furent pointés dans leur direction et se mirent à tirer sur eux un flot de projectile. Ils baissèrent la tête pour les éviter, puis reculèrent précipitamment. La porte se referma entre eux et les extraterrestres, leur accordant un court répit.

- Il faut abandonner la mission ! affirma la tortue au bandeau bleu.

- Ou trouver une autre réserve de mutagène, souligna Donnie. Je suis certain qu'ils en ont ailleurs qu'ici.

- On n'a plus le temps d'en chercher, maintenant qu'ils nous ont repérés. Même si l'alarme est coupé, ils sont trop... nombreux.

Les Kraangs venaient de franchir à leur tour le seuil des portes en métal coulissantes et se remirent à les bombarder de lasers rosâtres. Plus personne ne chercha à discuter la volonté de Léonardo. Ce fut sans se concerter davantage qu'ils s'élancèrent au pas de course vers le couloir par lequel ils étaient arrivés.

- Tous à l'ascenseur ! Nous devons regagner le toit !

Ils n'avaient pas parcouru la moitié du chemin qu'une escouade de Kraang déboucha d'un corridor adjacent à celui dans lequel il courait pour leur barrer la route. Raphaël dégaina aussitôt ses sais, près à les réduire en miette, mais son frère aîné l'en dissuada en désignant une porte sur leur gauche.

- Par là !

- Par là ? répéta-t-il. On ne sait même pas où ça mène !

- Peu importe, allons-y.

Léonardo s'engouffra dans l'ouverture et les six autres lui emboîtèrent le pas, afin d'échapper aux cerveaux à tentacules qui venaient de les prendre en sandwich. Hélas, la salle dans laquelle ils pénétrèrent possédait également son comité d'accueil. Une vingtaine de nacelle Kraang les attendait. Ils ouvrirent le feu sitôt qu'ils les virent.

- Bien sûr, le message a déjà fait le tour de l'étage, ils savent tous que nous sommes ici ! enragea Casey. On est pris au piège.

- Voilà pourquoi il faut toujours avoir un plan !

- Lâche-nous avec ton plan, Léo. Même si tu en avais eu un, on serait dans le même bateau.

Raphaël lança trois shuriken sur les petites soucoupes volantes et atteignit triplement sa cible. Même si Marion éprouvait une certaine antipathie à son égard, elle ne put s'empêcher de pousser un soupir admiratif face à sa dextérité. Elle recouvra néanmoins vite son sang-froid pour se saisir de la garde de son katana.

- Une sortie, là ! repéra Michelangelo, tout en arrachant un extraterrestre à son moyen de locomotion d'un coup de nunchaku.

- Parfait, filons.

Donnie frappa de toutes ses forces une nacelle, qui alla en heurter une seconde en vol. Elles explosèrent au moment où elles rentrèrent en contact, dégageant une fumée noirâtre. Lorsqu'elle se dissipa, ils n'étaient pas tous partis dans la même direction. Raphaël et Léonardo s'étaient rapprochés d'une porte, qui n'était pas celle repérée par Mikey. Lui-même se tenait à hauteur d'une autre, avec les trois humains et Donatello.

- Eh, les frangins ! Ici !

Les deux tortues, remarquant qu'elles s'étaient séparées du reste du groupe, voulurent les rejoindre, mais c'était à présent un véritable mur de Kraangs qui les séparaient, tandis que les lasers continuaient à pleuvoir sur eux. Casey voulut leur décocher un palet de hockey explosif, mais April l'en empêcha. S'il le faisait, il risquait de blesser également leurs amis.

- Partez ! leur ordonna Léo. On finira bien par se rejoindre !

Mikey n'avait aucune envie de laisser ses frères poursuivre leur chemin seul de leur côté et cette idée n'enthousiasmait pas davantage Donnie, mais il fit preuve de plus de pragmatisme. C'était la seule chose à faire pour l'instant, alors il devait s'y résoudre. D'un geste de la main, il enjoignit aux autres de le suivre.

La porte donnait sur un couloir, dans lequel les extraterrestres les suivirent. A présent que plus rien n'empêchait Casey de mettre son plan à exécution, il tira un palet noir de sa poche, alluma la mèche qui se trouvait dessus et le projeta en direction des Kraangs, pendant que les tortues plaçaient les deux adolescentes à couvert. La déflagration les projeta vers l'avant, mais ils furent seulement un peu secoués, ils ne souffraient d'aucune blessure.

- Comment allons-nous retrouver Raph et Léo ? s'enquit Michelangelo pendant qu'ils continuaient à courir, un peu au hasard.

- Je pense que le mieux que nous puissions faire, c'est sortir d'ici. Ça va également être leur objectif, alors cherchons une issue.

Marion avait l'impression qu'ils se trouvaient dans un véritable labyrinthe et elle se demandait comment les tortues parvenaient à se repérer. Au bout de quelques minutes, elle comprit que ce n'était pas le cas. Elles avaient beau être déjà venues ici, les salles et les couloirs se ressemblaient trop pour qu'elles soit capables de tous les mémoriser.

- Stop ! s'écria soudain April en s'immobilisant.

- Quoi ? Quoi ? s'exclamèrent Donnie et Casey, en choeur.

- Je sens quelque chose. A l'étage en-dessous. J'ai l'impression que nous devons nous y rendre.

Sa nouvelle amie l'observa, les yeux ronds. Si l'adolescente rousse lui avait donné de nombreuses informations sur pratiquement tous les sujets, elle s'était abstenue de mentionner ses origines semi-extraterrestres, de même que les dons psychiques qu'elle développait grâce à cela. Elle avait craint que cela ne soit trop dur à supporter d'un coup pour Marion.

- Qu'est-ce qu'elle a ? souffla-t-elle à l'intention de Mikey.

- Oh, ça... Tu finiras par t'y habituer.

Donatello, pour sa part, réfléchissait. En l'absence de Léonardo, il se sentait responsable des décisions, puisqu'il était le plus intelligent du groupe. Il hésitait à suivre la suggestion d'April ou à les conduire en lieu sûr, comme il l'avait d'abord souhaité.

- Allons voir, finit-il par déclarer. Qui sait ? Nous découvrirons peut-être quelque chose d'important là-bas.

- Avant de songer à descendre, il faudrait peut-être retrouver l'ascenseur, rappela Casey.

- Dépêchons-nous, alors. Nous n'avons pas un instant à perdre.

Ils reprirent leur course, après s'être brève interruption. De temps en temps, ils croisaient des Kraangs, qui étaient eux-mêmes sur leur piste, mais ils s'empressaient de les occire les uns à la suite des autres. Marion fut assez fière d'elle lorsque l'occasion lui fut offerte d'en éliminer quelques-uns. Cela lui permettait de se sentir beaucoup moins inutile.

Enfin, après de longues minutes et alors qu'ils commençaient à désespérer, ils localisèrent  l'ascenseur. En revanche, au cours de leur errance, ils n'avaient croisé aucune trace de Raphaël ou de Léonardo, ce qui commençait à les inquiéter. Ils s'efforcèrent de ne pas y penser tandis qu'ils descendaient en rappel jusqu'au dix-huitième étage.

- Et maintenant, April ? s'enquit Donnie pendant qu'il maintenait les portes de la cage ouverte à l'aide de son bo.

L'intéressée ferma les yeux et porta ses doigts à ses tempes. Même si Marion trouvait cette théorie hallucinante, elle se surprenait à penser, à juste titre, que son amie était télépathe. Quelques secondes plus tard, l'adolescente désigna un couloir sur leur droite, dans lequel ils se précipitèrent.

- Aucune patrouille... C'est étrange. Même avec le système d'alarme hors-service, les Kraangs ont désormais dû se faire passer le message de notre présence au T.C.R.I.

La remarque de Donatello était pertinente. Il y avait quelque chose d'étrange, à cet étage. April le ressentait encore mieux que les autres, grâce à ses facultés extrasensorielles. Elle avait un très mauvais pressentiment, pourtant elle ne parvenait pas à s'arrêter. Une voix dans sa tête la poussait à continuer.

Ils atteignirent une porte, qui était verrouillée. Contrer son système de fermeture automatique demanda une minute à la tortue au bandeau violet, avant que ses deux battants ne s'écartent pour leur permettre de passer. Ils découvrirent alors ce à quoi April venait de les guider.

- Nom...

- ... d'une...

- ... carapace...

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