Becs et ongles
Chapitre 1 : Becs et Ongles
4616 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 18/01/2022 23:29
Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum Fanfictions .fr :
Crossover improbable - (janvier février 2022).
Friends X Tortues Ninja
Becs & ongles
« Ice ice baby »
Les rires de ses frères résonnaient les longs des corridors rouges et odorants des égouts. Raph avait souvent l’habitude de rester en retrait. Pour les quatre tortues mutantes, les départs en mission étaient toujours des moments particuliers durant lesquels l’excitation et l’appréhension exacerbaient les qualités de chacun : Donnie repassait pour la énième fois son plan par le tamis de ses méninges ; l’humour de Mickey faisait retomber la pression et, enfin, digne de son rôle d’aîné, Léo prodiguait quelques conseils tout en s’échauffant. À l’arrière de la troupe, Raphael mobilisait toute sa concentration de ninja et révisait mentalement ses techniques de combat. Il pesta soudainement un « -Merde ! » qui se répercuta sur les parois poisseuses du sous-terrain. Quelques mètres devant, Leonardo s’enquit :
« -Un souci, frangin ?
-Mes genouillères ! J’ai oublié mes genouillères ! » Lança Raph, entre colère et déception. Et ajoutant en rebroussant chemin : « -Je reviens, je me dépêche, on se retrouve sur le toit de l’ancienne scierie ! »
Le bruit de ses pieds nus courant dans les eaux usées s’éloignait, Leo jeta un regard incrédule à ses deux autres frangins : Raph en faisait toujours trop. Donatello le rassura :
« -On a une petite marge de manœuvre sur le timing. »
Derrière son écharpe en laine, Mike s’indigna sous son bonnet rouge et vert :
« -Tu veux dire que j’aurais pu rester un peu plus sur ma Super-Nintendo ? »
Le silence régnait dans l’ancienne station de métro lorsque Raph émergea d’une conduite. Ils vivaient ici depuis quelques années. L’espace et la luminosité des éclairages art-déco étaient vraiment un plus, comparés aux coins d’égouts qui leur avaient servi de « maison » durant les premières années de leur vie. Ne voulant pas décevoir son Maître, le ninja traversa le hall, se dirigeant vers l’escalier, lorsque les haut-parleurs fixés en hauteur sur les colonnes ouvragées se mirent à grésiller. Il s’adossa à genoux derrière l’établi encombré de Donnie. La voix douce de Freddy Mercury entonna :
« Tonight, I gonna have myself, a real good time… »
Surpris, le reptile sortit la tête de derrière le fatras d’outils étalés sur le plan de travail, pour découvrir, surpris, à quelques mètres, son sensei se dandinant près de la platine. Le 45-tours de Queen était caressé par le saphir du vieux lecteur en acajou, non loin du canapé, chantant pour Splinter. C’était un rat mutant, d’un mètre cinquante, en kimono rouge et or, il chantonnait « Don’t stop me now ». Ce vénérable maitre ninja les avait recueilli, élevé, entrainé et aimé de tout son cœur depuis presque une vingtaine d’années. Raph se sentit envahi d’une immense tendresse, caché derrière son établi. Il savait que son père était fier de ses enfants. Raph était fier d’être son fils.
Une fine couche de neige renvoyait la lumière de la pleine lune en cette fraîche soirée d’hiver sur les toits de New York. La nuit était belle, mais cela n’empêchait pas Michelangelo de se plaindre :
« -Je suis une tortue de Floride, moi… »
La neige commençant à couvrir leurs larges carapaces, les trois imposantes créatures attendaient calmement, le regard dans le lointain. Le silence fut brisé par la voix rauque du frangin attendu :
« -Et pourtant, tu as grandi à Brooklyn. »
Le visage du plus jeune de la fratrie s’illumina derrière son écharpe. Les quatre tortues se donnèrent l’accolade, Raph déclara :
« -Je ne vous le dit pas assez souvent, les mecs, mais je vous adore…
- Ouais, ne nous porte pas la poisse, vieux, plaisanta Leo en tapotant l’épaule de son frère et montant sur la corniche de l’usine pour reprendre d’un ton plus sérieux : Une course jusqu’à Greenwich Village nous attend. Dans trois pâtés de maison, on attrape le métro aérien, on passe sous le pont de Brooklyn, puis on remonte jusqu’à Soho. La camionnette devrait y être d’ici trois quarts d’heure. »
Il marqua une pause et ajouta :
« -Allez pas vous casser la nuque sur le verglas. »
Mike ajouta :
« -Ouais, not’ nouveau show : « Turtle on Ice »
À l’unisson, ils chantonnèrent : « Ice ice baby », joignirent leur main et crièrent : « Kowabunga ! » avant de s’élancer dans la nuit.
« I’ll be there for you. »
La marée humaine du vendredi soir avait fait office de chasse-neige sur les trottoirs. Emmitouflés dans leurs parkas, grosse capuche pour Chandler, bonnet pour Joey et nue tête pour Ross (de peur de rester coiffé de travers, en dépit de la dose de gel dans ses cheveux) les trois amis remontaient tranquillement vers le Central Perk, leur point de chute habituel, pour terminer la soirée sur un dernier café. Depuis quelques semaines, Ross était moins disponible pour ses deux amis, ayant entamé une relation tant attendu avec son béguin de longue date : Rachel Green. Ce soir, le trio rattrapait son retard…
« -Combien de fois vous me l’avez fait regarder ce film… »
Les gars revenaient du cinéma, Chandler n’était pas ravi de sa séance. Joey se justifia :
« -Piège de Cristal est un film de Noël, pour une fois qu’ils le rediffusaient au ciné du coin, on pouvait pas le rater !
-Oui, ça permet de rester un peu dans la magie des fêtes, plaisanta Ross, on flingue des mecs, on balance des terroristes par les fenêtres…
-Exactement ! C’est festif ! »
Leur conversation fut interrompue par des crissements de pneus : une large camionnette blanche arriva du coin de la rue en dérapant, se couchant sur le côté dans un fracas. Elle glissa sur plusieurs mètres au milieu de la route… Sans prendre le temps de la réflexion, Joey se lança vers le véhicule, criant à ses amis :
« -Il faut sortir le chauffeur de là-dedans ! »
Alors qu’ils s’affairaient autour de la cabine, une petite créature métallique, simplement composée d’une gueule à dents pointus et de deux petites pattes, jusqu’à présent accrochée à la roue avant gauche du camion qu’elle avait lacérée, avança tranquillement sur le flanc du véhicule pour en découper le métal. De la fente, se mit à couler un fin liquide rose fluo.
« -Merci les gars ! Fit le chauffeur une fois libéré en s’éloignant à toutes jambes.
-Ma parole, il a la mort aux trousses, ce type-là ! Remarqua Chandler avant d’ajouter à l’attention de ces deux compères : Tiens, la Mort aux Trousses ! Ça c’est un bon fiii… »
La tête lui tourna, il s’évanouit, tombant de tout son long dans le liquide rose et poisseux qui s’étendait maintenant autour du camion et bien vite rejoint par Ross et Joey… Avant de perdre complètement connaissance, il entendit deux personnes :
« -Regarde ces pauvres gars…. Raph, regarde leur peau : ça a commencé. Les gars, fouillez leurs papiers et trouvez leur adresse. Don, tu as ce que tu voulais ?
-Impeccable, Leo. Ça va me demander quelques heures… »
« Load up on guns, bring your friends »
Phoebe avait passé la soirée avec Rachel et Monica, à parler de leurs ex et de la vie en général, autour d’une bouteille de vin. La blonde fantasque et souriante descendait les dernières marches vers le hall, dans sa robe à fleurs et refermant son trench à fourrure bleu, lorsqu’elle tomba nez à nez, face aux boîtes aux lettres, avec un fantôme du passé. L’énergumène qui semblait chercher un nom sur les étiquettes était planté dans son pantalon bouffant, en marcel malgré le froid, un sac à clubs de golf sur l’épaule et duquel dépassaient une batte et une raquette de tennis.
« -Casey !?
-Ho ! Phoebe ! Fit le beau brun dont la coupe mi-longue virevolta de stupeur, mince ! Si je m’attendais ! »
Ils se donnèrent une accolade un peu gauche, après tant d’années sans nouvelle l’un de l’autre. Casey tenta d’expliquer sa situation à son ancienne amie de galère, en évitant de parler de tortues géantes et des trois mecs inconscients qu’il les avait vu traîner jusqu’à l’immeuble :
« -Je cherche des amis à moi, je les ai suivi jusqu’ici, mais je n’ai aucune idée de l’appartement ou de l’étage…
-Je vais t’aider à les retrouver, fit la jolie blonde souriante, en souvenir du bon vieux temps. Viens, je vais d’abord te présenter à des amies. »
«In the jungle, the mighty jungle. »
« -C’est bon, il se réveille, les gars… »
La voix était lointaine, cependant, Chandler reconnut celle de son plus vieil ami, Ross. Quand ses yeux firent le point, il se mit à hurler, s’assit dans un sursaut sur le dossier du canapé sur lequel il était couché : le visage de son ami était couvert de poils.
« -Calme-toi, vieux, calme-toi. Je sais : je suis un singe.
-T’inquiète, c’est provisoire : les extraterrestres vont nous guérir. »
La voix calme était celle de Joey, tranquillement assis dans son fauteuil de cuir. Tout comme Ross, son pull était déchiré, Joe était comme couvert de plumes blanches. Il arborait un large bec plat et jaune. Il mangeait des chips. Respirant lentement, Chandler regarda autour de lui. Ils étaient de retour dans leur petit appartement. Non loin de l’entrée, accoudé au comptoir et démontant ce qui avait dû être leur micro-onde, une créature verte assez imposante, étrangement masquée d’un bandeau violet discutait avec une créature similaire au bandeau bleu. Une troisième avec un bandeau orange était installée dans le second fauteuil. Elle s’adressa à lui d’une voix douce :
« -Calme-toi, mon ami. Vous avez été en contact avec du mutagène. Ton pote est devenu un canard, ton autre pote est devenu un singe… et toi, bah, t’es un poulet, mec…. »
La tortue ajouta d’un sourire amical : « Salut, moi, c’est Mickey. »
Sautant du canapé, repoussant son ami simiesque, Chandler se précipita dans la salle de bain de laquelle s’échappa sa complainte :
« -Oh my God ! Oh my God ! »
Il sortit en trombe, s’adressa à tous de son petit bec pointu, sa crête se secouant en tous sens:
« -Comment ? Pourquoi ? »
Bandeau-bleu se leva de son tabouret et expliqua calmement :
« -Le camion qui s’est renversé ce soir transportait une cargaison de mutagène. C’est un produit qui a la capacité de booster les gènes, mais si vous avez sur vous ou si vous avez touché du matériel génétique autre… » Leo marqua une pause : « Eh bien, disons que ça mêle les gènes. Dans ton cas, tu as du toucher un poulet dans la soirée. »
Chandler n’eut pas le temps de réagir que son coq et son canard de compagnie furent expulsés de la chambre de Joey avec, à leur suite, une quatrième tortue géante:
« -Allez, dehors la basse-cour! Leo, comment je fais le guet dans ces conditions ?»
Chandler se laissa tomber de tout son poids dans le canapé à côté de Ross, Joey se leva tranquillement de son fauteuil pour rejoindre ses amis, s’assit à son tour et leur tendit le paquet de chips. Il répéta :
« -Ca va aller, les gars, ces extra-terrestres vont nous guérir. Le grand ; là-bas, il a juste besoin des pièces du micro-ondes… Ça va aller…
-Joe, ce ne sont pas des aliens, rétorqua le Coq mutant, ce sont quatre types qui ont touché ce truc et qui sont devenus des tortues. »
Il ajouta : « J’en reviens pas de dire ça. »
Ross s’enfonça légèrement dans le sofa jaune, lui, qui avait été silencieux, ne put se retenir plus longtemps :
« -Je vais devenir un singe… Je vais manger des bananes… Je vais pisser dans mon lit… » Il tapa l’épaule de son ami comme pour le prendre à témoin : « Et tu as vu la libido de mon singe ?
-Ça va pas te changer, t’as toujours été un peu obsédé… » Remarqua Chandler le plus calmement du monde.
Le singe paléontologue ne put répondre que d’une moue approbatrice.
Joey se leva, jeta nonchalamment son paquet de chips dans le canapé avant de demander à Leonardo :
« -Alors, vous êtes pas des extraterrestres ?
-Mais, pas du tout. Pourquoi on serait plus des aliens qu’autre chose ?
-Bah, Mickey m’a affirmé que vous veniez de la planète Melmak. »
Les apitoiements et les questions furent interrompus par le « Ah ! » triomphal de Donatello. Devant lui, sur le comptoir, un saladier rempli d’un liquide violet était en train de vibrer. Le récipient était enroulé de fil de cuivre, relié aux morceaux épars du four micro-onde, lui-même branché au-dessus du plan de travail. Le bricoleur tapa dans ses mains et annonça, magistral :
« -Y en a pour une heure ! »
« You’re obviously not their favorite pet »
Casey avait complétement oublié l’idée de chercher ses amis: une demi-heure dans un appartement chic en compagnie de trois charmantes jeunes femmes avait eu raison de son inquiétude pour ses amis. « Ils sont grands » pensait-il en aparté de temps en temps.
Assis autour de la table ronde du coin cuisine, Casey racontait le passé méconnu de Phoebe, tout en étant dévoré des yeux, pour son plus grand plaisir. « Lavé, il doit être encore plus canon » se disait Monica.
Rachel envisageait éventuellement de « faire un break » avec Ross. Casey, lui, terminait, en riant, une anecdote :
« -Et c’est pour ça que Phoebe a réussi à se sortir de la rue…
-Tu embellis les choses, ajouta l’intéressée les joues rouges d’embarras.
-C’est ce que je fais toujours, ma jolie. »
L’attention du charmant sans domicile fut attirée par la grande baie vitrée. Il se leva précipitamment, contourna un fauteuil et fit face à la créature qui l’observait de dehors. Les filles s’attroupèrent derrière lui. Au-delà du parapet du balcon et soutenu dans le vide à une vingtaine de mètres par une paire d’ailes translucides, un humanoïde aux yeux globuleux multifacettes, manipulait un petit appareil surmonté d’une antenne. Il fourra l’engin dans l’une des larges poches de sa blouse blanche, réajusta son nœud papillon jaune et pointa du doigt l’appartement des filles.
« -Tout le monde sur le balcon ! » Ordonna Casey Jones en empoignant son sac de golf qui traînait sur les coussins pour en extraire un masque de hockey qu’il enfila puis distribua les armes : raquette de tennis pour Rachel, un club de golf pour Phoebe, des objets que les filles empoignèrent sans comprendre. Monica, elle, avait déjà un balai fermement serré dans les mains. Le sans-abri fit tourner sa batte de criquet dans les airs :
« -Désolé, mesdemoiselles, il va falloir défendre la place ! »
«Can’t stop these radical dudes! »
Dans l’appartement d’en face, les choses s’éclaircissaient :
« -Je vous avais dit qu’ils allaient tout arranger !
-Joe, t’as surtout dit qu’ils venaient de l’espace, critiqua Chandler.
-Ouais, M’sieur le malin : mutants ou martiens ça fait une grosse différence. »
Alors que Joey et Chandler pinaillaient sur des points de détails et que Leonardo et Donatello prenaient la température du saladier tout en chronométrant, Ross était en train d’avoir une idée :
« -Vous êtes en train de me dire que ce produit inverse la mutation chez les humains et qu’un monstre mi-homme, mi-mouche recherche ce produit, commença-t-il debout face à Raphael et Michelangelo confortablement installés dans les gros fauteuils de cuir au milieu de la pièce.
-Correcto ! Fit théâtralement le ninja au bandeau orange.
-Ouais, pas que… Rectifia Raph.
-Et vous les gars, reprit le singe en passant la main dans sa tignasse toujours coiffée de gel, vous êtes des tortues ninjas ? Vous êtes des guerriers ninjas ?
-Re-correcto ! Scanda Mickey
-Mais c’est même pas un mot, ça ! S’agaça son frère.
-Huuum, perfecto ?
-Oui, ça, c’est un mot, mais ça n’a rien à voir !
-Magnifico ?
-Donc le monstre mouche va venir et il va falloir défendre nos vie? » Continua Ross sans relever les chamailleries des deux frangins, puis ajoutant même dans un fier mouvement de tête: « Je pourrais vous aider vous savez : je maitrise l’unagi !
-C’est pas un mot non plus ça, se moqua Raphael.
-C’est des fruits de mer, il me semble, fit Mick avec conviction, ça me donne faim. Hey, Joey, vous auriez pas un bout de pizza à tout hasard ? »
Joey le canard se leva d’un bond pour traverser l’appartement, passant devant Leo et Donnie :
« -Mais c’est vrai ça ! Où sont passé mes bonnes manières ? Maman Tribbiani l’a bien élevé, son p’tit Joey. Il doit bien rester de la pizza dans le frigo de Monica. »
À peine les occupants du logement eurent-ils compris ses intentions que le volubile volatile était déjà sorti de l’appartement, dans le couloir et sur le point d’ouvrir machinalement la porte d’en face. Leo se précipita à sa suite, l’attrapant par le bras :
« -Si tu pouvais éviter de te montrer le temps que ta condition revienne à la normale. »
Le bec de Tribbiani découvrit une rangée de dents blanches dans un sourire gêné :
« -Ah, bah oui, c’est vrai. »
Un cliquetis particulier attira l’attention du leader des ninjas. Un objet métallique venait de taper la vitre teintée au bout du couloir. Il s’approcha doucement et tendit l’oreille: Une multitude de petits pas mécaniques couraient le long de la paroi à l’extérieur du building. En inspectant les escaliers, Leo demanda :
« -Il y a un accès au toit, n’est-ce pas ? »
«Don't stand, don't stand so, don't stand so close to me»
Derrière la porte 20, l’appartement était vide. Presque vide. Seules les longues jambes de Rachel dans sa jupe à carreaux battaient l’air à la fenêtre donnant sur le balcon. Penchée vers l’extérieure, la pauvre serveuse battait l’air de grands swings avec la raquette de tennis afin d’empêcher les petites créatures d’acier d’entrer. Sur le balcon, Monica, munie de son balai, et Phoebe, frappant de son club de golf, explosaient les bestioles contre le sol en béton ou les expulsaient dans la rue. Casey Jones, debout sur le rebord, gérait la première vague, en envoyant, autant que possible, du plat de sa batte de cricket, les bestioles sur Baxter Stockman, l’homme mouche.
« -Je te préviens, Phoebs ! Si un de ces machins entre dans l’appartement et bousille les tapis, tu n’inviteras plus personne chez moi ! »
Mais Phoebe n’écoutait pas les récriminations de Monica, elle lança à Jones :
« -Alors, cette histoire du rat géant, c’était vrai ?
-Ouep !
-Et les tortues mutantes aussi?
-Ouep ! Si tu veux tout savoir : j’ai un ticket avec April O’Neil !
-La présentatrice ?! S’esclaffa la joueuse de golf improvisé et n’en croyant pas un mot : Ouais, c’est ça, dans tes rêves, Casey ! »
Quelques mètres plus haut, la porte d’accès au toit manqua de sauter de ses gonds lorsque Leonardo l’ouvrit d’un coup d’épaule. Suivi de Raphael et Michelangelo, il se mit en position, Donnie étant resté avec ses « patients ». Remontant de la rue, les Dératiseurs, ces petites créatures robotiques aux dents acérées, arrivaient par dizaine par une large gouttière. Une vingtaine couvrait déjà le toit, d’autres redescendaient déjà pour atteindre un niveau inférieur. Le meneur des Tortues Ninja lança à ses frères, alors qu’il avait déjà tranché deux créatures:
« -Mike, la gouttière ! Raph, attrape ! »
Leo planta son katana dans une bestiole et, d’un mouvement circulaire, l’envoya sur le ninja au bandeau rouge qui la réceptionna d’un mouvement de saï, ses couteaux à trois lames qui ne le quittaient jamais. Se frayant un chemin au travers la meute d’acier, à grands mouvements de nunchakus, Mickey atteignit le rebord sans trop de difficulté, saisit ensuite la gouttière rectangulaire et poussa de toutes ses forces :
« -Tout le monde descend ! »
Les attaches s’arrachèrent des briques rouges, la conduite se détacha petit à petit, avant de céder complétement, tombant en morceaux sur le trottoir.
« -Ça devrait attirer l’attention de l’autre monstre de films d’horreur !»
La terrasse fut rapidement dégagée, à grands renforts de coups de pied circulaires et de coups de genoux. Des cris de joie se firent entendre plus bas. Surpris, les trois ninjas s’approchèrent du bord. La célébration venait d’un balcon en contrebas, émanant de deux jeunes femmes et de…
« -Casey ! Interpella Raph, mais qu’est-ce que tu fous là, vieille fripouille ?
-Je vous cherche depuis l’accident du camion de la TGRI, figure-toi, p’tite tête !
-T’as pas dû chercher bien dur, crâne de piaf ! »
Les retrouvailles furent de courte durée :
« -Je vous cherche également, les tortues ! Menaça Baxter, flottant au-dessus de l’avenue large.
-Hey Baxter ! Ma vieille mouche à miel ! Salua Mike, viens nous rejoindre là-haut, tu vas avoir des crampes dans les ailes ! »
Donatello déboula en courant à son tour. Il interpella Leo et lui lança un petit contenant circulaire métallique en précisant :
« -Les gars retrouvent leur état normal. Ça roule, Leo ! »
Leonardo se tourna vers l’homme-mouche qui volait maintenant à quelques mètres pour lui tendre le récipient :
« -C’est ça que Schredder t’envoie chercher ? » Questionna-t-il.
Sans prendre le temps d’attendre la réponse, il le lui lança : « - Prend-le et va-t’en ! »
Avec un horrible rictus victorieux, Baxter serra contre lui son précieux objectif puis lança une dernière bravade en s’éloignant dans les cieux de New York :
« -On se retrouvera, les Tortues Ninjas ! On se retrouvera !
-Ouais, ouais, comme d’habitude, beau-gosse ! Répondit Mickey, mes amitiés à l’Ouvre-Boîte! »
Leo donna une tape sur l’épaule de Don :
« -Y avait quoi dedans ?
-De la confiote.
-Quel parfum ? demanda Mickey.
-Sur le pot, c’était marqué Monica Geller» fit Donnie en haussant les épaules.
« See no one told you life was gonna be this way. »
Emmitouflés, les pieds dans la neige qui avait recommencé à tomber, les six amis étaient réunis sur le trottoir en bas de l’immeuble pour saluer les ninjas qui montaient un à un dans la camionnette bleue de Channel 6. Se frayant un chemin jusqu’à la place passager avant, Casey se laissa tomber lourdement à côté d’April. Phoebe s’approcha de la conductrice :
« -Si je peux permettre, vous êtes ensemble tous les deux ? »
La journaliste eut bien du mal à contenir un éclat de rire, secouant sa généreuse chevelure bouclée. Elle pointa du pouce le zigoto affalé derrière elle :
« -Avec Casey ? Non, non, non… Je vous le laisse, si vous en voulez. Aucun problème. »
Phoebe rit à son tour :
« -Non, merci, ça va : je connais déjà !
-Bah merci les filles » S’offusqua le beau brun.
Raph fut le dernier à s’installer dans le véhicule.
« -Alors, c’est ça votre vie ? Demanda Joey.
-On aide les gens, admit modestement Leo.
-Toujours dans l’ombre, ajouta Raph renfrogné.
-On est partout, fit Mickey avec de grands gestes de mains, sur les toits, les ruelles, les égouts…
-Allez, ça suffit, coupa Donnie en se penchant pour fermer la portière coulissante.
-Attendez, fit Chandler en retenant la portière qui se refermait.
-Merci, » ajouta Ross.
Un léger silence tomba. Raphael conclut :
« -Vous êtes des héros. Si les filles n’avaient pas défendu leur étage, qui sait quels dégâts auraient causé les Dératiseurs ? Et vous les gars, si vous n’étiez pas intervenu ce soir, le chauffeur serait probablement mort : merci à vous. »
Le bruit de glissière puis le claquement de porte résonnèrent dans la rue. La camionnette démarra et disparut au coin de la rue. Serrée contre Ross, Rachel demanda :
« -Vous vous rendez compte de la soirée qu’on vient de passer ? Je propose qu’on ne parle plus jamais de cette histoire.»
Et les amis à l’unisson :
« -Ouais. »