Les "Smarties" d'Otto Bus

Chapitre 1 : Les "Smarties" d'Otto Bus

Chapitre final

1514 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/05/2023 10:15

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions .fr : Perdu dans l’espace - (mai-juin 2023).



Il s'était affalé sur le canapé. Ça, il s'en souvenait. Se redressant péniblement, le jeune homme dû se prendre la tête à deux mains :

-Wow, pas cool, j'ai mal à la casquette…

Otto dû se rendre à l'évidence :

-Ouais, bah, c'étaient pas des Smarties…

Otto Bus scruta autour de lui, mais les "Smarties" faisaient encore leur effet. Le jeune homme y voyait comme dans un tube, le sol tanguait et les murs bougeaient. Face à lui se trouvait un vieux téléviseur mauve. Le papier peint était rose. Il leva la tête et vu, au-dessus du canapé, un cadre représentant un petit bateau.

-C'est la kasbah du p'tit Bart-tabac !

Il connaissait bien la maison des Simpson pour y avoir vécu quelques jours. Impossible cependant de se souvenir des évènements qui l'avaient conduit jusqu'à ce canapé défoncé. Les "Smarties" lui donnaient faim. Otto se leva en essayant de garder son équilibre. Par réflexe, il fouilla les poches de son bermuda cargo, en se rendant compte avec soulagement que :

- Personne m'a piqué mon froc ! Super !

Il prit la direction de la cuisine, espérant glaner quelque chose dans le réfrigérateur. Il sortit du salon, et se retrouva face à son reflet : les cheveux noirs et longs tombant en cascade sous sa casquette rouge, le nez large, les yeux globuleux, le teint jaune, les dents proéminentes et autour de son coup pendaient les écouteurs de son Walkman. Tout était en place. Floue, mais en place.

-T'es un beau gosse, Otto, lança-t-il a son reflet avec un clin d'œil complice.

Il finit par comprendre qu'il n'était pas dans la cuisine. En lieu et place du frigo se trouvait une baignoire et à la place du meuble de cuisine se trouvait des toilettes. Il se gratta la tête :

-M'sieur Simpson a fait des travaux ?

Le métalleux eu besoin de sortir prendre l'air. Il retraversa le salon et voulut saisir la poignée de la porte menant au jardin. Il ne trouva qu'une ouverture dans le mur.

-Pas de porte ? C'est chelou.

Il traversa l'ouverture.

Au-dessus de lui, le ciel était noir, sans étoiles. Sous ces baskets, pas de gazon. À la place du jardin, le sol semblait en béton ciré. Pas de vent. Au loin, Otto entendit une voix à la locution lente et difficile. Une voix à faire froid dans le dos :

-Venez par iciiii, l'interpella calmement une ombre.

Un rayon de lumière précédait une petite silhouette tordue. Une silhouette qui le cherchait. Otto pris ses jambes à son cou.

Courant aussi vite qu'il pût, en dépit du mal de mer, Otto gardait un œil derrière lui, et percuta une table à manger.

-C'est quoi ça ?

La ville de Springfield lui semblait "éclatée". L'intérieur et l'extérieur se mélangeaient. La ville était vide. Otto transpirait à grosses gouttes. Appuyé sur la table de salon ouvragée, le chauffeur de bus rassemblait ses idées :

-C'est comme La Quatrième Dimension ou comme dans ce film où Will Smith joue un clochard ! C'est l'enfer !

Il inspecta le nouvel environnement autour de lui. La déco était rétro, des bouquins de géographie garnissaient sur les étagères, une corbeille de fruits trônait au milieu de la table. En suivant sa théorie d'une Springfield éclatée, Otto essaya de deviner dans quelle maison il venait d'atterrir :

-C'est craignos ici… C'est sûrement la bicoque du Principal Skinner…

Le faisceau de lumière l'entoura, et, de nouveau, la voix se fit entendre :

-Je vous voiiiiis...

Otto saisi une pomme à la va-vite dans la corbeille à fruits, et la lança sur la silhouette :

-Tu m'auras pas vivant, espèce de zombie !

Otto s'enfuit de nouveau. Il avait trouvé la pomme étrangement légère. Traversant des salons, des chambres, des salles de bains, Otto perdit finalement pied et se mit à dévaler un large escalier blanc.

Il se releva, réajusta son t-shirt, ramassa sa casquette et se la revissa sur le crâne. Étrangement, Otto ne semblait s'être rien cassé. Soit il était chanceux, soit les Smarties l'anesthésiaient. Il se retourna et inspecta l'escalier. Était-ce l'escalier du vieux métro ? Était-ce celui du monorail abandonné ? Maintenant qu'il y pensait, à Springfield, beaucoup de projet d'urbanisme était souvent laissé en suspens. Il haussa les épaules :

-J'm'en fout : j'paie pas mes impôts…

S'aventurant dans ce qu'il estimait être les sous-sols de Springfield, Otto fut surpris de se retrouver cerné par la végétation. Toujours sous l'effet des "Smarties", l'adulescent se mit à chanter :

-Welcome to the jungle, we've got fun and games. We got everything you want honey, we know the names....

Sous un éclairage blafard dont il ne situait pas la provenance, Otto dansait au milieu des plants de tomates, des fraisiers, des citronniers et de quelques cactus. Il remarqua que, étrangement, les plantes étaient en pots. Sans pousser plus loin cette réflexion, il fouilla dans les pots et boulota une poignée de fraise, suivit du reste de "Smarties" qui traînait au fond de sa poche.

Perdu au milieu de l'étendue verte, Otto vit, au loin, la lumière descendre l'escalier. Il leva ses mains à hauteur de ses yeux. Elles étaient couvertes de terre humide. Du bout des doigts, il s'étala un peu de boue sur le visage façon peinture de guerre, et tourna la visière de sa casquette au-dessus de sa nuque. Puis, il se motiva à voix basse :

-Ok, à nous deux, le zombie.

Il slaloma entre la verdure, pour se cacher, à genou, derrière un cactus ventripotent.

Derrière la lumière, la petite silhouette avançait inlassablement.

-Hé hoooo? demandait la voix éraillée.

Dans un élan de folie, les yeux dilatés, Otto surgit dans la lumière et enfonça le casque de son Walkman à l'endroit qu'il estimait être la tête de la créature. L'appareil jouait à fond le Battery de Metallica. Otto et la "silhouette" roulèrent à terre, la lampe torche du gardien également. Ce faisant, le faisceau révéla le visage de "la bête": ratatiné, ridé, c'était un vieil homme qui portait des lunettes.

-T'as pas une gueule de porte-bonheur, commenta Otto, qui plaquait le pauvre homme au sol.

-Qu'est-ce que vous dites ? Demanda le vieillard en uniforme qui avait toujours du heavy métal dans les oreilles.

-Ho, ah, ouais, pardon, bégaya Otto, qui d'une main ôta le casque des oreilles du petit monsieur.

Toujours coincé sous son assaillant, le pauvre homme demanda aimablement, presque gêné :

-Si vous pouviez vous relever ce serez gentil.

Le jeune se redressa, ramassa son couvre chef, et aida l'homme en uniforme noir à se relever. Un sourire crétin exposa un peu plus les dents d'Otto :

-Ha, mais je vous reconnais ! Vous êtes Hans Topeman!

Le ratatiné vieillard sourit à son tour. Ravi que quelqu'un le reconnaisse. Otto ajouta :

-Z'etes le gremlins qui sait pas conduire !

Le sourire d'Hans s'effaça. Il chercha au sol, puis ramassa sa casquette, et l'enfonça sur son crâne dégarni. D'une locution lente, il annonça :

-Je suiiiis agent de la sécuritééé. Suivez moiii que je vous escorte à l'extérieur.

Il ramassa sa lampe torche, et se mit lentement en route, Otto dans son sillage.


La nuit était fraîche, quelques nuages suivaient le vent. Hans referma derrière lui la petite porte métallique réservée aux employés. Otto était désormais dehors, véritablement dehors, dans une allée, entre une haie de buisson et un mur de béton. Il tourna à l'angle du bâtiment, le mur finit par laisser place à de hauts piliers métalliques ainsi qu'a un parking. L'unique véhicule présent était le grand bus jaune scolaire déglingué d'Otto, garé de travers sur trois places handicapés. Il pressa le pas à la vue de son engin. Ce n'est qu'arrivait à proximité, qu'Otto vit le logo. Écrit en lettres géantes, en blanc sur bleu. Il tomba à genou. Son cri résonna dans le parking désert :

-Saleté de Suédois !!!

À genou sur le bitume, Otto maudissait le logo du magasin. Il était inscrit Ikae.

Il ne s'était pas perdu dans une Springfield éclatée, mais dans un magasin d'ameublement.

La tête basse, assailli par la fatigue, traînant les baskets, Otto montait dans son bus lorsqu'il la raison de sa venue lui revint :

-Merde, j'ai oublié d'acheter une lampe de chevet !

Il s'assit au volant du bus, ramena la manette vers lui pour refermer la porte du véhicule, et se fit une promesse :

-Plus jamais de Smarties !

Il positionna ses écouteurs, appuya sur le bouton lecture de son Walkman. Du Metallica à fond dans les oreilles, ramassa une petite pastille blanche ovale qui trainait sur son tableau de bord.

-C'est quoi ça ? Un tic-tac ?

Il haussa les épaules, avala le "tic-tac" et démarra le bus.

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