Spectres
Les trois semaines suivantes passèrent sans encombre. Dani et Illyana avaient très rapidement récupéré de leurs blessures et, bien que réticente au début, le docteur MacTaggert commença à diminuer le traitement de la jeune Cheyenne. Constatant qu’aucun incident n’impliquant de monstres tous droits sortis de cauchemars ou d’Ours spectraux n’avait été rapporté, on mit en place une période d’essai au cours de laquelle Dani ne reçut aucune injection. Tout le monde fut ravi de constater qu’aucune mauvaise surprise n’était survenue ; pas de monstre se cachant sous le lit, ni d’horribles créatures nocturnes.
Sean Cassidy arriva au bout de quelques jours et, bien qu’interagissant rarement avec les élèves, sa présence constitua aussitôt un véritable soulagement pour le docteur MacTaggert. Cette dernière devint beaucoup moins agitée et angoissée, et retrouva rapidement une attitude plus aimable et décontractée.
Peu à peu, tout le monde se laissa aller à une nouvelle routine. Les élèves s’adaptèrent aux changements, avec le professeur McCoy et le docteur MacTaggert qui alternaient la présentation des loisirs et des cours. Comme promis, Stevie Hunter se rendit au campus deux fois par semaine afin d'organiser des activités physiques pour les jeunes mutants dans le but de rompre un peu le train-train quotidien. À la surprise de tout le monde, l’activité qu’ils apprécièrent le plus fut le yoga.
Le professeur McCoy poursuivit les sessions en tête à tête avec ses nouveaux élèves. Avec une branche dédiée à l’instruction personnalisée et une autre consistant en une séance de thérapie, ses entretiens devinrent rapidement la partie favorite du programme pour les jeunes mutants. Comme l’avait reconnu Hank, il n’était pas Charles Xavier. Il n’en demeurait pas moins un instructeur attachant et à l’écoute, et les élèves commencèrent à ressentir les progrès de leurs parcours, non seulement sur le plan académique mais également sur le plan personnel. Les mésaventures et accidents qui impliquaient leurs mutations devinrent peu à peu des mauvais souvenirs du passé.
Illyana Rasputin subit ce qui pourrait être purement décrit comme une métamorphose. Toute cette hostilité qu’elle ressentait auparavant envers ses camarades, ainsi qu'envers elle-même, avait l’air de disparaître, à l’instar de l’Ours de Dani. Elle devint attentive ; en classe, elle perdit son caractère de perturbatrice et fit de sacrés efforts pour participer. Elle commença à se laisser aller aux contacts amicaux des autres, d’abord hésitante avant de devenir de plus en plus confiante. La jeune Russe ne daignait même plus broncher lorsqu’on la taquinait sur sa relation épanouie avec Roberto. Illy et Dani continuèrent à se chercher, mais leur rivalité ne dissimulait absolument plus aucune méchanceté ; les deux filles étaient devenues des amies proches s’épaulant l’une l’autre pour évoluer. Comme Hank l’avait prédit, elles avaient forgé une amitié inébranlable. Sam, avec son franc-parler, fut celui qui trouva le mieux les mots pour résumer le changement de comportement de la jeune blonde.
-On dirait que tu as vraiment envie d’être avec nous, maintenant, dit-il à la jeune Russe. C’est vraiment super.
Même son apparence subit des changements. Elle s'était depuis longtemps fixée sur une seule couleur pour sa garde-robe : le noir. Et plus les vêtements étaient inappropriés ou provocateurs, mieux c’était pour la mutante. Mais alors que son attitude changea, il en fut de même pour ses vêtements. La mutante se mit à essayer différents styles et couleurs. Amara, qui entrevit une opportunité de se rapprocher d’elle, la laissa emprunter certaines de ses tenues, les deux filles ayant la même taille. Certains de ces nouveaux looks la mettaient même étonnamment en valeur. La seule chose qui demeurait inchangée était sa coiffure ; La russe tenait fermement à sa longue frange droite, considérant visiblement qu’elle faisait partie intégrante de son image.
Le bouleversement le plus flagrant fut sa relation avec Moira MacTaggert. Avant qu’Illy ne tombe malade, le terme qui décrierait le mieux leurs rapports serait « conflictuels ». Mais Illy commença à envoyer des signaux, claires et indéniables, que ce dont elle requérait le plus était des conseils maternels. Au début, la scientifique se montra hésitante, ne désirant pas afficher de traitement de faveur à un élève en particulier. Mais les autres déclarèrent très catégoriquement que cela ne leur causait aucun problème. Par conséquent, plus la jeune femme incarna ce rôle, plus Illy réagit positivement. Il s'avéra que la présence d’une mère était ce dont la jeune Russe avait le plus besoin, et aussi ce qui lui manquait cruellement.
Hank et Illyana continuèrent les visites fréquentes au manoir. Le phénomène temporel, ou quoi que ça puisse être, continua de s’estomper aux taux que Hank avait prédit, calmant ainsi davantage les inquiétudes. Il devint même courant d’entendre des voix désincarnées dans les couloirs ; chose rassurante. En effet, c’était le signe que peu importe où se trouvaient les étudiants et les professeurs, ces derniers étaient peu à peu en train de refaire surface. Le jour j où le phénomène devait totalement s’estomper, Warren Worthington III rejoignit Hank au campus principal en volant. Hank autorisa également Illyana à les accompagner, dans l'espoir qu’elle puisse être réunie avec son frère aîné.
Tous les trois se tinrent devant l’entrée de l’école, puis Warren tourna la tête vers Hank.
-Comment pourrons-nous savoir si ça a marché ? demanda-t-il.
-Je crois que nous n’aurons pas besoin d'attendre longtemps pour avoir la réponse, répondit son ami en affichant un sourire.
À peine eut-il fini sa phrase que la porte s’ouvrit. Deux élèves passèrent devant eux en courant et en riant.
Toujours le sourire aux lèvres, Hank attrapa la porte avant qu’elle ne se referme avant de faire signe à Illy et Warren d’entrer. Un pas dans le hall suffit pour totalement réaliser que l’établissement était revenu à la normale : les élèves allaient et venaient dans les escaliers et couloirs, et une cacophonie de cries et de conversations leur bombarda les oreilles. Après le silence pesant qui avait régné ici le mois passé, le bruit qui occupait les lieux leur parut incroyablement fort.
-Illy ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Les trois visiteurs se retournèrent vers Kitty Pryde qui marchait dans leur direction. Poussant un cri de joie, Illyana se précipita dans les bras de son amie pour l’entrainer dans une énorme étreinte. Kitty, qui ne saisit visiblement pas l’intensité de ces retrouvailles, lui rendit tout même de bon cœur. Elle remarqua alors la présence des deux hommes qui se tenaient à côté.
-Docteur McCoy, Monsieur Worthington ! C’est cool de vous revoir ! Je ne savais que vous veniez, aujourd’hui.
-Il s’agit d’une visite impromptue, lui répondit Hank avec un sourire. Est-ce que le professeur Xavier est dans son bureau ?
-Oui, je viens tout juste d’en sortir.
-Dans ce cas, puis-je te demander d’escorter Illyana à la chambre de son frère ? Nous allons passer le bonjour au directeur.
-Bien sûr.
-Illy, nous viendrons te chercher tout à l’heure.
Main dans la main, les filles montèrent les escaliers quatre à quatre. Hank se tourna vers Warren et lui sourit.
-Eh bien, allons trouver Charles. Il serait sage de le situer dans le bon calendrier.
Les deux hommes traversèrent tranquillement le long couloir menant au bureau du directeur situé à l’autre bout du bâtiment. Tandis qu’ils toquèrent à la porte qui était ouverte, Charles Xavier leva les yeux de son bureau et ouvrit la bouche, agréablement surpris par cette visite.
-Henry ! Warren !
Dans sa chaise, il s’éloigna de son bureau et roula dans leur direction pour les accueillir.
-Je suis vraiment content de vous revoir ! Qu’est-ce qui vous amène ?
Warren afficha un sourire tout en lui serrant chaleureusement la main :
-On est venus vous voir, mon ami. On avait une occasion.
Xavier émit un petit rire :
-En effet. Alors, quelles sont les nouvelles ?
Hank prit la main de son mentor avec une affection sincère :
-Aucune, mon seigneur, si ce n’est que le monde est devenu vertueux. C’est bon de vous revoir, Charles.
-De même, répliqua-t-il en les considérant. Mais j’imagine qu'il ne s'agit pas seulement d'une visite de courtoisie.
-Eh bien, si, en partie. Mais avant, nous avons des choses à vous apprendre.
-Ah oui ?
-Charles, que me répondriez-vous si je vous disais que j’ai été élu professeur émérite au domaine annexe de l’École Xavier pour Jeunes Surdoués il y a maintenant un peu plus d’un mois.
-Vous avez été nommé professeur remplaçant sans que je le sache ? Voilà qui est surprenant.
Le directeur jeta un œil à Warren qui se contenta de lui sourire :
-Hé, ne me regardez pas comme ça. J’étais trop occupé à être riche. Comme d’habitude.
Les deux mutants prirent place sur une chaise et Hank exposa à Charles la manière dont tout le monde avait brutalement disparu du manoir ainsi que la façon dont lui et Moira s’étaient occupé des élèves du bâtiment annexe qui étaient toujours présents. Bien que l’inquiétude se lut aussitôt sur le visage de Xavier lorsque ses deux amis lui apprirent la durée de leur absence, il parut se ressaisir en écoutant le reste de l’histoire.
Le mutant à fourrure afficha un sourire suspicieux :
-Vous n'avez pas l'air surpris par tout ce que vous venez d'entendre, Charles.
-En réalité, je suis consterné d’apprendre que nous avons disparu pendant presque dix semaines. Mais, oui. Je pense pouvoir expliquer la cause de tout ça, leur apprit-il avant de poser un doigt sur sa tempe, geste qu’il avait l’habitude de faire pour émettre des appels télépathiques. Eva, auriez-vous l’amabilité de venir dans mon bureau, s’il vous plait ?
Peu de temps après, une jeune fille d’environ quinze ans à la silhouette mince et aux cheveux brun foncé pénétra dans la pièce. Elle marqua une hésitation en remarquant que Xavier n’était pas seul.
-Tout va bien, Eva. Entre, l’invita le directeur. Je voudrais te présenter deux de mes anciens élèves : le docteur Henry McCoy et monsieur Warren Worthington. Henry, Warren, voici Eva Bell, une de nos nouvelles élèves ; récemment arrivée de la Nouvelle-Galle-du-Sud, en Australie.
-Bonjour, Eva, la salua Hank en se levant de sa chaise. C’est un plaisir de te rencontrer.
La jeune élève fut bouche-bée.
-Vous êtes les X-Men, dit-elle dans un halètement de surprise. Enfin, vous étiez X-Men, je veux dire, euh, c’est…
La jeune mutante était visiblement en train de chercher ses mots, puis se reprit :
-Ouah… C’est vraiment un honneur de vous rencontrer.
-De même, lui dit Warren en souriant.
-Eva est une élève très particulière ; elle possède un pouvoir unique, expliqua Xavier. Elle est capable d’arrêter le temps de l’endroit où elle se trouve.
Cette révélation intrigua aussitôt Hank.
-Quel pouvoir, en effet !
L’expression d’Eva changea pour laisser place à un profond chagrin. Puis elle gémît de consternation :
-Oh non… c’est à cause de cette blague stupide ?
Hank fronça les sourcils sans comprendre.
-Une blague ?
-C’est bon, Eva, la rassura Charles Xavier. Tu peux leur dire.
La jeune élève lâcha un soupir exaspéré.
-Quand je suis arrivée, il y avait des élèves qui se moquaient de mon pouvoir, expliqua-t-elle. Vous savez… Vous dites que vous êtes capable d’arrêter le temps, et ils sont là : « ouais, c’est ça ». Certains ont commencé à me mettre au défi d’arrêter le temps de toute l’école.
Hank et Warren échangèrent un regard dubitatif.
-Je sais que c’était stupide, poursuivit Eva. Mais ils me tapaient sur les nerfs... J’ai essayé et je crois que ça a marché. Ce que je veux dire, c’est que les choses sont devenues un peu bizarres mais au bout d’un moment, tout le monde s’est immobilisé, et après ils se sont juste… rétablis, continua-t-elle en avant d'afficher une grimace. Je suis désolée... Je crois que je n’explique pas très bien.
-Quand tu dis que « les choses sont devenues un peu bizarres », qu’est-ce que tu veux dire par là ? insista Hank.
Eva haussa les épaules.
-J’en sais rien. D’habitude, quand j’utilise mon pouvoir, tout s’arrête d’un seul coup, dit-elle en claquant des doigts. Mais avant, je n’avais jamais arrêté le temps d’un endroit aussi grand qu’une école. C’est pour ça que quand j’ai essayé la première fois, ça n’a pas marché comme d’habitude. C’était comme si tout le monde s'était mis au ralenti pendant quelques secondes, puis tout s’est arrêté.
-Voilà qui explique beaucoup de choses, acquiesça Hank d’un air songeur.
-Pourquoi ? Il s’est passé quelque chose ?
Le mutant bleu jeta un coup d’œil à Charles. Ce dernier hocha la tête :
-Allez-y. Expliquez-lui.
Hank grimaça, clairement embarrassé.
-En réalité, Eva... il semblerait que tu sois non seulement parvenue à arrêter le temps de l’école, mais que tu aies également réussi à déplacer le manoir tout entier dans le temps. Avec un intervalle d’à peu près dix semaines.
La nouvelle élève porta ses mains à sa bouche, horrifiée.
-C’est vrai ? Oh, mon Dieu ! Je suis vraiment, vraiment désolée…
Xavier leva la main et lui sourit d’un air rassurant.
-Eva, tout va bien. Il n’est rien arrivé de grave. Du moins, rien de permanent, dit-il avant de lever les yeux vers Hank. Mais si ce que vous dites est vrai, il serait prudent d’appeler les parents de nos élèves pour les rassurer.
Il se tourna de nouveau vers Eva.
-Par ailleurs, je pense qu’il serait également prudent de réévaluer sans tarder les limites de ta mutation car il semble que nos estimations initiales soient loin du compte. Et aussi pour nous assurer que les prochaines séances d’entraînement impliqueront des cibles spécifiques qui seront préétablies à l’avance.
-Professeur, je ne sais pas comment vous dire à quel point je suis désolée, gémit Eva.
-Eva, c’était un accident, lui répondit Xavier. Personne n’a été blessé. Tu n’as rien à te reprocher.
Hank sourit.
-En fait, il est possible que je puisse vous fournir des données brutes sur l’étendue de tes pouvoirs. Lorsque tout le monde avait disparu, j’ai passé le manoir au peigne fin et j’ai installé des sondes de détection un peu partout. J’ai collecté d’importantes informations concernant l’anomalie, et ce, sur une période de plusieurs jours, expliqua-t-il avant de jeter un coup d’œil à Charles. Cela devrait vous être utile lorsque vous étudierez les limites des pouvoirs de cette jeune fille.
-Même plus qu’utile, Henry. Je te remercie.
Peu de temps après avoir rassuré Eva et lui avoir autorisée à retourner en cours, Xavier se tourna vers son ami :
-Si ce que vous dites est vrai, je crois que je ferais mieux de me rendre au domaine annexe cet après-midi. Je pense que tout le monde aurait besoin d’être rassuré.
-C’est sûr, fit Hank en souriant. Pendant que vous y êtes, euh… il serait judicieux de commander à emporter pour tout le monde, ce soir. À mon avis, vous risquez de trouver pas mal de placards vides...
* * *
La visite de Charles Xavier au bâtiment annexe fut un événement joyeux et inattendu. Tout le monde sembla ravi de retrouver leur directeur et manifestement heureux d’apprendre que tout le monde était revenu sain et sauf. Sean Cassidy serra la main de Xavier avec tant d’enthousiasme qu’on se demandait s’il n’allait pas perdre ses bras. Moira Mactaggert, d’ordinaire si distinguée et réservée, se jeta à son cou pour l’enlacer fortement, incapable de retenir ses larmes de joie.
-Je suis content de vous revoir, leur dit Charles avant de sourire à l’intention d’Amara, et de rencontrer de nouveaux visages. Amara, je suis vraiment navré de ne pas avoir pu t’accueillir en personne.
-Ne vous en faites pas, le rassura-t-elle. Vous êtes là, maintenant.
Après que les effusions se soient calmées, Dani fit un signe de la main pour attirer l’attention.
-Professeur McCoy, docteur MacTaggert, est-ce qu’on pourrait tous parler avec le professeur Xavier en privé ? Vite fait ?
Étonnés, les deux scientifiques se regardèrent avant de hausser les épaules.
-Bien sûr. Aucun problème.
Sean, Hank, Moira et Warren sortirent du salon pour se rendre dans la cuisine, laissant Charles Xavier seul avec ses élèves. Le directeur leur sourit :
-J’en déduis que vous avez quelque chose à me demander.
-Professeur, on est vraiment contents que vous soyez de retour. Mais, oui. Il y a quelque chose qu’on voudrait vous demander.
Xavier se pencha en arrière dans sa chaise.
-Dites-moi ce que vous voulez.
-On sait qu’à la base, c’était juste un arrangement temporaire, mais… on aimerait beaucoup que le docteur MacTaggert et monsieur McCoy restent nos professeurs, lui confia Dani. Ça ne fait pas longtemps qu’'ils sont avec nous, mais ils nous ont énormément apporté.
-Dani n’est même plus sous traitement maintenant, intervint Illyana.
La concernée donna un coup de coude dans les côtes de la jeune Russe.
-Quoi ? protesta cette dernière. C’est une bonne nouvelle. Une super nouvelle même.
-On sait que c’est à eux d’avoir le dernier mot, poursuivit Dani, et qu’ils avaient leurs vies avant tout ça, mais… on espérait juste que vous puissiez leur en parler. Que vous leur disiez à quel point on aimerait qu’ils restent nos professeurs, et… qu’ils restent ici.
-Je vois, émit Charles en parcourant les élèves du regard. Vous êtes tous du même avis ?
Un murmure d’assentiment s’éleva dans le salon.
-Évidemment, je peux leur parler. Mais vous n’êtes certainement pas sans savoir qu’à présent, vos paroles auront plus d’impact que les miennes. Avez-vous pensé à leur faire part de ce que vous ressentiez ?
-Je pense qu’ils s’en doutent mais, oui, on prévoit de leur en parler. Au cas où.
-Pour information, je n’y vois aucune objection, leur informa Xavier. J’ai toujours eu l’intention d’engager du personnel avec un contrat à durée indéterminée pour cette partie de l'école. Je ne peux rien vous promettre, si ce n’est que je leur en toucherai un mot. D'ailleurs, je vous recommande fortement de faire de même, dès que l’occasion se présentera.
-Ça marche.
-Les gars ? fit timidement Illyana. Est-ce que… vous pouvez me laisser avec le professeur Xavier ?
Tous les élèves se regardèrent.
-Pas de problème.
-C’est tout ce dont vous souhaitiez me parler, vous tous ? leur demanda Xavier.
-Oui, et on voulait aussi vous souhaiter un bon retour parmi nous, professeur, acquiesça Sam.
Quelques secondes plus tard, les élèves montèrent les escaliers pour aller dans leurs chambres. Xavier sourit à Illyana :
-Tu as retrouvé ton frère, j’imagine.
-Et Katya, aussi. Oui. C’est bon de vous revoir, professeur. De tous vous revoir.
-De quoi désirais-tu me parler ?
Illyana marqua une pause, soudainement muette et prise de timidité. Remettre ses idées en ordre lui prit un moment mais Xavier attendit patiemment.
-Quand… quand vous m’avez envoyée ici, au début j’étais très, très en colère contre vous, avoua-t-elle d’une voix basse.
Xavier poussa un soupir :
-Illyana, je ne te cache pas que c’était une des décisions les plus difficiles que j’aie dû prendre de toute ma vie.
-Je sais, répondit rapidement la jeune blonde. Maintenant, je le sais. Mais avant, je n’en avais pas conscience.
-En principe, je suis opposé à toute forme d’incarcération. Mais il fallait te mettre en lieu sûr le temps que nous puissions trouver un moyen de t’aider. En plus, il y avait évidemment les sentiments de ton frère à prendre en compte. Il ne s’est jamais vraiment pardonné d’avoir raté sept années de ton existence.
-J’arrête pas de lui dire que ça ne sert à rien, qu'on est ensemble maintenant. Mais je crois qu’aujourd’hui, j’ai trouvé quelque chose qui pourrait le soulager. Et… vous aussi, peut-être.
-Moi ? fit Xavier, surpris.
-Depuis que je suis là, j’ai des amis. Des très bons amis. Des gens qui m’ont beaucoup aidée à trouver cette partie humaine cachée au fond de moi et à la ramener à la surface. Et ça ne serait jamais arrivé si vous ne m’aviez pas envoyée ici. J’ai toujours cette part démone en moi, mais ce n’est plus elle qui tient les rênes. Mon côté humain est plus fort. Je me sens plus… humaine… de jour en jour. Je tenais juste à vous dire que… ça a marché. Vous avez fait ce qu’il fallait. Je vais bien, déclara-t-elle énergiquement. Et c’est pas prêt de s’arrêter. Je voulais juste que vous le sachiez. Parce que je sais que… ce n’était pas facile pour vous.
Timidement, elle se pencha pour lui embrasser la joue.
-Je crois que j’avais juste envie de vous dire merci.
Xavier fut clairement touché.
-Je… tu m’en vois ravi, Illyana. Je suis vraiment content de l’entendre.
-Illy. Appelez-moi Illy, s’il vous plaît. Tout le monde m’appelle comme ça, ici.
-Illy.
-Vous, le docteur MacTaggert et le professeur McCoy… vous m’avez tellement épaulée. Et je me fiche de ce qui arrivera après, je voulais que vous sachiez que… vous avez fait le bon choix. Même si, au début, ça m’a blessée.
Illyana se leva soudain et sortit de la pièce.
Il fallut un petit moment au directeur pour se remettre de ses émotions mais lorsqu’il revint dans la cuisine, Warren, Sean, Hank et Moira le fixaient tous d’un air impatient.
-Charles, si vous avez besoin que je vous dépose au campus, il n’y a aucun problème, lui proposa Warren. Mais, avant cela, je pense que Hank et Moira aimeraient vous demander une faveur.
-Très bien. Je vous écoute.
Le professeur expira avec nervosité :
-Charles, j’ai conscience que ce n’était qu’un arrangement impromptu mais Moira et moi, nous nous demandions… s'il était possible de rester ici pour un certain temps pour continuer à travailler avec les élèves de ce domaine. J’ai l’impression que nous sommes arrivés à un stade où des progrès considérables ont été atteints. Ce serait dommage de tout laisser tomber... Si vous n’y voyez pas d’objections, bien sûr.
Un énorme sourire se dessina sur le visage du directeur.
-Je suis sûr qu’on peut s’arranger.