Au-delà des Mers

Chapitre 20 : Égo es-tu là ?

1618 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/05/2021 13:08

H1 grandissait tandis que les tensions à Apuchi devenaient intenables. Loumen en étant évidement la cause.

Les seuls scientifiques à être restés dans son équipe était soient médiocres, soit dépourvus d’égo.

Le reste de la base s’était considérablement militarisée et Loumen supportait de moins en moins les « incursions » de ses commanditaires impatients restés à Sitnalta.

Ces longues années avaient vu mourir deux des quatre Atlantes qui avaient financé le projet, et les relations avec les deux membres de la richissime famille Tiz-Altis restants, étaient devenues houleuses.

Loumen et eux ne cessaient de se prendre le bec, les premiers pressant le scientifique d’avoir des résultats et le second, de plus en plus en proie à une mégalomanie effrayante, les envoyant balader comme s’ils n’étaient que deux moustiques agaçants.


Dans l’imposant manoir familial, l’oncle et le neveu venaient de se voir rembarrer pour la énième fois par le biochimiste.

Haltiz et Prenntiz fulminaient. Loumen les avait une fois de plus traité de stupides ignorants incapables de voir le génie qu’il était et de comprendre la grandeur et la portée de ses recherches.

Ils en avaient assez !

Néanmoins, toute animosité mise à part, les rapports de recherches qu’ils recevaient leur prouvaient que cet égocentrique personnage était tout près de mettre le doigt sur la solution et il leur fallait donc se maîtriser et continuer, autant que faire se peut, à le brosser dans le sens du poil.

-Je ne le supporte plus ! s’exclama le plus jeune des deux.

-Je sais Prenntiz, je ne suis pas plus fan que toi de ce type. Mais tu sais à quel point nous avons besoin de lui, tacha-t-il de calmer.

Prenntiz qui faisait les cent pas, venait de s’immobiliser pour se servir un copieux verre d’alcool qu’il avala d’une traite.

-Si mes affaires ne me retenaient ici, je serais bien tenté d’aller jeter un œil dans cette base, histoire de voir par moi-même où en sont les choses, grinça Prenntiz.

-Prenn, fit son oncle. Je sais que c’est difficile, mais maîtrise-toi. Nous touchons au but et quand nous n’aurons plus besoin de lui, il s’en mordra amèrement les doigts.

Prenntiz lança à son oncle une mine entendue et se décrispa un peu.

-Vous avez raison mon oncle.



A des dizaines de millier de kilomètres de là.

-Ces deux têtes à claque de politicards de merde me traitent comme leur larbin ! Mais pour qui se prennent-ils ? vociférait Loumen à qui voulait l’entendre.

Le biochimiste avait déboulé dans les entrailles de la base à la recherche de l’oreille compatissante de son cadet. Et maintenant qu’il le tenait…

Kiémen se voyait servir les doléances habituelles :

« Et je suis un génie et ces deux cons n’y comprennent rien ! »

« Et mes recherches sont sans précédent, ils s’imaginent sans doute que c’est simple ! »

« Ah si y’en a un des deux qui se pointe ici, je m’en vais lui expliquer comment je vois les choses ! »

Et ça continuait des heures où le généticien préférait se mettre en « veille » et faire semblant d’écouter. De toute façon, Loumen n’écoutait que lui-même, alors à quoi bon s’exposer à ses foudres en essayant d’argumenter ? 

Pour donner le change, Kiémen opinait du chef de temps en temps en faisait un « mmmmhhh » compatissant. Laissant son frère s’époumoner dans le vide.



A une journée de marche de là, la petite Noa venait de fêter ses neuf printemps, mais son anniversaire n’avait pas l’allure d’une fête avec du gâteau et des invités. Comme à son habitude, l’enfant s’était enfermée dans la pièce de musique où elle aimait passer autant de temps que possible.

En grandissant, son caractère impétueux s’assagissait un peu et comme le lui avait demandé le Grand-Prêtre, elle faisait maintenant preuve de beaucoup plus de compréhension à l’égard d’Okana.

Hayotzli ne fut pas surpris de la trouver occupée à essayer de dompter un nouvel instrument. A cordes cette fois. Elle avait passé plusieurs mois sur les instruments à vent et commençait à les délaisser au bénéfice des harpes et autres cithares qui avaient sa faveur pour le moment.

Le Grand-Prêtre entra en tapinois, s’émerveillant du don musical incroyable que l’enfant possédait.

Les légendes prétendaient que rien n’était impossible aux Incarnations d’Origine et Noa en était la preuve.

Elle pouvait dessiner le matin, débattre de physique excessivement pointue en fin de matinée, chanter une comptine en apprenant une nouvelle langue à midi et finir la journée en écrivant de la poésie ou en composant un morceau de musique.

Quand Noa s’aperçu qu’elle n’était plus seule, elle s’interrompit et adressa au Prêtre un sourire désarmant.

-Hayo !

-Noa, j’étais certain de te trouver ici. Le moment est venu, fit-il sur un ton solennel.

La petite fille reposa avec soin l’instrument qu’elle tenait en mains avant de rejoindre le gardien.

-Je pensais qu’il fallait attendre que je sois plus grande ? s’étonna la petite.

-Tu es déjà bien assez mure pour ça, assura-t-il. Viens, fit-il en lui tendant la main pour qu’elle la saisisse et lui emboite le pas.

Ils marchèrent jusqu’à l’antichambre de la Sheila où se dressait l’immense porte donnant accès à la cité d’or.

Noa était déjà venue se perdre en contemplation devant cette porte des dizaines de fois, curieuse et impressionnée.

Mais cette fois-ci, c’était le grand jour. Elle allait enfin savoir à quoi ressemblait ce Grand-Héritage si important.

Hayotzli l’attira sur le côté de l’antichambre et lui montra une petite porte qu’un habile trompe-l’œil dissimulait complètement dans le décor. Noa en demeura ahurie une courte seconde.

-On ne passe pas par-là ? demanda-t-elle en montrant l’immense porte de la cité.

Hayotzli s’en amusa avant de lui répondre.

-Non, Noa. Cette porte-là ne pourra s’ouvrir qu’avec les médaillons du soleil que deux Élus porteront peut-être un jour jusqu’ici. Mais toi, tu as le pouvoir d’accéder à Sheila comme bon te semble.

Le Grand-Prêtre lui montra une petite plateforme ovale au sommet d’un socle d’or.

-Pose ta main là, Noa.

La petite hésita une seconde.

-Laquelle ?

-Peu importe, assura Hayotzli de sa voix calme et chaleureuse.

Un peu nerveuse, la petite tendit la main pour la poser sur le promontoire tout juste plus petit qu’elle. A peine eut-elle touché la surface lisse qu’une lumière apparut et que le sol tout autour d’eux, sur plus d’un mètre de diamètre, se mit à s’enfoncer. La surprise déséquilibra sensiblement Noa qui ne s’y était pas du tout attendue.

La descente se poursuivit sur près d’une dizaine de mètre avant de s’immobiliser devant un passage sous-terrain.

Ca sentait un peu le refermé et l’humidité.

Une douce lumière habillait le couloir qui semblait ne pas avoir de fin.

Le bruit de leurs pas se perdait dans la galerie.

Après plusieurs minutes de marche : un mur. Et un nouveau socle.

La petite eut un regard interrogatif à l’attention du Grand-Prêtre et celui-ci se contenta d’hocher la tête.

Noa posa donc à nouveau la paume de sa main sur la surface ovale.

Et le sol sous eux se mit à remonter à la verticale.

Ils débouchèrent peu après dans une sale qui s’alluma à leur entrée.

-Nous nous trouvons sous le Temple de Sheila, c’est ici qu’est entreposé le Grand-Héritage en attendant qu’on actionne peut-être un jour le mécanisme pour le récupérer.

La salle n’était pas très grande et assez basse de plafond. Noa regarda avec avidité tout autour d’elle. Il y avait une ouverture visible dans le plafond par laquelle le Grand-Héritage était sensé remonter si le mécanisme était enclenché.

-Où il est ?

-Mais juste devant toi.

Noa écarquilla les yeux.

Devant elle se trouvait ce qu’elle avait pris pour une sorte de garniture bizarre avec une forme de vase au milieu.

Elle fronça les sourcils d’un air sceptique.

-Le gros sablier moche là ?

Hayotzli rit.

Elle n’avait pas tors, le Grand-Héritage, dont il n’avait jamais vu que des représentations schématisées, était bien moins imposant qu’il ne l’avait imaginé.

Patiemment, Hayotzli se mit à lui expliquer son rôle de gardienne du Grand-Héritage. La dangerosité de l’appareil et le fait qu’il ne fallait jamais tenter de l’utiliser sans sa « clef de contrôle » matérialisé par un vase dont l’emplacement demeurait inconnu à ce jour. Le Grand-Prêtre termina son exposé en lui confiant que s’il avait tenu à la mettre au courant plus tôt que ne le prévoyait la règle, c’était parce qu’il redoutait que la raison de la venue d’une Incarnation après tant d’années d’absence soit le signe que de graves événements se préparaient.


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