Révélation

Chapitre 1 : Révélation

Chapitre final

4372 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/10/2018 10:34


              C’était presque l’heure de déjeuner, en ce jour du 14 février, au château de Moulinsart. Le capitaine Haddock, dans son salon, se balançait confortablement sur son rocking-chair. Il lisait les nouvelles du jour dans le journal et fumait sa pipe, quand Tintin entra dans la pièce, suivi de son fidèle compagnon, Milou.

« Bonjour capitaine ! s’exclama-t-il tout sourire. Comment allez-vous aujourd’hui ?

—    Ah ! Mon brave Tintin ! cria-t-il de sa voix tonitruante. Venez par ici ! »

               Il posa son journal sur la table basse, se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit d’un geste brusque mais majestueux.

« Regardez-moi ça ! Le paysage est couvert d’un voile de neige brillant sous les rayons du soleil ! Le ciel est bleu et dépourvu de nuages ! ajouta-t-il d’une voix grave et chantante.

—    Oui c’est très joli capitaine, se contenta de répondre le jeune reporter.

—    Et attendez ! Sentez Tintin, sentez ! », s’écria-t-il en reniflant au dehors tel un pachyderme.

               Il l’imita avec plus de grâce mais ne comprenait pas où le capitaine voulait en venir.

« Excusez-moi capitaine, mais je ne sens rien de particulier, répondit-il simplement.

—    Justement moussaillon ! s’égosilla-t-il. La pureté cher ami ! La pureté ! »

               Il accentua sa parole en sortant carrément son visage de la fenêtre. Là, un miaulement de chat apeuré se fit entendre et une couche de neige tomba sur la tête du loup de mer, manquant presque de l’assommer.

               Un silence régna soudain dans la pièce. Eberlué, le capitaine rentra alors son visage dans la demeure. Une épaisseur d’au moins cinq centimètres de neige dominait sa chevelure noir ébène, son nez et sa barbe. Seuls ses yeux rouges de colère apparaissaient par une visière invisible formée par les différentes couches neigeuses. Tintin se mit en retrait, tandis que Milou s’élança à la poursuite du chat qui était rentré en trombe dans le château, quand le capitaine explosa.

« Mille milliard de mille sabord ! Tonnerre de Brest ! Sacripand ! Tête de nœud ! Bachi-bouzouk ! », tonitrua-t-il rouge de colère.

               La neige fondait sous la chaleur de son mécontentement quand elle n’était pas expulsée en tout sens. Il secouait sa tête et brassait l’air de ses bras puis de ses pieds comme un dément. Nestor arriva en catastrophe dans la pièce.

« Oh mon dieu ! Monsieur ! Monsieur ! » cria-t-il en plein désarroi.

               Il disparut et revint une fraction de seconde plus tard avec une serviette. Tintin quant à lui, essayait tant bien que mal de calmer le capitaine et réussit tout de même à stopper ses gesticulations ridicules, lorsque Nestor apporta de quoi s’essuyer au pauvre homme. Frénétiquement, le capitaine se sécha tout en continuant à pester contre la terre entière.

« Est-ce que vous allez bien Monsieur ? Vous n’avez pas de mal j’espère !, s’inquiéta le majordome.

—    Ca va aller Nestor, répondit-il en se forçant à respirer pour se calmer. Je vous remercie, ajouta-t-il en lui rendant la serviette.

—    Mais je vous en prie Monsieur. Le repas est presque prêt. Désirez-vous un apéritif en attendant ?

—    Je dois dire qu’un bon verre de whisky ne serait pas de refus mon cher Nestor, dit-il soudain soulagé en entendant le mot « apéritif ».

—    Juste de l’eau pour moi Nestor, merci. », répondit à son tour Tintin.

               Le majordome s’exécuta sur le champ.

« Alors mon cher Tintin ! Vous n’avez pas de chère et tendre à courtiser en ce jour de Saint Valentin ? commença le capitaine en s’asseyant dans son fauteuil tout en allumant sa pipe.

—    Et non capitaine ! Je n’ai malheureusement pas de temps à consacrer à ce genre de chose avec mon travail.

—    Ce n’est rien vous êtes encore jeune ! Puis pourquoi s’enquiquiner à se ruiner pour faire plaisir à la gente féminine ? Franchement, on est déjà bien assez embêté en leur compagnie !

—    Votre vision des choses est très misogyne capitaine. Peut-être est-ce parce que vous n’êtes jamais tombé amoureux ?

—    Oui probablement », répondit-il pensif.

***

               Après avoir déjeuné, chacun vaquèrent à leurs occupations. Le capitaine somnolait dans le fauteuil du salon, quand il lui sembla entendre de l’extérieure, une voix familière et féminine qu’il reconnaitrait entre mille. Aristocratique et haut-perchée, cet accent italien s’approchait dangereusement. En une fraction de seconde, le capitaine fut envahit d’un mauvais pressentiment qui le propulsa hors de son siège.

« Sacrebleu ! La Castafiore ! Branle bas de combat ! », s’égosilla-t-il.

               Terrorisé, le loup de mer se précipita vers la fenêtre et vit comme il le redoutait, la grande cantatrice, Bianca Castafiore. Elle était accompagnée de son musicien, Mr Wagner, qui croulait sous les énormes bagages de la dame en plus de ses instruments, et de sa servante, Irma, qui traînait elle aussi une énorme valise appartenant à la diva.

               La Castafiore était toujours habillée en grande pompe, et aujourd’hui ne dérogeait pas à la règle. Elle portait une chapka vert foncé sur ses cheveux blonds platine, assortie à son long manteau de fourrure. Des petites plumes de paon étaient positionnées à hauteur de son front, serties d’une émeraude. Un accoutrement beaucoup trop exagéré selon le capitaine. Elle était déjà devant la porte, se tenant droite et fière telle la grande cantatrice célèbre qu’elle était.

               Mais dans une tentative désespérée, le capitaine tenta malgré tout d’empêcher Nestor d’aller lui ouvrir. Il sortit alors à toute vitesse du salon et s’élança vers le grand escalier. La sonnette retentit, mais il n’abandonna pas. Arrivé en haut des marches, la main de Nestor était déjà posée sur la poignée qu’il avait tourné.

« Nestor ! Non !, ordonna-t-il. N’ouvrez… »

               Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Bianca Castafiore fit son entrée.

« Bonjour, bonjour ! chantonna-t-elle.

—    Bonjour Mme Castafiore », répondit gêné Nestor en s’inclinant légèrement.

               Il se pressa ensuite de prendre le manteau de la dame. Ces deux premiers mots avaient déjà vrillaient les oreilles du pauvre capitaine. Irma et Wagner, essoufflés, déposèrent alors avec soulagement les bagages de la cantatrice. Le capitaine contemplait la scène du haut des escaliers, complètement désemparé. Qu’est ce que la Castafiore venait faire ici ? Il ne tarda pas à le savoir lorsqu’elle le réprimanda :

« Alors capitaine Bartok ! Est-ce comme cela qu’on accueil ses invités ?

—    Invité, invité, c’est un bien grand mot », marmonna-t-il en descendant les marches sans grande conviction. 

               Il essaya tout de même de reprendre une contenance et de garder son sang froid. Il se força alors à sourire.

« Madame Castafiore ! Cette chère cantatrice ! Que nous vaut l’honneur de votre présence ? exagéra-t-il.

—    Capitaine Bullock ! Je suis ravie de vous revoir ! articula-t-elle. Cela faisait longtemps n’est-ce pas ?, dit-elle de sa voix snob.

—    Et bien… oui… *Pas assez longtemps à mon goût.*

—    Excusez-moi ? intervint Nestor. Que dois-je faire des bagages ?

—    Eh bien montez-les dans ma chambre voyons !, se pressa de dire la cantatrice.

—    Vous avez besoin d’une chambre ? Mais pourquoi donc ?, demanda alors le capitaine.

—    Venez par ici je vais vous expliquer. »

               Elle le prit par le bras sans demander son reste et conta son histoire tout en l’emmenant dans la salle de réception, laissant Nestor, Mr Wagner et Irma complètement pantois. Le majordome les accompagna cependant à une chambre.

               Tintin qui avait également reconnu la voix de la Castafiore les rejoignit.

« Madame Castafiore ! dit-il.

—    Oh ! Tintin ! Bonjour ! Comment allez-vous ?

—    Je vais très bien merci. Et vous-même ?

—    Bien merci, même si je suis gênée de vous importuner de la sorte sans avoir prévenue de ma venue.

—    *Bin voyons… Comme si c’était la première fois…*, pensa le capitaine.

—    Mais comme je l’expliquais au capitaine Capock, figurez-vous que notre voiture est tombée en panne. Nous avons appelé un dépanneur mais il ne peut intervenir que demain. Alors comme nous n’étions pas loin de chez vous, je me suis permise de venir vous rendre une petite visite, puis par la même occasion, de passer la nuit ici.

—    Et c’est avec grand plaisir ! N’est-ce pas capitaine ? dit Tintin.

—    Mais oui évidement ! Et pour la énième fois, Madame Castafiore, c’est Haddock !, insista-t-il.

—    Oui, oui, je le sais bien voyons ! Inutile de le répéter sans cesse. », répondit la cantatrice lui coupant ainsi la parole.

***

               Il était environs dix-sept heure quand Tintin, le capitaine et la Castafiore eurent finit de prendre le thé.

« Il est l’heure pour moi d’aller faire mes vocalises !, chantonna soudain la cantatrice.

—    Pardon ?, s’offusqua le vieux loup de mer.

—    Voyons capitaine ! gronda-t-elle. Une grande cantatrice comme moi ne peut pas se reposer sur ses lauriers !, ronronna-t-elle. Puis je dois également me préparer pour ce soir, car figurez-vous que j’ai un rendez-vous galant, ajouta-t-elle.

—    Un rendez-vous galant ?, s’étonna le capitaine.

—    Et oui ! C’est la Saint Valentin je vous rappelle !

—    Et qui est l’heureux élu ?, demanda Tintin.

—    Mr Lanterne.

—    Mr Lanterne ? Vous voulez-dire, Mr Lampion ?, reprit Tintin.

—    Oui, l’un ou l’autre c’est pareil. Vous le connaissez ?

—    Oui effectivement, nous l’avions rencontré lorsque les expériences du professeur Tournesol avaient mal tourné¹. Ses pneus avaient explosés et il s’était réfugié chez nous.

—    Ce zouave interplanétaire s’était installé avec toute sa famille sans même nous demander la permission !, renchérit le capitaine.

—    C’est vrai qu’au début il m’a semblé pour le moins embêtant, mais il a su par la suite se montrer très charmant, alors quand il m’a invité je n’ai pas pu refuser. Puis c’est toujours agréable de se faire courtiser ! gloussa-t-elle. Sur ce, à plus tard mes chers amis ! », s’exclama-t-elle d’une voix stridente et toujours aussi snob.

               Elle s’en alla en grande pompe, en chantant :

« Ah je ris de me voir si belle en ce miroir ! »

               Le capitaine Haddock resta dubitatif.

« Qu’y a-t-il capitaine ?, demanda alors Tintin.

—    Oh rien. Je suis juste étonné. Vous imaginez, Séraphin Lampion et la Castafiore en rendez-vous galant ? C’est du n’importe quoi !

—    Voyons capitaine, je trouve Mme Castafiore très charmante.

—    Charmante ? railla-t-il. Nous n’avons pas la même définition du mot « charmante » cher ami. Et cet hurluberlu de courtier, qui ne pense qu’à une chose, vendre ses polices d’assurances !

—    Je sens comme une pointe de jalousie capitaine », taquina alors Tintin.

               Ni une, ni deux, le capitaine se leva précipitamment, outré par la réflexion du jeune reporter et cria :

« Jaloux ? Moi, jaloux ? Vous voulez rire moule à gaufre ! 

—    Capitaine ! Voyons, ne vous vexez pas. »

               Il était déjà parti se réfugier dans sa chambre. Amusé, Tintin décida d’aller promener Milou.

***

               A dix-neuf heures, le capitaine sirotait son verre de Whisky, quand la première fois où il avait rencontré Bianca Castafiore lui vint en tête.

               C’était le jour où Tintin et lui avaient été pris dans une véritable chasse à l’homme pour sauver leur ami le professeur Tournesol, en Bordurie¹. Rencontrés dans les coulisses d’un opéra, Bianca Castafiore les avait interpelés après avoir reconnu Tintin. Le vieux loup de mer l’avait trouvé très charmante, malgré le fait que son déguisement faisait clairement pensé à une perruche tricolore.

               Elle faisait preuve de beaucoup de prestance malgré sa voix snob et haut-perchée, mais cela n’était pas pour lui déplaire, même si elle ne retenait déjà pas son nom. En plus de cela, elle n’avait pas hésité à les cacher lorsque le chef de la police Bordure avait fait irruption dans sa loge, pour lui présenter ses hommages.

               Une grande dame courageuse et loyale. Voilà des qualités qui pouvaient plaire à un marin tel que le capitaine. Seulement l’opéra et lui ne ferait pas bon ménage, et lorsqu’elle s’était invitée chez lui, au château de Moulinsart, quelques mois plus tard, il était hors de question qu’il soit présent. L’entendre chanter son air d’opéra était une véritable torture pour lui.

               Malheureusement, il s’était cassé la jambe et avait été obligé de rester durant le séjour de la Castafiore. D’ailleurs, la malchance l’avait guetté tout le temps où la cantatrice était restée, et c’est ainsi que l’instinct maternel de cette dernière avait fait surface. Elle le soignait lors de ses petits bobos et le promenait même en fauteuil roulant dans le parc. Cela leur avait value une photo en première page du Paris Flash avec comme Slogan : « Le rossignol Milanais va épouser un vieux loup de mer »². Cela l’avait mis hors de lui sur le moment, mais au fond il était plutôt flatté.

               Le rouge lui monta aux joues lorsqu’il se remémora la fois où elle l’avait serré dans ses bras. En voyage à San Theodoros, la cantatrice s’était faite arrêtée par le régime du Général Tapioca, sous prétexte d’un complot qui aurait lieu contre lui. Tintin et le capitaine était allés la délivrer en renversant ce régime totalitaire. Ce fut au moment de leur arrivée à la prison, qu’il avait été secrètement séduit par cette grande dame. La Castafiore mettait hors de sa cellule un policier, qui lui apportait un plat de pâte qui n’était pas « Al Dente » comme elle l’avait ordonné³.

               C’était décidément une sacré femme, pensa-t-il en finissant son verre. Il commençait à le réaliser lorsqu’un cri strident retentit dans tout le château. Il fut suivi de lamentations et de pleures. Dans un sursaut il se précipita en direction de ce hurlement. Il rejoignit alors les autres occupants du château.

« Quel goujat ! Malotru ! Rustre ! Mufle ! Impertinent ! Sagouin», s’égosilla la voix.

               Tous ces noms d’oiseaux venaient de la bouche de Mme Castafiore ! Elle gesticulait, le visage rouge de colère, dans tout les sens, habillée de sa tenue de soirée assortie de tellement de bijou qu’on pouvait presque la comparer à un sapin de noël.

               Comme un flash, le capitaine réalisa que lui et Bianca Castafiore avaient plus en commun qu’il ne le pensait. Une femme de caractère, aux formes généreuses, courageuse et qui sortait des noms d’oiseaux aussi poétiques que les siens. Que faut-il de plus à un vieux loup de mer tel que lui ? Pour la première fois, il la voyait comme une dame et non comme un rossignol de malheur.

« Allons, allons, Madame Castafiore ! Calmez-vous voyons ? Qu’est ce qu’il vous arrive ? dit-il en s’approchant d’elle.

—    Oh Capitaine Kodack ! sanglota-t-elle d’une voix stridente. Ce n’est qu’un charlatan ! ajouta-t-elle en enfouissant son visage sur l’épaule du vieux loup de mer. Il ne viendra pas ! Et vous savez pourquoi ?

—    …

—    Et bien je vais vous le dire !, cria-t-elle en ne le laissant pas répondre. Figurez-vous qu’il a prévu cette sortie avec une autre femme ! Vous imaginez !

—    Allons, allons… », répondit-il en tapotant maladroitement le dos de la cantatrice.

               Elle s’éloigna brusquement de lui, et se remit à gesticuler tout en pestant.

« Oser me traiter de la sorte ! Moi ! Bianca Castafiore ! Ah il va m’entendre ! Ca oui qu’il va m’entendre vous m’entendez ! Grossier personnage ! Mysogyne infâme ! Saligot !

—    Voyons Madame Castafiore, cessez donc de jurer comme un charretier !, s’amusa à répliquer le capitaine.

—    Ah vous pouvez rire Capitaine Haddock ! Allez-y ! Jouez vous de moi !, répondit-elle consciente qu’il avait volé sa réplique. Mais en attendant j’ai sorti ma plus belle garde robe pour rien ! », sanglota-t-elle.

               Le loup de mer resta abasourdi. Avait-il bien entendu ? La Castafiore l’avait-elle appelé par son vrai nom ? Cela lui paraissait impossible voir impensable. C’était encore une raison de plus qui le décida à faire une chose totalement improbable.

« Madame Castafiore ! Que diriez-vous si je vous accompagnais ? 

—    Capitaine ? », dit Tintin consterné.

               Cette révélation eut l’effet d’un coup de tonnerre. Ahuris, personne ne dit mot.

« Oh mais bien sûre ! Capitaine Kodack ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt !

—    *C’était trop beau pour que ça dure*A une seule condition Mme Castafiore !

—    Tout ce que vous voulez mon cher ami.

—    Appelez-moi capitaine HADDOCK ! H.A.D.D.O.C.K !, épela-t-il d’un ton légèrement plus doux que d’habitude.

—    Certainement. Cela-dit, j’espère que vous allez vous apprêter un minimum !, ordonna-t-elle.

—    Pardon ?, dit-il en regardant sa tenue.

—    Voyons ! Nous n’allons pas naviguer en mer ! Allez enfiler quelque chose de convenable ! »

               Sur ces mots, le capitaine obéit sans rechigner sous le regard éberlué de Tintin, Nestor, Irma et Wagner.


***

               Vingt et une heure. Le capitaine qui avait troqué sa tenue de marin avec une tenue de gentilhomme, avait décidé d’emmener Bianca Castafiore dans le restaurant le plus en vogue du centre ville, le perroquet Bigarré. Certes, cela sonnait moins bien que « rossignol milanais » mais aucun restaurant ne s’appelait comme cela.

               Le capitaine savait sortir le grand jeu. Tenir la porte pour la laisser entrer en première, tirer sa chaise pour l’inviter à s’assoir, proposer de la resservir lorsque son verre était vide,… Contre toute attente le capitaine savait se montrer galant, ce qui ne manqua pas d’impressionner la cantatrice.

               Elle l’avait porté dans son cœur dès le premier jour de leur rencontre, mais son côté râleur, nerveux et colérique ne la satisfaisait pas du tout. C’est pourquoi elle ne pouvait s’empêcher de le réprimander. Cela-dit, il ne manquait pas de bonnes manières, et ce soir il prouvait qu’il pouvait être courtois.

               Habillé d’un smoking et coiffé, il avait tout du parfait gentleman. Il n’avait pas eu d’accès de colère aujourd’hui et cela était beaucoup plus appréciable. Elle se rendit alors compte que ce n’était pas seulement de l’amitié qu’elle ressentait pour lui. Cette soirée avait été un véritable déclique. Le capitaine Haddock et elle, pouvaient former un couple tout à fait charmant.

               Contre toute attente, la soirée se passa parfaitement bien. La Castafiore était comblée et le capitaine Haddock fier d’être à l’origine de cela. Ils se séparèrent sur le pas de la porte de la chambre de la diva, avec un baisemain et une révérence de la part du loup de mer.

               Une fois dans son lit, il se remémora la fois où ses amis lui avaient fait croire qu’il s’était marié avec la Castafiore lors d’un poisson d’avril. Il ne savait pas pourquoi il pensait à cela maintenant, mais il avait dit qu’il marcherait sur la lune avant que cela arrive.⁴

Seulement ce qu’il n’avait pas encore réalisé, c’est que depuis, ils avaient réussi à marcher sur la lune…


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¹Hergé, Les aventures de Tintin : L’affaire Tournesol, 1956, édition : Casterman.

²Hergé, Les aventures de Tintin : Les bijoux de la Castafiore, 1963, édition : Casterman

³Hergé, Les aventures de Tintin : Tintin et les Picaros, 1976, édition : Casterman.

⁴FanficSaiyuki27, Tel est pris qui croyait prendre, Défi du mois d’avril 2017 sur Fanfictions.fr

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