L'Obscurial

EPILOGUE

Cela faisait déjà plusieurs semaines que l'incident avait eu lieu. Norbert, sa valise et son oisillon avaient élu domicile chez les Goldsteins de même que Croyance. Tina en était ravie car maintenant que sa sœur était mariée elle aurait dû se retrouver seule. Croyance et Norbert lui offraient une compagnie bienvenue. Queenie était souvent avec eux, en partie parce qu'elle était la seule qui permettait à Audrey de communiquer avec les autres.

En quelques semaines à peine celle-ci avait changé du tout au tout. Le petit oisillon chauve avait grandi très rapidement se couvrant de plumes écarlates étincelantes. Elle avait à présent tout d'un magnifique phénix et dégageait en permanence une douce chaleur. Elle chantait beaucoup et il semblait que plus elle grandissait plus son chant devenait puissant, tant dans son bruit que dans ses effets.

Croyance, à force de discussion avec Audrey via Queenie, avait fini par ne plus se sentir coupable. Ils avaient été voir un marchant de baguette qui lui en avait fait une avec la plume de phénix qu'il avait et qui appartenait en fait à Audrey. Celle-là même qui avait permis à la jeune fille de retrouver l'Obscurial. Norbert et Tina lui donnaient des cours avec tous ce qu'ils avaient appris respectivement à Poudlard et à Ilvermony. Croyance s'était montré avide d'apprendre. Il semblait avoir une prédisposition pour la magie offensive mais ce qu'il préférait, et paradoxalement ce qui lui donnait le plus de mal, c'était la métamorphose. Il reconnaissait lui-même que c'était la forme de magie qui demandait le plus de contrôle de soi ce qui expliquait à la fois son attrait pour la matière et ses difficultés à la pratiquer. Mais il s'améliorait de jour en jour.

Audrey et lui étaient devenu très amis. Sans même avoir besoin de l'entendre il semblait la comprendre, il parvenait même à la traduire lorsque Queenie n'était pas là. C'était bien sûr beaucoup plus approximatif mais Audrey savait lui montrer lorsqu'il était dans la bonne voie. Le phénix avait d'ailleurs choisit comme perchoir favori l'épaule du jeune homme.

Audrey essayait toujours d'aider Norbert du mieux qu'elle pouvait avec les autres créatures magiques mais celui-ci était heureux que Tina ait pris l'habitude de lui apporter une aide supplémentaire. Ces deux-là s'étaient rapprochés au cours des semaines passées et il n'était pas rare que Croyance et le phénix trouvent quelques faux prétextes pour les laisser discuter seuls.

Un matin alors que Queenie entrait dans la maison avec son entrain habituel elle se figea. Norbert et Tina se regardèrent intrigués, qu'avaient-ils tous ce matin ? Croyance aussi était étrange, comme triste et Audrey ne le quittait pas et semblait tenter de la consoler en chantant faiblement. Lorsque enfin Tina interrogea sa sœur celle-ci répondit d'une voix éteinte.

- Audrey va partir.

- QUOI !!!

Tina et Norbert s'était exclamés au même instant. Ils se tournèrent vers Croyance pour chercher une négation de sa part mais celui-ci se contenta de ravaler un sanglot et de hocher la tête.

- Pourquoi ?

La voix de Norbert tremblait. Il paraissait plus jeune que jamais fixant Audrey les yeux pleins de larmes. Le phénix s'envola alors et vint se poser sur l'épaule de Queenie comme elle le faisait toujours lorsqu'elle voulait prendre la parole à travers elle. Queenie respira profondément et commença.

- Elle dit qu'il est temps pour elle de partir. Elle serait bien partie dès qu'elle aurait pu physiquement le faire mais il fallait qu'elle s'assure que tout irait bien pour vous. (Les yeux du phénix se posèrent sur Croyance et puis sur Norbert et Tina) Maintenant elle est rassurée de voir que Croyance sera un grand sorcier. Vous n'avez plus besoin de son aide alors que d'autres ailleurs si.

Elle s'envola vers Croyance qui réprimait un autre sanglot et se posa tendrement sur son épaule. La voix de Queenie s'éleva à nouveau.

- Croyance. Mon cher Croyance. C'est toi ici qui aurait eu le plus besoin de moi mais fais moi confiance tu peux te débrouiller seul maintenant. Je sais que tu ne blesseras plus personne. Mais fais attention …. (sur ces mots une larme coula ne long de son bec et vint s'écraser sur la main de Croyance. Il avait les ongles si profondément enfoncés dans la peau qu'il commençait à saigner.).... à ne pas te faire mal toi-même. Après toute ces années tu as le droit plus que quiconque d'exprimer tes sentiments.

Croyance se laissa soudain exploser en lourds sanglots. Ses yeux dégoulinaient de grosses larmes. Ses épaules étaient violemment secouées. Lorsqu'il prit la parole sa voix était entrecoupée de pleurs et il reniflait bruyamment à la fin de chaque phrase.

- Je …. je n'aie pas …. envie que tu me quittes ….sans toi …. sans toi ….

- Tu ne seras jamais sans moi. Ta baguette contient ma plume. A chaque sort que tu jetteras je serais à tes côtés, à chaque fois.

Elle s'envola ensuite vers Norbert qui lui tendit son avant-bras. Elle s'y agrippa doucement. Son visage était interdit. Son ton n'était pas méchant mais ses paroles claquèrent comme un fouet.

- Tu m'abandonnes.

- Je l'aie longtemps cru. Mais rends-toi compte comme je l'aie fait. Nous avions besoin l'un de l'autre, maintenant tu n'es plus seul et je dois partir. Norbert …. papa merci pour tout. (Elle se tourna vers Tina) Tu m'as promis n'est-ce pas ?

Pour toute réponse Tina glissa sa main dans celle de Norbert. Elle laissa le bras de Norbert. Elle n'échangea qu'un signe de tête avec Queenie. Les télépathes n'ont pas besoin de plus. Audrey pensa un instant à Jacob.

- Je lui dirais, la rassura Queenie, je suis sûre qu'il comprendra.

Audrey en fut reconnaissante. Le phénix commença à faire de grands cercles dans le pièce. Chacun sentait que son départ était imminent.

- Audrey !

C'était Croyance. Il aurait voulu lui dire tellement mais sa gorge était nouée. Alors il sortit sa baguette. Il la pointa devant lui et en exécutant un rond parfait il déclama :

- Spero Patronum !

Une énorme masse argentée sortit alors de sa baguette et soudain elle prit forme. C'était un phénix argenté. Pendant un instant il claqua son allure sur Audrey et ils volèrent ensemble dans la pièce rependant une douce chaleur et un sentiment de bien-être.

- Ne m'appelle plus Audrey, Croyance. Appelle-moi Fumesec.

- Où vas-tu ?

Norbert avait eu beau crier le phénix avait disparut dans une gerbe de flammes laissant son homologue argenté flotter un instant avant de disparaître. Norbert serra la main de Tina et se tourna vers Queenie.

- La dernière chose que j'ai vu c'était un homme avec une longe barbe, un nez aquilin et des petits yeux pétillants derrière des lunettes demi-lune, répondit Queenie les sourcils froncés par l'étonnement.

Norbert sourit puis se retourna et embrassa Tina.