Fleur de Montagne

Chapitre 1 : Fleur de Montagne

Chapitre final

4560 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour il y a presque 5 ans

Fleur de montagne


           Un bruit sourd résonna dans la pièce, ricochant sur les épais murs de bois, extirpant de sa torpeur la masse emmitouflée dans le lit, chaudement recouverte de couvertures. Une oreille émergea, mais à peine sortie, la fraicheur du matin arracha un grognement à son propriétaire, qui s’empressa de se cacher sous sa protection.

         Après quelques minutes, et un long soupir, elle trouva enfin le courage de sortir de son lit, petit à petit. Une petite tête surmontée de deux grandes oreilles fit son apparition, avant finalement de se décider à sortir entièrement. Elle sauta du lit, il fallait dire qu’en tant que yordle, elle était naturellement petite. Même si son jeune âge justifiait en partie sa taille, cette dernière était tout de même une source de mécontentement. Elle s’approcha doucement de la table en bois, sur laquelle reposaient quelques affaires. Elle regarda par la fenêtre sertie de stalactites de glace, observant le paysage. Dehors, la montagne était recouverte de glace, comme à son habitude, et les grands conifères ployaient sous une chape de blanc pur. Encore du blanc pensa-t-elle en soupirant, alors que les premiers rayons du soleil matinal se reflétaient sur la neige.

         Elle brossa rapidement la fourrure de ses oreilles et ses cheveux, aussi blancs que la neige au dehors, avant de les attacher en une queue de cheval derrière la tête. Elle enfila ses habits, qui n’étaient que les sous-vêtements, dessinant une silhouette musclée, recouvrant sa peau, blanche elle aussi. Il lui faudrait enfiler plus épais pour affronter le froid dehors, l’altitude et les neiges éternelles de Freljord n’ont aucune pitié pour les êtres vivants.

         Elle poussa la lourde porte de sa chambre, et s’engouffra dans le couloir. Sur les côtés, de nombreuses plantes trônaient sur des étagères, tandis que les murs étaient recouverts de cadres contenant des feuilles et inscriptions diverses. Père devrait sincèrement s’occuper de ses satanées plantes pensa la jeune fille en passant sous un lierre un peu trop développé.

         Elle passa rapidement le rideau qui séparait le couloir de la pièce principale. Le silence régnant dans la pièce n’était troublé que par un léger bruit de respiration. Sur la table principale, jonchée de restes, de documents divers, et de plantes encore, une personne était endormie. Contrairement à la jeune fille, dont la fourrure ne recouvrait que les oreilles, l’individu était bien plus poilu, gris, et très endormi. En effet, les yordles masculins avaient la particularité d’avoir une pilosité intégrale, contrairement aux individus féminins.

         L’air frais de la pièce rappela à la jeune fille qu’elle avait à faire, elle se dirigea vers l’imposant poêle à bois au milieu de la cuisine, et y enfourna quelques bûches, avant d’allumer un feu. Le bruit du bois extirpa l’individu dormant sur la table de son sommeil, qui bredouilla quelques incompréhensibles paroles en levant la tête.

 - Tu t’es encore endormi en travaillant père.

 - Oh ? Bonjour Edelweiss, bien dormi ?

 - Plutôt oui, puisque j’étais dans un lit, soupira la jeune fille.

         Le père se leva, et malgré le fait qu’il dépasse du double sa fille, lui aussi était relativement petit. Fort heureusement, le mobilier de leur habitation avait été en grande partie modifié pour leur correspondre.

 - Sur quoi travailles-tu pour que cela nécessite de dormir sur la table du salon ? demanda-elle à son père.

 - Eh bien j’ai très probablement trouvé une plante qui pourrait aider leurs bêtes à résister au froid.

 - C’est une très bonne nouvelle, marmonna sa fille.

 - Les plantes sont de très bonnes alliées tu sais ! rétorqua-t-il.

         Edelweiss se dirigea vers l’entrée du chalet, une imposante porte de bois, qui les séparait du froid mordant qui régnait dehors.

 - Je vais couper du bois, les réserves sont un peu à sec, lança-t-elle d’une voix lassée.

         Elle enfila d’épais vêtements bleus, rembourrés, et de grandes bottes aux semelles crantées, lui permettant de marcher dans la neige comme dans le verglas, avant de se diriger vers la porte, qu’elle ouvrit d’un mouvement.

 - Fais attention dehors il fait froid !

         Sans blague se dit la jeune fille tandis qu’elle refermait derrière elle. Elle regarda rapidement autour d’elle, des animaux se promenaient parfois autour de leur maison. Elle se dirigea doucement vers un tas de troncs, posé un peu plus loin en contrebas de la clairière où était situé le chalet.

         Seule bâtisse sur des dizaines de lieues, le chalet où Edelweiss et son père habitaient depuis toujours se situait en haut d’une montagne de Freljord, toujours enneigée. Situé bien plus bas, un village se trouvait au bord d’un lac, mais la différence d’altitude leur donnait l’avantage de ne pas vivre le froid hivernal toute l’année. Une fois par mois, plusieurs villageois montaient avec une ou deux charrettes pleines de denrées permettant à la jeune fille et son père de survivre. En échange, ce dernier leur fournissait divers stocks de plantes les aidant beaucoup, et en payant grassement. Bien qu’étant probablement les uniques yordles que ces humains eurent connu de leur vie, ils appréciaient leurs échanges.

         La jeune fille atteint le bout de la clairière, et sans attendre souleva à bout de bras un tronc, avant de le placer sur une souche non loin. Elle se saisit de l’imposante hache, et coupa en épaisses buches le tronc, avant de fendre ces dernières d’un seul coup chacune. Elle en fit de même avec plusieurs troncs, sans même être essoufflée. Elle entassa quelques buches sur le côté, tandis qu’elle en empila plusieurs dizaines sur ses bras, qu’elle porta en direction de la maison. Malgré le froid qui mordait sa peau blanche, la yordle ne bronchait pas, et fit le chemin du retour sans s’arrêter. En réalité, elle n’affichait jamais ses émotions, et quelle que soit la situation, elle arborait un air lassé sur le visage. Rester en mouvement lui permettait de garder la chaleur de son corps, et de lutter contre le froid. Elle arriva devant l’entrée, tapa du pied contre la porte, que son père vint ouvrir.

 - Oh tu en as rapporté autant ! s’exclama son père.

 - C’est toujours plus que ce que tu as rapporté en trois mois, marmonna-t-elle.

         Le yordle eut une moue triste devant la critique de sa fille, qui savait qu’elle était meilleure que lui pour les tâches physiques, alors que lui travaillait dur pour lui permettre de vivre tranquillement.

 - C’est tout de même moi qui cuisine, rétorqua ce dernier.

 - J’ai essayé de cuisiner.

 - Et tu as fait brûler un magnifique poisson que l’un des villageois nous avait offert, pouffa-t-il.

         Edelweiss laissa échapper un grognement, et déposa le bois sur la réserve, avant de retirer ses vêtements rembourrés.

 - On pourrait plus souvent avoir de ces poissons si l’on habitait dans le village, comme tout le monde.

 - Tu sais très bien que ce n’est pas possible… il est rare que les yordles soient acceptés parmi les humains, rétorqua le père.

 - Nous pourrions sans doute aller auprès de l’académie pour laquelle tu fais ces recherches ? Après tout il s’agit d’une grande ville il doit bien y avoir d’autres gens comme nous ? demanda sa fille.

 - Cette académie est Demacienne, et ces gens-là ont horreur la magie, et considèreraient des êtres tels que nous comme nuisibles.

 - Et ces personnes de l’académie…

 - Sont plus ouverts d’esprit que le reste de la population, nous sommes mieux à Freljord, nous y sommes en sécurité, affirma-t-il.

         Il s’approcha, et posa ses mains sur les épaules de sa jeune fille.

 - Je veux que tu sois en sécurité, je veux te protéger au moins toi…

         Il s’éloigna en direction de la table, avant de s’asseoir en se penchant sur son livre. Edelweiss remplit une tasse d’eau, qu’elle posa sur le poêle. Elle fouilla rapidement sur une étagère murale, attrapa une des nombreuses boîtes, en sentit le contenu, piocha quelques feuilles, et les lâcha dans l’eau qui chauffait.

         Une fois son infusion terminée, elle s’assit tranquillement sur un confortable fauteuil. Son père semblait absorbé par un ouvrage épais.

 - J’ai trouvé ! s’exclama-t-il soudain.

         Sa fille le regarda, toujours sans montrer autre expression qu’un air morne qu’elle ne quittait jamais.

 - En très haute montagne, elle pousse non sans mal non loin des grottes et résiste très bien au froid : l’elwesia. Une petite fleur violette en forme de cloche.

 - Je vais rarement plus haut que les la clairière du couchant, mais je peux peut-être aller t’en cueillir ?

 - Une telle altitude peut être dangereuse, surtout à cette saison, répondit le père, il vaut mieux que tu patientes jusqu’à la prochaine lune.

         La jeune fille continua de siroter sa boisson sans parler, n’écoutant pas un mot des mises en garde de son père. Une fois qu’elle eut terminé, elle se leva tranquillement et enfila de nouveau ses vêtements.

 - Je retourne couper un peu de bois, je compte faire une petite réserve sur le côté de la maison, de sorte que tu ne m’attendes pas lorsqu’il n’y en a plus.

 - Merci ma fleur tu es un amour ! lança son père.

         La yordle poussa de nouveau la porte, et se livra une seconde fois au froid qui piquait déjà sa peau. Le vent se levait, et la jeune fille prit la direction, non pas du bois qu’elle disait vouloir couper, mais de l’autre bout de la clairière. Elle marcha quelques minutes dans la forêt, laissant derrière elle de légers sillons dans la neige, jusqu’à atteindre un arbre.

         Dans une forêt, les arbres sont légions, cependant, lorsqu’elle tira sur une branche de celui-ci, une échelle de corde se déplia à côté d’elle. Elle grimpa rapidement, et atteint une petite cabane, qu’elle avait construite avec les années. Elle y rangeait ce qu’elle trouvait et qui lui plaisait, de jolies pierres, des branches qu’elle avait taillées, ou ce qui lui servait, comme des rations de nourriture, et des outils divers.

         Elle attrapa une sacoche qu’elle remplit de quelques rations, d’une gourde remplie d’eau, et quelques outils qu’elle accrocha à une ceinture, qu’elle enfila. L’eau de sa gourde contenait les feuilles d’une plante dont les sécrétions empêchaient le gel, lui permettant de se conserver même par un froid et d’être toujours consommable. C’est son père qui lui avait appris ça.

         Elle ressortit de son espace, veillant à bien fermer derrière elle, remonta, et coinça l’échelle sur la branche qu’elle avait tiré plus tôt. Elle sauta agilement au sol, quelques mètres plus bas, et atterrit agilement sans même esquisser une grimace ou souffler. Elle était curieuse et souhaitait trouver cette plante dont son père parlait plus tôt. Elle savait dans quelle direction aller pour accéder facilement aux sommets des montagnes alentours, ainsi elle se mit en chemin, d’un pas déterminé.

         Elle parvint rapidement à une autre clairière, au centre de laquelle trônait une imposant souche d’arbre, dont la largeur laissait deviner un âge très avancé. Impossible de dire cependant pourquoi ce dernier avait été coupé, et par qui. Les arbres en haut de la clairière étaient étonnamment tous bien plus petit que la plupart des autres, ce qui faisait que le soir, le soleil restait visible jusqu’à ce qu’ils soit caché par le sommet, d’où le nom de Clairière du couchant.

         Edelweiss emprunta un semblant de chemin sur le côté, qui devrait la mener relativement haut. La suite l’obligerait à sortir des sentiers, personne n’avait ni le besoin ni l’envie de s’aventurer plus haut. Elle cependant, souhaitait se rendre sur ces hauteurs, et sortit du chemin dès qu’elle repéra un passage viable. Bien que la neige lui arrivât au-dessus des genoux, elle n’hésita pas une seconde à s’engouffrer dans la forêt, qui devenait de plus en plus escarpée.

         Après une ou deux heures de marche, elle commença à se sentir légèrement fatiguée, et décida de s’arrêter quelques minutes pour récupérer. Elle trouva un rocher, s’y assit, et défit sa sacoche, sortant sa gourde et quelques rations de viande séchée.

         La densité de la forêt étant moindre à cette altitude, une vue splendide s’offrait à elle. De son promontoire, elle pouvait voir l’entièreté de la chaine de montagne qui la dominait. Cette dernière entourait un énorme lac gelé, très loin en contrebas. Elle pouvait d’ores et déjà voir que l’autre bout du lac commençait à dégeler, et que les beaux jours arriveraient pour les villageois, offrant de nouveau de verts pâturages pour leurs troupeaux. La situation pour les deux yordles cependant, ne changerait que très peu. Etant bien plus haut, ils seraient comme à leur habitude, dans un quasi-hiver perpétuel.

         Après s’être rassasiée, la jeune fille rangea ses affaires, et se remit en route. Elle avait beau trouver la vue magnifique, elle n’aimait pas tellement rester en place trop longtemps. D’autant plus que bouger lui permettait de rester efficace et de se chauffer.

         Elle reprit le chemin des sommets, d’un pas décidé, perçant la neige qui craquait sous ses pas agiles. Elle marcha entre les arbres, qui devenaient de plus en plus éparses, jusqu’à ce que le sol ne soit plus qu’une lisse surface blanche et pentue, régulièrement percée d’un rocher. La forme de la montagne devenait de plus en plus difficile à parcourir, pourtant la yordle ne semblait pas s’en inquiéter outre mesure.

         Elle était déjà partie depuis plusieurs heures qu’elle arriva enfin proche des sommets. Plus haut se dressaient les aiguilles rocheuses, mais s’y aventurer transformerait sa promenade en escalade, et Edelweiss doutait fortement que quelque chose d’intéressant puisse se développer au bord de tels endroits. Devant elle se dressaient une série de plateaux montagneux, légèrement vallonnés. La couche de neige à cette altitude était moins épaisse que sur son chemin, ainsi elle n’eut aucun mal à les parcourir.

         Elle traça son chemin dans la neige recouvrant les étendues autour d’elle, en quête de la plante qu’elle voulait ramener à son père. Elle se demandait encore comment une chose aussi petite qu’une fleur puisse se développer dans un environnement aussi rude. Alors qu’elle s’approchait du flanc d’un pic, elle remarqua de petits promontoires sertis de fleurs violettes en forme de cloche.

         Sans attendre la jeune fille s’y précipita en lâchant un cri de victoire, déposa sa sacoche, en sortit une grande boite en forme de tube, et une petite pelle. Elle creusa au centre d’un des promontoires, et plaça la terre et les fleurs dans la boîte, qu’elle rangea dans son sac.

         Alors que la yordle, heureuse d’avoir trouvé l’objet de sa quête, rangeait ses affaires, cette dernière ne remarqua pas que non loin de ces fleurs, se trouvait l’entrée d’une grotte très sombre. Le sol trembla légèrement, par à-coups, résonnant comme si un géant marchait lourdement. La yordle, stupéfaite, regarda sortir de la pénombre, une bête gigantesque. Une sorte de vouivre, aux effrayantes écailles jaunes, rayées de stries bleues, approchait doucement. Le regard fixé sur ce qui avait perturbé son repos, une gueule monstrueuse sertie de crocs qui devait faire la taille d’un bras, la vouivre planta ses griffes dans le sol.

         La bête poussa un hurlement, si puissant qu’il glaça le sang de la yordle qui lui faisait face. Cette dernière n’eut pas le temps de réagir que la vouivre s’élança sur elle, à toute vitesse. Edelweiss, qui comprit tout à coup pourquoi son père l’avait mis en garde, réussit à reprendre ses esprits, et se mit elle aussi à courir. Elle n’allait cependant pas assez vite et, gardant son sang-froid, elle bifurqua soudain, alors que la bête s’approchait dangereusement d’elle, esquivant sa charge. Cette dernière fit maladroitement demi-tour, et tenta de la charger une fois encore. Alors que la yordle s’attendait à esquiver, la bête la surprit en freinant brusquement sa course en arrivant à sa hauteur, et en tournant sur elle-même, donnant un puissant coup de queue dans la direction de la jeune fille.

         Surprise, cette dernière tenta tout de même de sauter hors de portée, mais elle fut cependant touchée par la queue de la bête, dont les écailles tranchèrent son vêtement, traçant une estafilade sur la cuisse de la yordle. Sans se démonter, Edelweiss sauta sur ses jambes, et couru en direction du chemin par lequel elle était arrivée. La vouivre, contrariée qu’une proie lui résiste autant, poussa un second cri, encore plus puissant. De loin, la yordle aperçut des motifs rouges se dessiner sur les ailes de la créature qui semblait enragée, mais profita de cet instant pour creuser la distance qui les séparait.

         Le prédateur à ses trousses, elle fonça sans même réfléchir, ignorant la douleur lancinante dans sa jambe. Malgré tout, elle parvint à attendre la forêt. Elle pensa que les arbres seraient en mesure de décourager le monstre, mais se trompa lourdement. Sans même y faire attention, la bête enragée faisait ployer les arbres sous elle, n’ayant pour but que la petite chose devant elle.

         Pas découragée pour autant, la yordle profita de son agilité pour tenir la distance entre elle et son poursuivant. Ce dernier d’ailleurs commençait tout de même à ralentir du fait de la densité croissante de la forêt, à mesure que la yordle descendait. Arrivée au bord d’une pente étant presque un mur, elle fut contrainte de s’arrêter. La créature arriva rapidement à son niveau, mais s’arrêta brusquement pour jauger la petite chose et profiter de l’instant de supériorité dont elle jouissait : elle avait gagné.

         Alors qu’Edelweiss commençait à pense qu’elle était potentiellement en danger, elle réfléchit à un moyen de s’en sortir. Elle passa rapidement toutes les options possibles en revue, et choisit celle qui avait selon elle le plus de chance de réussir.

         Elle décrocha de sa ceinture son piolet en métal, et malgré sa blessure à la cuisse, se précipita sans frémir sur la créature qui lui faisait face. Celle-ci ne s’attendant pas à ce que sa proie se rebiffe, fut prise au dépourvu. La yordle en profita donc pour s’approcher au plus près, et devinant que son armure écailleuse devait avoir un point faible, planta son piolet sous l’articulation de l’aile, et tira de toute ses forces dessus, infligeant une blessure qui, faute d’être mortelle, provoquerait une douleur certaine à la cible.

         Ladite cible enragea d’autant plus, et repoussa l’assaillant d’une ruade. Alors que la yordle était rejetée à bonne distance, la créature se tourna vers elle, leva sa patte, racla le sol, et de toute sa puissance, envoya un tas de terre, de roche, et de neige, sur Edelweiss, qui fut projetée du haut de la falaise.


         La neige, recouvrant le sol et l’épaisse couche de branche qui se dressait sur la trajectoire vertigineuse de la yordle, amortit remarquablement bien sa chute, et cette dernière s’en sortit finalement avec des ecchymoses.

         Edelweiss reprit conscience quelques instants après, sous l’effet de l’adrénaline, et entendit un hurlement sauvage résonner au-dessus d’elle. Cette chose, elle considère avoir gagné pensa simplement la jeune fille tandis que les bruits indiquaient que la vouivre s’éloignait. Elle souffla en reposant la tête en arrière.

         Elle s’autorisa quelques secondes de pause, avant de se relever. Elle détacha sa sacoche, et vérifia la boite, qui était intacte. Elle sortit un rouleau de bandages de fortune, qu’elle appliqua à sa blessure à la cuisse, qui ne saignait plus, grâce au froid ambiant. Elle s’accorda aussi deux rations pour tenir le coup, un peu d’eau, et se releva directement. J’ai perdu mon piolet grogna-t-elle. Elle se dirigea d’un pas vif vers le chalet, encore à plusieurs lieues de là, sans à aucun moment ralentir le rythme, ni même grimacer, sous le coup de la douleur, tandis que le soleil commençait à se coucher doucement.

         Au niveau de la clairière du couchant, elle entendit quelqu’un crier, et ce quelqu’un appelait son nom. Son père la cherchait. Lorsque ce dernier l’aperçut, il courut vers sa fille, en bredouillant, enlaçant l’adolescente.

 - Ma petite fleur mais où étais tu ? J’ai entendu des hurlements terrifiants et tu n’étais pas là !

 - Tout va bien, j’ai entendu les cris j’ai cru que quelqu’un était en danger je suis allée vérifier, répondit-elle avec nonchalance.

         Edelweiss se laissa accompagner vers leur maison, soulagée d’être enfin rentrée chez elle. Elle passa le pas de la porte, retrouvant la douce chaleur du foyer, une infusion déjà sur le poêle.

- J’étais mort de peur, tu n’aurais jamais dû aller voir. Et dis-moi, qu’est-il arrivé à ta cuisse ?

 - Je me suis blessée, je suis tombée en ramassant ceci.

         La jeune fille sortit de sa sacoche une boîte, et montra à son père le contenu. Ce dernier poussa un soupir d’admiration, s’en saisit, et alla à la lumière d’une lampe pour voir de plus près la trouvaille.

 - Incroyable, souffla-t-il, absolument magnifique. D’incroyables botanistes ne tarissent pas d’éloges quant à ces fleurs, et je n’en avais plus revu depuis ma sortie de l’académie.

 - Il y a combien de décennies déjà ? railla sa fille.

 - Très drôle jeune fille, tu devrais pourtant savoir qu’il s’agit non pas de décennies mais de siècles, répondit-il.

La jeune fille manqua de s’étouffer en buvant sa boisson, en entendant son père évoquer son âge.

 - Eh bien je sais que je suis un peu vieux, mais je ne fais pas mon âge ! rigola ce dernier.

 - C’est ce que tu en dis, répondit sa fille.

         Son père sortir un pot d'un placard, et y déposa délicatement les fleurs, avant de les placer délicatement près d’autres fleurs colorées sur une étagère.

 - Je suis si fier d’avoir pu revoir ces beautés après tant de temps, c’est une redécouverte majeure, elles sont d’excellents aromates pour faire cuire le poisson tu sais.

         Edelweiss eut un léger moment d’absence en entendant le discours de son père, poussa un léger soupir, avant de s’asseoir siroter sa boisson chaude.


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