Les Mémoires d'une Barde
Pardonnez mon impertinence, mon audace et mon manque flagrant de discrétion.
Vos propos fanfarons ont malgré eux, retenu mon attention.
De trois belles aux charmes inégalés, vous louez les grâces.
A trois dames aux captivantes qualités, vous souhaitez rendre grâce.
Vous, que la conscience innocente et le coeur galant conduisent jusque dans leurs bras sanglant.
Ecoutez mon conseil ami, tendez l’oreille à mon effroyable récit.
Fuyez pauvre fou !
Fuyez vous dis-je !
Vous ne seriez pas le premier à tomber sous leur charme, sous les assauts de leur lame.
Leurs gracieux traits de déesse dissimulent en vérité de pernicieuses hôtesses.
Face à leurs indéniables atours, apprenez à voir au delà du glamour.
N’osez même pas goûter à la douceur de leurs maudites étreintes.
Votre vigoureuse flamme serait à jamais éteinte.
Vous riez de moi ?
Riez de moi, je vous en prie…
Ecoutez moi un instant,
Laissez-moi vous retenir encore un moment.
Vous rêvez de vous tenir en leur envoûtante compagnie.
Vous délecter de leurs courbes glorieuses.
Savourer à leurs lèvres offertes, l’ivresse de l’ambroisie…
Malheureux naïf !
C’est votre propre ivresse, celle qui fait battre votre coeur, qu’elles boiront jusqu’à la lie.
Elles imagineront les pires supplices pour se repaître de vos suppliques à l’agonie.
Vous désirez ardemment couvrir leurs monts de Vénus.
Cueillir dans l’extase leurs soupirs langoureux.
Vous vous voyez déjà en amant conquérant et victorieux.
Inconscient orgueilleux !
C’est vous qui finirez à genoux, la chair meurtrie par les pires infamies.
La panse exposée pour être dépecée et dévorée.
De vous, rien ne subsistera, même vos os ne seront pas épargnés.
Eh bien mon jeune ami ?
Où sont votre verve, votre courage et votre ronflante vertue ?
Mon récit vous aurait-il abattu ?
Je vais vous confier un dernier secret, un murmure d’alcôve, une ultime prière.
On chuchote que ces dames pour qui vous nourrissez tant de sentiments passionnés, fusellent les destinées.
De votre vie et de votre trépas, elles seraient les maîtresses.
Des hommes, elles se gorgent des forces et des faiblesses.
Triste ingénu, si entre leurs mains vous êtes déjà parvenu, un simple pantin en sursis vous êtes devenu.
Si vous succombez à leur influence délétère, je vous souhaite alors une mort rapide et salutaire.
Adieu, mon jeune ami.
De votre vie puissiez-vous ne jamais croiser leur dévorante frénésie, elle ne connaît aucun répit.
¢ Le Chuchoteur