Anna Tabris à Thedas et en Terre du milieu
Chapitre 6 : Hedi
Cela faisait à présent neuf jours que la compagnie était partie. Hedi était très nerveux depuis. Il aurait aimé les accompagner et protéger Anna de tous les dangers possibles. Mais elle n’avait pas voulu qu’il vienne, même s’il comprenait pourquoi elle avait fait ce choix. Elle était la première personne à ne pas le considérer uniquement comme un chien de guerre, mais surtout comme un ami. Sans elle il serait mort ou corrompu par l’engeance depuis longtemps. C’était elle qui avait fait en sorte qu’il soit soigné et depuis il lui était fidèle. Même si elle lui répétait souvent qu’il ne lui devait rien, il attendait le moment où il pourrait la sauver à son tour. Et voilà que Anna décide de le laisser là, loin d’elle alors que la jeune elfe allait sûrement affronter de terribles créatures.
Le pauvre Hedi était donc inconsolable, seul Arwen arrivait par moment à le calmer par de douces caresses sur le haut de la tête. Ce jour là il décida qu’après tout, Anna n’était pas sa maîtresse mais plutôt son amie et que de ce fait il n’était pas obligé d’obéir à ses ordres. Alors, la nuit tombée, le mabari commença sa petite évasion.
Lorsqu’il eut atteint la porte de la maison de maître Elrond, il sentit qu’on le suivait. Il se retourna brusquement et vit la dame Arwen.
« Ne t’inquiète pas Hedi, je ne vais pas t’empêcher de partir, je vais plutôt t’accompagner jusqu’à la sortie. J’ai juste un service à te demander avant cela. Avait-elle dit en elfique.
- (air interrogatif)
- je voudrais que tu portes quelque chose pour la compagnie s’il te plait.
- (acquiescement) »
Elle mit au cou d’Hedi un collier où était accrochée une boîte. Elle l’accompagna ensuite jusqu'à ce que le mabari sorte de la vallée.
Hedi entreprit donc son voyage, s’aidant de tout ses sens pour retrouver les dix voyageurs. Parfois la tâche était rude, car le temps avait fait des siennes, mais le fidèle mabari persévéra dans ses recherches.
*
Du côté de la compagnie, le début du voyage avait été froid et le vent glacial avait été très difficile à supporter. Même pour Anna malgré toutes les précautions qu’elle avait prises pour supporter les intempéries. Le seul à ne pas montrer de réel signe de fatigue était Legolas. La jeune elfe avait tout de même la chance d’être très prévoyante. Elle avait préparé des potions d’endurance pour toute la compagnie, mais très vite les marcheurs consommèrent ce breuvage et Anna n’avait plus le temps d’en préparer.
Le matin du 9 janvier, la communauté avait atteint Houssaye, autrefois nommé Eregion. Ils s’y arrêtèrent, allumèrent un feu et prirent leur petit déjeuner/souper. Pour la première fois depuis le début du voyage, la compagnie décida de s’attarder un peu plus, ils ne comptaient pas reprendre la route avant le lendemain soir. Les voyageurs étaient assez joyeux et rieurs, excepté Aragorn qui s’éloignait un peu du groupe.
Anna discutait avec Gimli. Celui-ci l’interrogeait sur les nains de Thedas.
« Il y a quelques temps de cela, je suis allée dans leur plus grande cité, la cité d’Orzammar. elle est située à des lieues sous la surface. L’entrée de cette cité se trouve en Ferelden. Elle est bâtie autour du palais royal, lui-même construit sur une cheminée volcanique dont la roche en fusion illumine et chauffe en permanence toute la caverne. J’ai pu y rencontrer de nombreux nains, notamment le roi d’Orzammar. j’y ai fait également la connaissance d’un nain du nom d’Ohgren, qui par la suite est devenu un frère d’arme parmi les gardes des ombres. Avait-elle répondu aux questions de Gimli.
- Ah… et comment est-il ? Est-ce un bon guerrier ?
- Eh bien oui c’est un très bon guerrier malgré le fait que je ne l’ai jamais vu sobre… en réalité le plus impressionnant chez lui c’est plutôt sa résistance aux boissons. Avait-elle dit le regard empli de souvenir.
- C’est plutôt normal pour un nain d’être résistant à l’alcool.
- Certes, mais lui l’est bien plus que n’importe qui. Une fois alors que nous venions de dresser notre campement, il a voulu par gentillesse me faire gouter de son breuvage alcoolisé qu’il buvait comme du petit lait. Malheureusement j’ai accepté et dès la première gorgée je me suis sentie mal et je me suis évanouie. J’avais eu l’impression de repasser l’épreuve de l’union.
-Savez-vous au moins ce que vous avez bu ce jour là ? intervint Legolas.
- Non et je préfère ne pas le savoir. Le pire est qu’il n’avait pas compris à quel point cette boisson avait mauvais goût pour les autres. Du coup lorsqu’il a su que je partais en voyage, il m’en a offert une bouteille… dit-elle en soupirant.
- Peut-être que vous n’êtes pas très résistante à l’alcool. Dit Pipin.
- Je ne pense pas que ce soit un souci de résistance à ce niveau là.
- Je suis curieux d’en connaître le goût. Dit Gimli qui avait l’air sûr de lui.
- Pas maintenant en tout cas ce ne serait pas raisonnable, même pour un nain.
- Sans vouloir vous vexer Anna, il est bien connu que les elfes ne tiennent pas l’alcool. Dit Gimli.
- Je ne vois pas pourquoi les elfes ne tiendraient pas l’alcool. répondit Legolas levant un sourcil.
- En tout cas ce ne sera pas vérifié maintenant. Dit Anna catégorique. »
Anna avait remarqué depuis le conseil d’Elrond certains détails qui semblaient indiquer une rivalité entre elfes et nains. C’était étrange pour elle car à Thedas les nains et les elfes étaient plutôt en bonne entente. C’était surtout avec les humains que son peuple était en opposition et c’était justifiable.
Aragorn quant à lui semblait inquiet. Il connaissait bien le pays d’Houssaye dans tous ses aspects et il était étonné du silence de la nature autour d’eux. Lorsqu’il exposa sont inquiétude, il fut décidé que la compagnie se ferait discrète. Finalement les voyageurs sombrèrent dans le sommeil, hormis Sam qui était de garde et Aragorn qui l’accompagnait. Vers la fin de l’après midi Legolas eu du mal à réveiller Anna qui avait ce jour là un sommeil de plomb. Lorsqu’il y parvint il lui annonça qu’ils reprendraient finalement la route à la nuit tombée, car des oiseaux espions rodaient dans les environs. Ils passèrent par le Caradhras, le sommet principal des Monts Brumeux. Guidés par Aragorn, ils empruntèrent un sentier et durant toute la nuit ils marchèrent sans que rien de particulier ne se passe.
C’est au bout de deux nuits passées à grimper que la compagnie s’arrêta pour prendre le petit déjeuner. Tous les membres de la compagnie avaient froid, excepté Legolas qui avait la résistance naturelle des elfes de la terre du milieu. Bien qu’elle ne regrettât pas son choix, Anna avait très envie d’avoir Hedi près d’elle, lui qui n’avait jamais froid. Son pelage était toujours chaud et cela en toute saison, seule sa truffe était froide. Elle aurait aimé pouvoir le prendre dans ses bras. Elle fit un léger soupir, termina son petit déjeuner et comme pour se donner du courage, se releva énergiquement et prit une grande bouffée d’air. Ils reprirent la route peu après.
Vers minuit il commença à neiger. Au début il s’agissait de doux flocons, mais au bout d’un certain temps la neige qui tombait se fit de plus en plus dense et Anna avait de plus en plus de mal à distinguer les formes des neuf autres marcheurs.
« malgré ma bonne vue d’elfe, je commence vraiment à avoir du mal à vous voir… votre manteau est totalement recouvert de neige et la blancheur de votre peau et de vos cheveux se confond avec le paysage. Avait-il dit à Anna qui comprit au son de sa voix qu’il était juste à coté d’elle.
- Hm…marmonna-t-elle. C’est une bonne observation. Dit-elle ne sachant s’il s’agissait là d’une moquerie ou d’un simple constat. »
Il y eu de nouveau un silence entre les deux elfes, qui continuait d’avancer avec la compagnie. Puis Legolas reprit la parole :
« Vous me paraissez susceptible ces derniers temps…
- Ah…désolée si je suis désagréable…
- Ce n’est pas ce que j’ai dit.
- Oui c’est vrai. Répondit-elle simplement »
Anna avait toujours été réactive, mais Legolas avait raison, elle était réellement susceptible depuis leur départ d’Houssaye et elle venait de le prouver sans le vouloir. De plus elle n’aimait pas qu’on lui fasse remarquer ce genre de chose. Elle-même ne pouvait se l’expliquer. Elle avait pourtant l’habitude de la fatigue physique et mentale, le labeur des voyages étaient normal pour les gardes des ombres. Mais il y avait quelque chose de plus, quelque chose que l’on ne perçoit pas vraiment et qu’on ne peut affirmer. Ou était-ce parce que Hedi était loin d’elle.
La compagnie s’arrêta quelques instants et la neige étrangement tomba de façon moins dense. Mais lorsqu’ils reprirent la route, le blizzard froid et violent reprit, comme pour les empêcher d’avancer. Même les marcheurs les plus forts de la compagnie, Gimli et Boromir, peinaient à résister à ce temps qui leur semblait être l’œuvre de Sauron. Alors les compagnons s’arrêtèrent de nouveau, il était évident qu’ils ne pourraient pas continuer dans ces conditions. Des sons mystérieux se firent entendre dans les ténèbres environnantes. Anna pensa tout d’abord que ce n’était que le grincement du vent sur les parois de la montagne, en tout cas elle l’espérait. Mais ces bruits lui semblaient être des cris aigus et de sauvages éclats de rire. Des pierres se détachaient de la montagne et s’écrasaient à côté d’eux.
« On ne peut aller plus loin cette nuit, dit Boromir. Que ceux qui le veulent appellent cela le vent, il y a dans l’air des voix sinistres ; et ces pierres nous sont destinées.
- Moi j’appelle cela le vent, dit Aragorn. Ce qui n’infirme en rien ce que vous dites. Il y a dans le monde beaucoup de choses mauvaises et hostiles qui portent peu de sympathie à ceux qui vont sur deux jambes, mais elles ne sont pas les alliées de Sauron et leurs buts sont personnels. Certaines étaient de ce monde bien avant lui.
- Caradhras fut nommé le Cruel, et avait mauvaise réputation, dit Gimli, il y a de bien longues années, alors qu’il n’y avait pas même de rumeur de Sauron dans cette région.
- Peu importe qui est l’ennemi, si nous ne pouvons repousser ses assauts. Dit Gandalf.
- Mais que pouvons-nous faire ? s’écria Pippin d’un air misérable. Il était appuyé sur Merry et sur Frodon, il frissonnait.
- Soit nous arrêter où nous somme, soit retourner en arrière, dit Gandalf. Il ne sert à rien de continuer. Juste un peu plus haut, si mes souvenirs sont exacts, ce sentier abandonne la falaise pour suivre une large rigole peu profonde en bas d’une longue et dure pente. Nous n’y trouverions aucun abri contre la neige ou les pierres, ou n’importe quoi d’autre.
- Et il ne sert à rien de retourner tant que dure la tempête, dit Aragorn. Nous n’avons passé en montant aucun endroit qui offrît plus d’abri que cette falaise sous laquelle nous nous trouvons maintenant.
- Un abri ! dit Sam. Si c’est un abri, il faut croire qu’un mur sans toit fait une maison. »
La compagnie se rassembla alors aussi près que possible de la falaise, espérant y trouver une protection contre le vent et les chutes de pierre. Mais la neige tombait toujours avec force et toujours plus épaisse. Les marcheurs se serrèrent les uns contre les autres, le dos au mur. Bientôt la neige recouvrit Anna jusqu’au bassin. Elle aurait préféré affronter un dragon à ce moment là, Au moins elle n’aurait certainement pas froid. Jamais elle n’avait connu de tempête de neige aussi rude, si bien que malgré elle, des signes de faiblesse étaient de plus en plus visibles. Elle tremblait de tous ses membres et ses dents s’entrechoquaient brutalement. Des maux de tête et une douleur au niveau des yeux se faisaient sentir et une sensation de brûlure et de picotement était au niveau de ses mains et ses pieds. Sans prévenir, Legolas enveloppa la jeune elfe dans ses bras et la protégea de la tempête du mieux qu’il pouvait. Bien que le froid persistât, Anna se sentit mieux. Au moins son cas n’allait pas s’aggraver et son cœur sut apprécier la chaleur de cette attention.
« Ceci sera la mort des semi-hommes, dit Boromir. Il est vain de rester ici jusqu’à ce que la neige monte plus haut que nos têtes. Il faut faire quelque chose pour nous sauver.
-Donnez-leur ceci, dit Gandalf, fouillant dans son sac et sortant une gourde. Juste une gorgée chacun pour nous tous. C’est très précieux. C’est du murivor, le cordial d’Imladris. Elrond me l’a donné à notre départ. Faites-le passer ! »
Anna fut bien contente lorsqu’elle avala une gorgée de murivor. Les effets se firent sentir très rapidement, elle se sentit plus courageuse et retrouva son énergie. Ce breuvage était au moins aussi efficace que ses potions d’endurance. Mais la neige ne fléchissait pas. Boromir proposa alors d’allumer un feu et bien que Gandalf ait préféré la discrétion, il accepta tout de même. Mais il était au-delà de l’habilité d’un nain, d’un homme ou d’un elfe d’allumer une flamme capable de tenir avec ce vent froid. Le magicien dut donc intervenir. Il plongea son bâton au milieu du bois qui avait été réuni avec l’ordre : naur an edraith amnen ! aussitôt jaillit un grand jet de flammes vertes et bleus. Gandalf était inquiet de s’être fait remarquer, mais le reste de la compagnie ne se souciait plus de guetteur ou d’yeux hostiles. Tous avaient le cœur réjoui par la lumière et la chaleur du feu. Les marcheurs s’étaient mis en cercle autour des flammes dansantes, tendant les mains vers elles. Malheureusement le bois brûlait vite et la neige tombait toujours. Le feu baissait et on y jeta le dernier fagot.
« la nuit se fait vieille, dit Aragorn. L’aube n’est plus loin.
- Si tant est qu’une aube puisse percer ces nuages, dit Gimli.
- La neige diminue et le vent se calme, dit Boromir. »
Au bout d’un moment, Anna sortit du petit cercle qui s’était formé autour du feu mourant. Elle tenta d’enlever la neige qui s’était accumulée sur son manteau, releva sa capuche et soupira en regardant les rayons de soleil qui commençaient à se montrer. La neige finit par cesser.
« Ça fait du bien quand ça s’arrête…avait-elle dit.
- Caradhras ne nous a pas pardonné, dit Gimli. Il a encore de la neige à nous jeter, si nous continuons. Plutôt nous retournerons et redescendrons, mieux se sera.
- Si Gandalf voulait nous précéder avec une flamme vive, il pourrait faire fondre un sentier pour nous, dit Legolas.
- Si les elfes pouvaient voler par-dessus les montagnes, ils pourraient aller chercher le soleil pour nous sauver, répliqua Gandalf. Mais il me faut une matière sur quoi travailler. Je ne puis faire bruler de la neige.
- Eh bien, dit Boromir, quand les têtes sont à quia, les corps doivent servir, comme on dit chez nous. Les plus forts d’entre nous doivent chercher un chemin. Voyez ! Quoique tout soit maintenant revêtu de neige, notre sentier lors de notre montée contournait cet épaulement de rocher, là en bas. C’est là que la neige a commencé à nous accabler. Si nous pouvions atteindre ce point, peut-être cela se révèlerait-il plus facile au-delà. Ce ne doit pas être à plus de deux-cent mètres, je pense.
- Eh bien, frayons-nous un passage jusque-là, vous et moi ! dit Aragorn. »
Lentement, les deux hommes se mirent en marche, et bientôt ils peinèrent pour avancer. Boromir, qui était devant Aragorn, parut plutôt nager ou creuser que de marcher.
Après les avoir observés un moment, Legolas se tourna vers le reste de la compagnie, un sourire aux lèvres.
« Les plus forts doivent chercher un chemin, disiez-vous ? Mais moi je dis qu’un laboureur laboure, mais choisissez plutôt une loutre pour nager, pour courir légèrement sur l’herbe et les feuilles, ou même la neige, un elfe. »
Sur quoi, il s’élança lestement. Anna remarqua pour la première fois qu’il avait, à quelques détails près, les mêmes chaussures qu’elle. Des chaussures faites pour avoir le pas léger et qui protégeaient très bien le pied. Elle les avait faites faire sur mesure en connaissance de cause puisque ses méthodes de combat étaient basées sur sa rapidité, sa légèreté et sa discrétion.
« Adieu ! dit-il à Gandalf. Je vais chercher la soleil.
- Je vous suis dans ce cas, dit Anna en s’élançant à son tour dans la même direction que Legolas. »
Alors, avec la rapidité d’un coureur sur du sable ferme, l’elfe blond partit en flèche, suivit de très près par la plus jeune. Ils rattrapèrent très vite les deux hommes qui peinaient et lorsque Legolas les dépassa, il leur fit un signe de la main. Anna eut un rire léger, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas courut comme ça et l’énergie qu’elle avait eu tant de mal retrouver, afflua de nouveau dans ses membres. Elle se rappela la fois où elle faisait la course avec Hedi dans la neige du « pic du soldat » après avoir aidé Levi Dryden. Bien sûr le mabari avait largement gagné, car il était sûrement aussi rapide qu’un cheval, mais c’était toujours des souvenirs heureux. La jeune elfe accéléra sa course et dépassa Legolas. Celui-ci, piqué par l’esprit de compétition, accéléra à son tour. Il fini par reprendre le dessus de justesse et s’arrêta au plus grand des amas de neige juste après le tournant. Anna s’arrêta juste après. Ils s’adressèrent un sourire. Legolas fanfaronnait, fier d’avoir gagné cette manche et elle lui assura du regard qu’elle aurait sa revanche.
Quelques minutes plus tard, Aragorn et Boromir arrivèrent devant la congère et là, ils furent presque enterrés par la neige. Ils désespéraient, ne voyant pas que derrière la congère, la neige diminuait pour devenir une fine couche, juste de quoi rafraichir les pieds. Legolas leur annonça que l’amas de neige n’était finalement pas très épais. Ils retournèrent tous auprès de ceux qui étaient restés. On amena les Hobbits jusqu'à arriver de l’autre côté de la congère. Les derniers à y arriver furent Frodon qui était sur le dos d’Aragorn. A peine Frodon avait-il touché la terre, que dans un profond grognement descendit de la montagne une avalanche de pierres et de neige. Le poudroiement en aveugla à demi la compagnie, tandis qu’elle se tapissait contre la falaise, et quand l’air s’éclaircit de nouveau, ils virent que le sentier était bloqué derrière eux. Ils redescendirent la pente du Caradhras qui les avait vaincus.
Ils purent enfin s’arrêter le soir venu. Ils étaient tous fatigués. Quand ils eurent tous pris quelque nourriture, Gandalf réunit un conseil.
Il parla d’un passage auquel il avait pensé depuis un certains temps, bien que se fut la première fois qu’il l’énonça aux autres marcheurs. Il s’agissait des mines de la Moria. Lorsque le magicien prononça ce nom, Anna remarqua que tous furent prit d’effroi excepté Gimli. Le nain avait au contraire plutôt un regard enthousiaste. Elle se souvint que le lieu avait été évoqué par Gloïn au conseil d’Elrond. Il en avait parlé comme d’un lieu sombre et dangereux.
« Je suivrai ce chemin avec vous, Gandalf ! dit Gimli. J’irai regarder les salles de Durïn, quel que soit le sort qui m’y attende, si vous pouvez trouver les portes qui sont fermées.
- Bien, Gimli, dit Gandalf. Vous m’encouragez. Nous chercherons ensemble les portes cachées. Et nous les passerons. Dans les ruines des nains, il sera plus difficile de faire perdre la tête à un nain qu’à des elfes, des hommes ou des hobbits. Mais ce ne sera pas la première fois que j’irai dans la Moria. J’y ai longuement cherché Thrâïn fils de Thror après sa disparition. Je l’ai traversée, et j’en suis ressorti vivant !
- Moi aussi j’ai passé une fois la porte des rigoles sombres, dit Aragorn ; mais si j’en suis également ressorti, le souvenir m’en est très désagréable. Je ne souhaite pas pénétrer dans la Moria une seconde fois.
- Et moi je n’ai pas envie d’y entrer fût-ce une seule fois, dit Pippin.
- Ni moi non plus, murmura Sam.
- Bien sûr que non ! dit Gandalf. Qui le voudrait ? Mais la question est de savoir qui me suivra, si je vous y mène.
- Moi, dit Gimli avec ardeur.
- Moi, dit Aragorn. Vous vous êtes laissé conduire par moi presque jusqu’au désastre dans la neige sans jamais prononcer un mot de reproche. Je me laisserai conduire maintenant par vous, si ce dernier avertissement ne vous ébranle pas. Ce n’est pas à l’anneau ni à vous autres que je pense en ce moment, mais à vous, Gandalf. Et je vous dis : si vous passez les portes de la Moria, prenez garde !
- Moi, je n’irai pas, dit Boromir ; à moins qu’il n’y ait un vote unanime contre moi. Qu’en disent Legolas, Anna ainsi que les petites personnes ? La voix du porteur de l’anneau devrait se faire entendre.
- Je ne désire pas aller dans la Moria, dit Legolas.
- Et bien moi je vous suivrai, Gandalf, dit Anna. Les gardes des ombres ont l’habitude d’aller sous terre. »
Les Hobbits ne dirent rien, Sam regarda Frodon, puis celui-ci parla enfin :
« Je n’ai aucune envie d’y aller, dit-il ; mais je ne désire pas non plus repousser le conseil de Gandalf. Je demande qu’il n’y ait pas de vote avant que nous n’ayons pu prendre le temps du sommeil. Gandalf obtiendra plus facilement des voix à la lumière du matin que dans cette froide obscurité. Comme le vent hurle ! »
A ces mots, tout le monde tomba dans une réflexion silencieuse. Anna entendait effectivement le vent hurler. Elle avait déjà entendu des hurlements semblables, mais elle ne l’avait certainement pas assimilé au vent. Aragorn, qui eut la même pensée qu’elle, bondit soudain sur ses pieds.
« Comme le vent hurle ! s’écria-t-il. Il hurle de la voix des loups. Les ouargues sont passée à l’ouest des montagnes !
- Est-ce vraiment nécessaire d’attendre le matin ? dit Gandalf. Il en est comme j’ai dit. La chasse est commencée ! Même si nous vivons assez pour voir l’aube
- A quelle distance est la Moria ? demanda Boromir.
- Il y avait une porte au sud-ouest du Caradhras, à environs vingt cinq kilomètre à vol d’oiseau, et à trente peut être à course de loups, répondit sinistrement Gandalf.
- Alors, partons dès qu’il fera jour demain, si nous le pouvons, dit Boromir. Le loup que l’on entend est pire que l’orque que l’on craint.
- C’est bien vrai ! dit Aragorn, relâchant son épée dans le fourreau. Mais où l’ouargue hurle, là aussi l’orque rôde. »
Anna regarda autour d’eux pour pouvoir trouver un endroit plus sécurisant pour la compagnie.
« on devrait peut-être grimper en haut de la petite colline au-dessus de nous. De là haut notre défense sera peut-être meilleure si nous sommes attaqués.
- Bonne idée Anna, dit Gandalf. Allons-y. »
La compagnie grimpa donc jusqu’au sommet de la colline. Elle était couronnée d’un bouquet de vieux arbres tordus autour desquels gisait un cercle brisé de grosses pierres. N’ayant pas l’espoir que les ténèbres de la nuit n’empêchent les loups de les retrouver, ils allumèrent un feu. Anna est Gandalf étaient de garde cette nuit là. La jeune elfe commençait discrètement à préparer certaines de ses armes, notamment ses lames à poing et son « scorpion ».
Au plus profond de la nuit, on voyait briller un grand nombre d’yeux, guettant par-dessus la croupe de la colline. Certains avançaient presque jusqu’au cercle de pierres. Juste devant la limite, était arrêté un grand loup sombre, qui les observait. Il poussa un hurlement effrayant, un capitaine appelant sa bande à l’assaut. Gandalf se dressa et s’avança le bâton levé.
« Ecoute-moi, chien de Sauron ! cria-t-il. Gandalf est ici. Fuis si tu tiens à ta puante peau ! Si tu pénètres dans ce cercle, je te dessèche de la queue au museau. »
Le loup gronda et s’élança vers eux d’un grand bond. Il y eut à ce moment un son sec et perçant. Legolas avait lâché la corde de son arc. Le loup s’écroula à terre, la flèche avait transpercé sa gorge. Les autres ouargues s’enfuirent. Mais plus tard, lorsque la nuit était avancée, les hurlements des loups recommencèrent. Une grande armée d’ouargues s’était rassemblée en silence et attaquait à présent de tous côtés.
Alors commença le combat. les hobbits se mirent dos à dos les épées levées vers leurs attaquants. D’une estocade, Aragorn passa son épée au travers de la gorge d’un énorme meneur, d’un grand rond de bras, Boromir trancha la tête d’un autre. A leurs côté, Gimli maniai sa hache de nain, l’arc de Legolas chantait et Gandalf attaqua les loups avec de grande flammes. Anna, quant à elle, tournoyait au milieu des ouargues, armée de ses lames à poing. Très rapidement et avec une précision remarquable, elle tuait ses ennemis en un coup, frappant au bon endroit et au bon moment. Lorsqu’elle ne fut plus entourée des loups, elle sortit le « Scorpion » et tira sur les ouargues plus loin. Le projectile s’accrochait à ses cibles et au bout de quelques millisecondes, il explosait. Le reste des attaquants fini par fuir, effrayés par la force des combattants, les flammes de Gandalf et par les explosions que provoquait la jeune elfe. Les flammes s’éteignirent et le calme revint.
« Vous avez une arme bien étrange, fit remarquer Aragorn à Anna.
- une arme propre à votre monde probablement. Dit Legolas.
- oui, et même à Thedas c’est une arme rare car il s’agit la d’une invention récente. Répondit-elle.
- Qu’importe, c’est plutôt efficace. Dit Gimli.
- Oui, je… »
Elle fut interrompue par un son très faible qu’elle entendit derrière elle. Elle se retourna mais pas assez rapidement. Elle eut juste le temps d’analyser son attaquant. Un ouargue très imposant, plus rapide et plus enragé que les autres. Il bondit dans la direction d’Anna, si rapidement que même Legolas n’eut pas le temps de réagir. Lorsque le loup fut à quelques centimètres de sa cible, un animal plus petit lui sauta au cou et interrompit sa trajectoire. L’ouargue fut plaqué au sol. Il se releva tant bien que mal pour répondre à son assaillant, mais celui-ci ne lui laissa pas de chance de se défendre et le mordit férocement au cou, ne lâchant en aucun cas sa prise. Le combat ne durant pas longtemps, l’ouargue était mort.
Anna regarda plus attentivement son sauveur, puis elle le reconnu. C’était Hedi.
Le Mabari alla ensuite vers son amie qui le prit dans ses bras chaleureusement, puis lui dit :
« Pardonne-moi Hedi. Encore une fois tu me prouve à quel point j’ai besoin de toi ! »
La jeune elfe remarqua ensuite la boîte qui était attachée à son cou. Elle la détacha est l’ouvrit. Elle y trouva un papier plié où était marqué « Aragorn » dans la belle écriture d’Arwen. Elle le tendit au rodeur qui le déplia aussi tôt et lut ce qui y était inscrit. Lorsqu’il eut fini il replia le papier et le pressa contre son cœur. Anna trouva également dans la boîte une petite pochette de tissu. Elle en sorti un bracelet accompagné d’un autre petit message. Le bijoux était fin et en argent avec de petites roses taillées dans des gemmes blanche. Sur le message était marqué : Pour vous Anna. Il n’y avait pas besoin d’en dire plus. La jeune elfe observa le bracelet, touchée par ce présent, puis le mit à son poignet.
« Merci Hedi, tu es un bon messager, dit Anna. »
La communauté de l’anneau repris lorsque le matin fut suffisamment clair. Ils n’étaient plus qu’à une journée des portes de la Moria.