Les derniers marcheurs
Chapitre 1 : Les derniers Marcheurs
2622 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 23/12/2023 12:35
Bonjour et bienvenue dans cet OS qui participe à l'Atelier Fanfic sous le Sapin de FF.fr. J'espère que ce petit voyage en Terre du Milieu vous plaira ^^
L'auteur décline toutes responsabilités si la lecture de cet OS vous pousse à vous lancer dans l'exploration du très vaste univers de la Terre du Milieu. L'auteur a aussi vécu cela si ça peut vous rassurer.
Bonne lecture à vous :)
Les derniers Marcheurs
Laissez-moi vous conter une histoire. Celles deux derniers Marcheurs qui, en Imladris, s'étaient vus confier la lourde tâche de mener l'Unique en Mordor.
Elle débute cent-vingt ans après que le lieutenant de Morgoth soit tombé, vaincu par l'alliance des différents peuples libres de la Terre du Milieu, et par le courage des plus petites créatures humanoïdes y habitant. Comme le disait un vieux sage autrefois vêtu de gris, se sont souvent les plus petites choses qui permettent au Bien de triompher. Cent-vingt années tout pile s'étaient donc écoulées. Une éternité pour les Hommes mortels et les Nains perceurs de pierre. Un battement de cil pour les Elfes à la durée de vie infinie et à l'histoire toute aussi vaste. Aujourd'hui, un grand roi venait de périr. Le plus grand de tous, peut-être. La Terre du Milieu pleurait la mort du roi Aragorn Elessar, l'un des derniers êtres vivants à avoir connu le monde tel qu'il était sous la menace de Sauron. L'un des plus grands rois ayant jamais foulé cette terre et qu'on ne reverra jamais plus après lui. Cette perte avait ébranlé tous les proches du grand héros, et son épouse tout particulièrement. Alors que son mari avait vieilli et que ses cheveux avaient blanchis, Arwen était restée aussi jeune et belle que lorsqu'elle était montée sur le trône du Gondor. L'Elfe avait fidèlement accompagné son mari durant ses dernières heures, l'entourant de cet amour qui n'avait jamais diminué en intensité.
La grande majorité des héros de la Guerre de l'Anneau sont morts après avoir continué de travailler pour le bien des différentes communautés. Même les Hobbits Merry et Pippin étaient retournés au Rohan et au Gondor, respectivement, incapables peut-être de rester sagement dans la verdoyante Comté après les horreurs qu'ils avaient vécues. Seuls restaient à présent en terres des Hommes Arwen, Legolas et Gimli. Et la reine n'était plus que l'ombre d'elle-même, comme si la mort d'Aragorn l'avait vidée de son énergie. Les avertissements de son père lui étaient revenus en mémoire, il l'avait pourtant bien prévenue. Elle connaîtrait le bonheur tant que son époux vivrait, mais souffrirait le martyr lorsqu'il passerait de vie à trépas. Elle en avait conscience. Mais entre savoir et ressentir...
Elle n'avait pas souhaité rester à Minas Tirith, cette cité lui rappelait beaucoup trop le roi défunt. Il lui semblait apercevoir sa silhouette derrière chaque mur, derrière chaque pierre de la cité. Legolas et Gimli, qui vivaient en dehors de la cité blanche, lui avaient proposé de les rejoindre ou de la conduire jusqu'à l'endroit où résidaient Elladan et Elrohir. Les fils jumeaux d'Elrond vivaient toujours en Terre du Milieu. Ils n'avaient pas encore choisi entre le destin des Hommes ou celui des Elfes au contraire de leur père et de leur sœur. Mais Arwen refusa ; ni la présence de ses frères, ni celle de ses parents ne pourraient la consoler de cette perte. Comprenant ce choix, les deux derniers membres de la Communauté présents en Terre du Milieu la laissèrent partir.
La reine-veuve s'en alla un matin, sans que personne ne la vit partir. Au crépuscule elle était encore là, à l'aube elle avait disparu, ne laissant derrière elle qu'un mot à son enfant, lui demandant de ne pas la chercher. Arwen marcha jusqu'en Lórien dont la splendeur s'était déjà affaiblie. Elle s'installa dans les anciens appartements de Galadriel, s'abandonnant à son désespoir et à sa tristesse. Elle resta ainsi une année entière, jusqu'au moment où elle put enfin rejoindre les cavernes de Mandos, où se trouvaient les âmes défuntes d'Arda.
Bien des siècles plus tard, lorsque les souvenirs mêmes des événements de la Guerre de l'Anneau seront relégués au rang de mythes des temps anciens, et les Elfes à celui de créature mythique, une petite partie de la forêt de Lothlórien persistera toujours. Terne, décrépite mais toujours présente. Il s'en dégagera une infinie tristesse, et certains affirmeront qu'une reine des temps anciens reposait là, quelque part, sous terre. Mais personne ne réussira à retrouver le corps royal, si toutefois il s'y trouvait bel et bien. Seuls la tristesse et le désespoir ambiants donneront un peu de crédit à cette histoire.
Revenons aux quelques semaines qui avaient suivit la mort d'Aragorn Elessar et la disparition d'Arwen Undomiel. Un Elfe commençait à se languir véritablement de l'océan. Galadriel l'avait prévenu : lorsqu'il entendrait le cri de la mouette son cœur n'aurait de cesse de le pousser vers la mer. Et à présent que le dernier membre de la Communauté s'en était allé, il commençait à vraiment ressentir des difficultés à résister à l'appel de la mer. Il était inscrit dans son sang à moitié Sindar. Et seule la présence du Nain vieillissant à ses côtés le retenait encore un peu à terre. Il ne pouvait pas mettre à bas des décennies d'amitié pour répondre à l'appel de la mer. Le cri de la mouette pouvait bien attendre quelques dizaines d'années de plus avant d'avoir une réponse, non? Mais cette envie le torturait plus qu'il ne voulait bien l'admettre.
Et cela se voyait. Un jour, six mois après la mort de l'héritier d'Isildur, Gimli rejoignit un jour son ami sur une falaise d'où on pouvait apercevoir la mer, immense nappe bleue dont les vagues allaient s'écraser contre les rochers situés en contrebas.
– Vous êtes malheureux, n'est-ce pas ?
– La mort d'Aragorn est un bouleversement. C'était un ami remarquable. Il vous manque à vous aussi, non ?
Le Nain s'assit aux côtés de son ami, son corps robuste commençant hélas à présenter des faiblesses dues à l'âge.
– Bien sûr qu'il me manque. On ne rencontrera sans doute plus de personnages comme lui en Terre du Milieu. Et ce fut l'un de mes amis les plus chers. Espérons qu'il sera moins vite oublié que la Guerre de l'Anneau. Dire que cela ne fait même pas deux-cent ans que ces combats ont eut lieu...
– La mémoire des Hommes est volatile. C'est autant une force qu'une faiblesse pour eux, j'imagine.
- Parvenir à oublier les blessures passer pour avancer, hé. J'imagine que c'est un bien. Mais en est-ce vraiment un, lorsqu'ils en arrivent à oublier les erreurs qu'ils ont commises ? Ou ceux qu'ils ont côtoyés ?
Du temps de la Guerre de l'Anneau, le Rohan pensait que les Elfes n'étaient qu'une légende et la Lórien, une forêt hantée par une sorcière aux cheveux d'or. Maintenant que les Nains disparaissaient dans les profondeurs de leurs grottes et que les Elfes prenaient la mer pour se réfugier sur les Terres Immortelles, que retiendront-ils de leur Histoire ?
– Mais, j'imagine que cela ne nous concerne plus, soupira le vieillard trapu.
– Non, j'imagine. L'âge des Hommes est venu, et ils devront faire chemin seul. Les Valars en ont voulu ainsi.
– Mais j'imagine que ce n'est pas cela qui vous pousse à regarder la mer comme vous le faites, chaque soir. N'est-ce pas ?
Il y eut un temps de silence, avant que Legolas ne reprenne.
Je le ressens de plus en plus puissamment, l'appel de la mer.
– Un Elfe qui préfère l'océan aux bois, j'aurais vraiment tout vu. Répliqua le nain avec amusement.
– Je connais bien un Nain qui a su s'acclimater à la vie en-dehors des cavernes.
– Ah. Elles me manquent un peu, je l'avoue. Mais à choisir, je crois que je préfère passer les dernières années qu'il me reste avec mon plus vieil ami.
Cette remarque était sincère, leur amitié n'avait pas défailli avec les années. Elle s'était même renforcée avec le temps. Un temps de silence s'installa, avant que Gimli ne reprenne la parole.
– Si vous avez tant envie que ça de partir, je peux venir avec vous. La mer ne m'attire pas plus que cela mais... J'ai bien réussi à traverser Fangorn avec vous, alors j'imagine que je réussirais à m'acclimater à toute cette eau.
C'était une proposition sincère, malgré tout ce qu'elle impliquait. Les Nains étaient des êtres liés à la pierre, à la terre... L'eau n'était pas un élément qui les attirait plus que cela. Il n'avait jamais existé de Nains marins par exemple. Mais Legolas sentait que son ami le ferait. Pourtant, il ne pouvait pas lui cacher le véritable but de son voyage. Parce que bien sûr, il ne prendrait pas la mer dans l'unique but d'explorer cette immensité azurée.
– Je vous dois la vérité. Je compte faire route vers Valinor.
– Mmmmh, vous comptez rejoindre ce vieux fou de Gandalf ? Et toutes les oreilles pointues qui sont parties avant vous ?
– Oui. Mais je ne sais pas si vous pourrez y pénétrer. Les Terres Immortelles n'ont été que exceptionnellement ouvertes aux Porteurs de l'Unique.
Gimli resta muet un petit moment, pendant qu'il réfléchissait les paroles de son ami. Et il comprenait aussi pourquoi l'Elfe ne s'était pas ouvert à lui plus tôt de son envie. Même s'ils partaient tout les deux, il y aurait forcément un moment où ils risqueraient d'être séparés.
– Tant pis, je viens avec vous quand même.
– Il n'y a aucune garantie que...
– J'ai dit que je venais et vous ne me ferez pas changer d'avis. Si les Valars m'acceptent eh bien, j'aurais peut-être l'occasion de revoir Dame Galadriel, une dernière fois. Et s'ils refusent...
S'ils refusaient, Legolas n'avait pas l'intention d'abandonner son ami Nain au milieu des flots. Gimli quant à lui était, il fallait l'avouer, émoustillé à l'idée de revoir sa Dame Galadriel. La reine Elfe qui l'avait touché au point qu'il avait mis de côté des millénaires de mésententes entre les Nains et les Elfes pour lui demander humblement trois boucles de ses cheveux d'or.
– Puisque vous en avez décidé ainsi.
Les deux amis entreprirent la construction d'un bateau suffisamment solide pour naviguer sur de longues distances et endurer de nombreuses heures de traversée parfois mouvementées. L'équipage quitta les rives de la Terre du Milieu une année après la mort du roi Aragorn.
Au moment de partir, les navigateurs entendirent une sorte de complainte. Un chant long, mélodieux et infiniment tragique. Une lamentation se désolant de vaines morts et des guerres fratricides. Mais les Elfes eux-mêmes ne purent apercevoir la personne qui chantait, comme si celle-ci n'était pas réellement là. Comme si son souvenir seul se manifestait, faisant vibrer leurs âmes d'une profonde tristesse et de regrets qui n'étaient pas les leurs.
L'impression dura un long temps après qu'ils aient quittés la Terre du Milieu. Le voyage dura plusieurs mois, et durant ce temps Legolas et Gimli échangèrent de vieux souvenirs sur leurs voyages, seuls ou en compagnie d'Aragorn. Mais à mesure qu'ils approchaient du passage séparant Valinor du reste d'Arda, les conversations se firent moins joyeuses, parce que l'heure de vérité approchait. Les montagnes encerclant la terre divine étaient visibles, et toujours bien reliées entre elles. Formant une barrière infranchissable.
De l'autre côté du voile, ceux vivant déjà sur les Terres Immortelles murmuraient. Un nouveau navire, et bien sûr les Valars étaient au courant de la venue de cet équipage composé de l'un des enfants d'Aülé. Or, les Eldars étaient les seuls à être autorisés à fouler le sol sacré de Valinor. Et même si le Nain avait fait partie de ceux qui avaient combattus contre Sauron, ce n'était pas suffisant. Mis à part le Valar forgeron, les déités auraient pu rejeter la présence de ce mortel, elles étaient parties pour le faire d'ailleurs. Mais, mue par on ne savait quel instinct, Galadriel était venue à eux.
— Que désires-tu ? Interrogea le seigneur des Valars.
Galadriel usa de divers arguments, insistant bien sur le caractère exceptionnel du Nain, seul de son espèce à avoir su se lier aux Eldars et unique être vivant à avoir obtenu le droit de posséder trois cheveux de la Dame de la Lórien. La discussion dura longtemps, si bien que le navire elfique atteignit finalement les rivages d'Aman, bloqués par l'infranchissable chaîne de montagnes.
— Et maintenant, que faisons-nous ? interrogea Gimli.
— Nous attendons, aussi longtemps qu'il le faudra.
— Et si ça ne s'ouvre pas ?
— Alors... Nous repartirons ensemble.
Et Legolas devrait attendre quelques mois, voire années de plus, avant de pouvoir rejoindre les Terres Immortelles. Ce serait un grand sacrifice consenti, Gimli le savait. Et il apprécia d'autant plus cet Elfe qui accepterait de renoncer à Aman pour quelques années de plus afin de rester avec lui. Quant à lui, il espérait que son ami n'ait pas à faire ce choix-là. Il savait à quel point ce voyage avait tenu à cœur à Legolas. Et il avait également très envie de voir s'ouvrir cette chaîne de montagne afin de revoir la belle Galadriel qu'il admirait tellement depuis leur rencontre.
Les jours passèrent, le lembas et les poissons permirent aux deux amis de subsister. Et, soudain, une fissure se forma au travers de la chaîne des Pelóri. Fine dans un premier temps, puis de plus en plus grande alors que la roche s'écartait comme mue par une volonté divine. Un chemin apparut en face du navire qui pu pénétrer dans l'enceinte d'Aman, les roches se refermant ensuite sur son passage. La scène avait été stupéfiante, mais le paysage qui s'offrit à eux le fut plus encore. Une plage s'étendait et derrière elle, une immensité de verdure et de collines merveilleuses. Les forêts d'Oromë et les jardins de Yavanna étaient visibles même depuis leur position. Et une cité également, qui surpassait en splendeur toutes celles de la Terre du Milieu, même celles bâties par les Elfes. Une forme vêtue de blanc et surmontée d'or les attendait.
Nul ne sait ce qu'il se passa véritablement On sait juste que le Nain pu revoir sa belle dame aux cheveux d'or, et on peut espérer qu'il ai survécu à ces retrouvailles. Peut-être même que son Valar créateur, Aüle, lui a fait la grâce de visiter le seul de ses enfants à avoir été accepté en Valinor.
Certaines histoires doivent être bordées de flou, pour rester dans les mémoires.
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Voilà voilà, en espérant que le texte t'as plût Zed ainsi qu'à tous les autres lecteurs :D J'ai aussi une petite question pour vous, il y a dans mon texte un personnage apparaissant exclusivement dans le Silmarillon qui intervient. J'aimerais savoir si quelqu'un arrive à l'identifier. Indice pour les néophytes qui voudraient quand même chercher : le personnage fait parti des enfants d'un certain Fëanor.