Dans ces méandres où j'ai frôlé la mort

Chapitre 1 : Dans ces méandres où j'ai frôlé la mort

Chapitre final

1715 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 22/05/2022 20:27


Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions .fr :

Retour en enfance - (mai juin 2022).


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Aragorn entra dans l'auberge du Poney Fringant trempé et grelottant. La faiblesse de sa voix ne l'étonna qu'à demi lorsqu'il demanda une chambre. Son état s'était détérioré trop rapidement pour qu'il ne s'agisse que d'une simple blessure. Il aurait dû s'en préoccuper bien plutôt. Même s'il se sentait terriblement fiévreux et à bout de forces, il était reconnaissant d'avoir réussi à rejoindre Bree avant de s'écrouler de fatigue. Au moins maintenant, il était en sécurité et au sec. Tentant d'ignorer une vague de vertige, il monta péniblement à l'étage. Arrivé dans la petite chambre, il se laissa tomber à genoux, épuisé. Son corps fonctionnait au ralenti, mais il devait se dépêcher. Aragorn vida rapidement le contenu de son sac de voyage à la recherche d'Athelas pour ralentir le poison qui faisait rage dans son corps. Enfin, il repéra le petit sachet de cuir brun qu'il cherchait. Il sentit sa vision se brouiller et s'obscurcir et lutta contre l'inconscience qui le réclamait avec violence. Malheureusement, au moment où sa main atteignit le précieux paquet, son corps décida de le lâcher, des points noirs dansèrent devant ses yeux et il s'évanouit.


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Lorsqu'il reprit conscience, la première chose qu'il sentit à travers la douleur fut une odeur douce et familière. Il ouvrit péniblement les yeux, se sentant extrêmement faible et, cligna des yeux pour stabiliser sa vision brumeuse. Il avait l'impression que le sol s'était transformé en glace et prit quelques instants pour rassembler ses forces. Puis, il entreprit de se lever. Il n'était même pas encore complètement sur ses jambes qu'il retomba avec un gémissement angoissé. Instinctivement, ses yeux se refermèrent pour bloquer le vertige qui le submergeait. Le bruit étrangement familier d'un grincement de porte lui fit rouvrir prudemment les yeux et lever la tête en direction du son. Devant lui se trouvait un petit garçon, pieds nus, qui le fixait. Son ample pyjama bordeaux brodé d'or accentuait sa maigreur et fit tiquer l'homme au sol sans qu'il comprenne pourquoi. Mais ce furent ses yeux d'un gris bleu hypnotique qui troublèrent le plus Aragorn. C'était presque comme si cet enfant lui était à la fois parfaitement inconnu et étrangement familier. Brisant ses réflexions naissantes, le garçonnet prit la parole.


" T'as mal... "


Ce n'était pas vraiment une interrogation, ni une affirmation d'ailleurs. Le petit se rapprocha et se teint à ses côtés immobile.


" J'aide ? "


Il tendit la main, confiant.


" Je ne suis pas sur de pouvoir... " Protesta faiblement Aragorn.


L'enfant grimaça et secoua la tête. Ses mèches sombres et bouclées s'agitèrent.


" Faut ! Ada dit : malades au lit. "


Il ne répondit rien, perplexe. Au vu de son récent échec pour tenir sur ses jambes, ce n'était pas gagné.


" J'aide ? " Répéta le plus petit.


Aragorn força son corps à lui obéir. Il ne pouvait pas rester dans le couloir et ce n'était pas un petit garçon qui pourrait le soutenir.

Il se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas crier. Et réussit à le lever. S'appuyant contre le mur pour ne pas retomber, il observa la porte qui lui faisait face.

L'enfant lui pris la main et le tira vers la porte ouverte. L'homme haletait, il avait l'impression de brûler de l'intérieur. Heureusement, le petit lui indiqua le lit du regard et il s'assit à bout de souffle.


" Pourquoi tu ziens là ?


- Dans ta chambre ? Murmura Aragorn les yeux mi clos.


- Ada est pas là pour soigner toi.


- Je...


- Tu zeux Aéla ?


- Quoi ? Il fixait l'enfant à présent, les yeux ouverts et brillants de fièvre.


- Aéla. Répéta le petit. T'as mal.


- Athelas ?


- Oui ! Un grand sourire éclaira son visage. Tu es gentil, alors ada zoudra bien que je prenne pour toi. "


Et sans un mot supplémentaire, il partit en courant. Aragorn secoua la tête. Ça n'avait aucun sens. Mais il était trop faible pour réfléchir de façon rationnelle et se coucha. C'était sa chambre, sa chambre d'enfant à Fondcombe. Il y avait tout; l'odeur rassurante légèrement sucrée, le plafond d'un jaune pâle et doux et l'armoire sculpté en bois clair. C'était définitivement la chambre de l'enfant qu'il avait été. L'humain adopté et renommé Estel par les elfes, par Elrond, son père, son ada.


" J'ai trouzé ! Pour toi.


- Tu ne devrais pas regarder. " Annonça doucement Aragorn en prenant les feuilles des mains du garçonnet.


Seul un clignement interrogatif des paupières de son jeune interlocuteur lui répondit.


" Ce n'est pas une très jolie blessure.


- Ada soigne. Je zeux faire comme ada. Donne. "


Sans un mot, il lui donna les feuilles et exposa la plaie qui décorait son épaule gauche. Elrond lui avait appris très tôt ce genre de chose. Le petit monta sur le lit et sans détourner le regard posa méticuleusement la plante sur la blessure. Aragorn ne pu retenir un sifflement.


" Pardon !


- C'est rien, ne t'inquiète pas. Merci.


- Tu za mieux ?


- Un peu, sourit le blessé.


- Je m'appelle Estel. Lança fièrement le plus petit en attrapant une épaisse couverture et en la plaçant assez maladroitement sur son patient. Ada dit : froid pas bon.


- Tu es un bon docteur.


- Tu es un gentil patient. Comment tu t'appelles ? "


Aragorn réfléchit un instant.


" Tu peux m'appeler Grand-Pas.


- Grand-Pas, répéta le petit Estel sceptique.Tu es... mon vrai ada ?


- Quoi ?! Non, pourquoi ?


- Zrai ?


- Je te le garantis.


- On a les mêmes yeux.


- C'est vrai.


- T'as mal ?


- Ça va mieux. "


Estel fouilla des yeux le matelas et attrapa une peluche, mi chat mi renard et la plaça dans la main d'Aragorn.


" C'est Tinhya. Il fait aller mieux. Moi aussi, je dis à ada que je vais mieux même si j'ai encore mal.


- Salut Tinhya. Sourit Aragorn en reconnaissant la peluche favorite de son enfance.


- Tinhya t'aime bien. Elle zeut sazoir pourquoi nos yeux sont pareils.


- Je ne sais pas...


- Est-ce que je zais grandir et être comme toi ?


- C'est...


- Suis sur ! S'écria soudain Estel en lui coupant la parole. Je zeux être gentil comme toi !


- Gentil... comme moi ?


- Les autres disent que je suis méchant mais ils sont méchant. Toi, tu es gentil et je zeux être gentil, alors je zeux être comme toi.


- Les autres ne savent pas à quel point tu es exceptionnel.


- Je casse tout.


- Tu es maladroit.


- Je sais pas tirer à l'arc.


- Tu apprendra.


- Je ne suis pas un elfe ! "


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" - Elles ont quoi tes oreilles ?


- Elles sont tellement bizarres.


- Elles sont surtout moches !


- Ce n'est même pas un elfe. "


Coincé contre le mur par une bande de jeunes elfes, il ne bougeait pas.


" C'est un sale humain. "


Un coup de poing l'atteignit au visage. Il sentit le sang poisseux couler de son nez et gémit.


" Il n'a rien à faire ici. "


Un coup de pied cette fois le fit tomber sol et il étouffa un cri.


" Tu devrais partir chez toi. "


Un second, dans les côtes.


" C'est un monstre. "


Un troisième.


" Et il pleure, le faible ! "


Un autre.


" Humain sans valeur ! "


Un autre, encore...


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" - Tu es un petit garçon courageux, Estel.


- Un humain sans zaleur.


- Non. Je te le promets.


- Tu es le seul.


- Et ton ada ?


- C'est mon ada.


- Les enfants peuvent être méchants entre eux. Mais, tu as de la valeur. Même si tu es un humain. Même si tu es maladroit et que tu n'arrives pas encore à tirer. Ils n'ont pas le droit de te faire du mal. Ce n'est pas de ta faute. Tu es important parce que tu es toi. "


Il y eut un silence. Le petit semblait réfléchir.


" - J'aimerais bien que tu restes. Déclara-t-il finalement. Tu serais mon ami.


- Crois-moi, Estel, tu auras un ami et ce sera un ami formidable.


- C'est zrai ?


- Oui. "


On toqua soudain à la porte. Interrompant le petit Estel qui ouvrait déjà la bouche pour répliquer. L'enfant se leva et entrouvrit la porte en faisant attention à ne pas trop l'ouvrir de sorte qu'on ne soit pas capable de voir Grand-Pas couché dans son lit.

Une tête blonde apparut, un doux sourire aux lèvres.


" C'est toi Estel ?... "


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" ...Estel ?... Allez, ouvre les yeux, mellon min... "


Seul le désespoir dans la voix de son ami lui donna la force d'ouvrir les yeux.


" Legolas ? Souffla Aragorn, n'en croyant pas ses yeux trop fatigués.


- Je suis là, mellon min. Tout va bien maintenant.


- Qu'est-ce qu'il...


- Chut... Quand je t'ai trouvé, tu avais beaucoup de fièvre et tu délirais. L'athelas a mis du temps à faire effet. J'ai vraiment cru que... "


La voix de l'elfe blond se brisa et Aragorn sentit sa main être presque broyée par celle de Legolas.


" Heureusement que l'on devait se rejoindre ici.


- ... Avance. Grimaça Aragorn la gorge sèche.


- Oui, confirma l'elfe en saisissant sa gourde et en aidant son ami à boire. Par chance, j'étais aussi en avance. J'ai senti que quelque chose n'allait pas.


- Merci. Murmura-t-il en se réinstallant et en se tournant à demi sur le côté avec un glapissement de douleur qu'il ne parvint pas à étouffer.


- Doucement ! Ton corps n'a apprécié ni le poison, ni ta sieste sur le sol.


- ...Pas une sieste. Marmonna Aragorn en luttant contre ses yeux qui se fermaient tout seuls.


- Repose-toi maintenant que ta fièvre est enfin tombée, mellon min. "


Tout irait bien maintenant que son ami était là avec lui. Et il laissa ses yeux se fermer, épuisé, mais soulagé.








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