Ada & Newt

Ça fait une semaine que je suis arrivée au Bloc. J’ai pris mes marques petit-à-petit. Je suis devenue amie avec mes deux collègues, Jeff et Clint. Ils sont sympas. Je me promène tranquillement pendant ma pause quand je remarque quelque chose sur un mur du Bloc, à côté de l’ouverture. Je m’avance pour lire tous les noms qui y sont gravés.

-         Je vois que tu as trouvé notre mur du souvenir, Ada.

Je me tourne vers Alby.

-         Pourquoi certains noms sont barrés ?

-         Ce sont les blocards disparus.

Je le regarde alors qu’il caresse les noms avec nostalgie. Puis il croise mon regard et me souris.

-         Ce soir, ce sera à ton tour de graver ton nom.

-         C’est vrai ?

Je lui offre mon plus beau sourire et il rigole. D'une certaine manière, ça signifie que j'ai été acceptée par les blocards.

-         Aller ! La pause est finie, on retourne bosser, lance le grand black.

Je pars en direction de l’infirmerie. J’arrive en même temps que Jeff. Clint nous regarde sévèrement en tapant du pied.

-         Vous en avez mis du temps ! On a plusieurs bâtisseurs à l’intérieur. J'ai fait les premiers soins en vous attendant, mais j'ai la dalle, donc dépêchez-vous de prendre le relais !

-         Chef, oui, chef ! réponds Jeff en faisant un salut militaire.

Clint lève les yeux au ciel alors que j'éclate de rire. Mais quel pitre ! On laisse notre maton partir manger pour aller dans la salle de soins. Parmi les bâtisseurs, je vois Gally qui me regarde avec intensité, une compresse sur le front.

-         Qu'est-ce qui s'est passé ? je demande en le rejoignant.

-         Joffrey est passé à travers le toit de ta cabane, répond le maton en grognant pendant que je retire la compresse de son front.

-         D'accord, je dis après un rapide regard au concerné, ça explique son état. Mais pour toi ?

-         J'étais en dessous.

Ouch ! Joffrey n'étant pas ce qu'on peut appeler un poids plume, je compatis. Je regarde l'arcade sourcilière de Gally. La plaie n'est pas profonde. Je vérifie rapidement ses réflexes oculaires pour prévenir d'une quelconque commotion avant de désinfecter de la blessure.

-         Aïe !

Je lui lance un regard surpris. Ce gros dur serait-il douillet ? Face à mon regard, le blessé se renfrogne. Quelque chose me dit qu'il n'aime pas montrer ses faiblesses. Je lui souris gentiment et me montre plus douce dans mes gestes.

-         Au fait, je ne t'ai jamais remercié, dis-je.

-         Pour quoi ?

-         Pour la cabane. J'ai bien remarqué que tout le monde n'en a pas. Mais tu n'as pas rechigné à m'en faire une. Alors merci !

-         Ce n'est rien, ça me fait plaisir. J'aime bien faire des cabanes.

Malgré son ton détaché, je sais bien que ça le touche que je le remercie. Alors je lui souris à nouveau et il me le rend. C'est la première fois que je le vois sourire, ça lui va bien. Je lui mets un pansement puis le laisse partir. Il s'arrête sur le pas de la porte et il me dit, sans se retourner :

-         Merci.

Après son départ, je rejoins Jeff qui s'occupe toujours de Joffrey. Il me lance un regard amusé pendant que je l'aide à soigner le bâtisseur.

-         Quoi ?

-         Ça fait quoi ? Une semaine que tu es là ? Et tu as déjà fait sourire Gally, dit-il avec malice.

-         Pourquoi ? C'est bizarre ?

-         Un peu, oui. D'habitude, il faut presque un mois pour qu'il se détende avec les nouveaux. Et encore, il sourit rarement.

-         C'est parce que c'est une fille à mon avis, intervient Joffrey avec un petit rire moqueur, vite coupé par un gémissement de douleur.

-         Arrêtez de dire des bêtises !

Je me lève pour accueillir un trancheur blessé. La journée se déroule calmement, avec quelques blessés et beaucoup de rangement. Une journée normale quoi.

Le soleil se couche sur le Bloc. Je monte en haut de la tour de guet pour profiter de la vue. J’aime bien venir ici au coucher du soleil, les couleurs du ciel sont magnifiques et je peux voir tout le Bloc. Je sens quelqu'un qui s'assoit à côté de moi et lance un regard surpris à Gally.

-         Ça va ? Me demande-t-il.

-         Ça va. Qu'est-ce que tu fais là ?

-         J'ai peut-être envie de passer du temps avec toi.

Je le regarde en levant un sourcil. Alors il part dans un fou rire.

-         Alors quoi ? Ça serait si bizarre ?

-         Si j'en crois les autres, oui.

Il arrête de rire.

-         Ils n'ont pas tort. Mais je ne sais pas, je t'aime bien. Tu es gentille.

-         Gentille, vraiment ? Venant de toi, ce doit être le summum du compliment.

-         Tu es vache ! Je ne suis pas si méchant.

On rigole un peu. C'est agréable.

-         Allez, viens, c'est l'heure.

-         L'heure ? De faire quoi ?

Il sort un maillet et des ciseaux de sa poche arrière et les secoue sous mon nez.

-         Tu vas graver ton nom sur le mur du souvenir.

Je lui offre un sourire éclatant, qu'il me rend. Il me conduit jusqu'au mur après avoir récupéré une torche. Je cherche un espace pour écrire mon nom, armée des outils.

-         C'est parti, dis-je avant de commencer.

Gally reste avec moi tout du long. Une fois terminé, je recule pour admirer mon travail.

-         Aller l'artiste, on va manger !

Mon ventre se met alors à gargouiller et je rougis d'embarras pendant que le bâtisseur se marre. On se rend au réfectoire en papotant. Contrairement à ce que je pensais, Gally est très gentil. Il a de l'humour et je rigole bien avec lui. On finit par se séparer, lui pour rejoindre ses camarades, moi pour rejoindre ma table avec Clint et Jeff.