Ada & Newt
Chapitre 4 : Saison 1 Episode 4 - Talent caché
2127 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 21/06/2022 03:18
Je suis en train de m’occuper de mon carré de tomates et j’entends les garçons chuchoter plus loin. J’essaie de les ignorer, mais franchement, certains ont des réflexions vraiment… Bref. Ces mecs sont des crétins. Moi qui pensais me faire des amis. Je sens une main se poser sur mon épaule. Je l’attrape violement, me lève et d’un mouvement agile je fais une clé de bras au garçon.
- Wow, eh ! Doucement la bleue, c’est moi.
- Oh merde, pardon Zart.
Je le relâche en m’excusant. Qu’est-ce qu’il m’a pris ? Je ne savais pas que j’étais capable de faire ça.
- Au moins maintenant, on sait que tu sais te défendre…
- Je suis vraiment désolée, je sais pas ce qu’il m’a pris.
- Ça va, t’inquiète, j’ai rien.
Je remarque que les autres sarcleurs ont arrêtés de travailler pour me regarder avec de grands yeux. Newt apparaît dans mon champ de vision, les sourcils froncés. Il houspille ses camarades et retourne à son travail.
- Tu… tu voulais quelque chose ? je demande à Zart.
- Oui ! Je voulais te prévenir. On vient de faire une réunion avec les autres matons…
- Oui, j’en ai entendu parler.
- Oui, donc… On a parlé de toi et on a pris une décision. Les bâtisseurs vont te faire une hutte. Tu auras même ta propre salle de bain, si on peut appeler ça comme ça.
- Ah, c’est gentil, il fallait pas.
- En fait, c’est plus pour nous que pour toi…
- Comment ça ?
Il semble hésiter mais il finit par me regarder dans les yeux pour me répondre :
- Le prend mal, mais ça sera plus simple comme ça. Tu as dû remarquer que les gars sont un peu… on va dire surexcité, par ta présence. Je sais bien que c’est pas ta faute, mais on voudrait faire le maximum pour que tu ne risques rien. Même si tu sais clairement te défendre toute seule. Et… les matons ont pour instructions de garder un œil sur toi.
Je reste silencieuse tout en le fixant. Il a l’air vraiment mal à l’aise en me disant tout ça. J’ai même l’impression qu’il a peur de ma réaction.
- Je sais que ce ne sera pas évident, mais il faut que tu comprennes que les blocards ne sont pas tous sympas. On a même quelques gros crétins. Alors ne le prends pas mal s’il te plaît.
Je hoche la tête. Même si mon égo en prend un coup, je ne peux pas nier que c’est le plus raisonnable.
- Sinon, ce soir on fait une fête en ton honneur. On en fait une à chaque nouveau venu. Ah, et tu dormiras dans le bureau le temps qu'on te fasse ta hutte, on est en train de t'y installer une couchette.
- Merci.
Il semble un peu surpris que je réagisse aussi calmement. Je lui souris et je retourne à mon travail. L'après-midi se déroule calmement. Je remarque néanmoins que Zart et Newt restent toujours à portée de vue. J'entends soudain un grondement et vois les « portes » du Labyrinthe se refermer. Zart annonce la fin du travail et vient me voir :
- Bon, en tout cas, tu n'as pas la main verte.
Il regarde le carré dont je me suis occupée durant toute la journée. Les tuteurs sont plantés de travers et les plants pendent tristement. Je suis gênée, c’est plutôt embarrassant.
- Désolée.
- Ce n'est pas grave, quelqu’un règlera ça demain. Tu as quartier libre jusqu'à la fête, mais essaie de rester à portée de vue d'un maton, d'accord ?
Je hoche la tête et quitte le Jardin. Je me promène un peu, perdue dans mes pensées. Cette première journée n’a pas été extraordinaire, mais ça aurait pu être pire… Enfin, je crois. Je finis par ressentir le besoin de me doucher et cherche un maton du regard. A la place, je trouve Newt qui m'observe de loin. Je le rejoins.
- Salut.
Il ne me répond pas et se contente de me fixer. J’ai quelque chose sur le visage ?
- Hum, j'aimerais bien me doucher, tu peux m'aider ?
Il lève un sourcil et sourit, amusé, et l'ambiguïté de ma remarque me frappe. Je suis morte de honte et sent le rouge me monter aux joues.
- C'est bon, j'ai compris, me dit-il en souriant gentiment. Aller, viens, on va te chercher des vêtements et je te montre où sont les douches.
Je suis un peu surprise. Il a presque l’air sympa là.
___
Pendant qu’elle se douche, Newt reste devant la porte pour monter la garde et il fait bien. Plusieurs garçons tentent de le contourner pour aller la mater mais le sarcleur les chasse tous, les uns après les autres, et quand elle sort enfin il est épuisé. Ils sont vraiment intenables. Il dit alors sur un ton excédé :
- Enfin ! Tu aurais quand même pu te presser, je n'ai pas que ça à faire moi !
Elle le fusille du regard.
- T’es obligé d’être aussi désagréable ? Je ne t’ai rien demandé.
Et avant qu'il puisse répliquer, elle part en direction du feu de joie. Newt lâche un juron. Elle n'est vraiment pas commode cette fille. Est-ce que toutes les filles sont comme ça ? Il soupire et se rend sous la douche. Il a besoin de se calmer, elle va le rendre fou.
Je me promène parmi les blocards pendant la fête. Ils ont l’air de bien s’amuser. Mais je ne connais personne, je me sens si seule au milieu de cette foule. Je regarde autour de moi et je trouve Alby qui est assis tout seul devant le feu de joie. Je m’approche de lui.
- Salut.
- Hey ! Tu vas bien ? Comment était ta première journée ?
- Ça va. Zart te dira que je ne suis pas faite pour le jardinage je pense.
On rigole doucement.
- Dis, Alby, tu veux bien… me présenter les autres ? Au moins les matons ?
- Oui, bien sûr. Newt ne l’a pas fait ?
- Non. Il… disons que j’ai l’impression que je l’emmerde plus qu’autre chose.
- Je suis désolé. Ça ne lui ressemble pas.
- Ah bon ?
- Oui, d’habitude, c’est toujours lui qui s’occupe des nouveaux, pas moi.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il est plus… sociable ?
- Sérieux ?
- Ouais. Bon, alors regarde. Tu vois l’asiat là-bas ? C’est Minho, le maton des coureurs. Tu ne le verras pas souvent, il passe son temps dans le Labyrinthe. Et lui, dit-il en désignant le grand blond baraqué qui est intervenu à midi, c’est Gally.
- Les bâtisseurs, c’est ça ?
- Exactement. Tu as déjà rencontré Zart… Ah, là, c’est Winston, trancheur. Et ici tu as Clint, medjack.
- C’est les médecins, c’est ça ?
- Oui, tu as une bonne mémoire.
Je hausse les épaules. S’il le dit. Je le remercie et je me lève. Je n’ai pas très envie de faire la fête, mais ça serait impoli de partir alors qu’elle est pour moi. Je vais donc m’assoir sur une caisse un peu à l’écart et je prends le livre que j’ai emprunté dans le bureau d’Alby ce matin. Je l’ouvre et commence à lire, mais je suis obligée de le faire à voix haute pour ne pas perdre le fil. Soudain, je sens quelqu’un qui s’assoit à côté de moi. Je tourne la tête et découvre le regard curieux de Gally.
- Tu ne fais pas la fête ?
- Ça ne me dit rien.
- Pourquoi ?
- Je sais pas, j’ai pas la tête à ça.
Je ne veux pas être impolie, mais j’ai envie d’être seule.
- Et tu lis quoi là ?
- Un livre !
Il ouvre la bouche pour parler à nouveau mais je le coupe en reprenant ma lecture. Je le sens agacé mais tant pis. Il finit par se lever et je m’arrête de lire une seconde. Enfin seule. Mais un jeune blocard me touche rapidement le bras pour attirer mon attention.
- Tu peux continuer à lire, s'il te plaît ?
Son regard est innocent et curieux. Je lui souris gentiment et reprend ma lecture pour qu'il puisse en profiter.
___
Newt arrive près du feu de joie et discute avec Alby tout en cherchant la fille des yeux. Il la repère à l’écart, mais se tend légèrement quand Gally s'approche d'elle. Le garçon n’est pas réputé pour être sympathique avec les nouveaux. Newt entraine Alby avec lui pour se rapprocher. Quand elle rembarre discrètement le bâtisseur, les deux amis échangent un regard amusé. Cette fille a du caractère. Alors qu'elle lit le roman, Alby et quelques blocards s'assoient autour d'elle pour l'écouter. Sa voix trouve les bonnes intonations et très vite l'auditoire est subjugué. Newt découvre qu’elle a une voix douce et chaleureuse. Il décide de se cacher derrière la caisse où elle est assise par l’écouter. Il n’a pas spécialement envie qu’elle le remarque. Il ferme les yeux et se laisse transporter pas sa voix dans une folle aventure de dragons et de magiciens. Elle possède indéniablement un grand talent de conteuse.