Le Royaume d'Orodreth

Chapitre 4

3067 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/07/2015 22:26

CHAPITRE 4

 

Le soleil était à peine levé qu'un forgeron de la Lórien vint cogner à la porte du pavillon nord pour récupérer les armes de la reine. Elle les lui confia comme convenu : Celeborn n'avait pas perdu de temps pour transmettre ses ordres. Et elle n’aurait pas été étonnée de voir les selliers déjà en train de prendre les mesures de Fangorn pour sa nouvelle selle... Un serviteur du palais vint la mander pour qu'elle se joigne à ses Seigneurs, elle se prépara pour s'y rendre et trouva Galadriel et Celeborn déjà attablés.

Galadriel avait espéré que Mina ait changé d'avis pendant la nuit mais cela ne semblait pas être le cas, sinon elle l’en aurait avertie dès son arrivée. Toutefois elle désirait lui en parler, pour être certaine que sa motivation restait la même et que cette décision n’avait pas été prise sur un coup de tête ou sous le coup de l'émotion, après avoir constaté l'état de son royaume.

 

Suite à ce petit-déjeuner, Galadriel lui proposa une petite balade en tête-à-tête qu’elle accepta volontiers et les deux reines prirent la direction de la rivière. Pour engager la conversation, Galadriel attendit qu'elles soient arrivées sur les berges de l’Anduin. 

— Mina, êtes-vous sûre de vous ? questionna-t-elle.

— Je n'ai pas changé d'avis, Galadriel, l’assura l’elfe brune. 

— Dites-moi, quel sentiment vous pousse à agir ? 

— L'espoir... répondit Mina, c’est cela qui me pousse à agir. Comme je vous l’ai dit, je le dois à mon peuple, ajouta-t-elle. Mais aussi à mes parents… lorsqu'ils ont décidé de me confier les rênes du royaume avant de rejoindre les Terres Immortelles, je leur ai promis d'être une reine juste, qui ferait passer l'intérêt de son peuple avant le sien... J'ai fait une erreur en laissant naître ce dragon, et je me dois de la réparer, quel que soit le moyen, termina-t-elle doucement, la gorge serrée par la tristesse. 

— Je tenais à m’assurer que vous n'agissiez pas par vengeance.

— Vengeance ?  répéta Mina. Non pas du tout ! Bien sûr, j’en veux à Smaug pour ce qu'il a fait, mais j'agis pour Orodreth. 

Galadriel acquiesça, elle était maintenant certaine que la raison qui animait Mina pour partir à la chasse au dragon était tout à fait honorable.

Toutefois, une chose intriguait la reine d'Orodreth, pourquoi la Dame de Lórien lui demandait-elle cela ? Avec douceur, elle posa une main sur le bras de celle-ci pour arrêter sa marche. Galadriel l'interrogea du regard et Mina prit rapidement la parole.

— Avez-vous eu une vision me concernant ?

— Non, j'aurais préféré pour savoir ce que l'avenir vous réserve, mais je n'ai rien vu. 

— Alors pourquoi ces toutes questions ?  

— Je voulais être sûre que votre décision était réfléchie. 

— Elle l'est, répondit Mina, un soupçon agacée que Galadriel puisse douter d’elle.

Elle reprit sa marche et l’elfe blonde lui emboîta le pas. Les deux reines reprirent leur marche, mais la blonde sentait confusément qu’elle avait vexé son amie et souhaitait réparer son tort. Elle la rattrapa et l’arrêta un instant.

— Ecoutez, je voudrais essayer une chose, commença-t-elle. 

— Quoi donc ? demanda Mina. 

— Suivez-moi... 

Galadriel ne donna pas plus de précisions sur ce qu’elle comptait faire et se dirigea vers le quai d'amarrage ou plusieurs barques étaient attachées dans l'attente d'être utilisées. Mina la suivit, curieuse de voir ce que son amie voulait essayer. S’arrêtant sur le ponton, la Dame de la Lórien tendit les mains pour prendre celles de son amie, tandis que celle-ci restait silencieuse et attentive.

— Maintenant fermez les yeux, ordonna la Dame. 

Après un rapide regard interrogateur, la reine brune s'exécuta. 

— Respirez calmement, précisa Galadriel d’une voix à peine audible.

La Dame de Lórien cherchait à voir ce qui attendrait Mina pour les jours à venir. Elle attendit quelques minutes que la respiration de son amie s’apaise, avant de fermer les yeux à son tour. Toutes deux restèrent ainsi de très longues minutes immobiles, dans l’attente d’une éventuelle vision mais le résultat ne satisfaisait pas Galadriel. Elle rouvrit les yeux la première, le souffle court, ce qui inquiéta Mina qui la retint par les coudes.

— Tout va bien ? 

En se massant le front d’une main, tandis que de l'autre elle se retenait à la reine d’Orodreth, l’elfe blonde acquiesça. 

— Oui… murmura-t-elle doucement, juste le temps que je reprenne mes esprits. 

Mina ne la lâcha pas avant qu'elle ne se sente mieux. Elle était très affaiblie et avait besoin de repos mais avant, elle voulait communiquer à son amie ce qu'elle avait put voir. 

— J'ai essayé de forcer mes visions, pour savoir ce qui vous attendait mais cela n'a pas été très utile. 

— Vous n'avez rien vu… en déduisit Mina. 

— Des bribes... c'était très flou…  Je peux seulement vous assurer que vous retrouverez le dragon qui s'est enfui, mais j'ignore quand, déclara-t-elle. Malheureusement, c'est tout ce que j'ai vu. 

— C'est déjà une très bonne nouvelle, se réjouit Mina. Je vous remercie d'avoir essayé... 

— J'y tenais, maintenant si vous me le permettez, je vais aller me reposer. 

— Bien entendu. Je vous raccompagne. 

Elle raccompagna Galadriel jusqu'au palais où Celeborn prit le relais pour s'occuper d'elle. Ne souhaitant pas s'immiscer dans leur vie de couple, Mina s'éclipsa pour rejoindre son pavillon. Elle était maintenant certaine de retrouver son dragon disparu même si elle n'en savait pas plus concernant les circonstances de ces retrouvailles.

 

 

Elle passa la matinée dans son pavillon à réfléchir.

Ce n'est pas qu'elle n'aimait pas la Lothlórien, bien au contraire, mais elle avait hâte de partir pour Erebor. Cette montagne était impénétrable. Si elle y trouvait la compagnie de Thorin, elle ne devait pas s'attendre à ce que le Roi sous la Montagne lui permette d'entrer. Il lui faudrait donc trouver une façon d’y pénétrer par ses propres moyens. Idéalement, il aurait fallu que Smaug sorte de lui-même pour se battre en terrain découvert : sa marge de manœuvre en aurait été ainsi augmentée et bien meilleure que si elle avait à l’affronter dans Erebor qu’elle méconnaissait totalement. Mais quel intérêt aurait-il eu à lui faciliter le combat ?

 

Ce fut vers midi que le même forgeron venu chercher ses armes à l'aube les lui rapporta aiguisées et nettoyées. La lame de son épée, tout comme les pointes de ses flèches, étaient étincelantes et tranchantes, ça se voyait au premier coup d'œil.  Ayant récupéré ses armes, elle décida de s'assurer qu'elle savait encore s'en servir en allant s'entraîner au tir, en dehors de Caras Galadhon. Pour ne pas abimer ses atours d’apparat, elle repassa la tenue de garde qu’elle portait la veille, mais conserva son diadème et ne changea rien à ses cheveux.

 

Une fois prête, elle sortit de son pavillon et passa par les écuries pour voir Fangorn.

Plusieurs gardes y étaient en train de seller leurs chevaux et lorsqu'elle arriva devant la stalle de son destrier, elle constata que le sellier était affairé à mesurer la sangle passant sous son ventre. 

— Bonjour Reine Mina, salua-t-il en stoppant son travail. Vous souhaitiez prendre votre cheval ? questionna-t-il. 

— Bonjour, non rassurez-vous, je vous laisse travailler. Je venais juste le saluer, répondit-elle. 

Le sellier acquiesça et se remit à son activité. Mina ne put pas bien la voir, mais sa selle promettait d'être sublime. Elle caressa Fangorn quelques minutes avant de lui donner une pomme qu'elle prit dans un panier puis elle partit en direction de la frontière. 

 

Elle marchait près de la frontière lorsque un galop se fit entendre derrière elle et sans se retourner, elle s'écarta du chemin pour libérer le passage. 

— Reine Mina ? l'interpella quelqu’un derrière elle. 

Elle se tourna pour voir Haldir sur un cheval blanc, suivi d'une dizaine de gardes, équipés pour combattre. 

— Que faites-vous si proche de la frontière ? questionna-t-il en restant à cheval.  

— Je vais m'entraîner. Je veux vérifier que mon coma n’a pas affecté mes capacités, répondit-elle. 

— Je suis navré, mais il vous est impossible d'aller plus loin, l’avertit-il aussitôt. 

D'un regard, elle l'incita à argumenter, curieuse de savoir pourquoi elle n'avait pas le droit de poursuivre sa route. Haldir n'eut d'autre choix que de lui répondre. 

— Des gobelins ont quitté la Moria, ils tentent de percer nos lignes de défenses, nous allons en renfort pour les repousser. 

Mina vit dans cette attaque l'occasion idéale pour s'assurer que ses reflexes et son agilité ne l'avaient pas abandonnée.

— Je viens avec vous ! déclara-t-elle. 

— Reine Mina, je ne crois pas que ce soit une bonne idée, rétorqua Haldir. 

— Ce n'était pas une question, Haldir, je viens avec vous.

Comprenant qu'il n'avait absolument pas son mot à dire, Haldir tendit la main à la reine pour la hisser sur son cheval juste derrière lui.

— Vous êtes sûre ? demanda-t-il. 

— Oui, allons-y !

— Très bien, alors accrochez-vous ! 

Elle se tint à la taille du chef des gardes et ils partirent au galop.

 

 

Le chemin menant jusqu'à la ligne de front ne fut pas long et sur place des dizaines de gardes enchaînaient les flèches et les coups d'épées contre les hordes de gobelins. Le combat se déroulait dans une prairie, juste à la sortie des bois. Les renforts se jetèrent alors au galop dans la bataille, écrasant au passage quelques gobelins sous leurs sabots. Le groupe à cheval stoppa rapidement pour mettre pied à terre et les chevaux regagnèrent les bois pour être à l'abri. 

— Reine Mina, restez près de moi ! ordonna Haldir. 

— Haldir, je... 

Elle ne put terminer sa phrase car gobelin lui fonça dessus en grognant. Elle esquiva sa charge et le fit trébucher avant de lui planter son épée dans le dos. Elle se réjouit de n’avoir perdu ni ses reflexes ni sa technique.  Haldir comprit vite qu'elle pouvait gérer seule quelques gobelins et lui fit un signe de tête approbateur avant de commencer à combattre à son tour. Il gardait tout de même un œil sur elle, il ne fallait pas qu'elle soit blessée au cours de cette bataille. 

Elle utilisa d’abord principalement son épée mais la replaça bientôt au fourreau, car elle était désireuse de tester sa dextérité à l’arc. Elle attrapa celui-ci dans son dos et enchaîna les tirs avec rapidité et facilité, comme si elle l’avait juste utilisé la veille.

Des corps de gobelins jonchaient le sol, il devenait même difficile de se déplacer sans marcher sur l'un d'eux. Les coups d'épées et les flèches ne cessaient de pleuvoir sur l'ennemi mais malgré l'adresse des elfes, certains avaient été blessés et devaient donc se retirer. Haldir trancha la gorge d'un gobelin et remarqua que la reine et quatre gardes étaient en train de se faire encercler par des gobelins tout en combattant. Il alla s'en mêler en tuant d'un revers d'épée, deux gobelins qui s'effondrèrent lourdement dans l'herbe. Deux autres, alertés par la chute des corps de leurs congénères, changèrent de cible pour s'en prendre directement à lui. Étant soulagés de quatre assaillants, le groupe se trouvant avec Mina réussit à abattre ceux qui les encerclaient, tendit qu'Haldir continuait de les tailler en pièces. Un elfe archer tua un gobelin qui attaquait son chef. Comprenant que leur assaut était vouée à l’échec, les gobelins commencèrent à se retirer et rapidement, il n'en resta bientôt plus qu'un au milieu des elfes. Sortant une flèche de son carquois, Haldir banda son arc en se contentant de viser le gobelin. Prise de peur, la créature partit en couinant vers la montagne sous leurs vivats. Les elfes ne se réjouirent qu'à moitié parce qu'ils savaient que tôt ou tard, ils reviendraient à la charge.

 

Haldir rangea sa flèche et replaça son arc dans son dos pour aider ses semblables. Les elfes en état aidaient les blessés à se relever et à marcher tandis que d'autres se chargeaient de rassembler les cadavres pour les brûler. Haldir s'approcha immédiatement de la reine d'Orodreth pour s'assurer qu'elle n'avait rien, parce que dans le cas contraire, ses Seigneurs ne lui pardonneraient pas. Elle était en train d’apporter les premiers soins à un jeune soldat blessé au thorax en attendant l’arrivée d’une civière. Deux autres soldats ne tardèrent pas à le prendre en charge et commencèrent à s'éloigner vers la forêt.

— Vous allez bien ? Elle se tourna vers son interlocuteur, son épée toujours à la main, qu'elle rangea enfin. 

— Mieux que vous, répondit-elle en désignant la blessure qu'il avait sur la joue.

Il porta une main sur la plaie pour constater qu'il saignait. Mina arracha un morceau de tissu de sa tunique et s'approcha de lui. Avec douceur, elle essuya avec le sang qui coulait et le garda sur la plaie pour stopper l’hémorragie. Ce rapprochement troubla légèrement le chef des gardes qui détourna les yeux. Elle s'occupa de lui quelques minutes, le temps que le sang coagule puis elle retira le tissu.

— Les guérisseurs feront bien mieux que moi, déclara-t-elle. 

— C'est déjà bien, je vous remercie, ajouta-t-il. Vous devriez rentrer, j'ai encore à faire ici.

— Vous êtes certain de ne pas avoir besoin d'aide ?

— Oui ça ira, mes blessures sont sans gravité. Rentrez et changez-vous, vous avez du sang de gobelins un peu partout… 

Elle baissa les yeux sur sa tenue et constata que de nombreuses giclures de sang maculaient ses vêtements, sans parler de ses mains et de ses armes. 

— Dans ce cas je vais y aller, acquiesça-t-elle. 

Il la salua le premier et elle lui retourna son salut. Alors qu'elle s'était éloignée de quelques pas, Haldir la rappela pourtant. 

— Reine Mina ? 

— Oui ?

— Je peux vous assurer que vous n'avez rien perdu de votre aptitude à combattre.

Un sourire se dessina sur ses lèvres puis elle reprit sa route vers Caras Galadhon. 

 

 

OldGirlNoraArlani Merci !!! 

Laisser un commentaire ?