Coeur perdu
Deux jours plus tard Jack arrivait à Hope Valley. En premier lieu il se rendit à la prison pour déposer ses affaires. Ensuite, accompagné de Bill et de Rip, il se dirigea vers le café d’Abigail. Surprise en premier lieu de sa présence, elle reprit immédiatement son rôle d’amie et de maire. Avec Bill, Abigail lui expliqua la situation. Les nouvelles n’étaient pas bonnes mais il écoutait sans rien dire.
Depuis la lettre qu’elle avait écrite, il n’y avait rien de plus à ajouter. Plus d’un mois était passé depuis sa disparition et maintenant il n’y avait que Bill qui partait 2 jours par semaine. Il faisait le tour des environs mais, par obligation pour la ville, il rentrait. On ne savait pas où se trouvait Elizabeth Thatcher. Elle avait disparu de la surface de la terre.
Jack ne savait pas quoi penser. Il était inquiet.
Abigail servit à Jack un léger dîner auquel il toucha à peine puis il prit congés.
A peine sorti du café, inconsciemment, ses pas l’emmenèrent à la maison d’Elizabeth. Il récupéra la clé cachée dans un pot et entra.
Immédiatement Jack se sentit chez lui. Une odeur lui chatouilla les narines et il se sentit apaisé. Il se rendait compte, à ce moment là, que c’était le parfum d’Elizabeth. C’est pour ça qu’il se sentait un peu mieux. Machinalement il regarda autour de lui. Il lui semblait voir Elizabeth, en train de peindre les murs, assise à son bureau, en train de manger à table avec lui…
Jack s’assit au bureau et commença à lire le papier posé devant lui. C’était une lettre qu’elle avait commencé à écrire pour lui.
Mon cher Jack,
Hier a été une journée très récréative à l’école. Nous sommes allés en forêt avec les enfants pour encore regarder les insectes. Tu peux me croire que cela fut difficile pour moi. Quand les enfants me montraient leurs découvertes, je prenais sur moi afin de ne pas montrer ma faiblesse face à ces minuscules petites choses rampantes, baveuses, poilues ou avec plein de pattes. Je suis sûre que tu es en train de rire en lisant ce que je viens d’écrire. Moi je ne riais pas mais cela m’a rappelé ce moment sur la barque. Tu te rappelles ? Je n’avais pas apprécié l’araignée sur mon épaule mais je me rappelle parfaitement quand je me suis retrouvée dans tes bras et cette sensation que j’ai ressenti. Je sais qu’à ce moment là quelque chose s’était passé dans mon cœur.
Aujourd’hui nous avons prévu un goûter d’anniversaire pour Opal et, bien entendu, Brownie. Je te raconterais cela plus en détail, ce soir, à mon retour. Il est maintenant l’heure de me préparer car je me rends tous les matins sur ton terrain. A force de m’y rendre si souvent, j’ai maintenant en tête des idées pour notre maison. Pourtant, tant que tu n’es pas là, ce n’est que dans mon imagination qu’elle existe.
Ton absence est de plus en plus difficile à supporter Jack mais j’essaye d’être courageuse pour que tu sois fière de moi.
La lettre se terminait ainsi, la plume d’Elizabeth posée à côté.
Sur le côté gauche du bureau, devant son portrait, se trouvait un tas de feuilles. En regardant de plus près Jack remarqua qu’Elizabeth avait commencé un autre livre. Il commença à lire.
Après quelques lignes de lecture, Jack comprit l’histoire principale qu’Elizabeth était en train d’écrire. Elle était en train d’écrire leur histoire, à eux deux : Leur rencontre, leurs difficultés, son absence à lui.
Jack se leva et s’installa sur le divan d’Elizabeth. Sur la table se trouvaient les quelques lettres que Jack avait envoyées. Le nombre de lettres était largement inférieur à tout ce qu’elle lui avait envoyé. Il se sentit mal à l’aise quand il pensait à toutes celles qui étaient dans son armoire à la caserne.
Au dessus de la pile se trouvait son premier courrier. Il prit l’enveloppe et sortit la feuille. On voyait tout de suite qu’Elizabeth avait relu cette lettre plusieurs fois car le papier était usé. Il se rappelait chaque mot qu’il avait écrit et porta la lettre à sa poitrine tout en la récitant dans sa tête.
Sans s’en rendre compte, Jack ferma les yeux et s’endormit sur le canapé d’Elizabeth.