Le retour
Aujourd’hui j’entamais 11 mois et 9 jours sans Jack.
Chaque matin était de plus en plus difficile. Je me levais avec l’impression de porter un poids de plus en plus lourd sur mes épaules.
Au tout début, après son départ, les moments étaient difficiles,certes, mais je pouvais compter sur Abigail et sur tous les habitants de Hope Valley pour être à mes côtés et ainsi le temps passait. Mais les semaines se sont transformées en mois et pour tous l’absence de Jack devenait une évidence, pour moi cela devenait une souffrance. Seule Abigail était toujours à mes côtés pour me soutenir car elle voyait la tristesse dans mes yeux.
Afin de passer le temps je passais mon temps à lui écrire. Il savait tout ce qui s’était passé à Hope Valley. Cet invisible lien que je conservais était pour moi une bouée de sauvetage qui m’aidait à maintenir la tête hors de l’eau.
Désormais je passais plus de temps à l’école que n’importe où ailleurs. Ce n’était que la fatigue qui m’obligeait à rentrer chez moi pour me coucher sans même manger.
Déjà que je n’étais pas dotée du talent de cuisinière, en l’absence de Jack, je ne m’étais pas améliorée car j’avais pratiquement arrêté de cuisiner. Heureusement qu’Abigail veillait sur moi car je mangeais de moins en moins et je maigrissais à vue d’œil. Tous les midis j’avais obligation de rentrer avec Cody au café pour qu’elle puisse me donner un repas convenable. Pour ne pas être impolie je mangeais assez pour qu’elle soit satisfaite de mon effort et puis je retournais faire la classe.
Les nouvelles de Jack étaient rares et je pouvais m’empêcher de m’inquiéter chaque jour. Entre les articles du journal qui relatait ce qu’il se passait dans les territoires du Nord et l’absence de lettres de Jack, je vivais comme en apnée. Je recommençais à respirer seulement quand une lettre arrivait enfin.
Autant j’écrivais des pages entières, autant lui était très succinct dans ses missives. Je sais qu’il ne voulait pas m’effrayer en me relatant ce qu’il ses passait mais je pense qu’il ne voulait pas revivre à nouveau ce qu’il voyait chaque jour. Seul son amour pour moi et son désir de devenir mon mari étaient les choses les plus importantes pour lui.
La classe était terminée depuis une heure environ mais comme à mon habitude je n’étais pas encore rentrée à la maison. Sans Jack, cette maison, où j’avais mis tout mon cœur pour la rendre agréable et pour qu’elle me plaise, était devenue triste comme sa propriétaire. Rien n’était plus important que lui et ma maison c’était lui.
Après avoir nettoyé le tableau, rangé les livres je m’étais assise à ma place et j’entamais une lettre pour Jack.
Distraitement je jouais avec ma bague de fiançailles tout en réfléchissant à ce que j’allais pouvoir écrire à Jack.
Dehors j’entendais les sabots d’un cheval qui arrivait au pas. Cela devait être Bill qui revenait d’une ronde donc je ne bougeais pas. Parfois il rentrait me saluer mais comme je l’avais vu ce midi chez Abigail je ne pensais pas le voir rentrer. Comme prise en faute je prenais tout de même ma plume et commençais à écrire.
Mes courriers étaient toujours écrits de la même façon. Les premiers mots sortaient facilement de ma plume car je laissais parler mon cœur. Ensuite je continuais par les dernières nouvelles de Hope Valley et je finissais toujours par lui dire à quel point il me manquait et que j’avais besoin de lui.
Aujourd’hui toutefois je n’avais écris que quelques lignes quand je sentis une présence devant mon bureau.
Je relevais lentement la tête, sans grande conviction, quand mon regard tomba sur le visage qui hantait mes jours et mes nuits depuis 11 mois et 9 jours. Il me regardait et souriait. Je clignais plusieurs fois des yeux afin de m’assurer que ce n’était pas une hallucination et puis mon visage prit une expression qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’avoir depuis longtemps ; je souriais.
Lentement je posais mes mains sur le bureau et me levais. Je contournais ce même bureau qui était encore un rempart entre nous deux et me plaçait devant lui. Je pris son visage entre mes mains et lentement je m’approchais de lui pour l’embrasser.
Mon cœur, qui était endormi depuis tout ce temps, se réveillait. Je n’aurai jamais pensé que mon amour pour lui serait encore plus fort maintenant qu’il était là mais c’était le cas.
Maintenant il n’y avait que lui pour moi et moi pour lui. Jack et Elizabeth étaient à nouveau réunis.