My frozen heart

La reine mit un long instant avant de réagir. Puis quand elle comprit enfin ce que lui avait annoncé le gardien, elle fronça légèrement les sourcils, perplexe.

« P…Pardon ? » Bégaya-t-elle. 

Elsa ne savait comment réagir, elle était désarçonnée face à cette situation. Elle se dégagea rapidement de l’étreinte du gardien et se recula un peu comme pour éclaircir ses idées. Elle observa un instant le visage de Jack, et ne put réprimer un pincement au cœur face à la joie qui irradiait sur son visage. Car elle savait qu’elle allait devoir la briser. Pourtant la jeune femme comme intriguée, et cherchant à tout prix à éviter la discussion si terrible sur l’arrivée d’Harold, ne put s’empêcher de questionner l’esprit de l’hiver.

« Qui est cette personne ? » Lui demanda-t-elle avec une pointe de curiosité dans la voix.

Jack fut ravi de l’intérêt porté par Elsa sur cet évènement. Il est vrai que le jeune homme avait une certaine crainte face à la réaction de la jeune femme. Car cela symbolisait qu’il n’était plus seul au monde, que la reine en soi n’était plus exceptionnelle, en étant la seule adulte à le voir. Et le gardien s’apprêtait déjà à trouver les paroles exactes pour rassurer Elsa, afin qu’elle sache que peu importe le nombre de personnes qui étaient capables de le voir, elle resterait unique à ses yeux. Mais finalement la réaction de la jeune femme n’était pas celle attendue par Jack et ce dernier en fut soulagé et heureux. Sous le coup de l’excitation, il prit à nouveau les mains d’Elsa et les caressa tendrement, tout en plantant son regard dans le sien.

« Je l’ignore. Je venais te voir au palais mais lorsque je me suis aperçue que tu n’étais pas là j’ai voulu partir vers la montagne mais sur mon chemin j’ai croisé ton tuteur. » Expliqua-t-il.

La reine eut un hoquet de surprise.

« Non, non Elsa ce n’est pas ton tuteur ! » Tenta-t-il de la rassurer.

Et pour la calmer il effectua une légère pression sur ses mains, comme pour lui faire comprendre le soutien qui lui apportait.

« Lorsque j’ai croisé ton tuteur » Continua-t-il, «  Il était avec un autre homme, que je connais pas, que je n’ai jamais vu au palais. Il parlait de toi. Alors curieux, j’ai voulu m’approcher pour écouter. »

Il lança un regard timide à la jeune femme, pour s’assure qu’elle ne lui tienne pas rigueur de sa curiosité. Cette dernière ne réagit pas, trop concentrée sur son histoire.

«  C’est alors qu’en m’approchant, l’homme avec qui parlait William s’est retourné et m’a fixé droit dans les yeux. Et il a failli s’étranger en voyant que mes pieds me touchaient pas le sol. » Annonça-t-il avec un léger rire.

Il est vrai que l’expression de cet inconnu fut très drôle au début pour le gardien. Mais cela ne dura pas, car se rendant compte de la situation, l’excitation prit le pas sur l’hilarité chez Jack et il s’était précipité vers le palais des glaces pour le raconter à Elsa. En se rappelant ce souvenir, un nouveau sourire prit place sur le visage du gardien, si grand et si rayonnant que la reine fut un instant éblouie.

« Pourquoi peut-il te voir à ton avis ? » Le questionna-t-elle.

Le jeune homme haussa les épaules.

« Je l’ignore. Peut-être qu’il croit en moi. C’est pour cela que les enfants peuvent me voir. Néanmoins, cela reste étrange cela fait trois cents cinquante ans que je vis et en moins d’un an deux adultes peuvent le faire. »

Puis, tendrement il leva la main, pour caresser la joue d’Elsa. Dans ces yeux, il était possible de lire une très grande affection pour la jeune femme.

« Tant de choses exceptionnelles se passent ici » Murmura-t-il d’une voix rauque.

Elsa comprit alors qu’il ne parlait pas uniquement de l’inconnu qui avait pu le voir, mais aussi de leur relation. Elle lui accorda un léger sourire, et le gardien, prit son visage en coupe et posa ses lèvres contre les siennes.

Elsa aurait dû le repousser et lui dire toute la vérité. Car malgré cet évènement, la menace du mariage planait toujours sur le jeune couple. Elle était inévitable. Mais la jeune femme voulait profiter encore un instant de la présence du gardien. Elle aimait sentir ses bras autour de sa taille, qui la serrait si fort, manquant de l’étouffer. Elle aimait sentir la douceur de ses lèvres contre les siennes. La sensation était si étrange ! Comme si ses lèvres et celles de Jack habituellement froides, produisaient à leurs contacts un brasier ardent. C’était à la fois douloureux mais terriblement jouissif.

L’espace d’un instant, la reine se laissa submerger par la magie de ce baiser, mais bien vite, elle redescendit sur terre, dans la triste réalité. Elle se rendit compte alors qu’elle devait profiter de cet instant, de mémoriser chaque mouvements, chaque sensations produits par Jack, car ceci était probablement leur dernier baiser.

Elle voulut alors à travers cela, lui transmettre toute son affection et toute sa reconnaissance. Elle voulait lui faire comprendre que grâce à lui, Elsa avait pu souffler, voir le monde sous un autre angle, profiter l’espace d’un court instant de son état d’inconscience. Elle avait appris à vivre comme un enfant, et elle avait appris à accorder sa confiance à une autre personne que sa sœur. Et d’une certaine manière, même s’il était trop tôt et trop dur de l’admettre, grâce à Jack, Elsa avait appris à aimer. Elle voulut alors lui faire comprendre tout cela à travers ce baiser, et sans s’en rendre compte, la jeune femme laissa échapper une larme au coin de l’œil, qui se glissa entre leurs lèvres.

Sentant l’étrange gout salé sur les lèvres de la reine, Jack rompit le baiser et lui lança un regard interrogateur. Il remarqua alors la trace laissée par la larme sur la joue d’Elsa. Il passa alors son pouce dessus pour l’effacer doucement. Puis il observa un instant le visage de la reine et il perçut dans ses yeux enfin la douleur qui tiraillait la jeune femme. Il se détacha alors brusquement d’elle, comprenant la gravité de la situation.

Un long silence s’installa. Aucun des deux n’osait parler, car ils savaient ce que cette discussion allait engager. Jack ignorait de quoi il s’agissait préciser mais cela ne l’empêchait pas d’avoir une vague idée.

« Elsa ? » Osa-t-il alors demander.

Il voulait savoir, pour être sûr de ne pas s’être trompé. Il voulait savoir si tout allait bien encore. Si ce n’était que dans son esprit qu’il avait mal interprété la douleur présente sur le visage de la reine. Il s’était surement produit quelque chose d’autre. Cela n’avait en aucun cas un lien avec lui. Il le fallait. Il déglutit péniblement alors qu’il attendait une réponse de la part de la jeune femme. Cette dernière serra les poings avant de prendre une grande inspiration. Elle se détourna de Jack, elle ne pouvait supporter davantage la détresse qui régnait dans ses yeux. Il était temps, il n’était plus possible de faire marche arrière.

« Le roi Harold va venir pour quelques semaines à Arendelle. » Annonça-t-elle tristement.

Le jeune homme, les lèvres pincées ne réagit pas immédiatement. Il se doutait que cela allait devoir arriver et que leur relation n’allait rien changée. Elle était une reine et avait des obligations il le comprenait. Mais néanmoins, il avait peut-être espéré qu’elle allait repousser l’union.

« Pour quelles raisons ? »

Elsa fut choquée par la question. La présence du prétendant était pourtant évidente. Mais en cet instant, le comportement enfantin de Jack reprenait le dessus. Il voulait entendre, les mots sortir de la bouche de la reine, sans cela il refusait de croire en ce qui allait se produire. Il était idiot de faire cela, de jouer l’ignorant, cela n’allait en rien retarder l’inévitable.

Et pourtant la jeune femme ne répondit pas à la colère du gardien. Lorsqu’elle se trouve face à ce Jack si enfantin, si naïf et si fragile, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir le protéger, comme répondant à un instinct maternel. Elle voulait à ce moment le préserver dans la dureté de la vie qu’il semblait être en train de découvrir, malgré son grand âge.

« Oh Jack. » Dit-elle dans un souffle.

Le gardien ne perçut pas ses paroles, et ainsi ne pût distinguer la détresse et la désolation présente dans la voix de la reine. Il restait de glace, impassible, toujours en attendant une réponse d’Elsa. Cette dernière se rapprocha de l’esprit, voulant lui caresser la joue, comme il lui avait fait juste avant, pour lui apporter son soutien, mais il se recula brusquement. Elle laissa retomber lourdement sa main, avant d’échapper un soupire triste.

« Pour mieux faire ma connaissance apparemment.» Murmura-t-elle.

Cette fois ci, le jeune homme perçut ses paroles. Il serra les poings à nouveau. Il voulait l’entendre de sa bouche. 

« Pourquoi ? » Siffla-t-il.

Elsa en percevant la grande colère dans la voix de l’esprit, retint un sanglot. Elle savait qu’il dissimulait son chagrin par la haine et cela lui brisait le cœur de devoir le faire tant de mal.

« Tu le sais pourquoi. » Lui répondit-elle la voix aigüe, tant il lui était difficile de retenir ses sanglots.

Jack se rapprocha alors pour prendre le menton de la reine, et leva son visage vers le sien. Le geste contre toute attente était toujours aussi doux et tendre. Elle savait que sa colère n’était qu’en surface, qu’elle était uniquement un masque.

« Dis-le ! » Hurla-t-il.

La détresse résonnait dans sa voix, et la reine ferma les yeux, pour le plus croiser son regard si triste. Malgré les traits tiraillaient par la haine, il était possible de distinguer ce gouffre géant dans ses prunelles trahissant un profond chagrin. Et face à cela elle ne put s’empêcher de laisser échapper une larme.

« Pour une éventuelle union entre nos pays, pour un mariage à venir. »

Jack relâcha la reine en poussant un léger soupire, mais ne s’éloigna pas d’Elsa. Tout cela était donc bien vrai.

« Si vite.. » Echappa-t-il.

La jeune femme hocha la tête tristement. Toujours en évitant son regard. Jack quant à lui, ne savait que répondre. Il voulait trouver une solution pour éviter cela. Maintenant que la réalité lui faisait face, il devait sauver ce qu’il vivait avec elle.

Durant cette semaine, ces sensations lui avaient semblé si puissantes, si euphoriques, qu’il avait été comme déconnecté de la réalité. Il avait alors tout oublié, le statut de la jeune femme, ses prétendants, ses responsabilités, son mariage. Plus rien n’avait importé mis à part Elsa et son rôle de gardien. Il pensait avoir le temps pour pouvoir arranger ce problème. Mais on ne lui avait accordé qu’une seule et unique semaine, sans se préoccuper de cela. Désormais il ne pouvait plus ignorer le mariage qui pesait sur leur relation.

« Et nous ? » Osa-t-il lui demander.

La jeune femme releva alors brusquement la tête en offrant un regard surpris envers le gardien. Elle pensait qu’il allait partir sans demander d’explications, qu’il allait fuir la douleur. Mais apparemment, malgré sa colère puérile d’avant, il semblait que l’esprit de l’amusement avait muri.

« Je…Je… » Bégaya à nouveau la reine.

Voyant la difficulté qu’Elsa avait à répondre, le gardien se rapprocha, lui prit ses mains et lui offrit un regard rempli d’espoir. L’heure n’était plus à la colère, il fallait trouve une solution.

« Il n’existerait pas un moyen de retarder le mariage. De le repousser. Je sais qu’il n’y a pas de date fixe et que rien n’est officiel. Mais pourrais-tu peut-être ne montrer aucun intérêt envers le roi Harold afin qu’il rentre au plus vite ? » Lui demanda-t-il.

Elsa secoua vivement la tête. Elle tentait encore de ne pas faire échapper un sanglot.

« Jack, quoi qu’il arrive le peuple veut un roi et un héritier. Plus je retarde et plus le peuple sera en colère. Je ne peux agir égoïstement. En tant que reine je dois penser en premier à mon peuple. » Lui explique-t-elle.  

Elle approcha sa main de la joue du gardien, pour lui faire comprendre à quel point elle était désolée. Désolée d’avoir à supporter cette couronne et ses sujets. Désolée de ne pouvoir le rendre heureux. Désolée de ne pouvoir se concentrer sur eux uniquement. Désolée d’avoir fait disparaitre cette innocence qui faisait vivre le jeune homme. Jack comprenant tout cela, et pour lui montrer qu’il n’avait aucune rancœur envers elle, appuya sa joue contre sa main.

« Il serait difficile pour moi d’être à tes côtés si tu as un mari. »

En effet, le jeune homme savait qu’il ne pourrait supporter la vision d’Elsa embrassant son mari. Et qu’il ne pourrait être avec elle sans penser au fait qu’elle se donnerait à lui pour donner un héritier au peuple. Même si cela n’était pas sincère, même si cela était uniquement pour Arendelle, le gardien tait encore trop jeune dans son esprit pour supporter tout cela. Certes il murissait mais cela restait encore trop pour son esprit encore immature.

« Je comprends. » Murmura Elsa.

Et elle disait la vérité. Elle comprenait. Jack refusant de laisser partir la reine sans trouver de solution l’attira vers lui pour l’étreindre. Comprenant sa détresse, car elle était la sienne, la jeune femme répondit à son contact. Il la serra si fort, qu’elle manqua de s’étouffer et pourtant cette dernière ne le repoussa pas.

Et alors que Jack réfléchissait à une solution pendant leur étreinte, une idée lui vint à l’esprit. Il s’éloigna un peu de la jeune femme, tout en gardant une certaine proximité avec elle. A nouveau son regard pétillait comme un enfant. Elsa fronça les sourcils face à cela. Jack se pencha alors doucement pour lui déposer un léger baiser sur les lèvres. C’était la dernière solution possible, il n’avait plus le choix. Elle était certes égoïste, car pour rien au monde le gardien ne voulait perde cette relation si nouvelle et si intense. Il devait essayer.

Il posa alors son front contre celui de la jeune femme, qui le regardait toujours, un air intrigué sur le visage. Il passait si rapidement de la colère à la tristesse, puis à la joie que cette fois-ci la reine ne réussissait pas à comprendre le gardien. Et pourtant son regard promettait tellement d’espoir, que son cœur eut un raté l’espace d’un instant. Jack plongea son regard dans celui d’Elsa, comme pour y lire son âme.

« Tiens-tu à moi ? »

Elsa eut un hoquet de stupéfaction face à la question. Elle ne s’attendait pas à cela. Et pourtant, tout de suite après, quand elle songea à la question du gardien, quand elle se posa réellement la question, car avant il n’était pas réellement question des sentiments, elle n’eut aucune hésitation à répondre.

« Plus que je ne le pensais. » Lui avoua-t-elle.

Un immense sourire ravi s’afficha sur le visage du gardien. Ses paroles le soulagèrent énormément et alors il était sur de ce qu’il devait faire. Il savait que cela ne serait pas en vain. Leurs sentiments étaient réciproques et rien n’était plus important pour lui en cet instant.

Il prit alors le visage de la jeune femme en coupe, lui embrassa tendrement ses paupières closes, son front, son nez, ses joues avant de s’égarer un instant sur ses lèvres. Et en voyant la passion que mettait Elsa dans ce baiser, il eut un sourire, car il savait qu’il avait la solution. Après le baiser, il colla à nouveau son front au sien et planta son regard dans le sien, pour lui faire comprendre le sérieux de ses propos.

« Et si tu me laissais devenir ton prétendant ? »