My frozen heart
Il était encore très tôt. Le soleil venait à peine de se lever. Tout le village était encore endormi. Il avait légèrement neigé cette nuit et Arendelle n’était pas encore débarrassé de son manteau blanc. Le sol, les toits, tout était recouvert de neige, tout semblait pur et calme. Le soleil naissant se reflétait sur la neige, et on eut dit que le village brillait, d’un éclat semblable au diamant. Rien ne bougeait, comme si le temps n’avait d’emprise à cet endroit.
Puis un bruit de talon résonna dans les rues du village. Une fine silhouette était en train de traverser Arendelle d’un pas rapide, évitant au maximum les grandes rues, au risque de croiser un habitant. Il était difficile de distinguer l’étrangère dans la rue. Une cape noire recouvrait entièrement son corps, empêchant quiconque de pouvoir percer son identité. La silhouette commença à se diriger vers les écuries du village, qui se trouvaient vers à l’extrémité des habitations, afin que les bêtes puissent être plus proches du pré. Elle ouvrit délicatement la porte et avança prudemment, de peur de réveiller le palefrenier, qui dormait juste à côté. Elle se dirigea ensuite vers son cheval, qui était dans une cour plus éloignée, avec celui de sa sœur. L’animal, ne reconnaissant pas son maitre, commença à gesticuler et à hennir. Et alors que la bête commençait à se cabrer, l’inconnue leva les bras pour la calmer. Elle rapprocha alors son visage du museau du cheval et retira sa capuche. La reine fit face à son destrier qui désormais ne bougeait plus. Elsa caressa tendrement l’animal en attendant que ce dernier se calme. Et lorsque la bête cessa de gesticuler, la jeune femme monta rapidement dessus. Elle devait partir au plus vite, avant que le peuple ne se réveille. Elle commença alors doucement à sortir des écuries, toujours en veillant à ne pas réveiller les alentours. Lorsqu’elle traversa le reste du village, la jeune reine craignait de voir à chaque instant un villageois sortir, curieux d’entendre des bruits de sabots à cette heure-ci. Mais bientôt, les pas de l’animal ne se firent plus entendre. Ils avaient dépassé Arendelle, ils étaient désormais dans la forêt. La jeune reine poussa un soupir de soulagement.
« Aller, maintenant, la montagne du Nord. » Dit-elle doucement.
Elle se mit alors au galop, traversant rapidement la forêt. Elle devait se trouver au plus vite là-bas. Même si elle s’était excusée auprès de sa sœur et de son tuteur pour son absence, Elsa ressentait un certain malaise à l’idée de laisser le palais seul. Etonnamment face à cette annonce, Anna n’avait rien dit. Elle s’était contentée de froncer les sourcils au début puis de nonchalamment hocher les épaules. Quant au tuteur, il fut plus difficile à convaincre.
« Mais ma reine avec cet évènement et tout ce qui vous attend… » S’était-il entêté de répéter.
« J’en suis consciente William, mais je ne pars que pour une journée. Arendelle peut se passer de moi pendant ce temps. Tout est déjà prêt pour le bal, il n’y a pas de quoi s‘inquiéter. » Avait-elle répondu alors.
Le tuteur n’avait rien répondu, mais son visage avait alors retranscrit parfaitement son mécontentement.
Au diable le tuteur pensa-t-elle alors qu’elle venait à peine de sortir de la forêt. Après sa promesse envers Jack Frost, la reine avait passé quelques jours à méditer sur ce qu’elle avait vécue en retrouvant ce souvenir si important pour elle. Il est vrai qu’elle avait ressenti en elle un moment de tel bonheur et de telle insouciance, que la reine ne pouvait réprimer cette envie de vouloir revivre ça dans le présent. Elle souhaitait par-dessus tout rejoindre Jack pour ressentir à nouveau cela. Le cheval sentait sentir cette envie et accéléra. La reine sourit en voyant cela et remercia silencieusement la bête.
Puis la montagne apparut dans son champ de vision, et la jeune femme stoppa son destrier. Une fois descendue, elle l’accrocha à un arbre, non loin de la rivière, pour que l’animal puisse s’abreuver en attendant. Ensuite, elle se dirigea lentement vers le lieu de rendez-vous.
La reine déglutit péniblement durant sa marche. Elle avait peur de faire face à nouveau à ce vide qu’elle avait ressenti en s’apercevant que l’esprit n’était pas présent. Son corps mécaniquement reconnu la sensation de vécue d’il y a plus d’une semaine et se mit automatiquement à trembler. Elsa resserra les bras contre sa poitrine pour contenir les tremblements et se donna du courage pour avancer.
Elle traversa lentement l’escalier de glace et une fois devant les ruines du palais de glace, eue un frisson. Aveuglée par la colère la dernière fois, elle ne s’était pas rendu compte de l’ampleur des dégâts. Elle vit sur la droite, ce qui restait du lustre qui auparavant trônait fièrement dans la salle principale du palais. Elle le toucha et une pointe de nostalgie se fit ressentir dans son cœur. Elle se rappelait alors cette sensation de liberté, qu’elle avait ressentie en créant le palais. La reine poussa un soupir. Elle posa sa main sur un flocon qui était incrusté en guise de décor dans la glace et se concentra. Quelques secondes plus tard, le dessin commença à étinceler légèrement et sortit de sa prison de glace. La reine commença alors à faire tournoyer le flocon autour de sa main, avant de l’envoyer au loin, quittant la montagne du Nord. Elsa eut un sourire triste.
« Je pensais peut-être que nous pourrions le réparer» Dit une voix qui sortait de nulle part.
La jeune femme surprise, sursauta face au son de la voix. Puis elle regarda autour d’elle, dans chaque coin pour connaitre sa provenance. Mais elle ne vit rien. Elle fronça les sourcils et croisa les bras devant sa poitrine. Puis une présence se fit ressentir dans le dos de la reine, légère, presque fantomatique.
« Bouh ! » Cira Jack Frost.
La reine se retourna précisément en poussant un hoquet de surprise. Elle se tenait la poitrine en reprenant sa respiration, alors que le jeune homme se tenait les côtes, tant il riait. Elsa afficha une moue boudeuse face aux moqueries de l’esprit de l’hiver.
« On ne se moque pas d’une reine, Jack » Le gronda-t-elle.
Le concerné s’arrêta de rire, pourtant son visage conservait un sourire moqueur et sournois, qui semblait dissimuler une farce. Il se rapprocha de la reine et la regarda un instant et dans ses yeux, la jeune femme pouvait lire l’évocation silencieuse d’une mise au défi. L’esprit de l’amusement se saisit de la couronne de la reine, et cette dernière se figea, toujours peu habituée au contact.
« En cet instant et ici, vous n’êtes plus une reine, Elsa. Oubliez tout cela.» Lui annonça-t-il avec toujours cet air de défi dans ses prunelles.
Le jeune homme voulait voir si la reine était capable de faire cela. De tout abonner un instant pour pouvoir se donner pleinement aux indications de Jack. Elsa en se laissant pas intimider par l’arrogance soudaine du jeune homme, prit dans ses mains, sa propre couronne et la jeta par-dessus son épaule, ignorant désormais le lieu où se trouvait sa tiare. Elle haussa un sourcil et eut un sourire en coin qui se voulait aussi provocateur que celui de Jack. Ce dernier ria face au geste de la jeune reine.
« Et si je ne suis plus reine, ici et maintenant, tu n’as dans ce cas plus besoin de me vouvoyer, non ? » Lui demanda-t-elle, son un ton charmeur, toujours dans le but de déstabiliser le jeune homme.
L’esprit déglutit, mais sans pour autant perdre son sourire arrogant du visage. Il hocha la tête face à la suggestion de la reine.
« Effectivement ! »
Puis les deux êtres de glaces se regardèrent un instant dans les yeux. Aucun ne baissait le regard, tous les deux hypnotisés par le bleu profond qui régnait dans chacune de leurs prunelles. Et l’espace d’un instant, le temps sembla s’arrêter. Comme si chacun était en train de prendre en compte de la présence et de l’existence de l’autre. Et soudain dans les yeux du jeune homme, Elsa vit quelque chose, une étincelle qu’elle n’avait vue auparavant. Elle eut l’impression que le regard de Jack sur Elsa était en train de changer. Mais avant qu’elle puisse comprendre ce qu’il se cachait derrière tout cela, l’esprit de l’hiver ferma les yeux et se les frottait.
« Bien, comme je te le disais, je pensais que nous pourrions peut-être reconstruire ton palais, si tu le souhaites ? Je trouve ça dommage qu’une telle splendeur disparaisse pour toujours. » Dit-il d’une voix soudaine rauque.
Elsa reprenant ses esprits se contenta de hocher la tête mécaniquement. Jack se dégagea de sa trajectoire en se mettant à sa droite. La reine hésitante avança d’un pas tremblant. Elle jeta un regard à l’esprit qui l’encouragea en lui offrant un mouvement de tête en direction des ruines.
« Après toi ! »
La jeune femme frotta les mains l’une contre l’autre. Puis elle poussa un long soupir, et ferma les yeux pour se concentrer. Jack quant à lui ne bougeait pas. Il restait en retrait, appuyé sur son bâton, ne pouvant détacher son regard des mains de la reine.
Cette dernière après quelques minutes dirigea ses paumes vers les débris du précédent château et une brise hivernale commença à naitre et à aller dans cette direction. Les morceaux de glace restants commencèrent à se transformer à des milliers de flocons et s’envolèrent dans le ciel avant de s’évaporer dans le ciel. Jack émit un sifflement d’admiration et la reine se retourna vers lui le sourire aux lèvres et le rouge aux joues. Puis sous l’encouragement de l’esprit de l’hiver, la jeune femme commença à créer à nouveau un château. Cette fois-ci, elle ferma les yeux ouvrit son cœur et laissa ses émotions parler.
Elle pensa alors à ses parents, qui avaient auparavant si peur des pouvoirs de sa fille, mais qui n’avaient fait obstacle à leur amour inconditionnel envers elle. Elsa voyait sa mère, droite et juste qui lui avait appris le sens du devoir mais aussi qui lui avait appris à comment se tenir, quelles étaient les choses convenables à faire pour une jeune femme ou non. Elsa se rappela alors que, l’ancienne reine, ne s’arrêtait jamais de dire que malgré tout et même si cela n’est pas convenable, la princesse une fois sur le trône ne devait jamais s’empêcher de sourire. Car une souveraine heureuse est un peuple heureux. Puis Elsa pensa à son père, qui n’avait jamais cessé jusqu’à son dernier souffle de lui offrir des étreintes paternelles qui réchauffait auparavant le cœur de la petite fille. Face à ses souvenirs, cette dernière décida de se servir de l’architecture de son palais à Arendelle, pour faire honneur à ses parents.
Puis ce fut au tour d’Anna d’emplir l’esprit de la jeune reine. Cette dernière repensa douloureusement au sacrifice que sa sœur avait fait pour elle. Anna était désormais la personne la plus importante de sa vie et avoir vu l’espace d’un constant sa sœur, figeait dans un état de glace, lui donnait des frissons. Mais grâce à cela, Anna avait sauvé Elsa. Non pas parce qu’elle avait empêché Hans de lui donner le coup ultime, mais parce que grâce à cela, la reine avait su contrôler ses pouvoirs. Alors en pensant à elle, Elsa garda quelques détails de son précédent palais, pour toujours lui rappeler le courage qu’avait fait preuve Anna, et pour pouvoir toujours prendre exemple sur ces actes de bravoure.
Enfin et pour terminer ce tout nouveau palais de glace, Elsa pensa à une nouvelle personne qui avait désormais et depuis peu, prit une place importante dans la vie de la jeune reine. Elle pensa à Jack Frost. Cet esprit qui avait débarqué de nulle part sans crier gare et qui désormais lui faisait ressentir des émotions qu’Elsa n’avait jamais éprouvées auparavant. Elsa était désormais déboussolée face à ce flux d’émotions contradictoires qui commençait à naitre en elle. Et pourtant ce chaos lui plaisait. Et malgré tout, l’esprit lui avait permis par-dessus tout à retrouver ses souvenirs d’enfance e à bientôt ressentir cette libération, éprouvé uniquement par les enfants. Alors pour le remercier et parce que inconsciemment, son pouvoir était déjà en train de le faire, Elsa forma en guise de décors, des flocons. Mais pas n’importe lesquels. En effet, ces flocons n’étaient pas inconnus, ni à Elsa, ni à Jack. Chaque être possède une manière d’utiliser sa magie, qui en fait sa signature. Et les dessins qui étaient en train de prendre forme le long des murs de glace, étaient inspirés de la signature de Jack Frost.
Ce dernier en voyant cela sourit de toutes ses dents. Il est vrai qu’il n’avait pas détaché son regard de la jeune femme, tant il était absorbé par les manières dont elle se transformait lorsqu’elle invoquait ses pouvoirs. Comme si son aura changeait, quelque chose se dégageait en elle à cet instant d’hypnotisant. Comme si sa présence devenait impossible à ne pas remarquer. Mais l’une des gravures commença à apparaitre dans son champ de vision et le jeune homme prit en compte de l’hommage que venait de faire Elsa pour lui.
La reine, baissa les bras et ouvrit lentement les yeux. Elle poussa un hoquet de surprise face à sa création. C’était comme son ancien palais mais dans une version améliorée. Il était plus grand, plus majestueux et désormais une décoration plus personnelle était incrustée dans les murs. Et Elsa avait alors l’impression d’être face à une facette de sa personnalité. Et soudain la jeune reine, se sentit gênée face au bâtiment. Comme si désormais tous ses secrets étaient exposés à la vue de tous.
« C’est absolument magnifique Elsa. » Murmura Jack.
Il l’avait rejoint à ses côtés, et désormais ses yeux ne quittaient plus la création de la jeune femme. Il y avait de l’admiration et de la fascination que l’on pouvait distinguer au son de sa voix. Elsa rougit face à cela et oublia alors toute gêne. Elle était désormais flattée par le compliment venant de l’esprit de l’hiver. Sans l’attendre, ce dernier se précipita vers l’entrée et ouvrit doucement la porte. La jeune femme rit devant la précipitation de Jack et le suivit.
Quand elle passa l’entrée, la jeune femme retint son souffle. Il est vrai l’intérieur était tout aussi impressionnant que la façade. Comme auparavant, un escalier sur e coté menait à un balcon qui dominait la pièce. Mais désormais, en plus de cela, des meubles faits de glace emplissait la pièce. Il y avait désormais de la vie dans cette pièce. Le lieu était désormais capable d’accueillir des personnes et on eut dit qu’il semblait être dans l’attente d’habitants. Puis la reine observa le sol qui était désormais décoré d’un flocon, non provenant de la signature de la reine, mais de celle de l’esprit de l’hiver. Elle sourit face à ce décor, il semblait que ses sentiments avaient encore plus pris le dessus sur ses pouvoirs qu’elle ne le pensait. Puis le rire de Jack résonnant dans le palais, sortit la reine de sa rêverie. Désormais dans les airs, il admirait chaque détail des murs toujours aussi ébloui.
« C’est merveilleux, magnifique, sublime. Je n’ai jamais vu une création de cette ampleur apparaitre sous mes yeux. »
En voyant que la jeune femme l’observait depuis la terre ferme, Jack descendit pour lui faire face. Il ressemblait en cet instant à un enfant. Dans ces yeux y régnaient désormais des étoiles, qui étaient semblables à ceux des enfants devant les premiers flocons descendant du ciel.
« J’ai mis beaucoup de mon âme cette fois-ci. » Annonça-t-elle timidement.
« Et comment t’es-tu senti à cet instant ? » Demanda le jeune homme, excité désormais par la réponse.
Il savait déjà ce qu’allait lui répondre la reine. En ayant tout donnée durant cette création, Elsa avait connu la libération de la bienséance et des responsabilités de la royauté. Jamais ces idées ne lui avaient effleuré l’esprit à cet instant. Elle venait de réellement s’abandonner à son pouvoir et à être pleinement elle-même. La jeune femme sourit en repensant à cette sensation.
« Epanouie. » Répondit-elle tout simplement.
Le jeune homme hocha la tête.
« Aller ! Viens, ce n’est pas encore fini ! Tu n’as pas vu le premier étage. » Lui Dit-elle en prenant sa main.
Jack entraina la reine vers l’escalier. Elle eut du mal à le suivre à cause de ses talons face à la glace. Ses chaussures menaçaient de glisser à tous instants. Pourtant la reine n’en prit pas compte et se laissa trainer par l’esprit de l’amusement. Et son étonnement fut le même lorsqu’elle atteignit l’étage. La pièce était désormais une vraie chambre on l’on pouvait dormir paisiblement. La salle ressemblait beaucoup à la chambre de la reine, sauf que cette fois-ci tout était en glace. On eut dit un cocon douillet et fait pour la jeune femme. Et comme dans son précédent palais, la pièce donnait sur un balcon, qu’Elsa se précipita de voir. Le jeune homme l’attendait déjà, assis sur la rambarde.
« Alors ? » Lui demanda-t-il.
Elsa poussa un soupir d’extase face au bonheur qui emplissait son cœur et face au spectacle éblouissant qui s’offrait à elle. Arendelle reposait non loin de là, au pied de la montagne.
« Merci de m’avoir forcé à faire ça Jack. »
Le jeune homme hocha la tête d’une manière faussement solennelle.
« Mais je vous en prie Votre majesté. »
La jeune reine rit.
« Mais au moins tu as à nouveau un lieu pour te réfugier. Ou cas ou… le mariage… ne se passe pas très bien. » Lui dit-il timidement.
Il n’osait pas froisser la jeune femme, ni même la relation qui venait de se créer entre eux. Cette dernière quant à elle, fut touchée par l’attention du gardien et se contenta de lui offrir un sourire sincère.
« C’est gentil de ta part. » Le remercia-t-elle.
Un silence gênant s’installa mais ce fut Elsa qui le brisa.
« Bien qu’as-tu prévu ensuite ? »
Le jeune homme soudain surpris par l’entrain de la reine, mit un temps avant de réagir. Puis un sourire arrogant se dessina à nouveau sur son visage.
« Eh bien je pensais peut-être que nous pourrions… » Commença-t-il à dire.
Il ne put terminer sa phrase car un vent violent parcourra le balcon, poussant le jeune homme de l’autre côté de la rambarde, dans le vide. La jeune femme paniquée se rapprocha de la rambarde en hurlant le nom de l’esprit de l’hiver. Elle chercha partout son corps, ne trouvant rien. Son cœur commençait à battre à la chamade. Elle ne contrôlait plus son corps qui commençait à se diriger hors du palais. Une fois à l’extérieur, elle continua à l’appeler dans le vide en vain. Il demeurait toujours introuvable.
« Alors on s’inquiète ? » Lui demanda une voix dans son dos.
La jeune femme se retourna précipitamment pour faire face à Jack Frost, hilare face à cette farce qui marchait à chaque fois. Le jeune homme s’essuya une larme qui commençait à apparaitre sur son œil gauche, tant il riait.
Mais son rire fut vite interrompu par une grande sensation de froid emplir son visage. Il enleva la neige restante sur son visage et lança un regard interrogateur envers a reine. Cette dernière se frottait les mains, fière d’elle. Pour se venger, elle venait tout simplement de lui envoyer une boule de neige. L’esprit de l’amusement fut pris d’un fou rire face à geste de la jeune femme. Mais il fut à nouveau coupé par Elsa qui venait de lui envoyer encore une fois une boule de neige sur le visage.
« Stop, stop je me m’excuse et je me rends. » Annonça-t-il tout en riant.
Il leva les mains en guise de défaite et se rapprocha de la reine. Cette dernière était toujours sur ses gardes. Elle tenait à garder un visage froid, mais une étincelle dans ses yeux trahissait son humeur.
« Tu laisses déjà tomber ? » Lui demanda-t-elle, avec une voix arrogante.
Le jeune homme émit un rire nerveux. Puis il amena une main devant son visage et commença à créer un flocon qui tournoyait tout autour de son poignet.
« Oh non ça ne risque pas. » Dit-il plus pour lui-même, que pour répondre à la reine.
Il envoya alors le flocon sur le visage de la jeune femme qui partit, une fois au contact de la peau d’Elsa en poussière scintillante. Et soudain l’étincelle dans les prunelles d’Elsa devint un brasier ardent. Le jeune homme, observa attentivement la réaction de la reine. Puis, cette dernière fut prise d’un fou rire incontrôlable. La jeune femme tentant de réprimer cela posa une main devant ses lèvres. Cela fut peine perdue. Le rire était si puissant qu’elle devait se tenir les côtes. Des larmes commençaient même à apparaitre au coin de ses yeux.
Jack non loin d’ici, appuya sa tête contre son bâton, tout en admirant Elsa, et avec un sourire béat sur le visage. Voir la reine si décontractée, si joyeuse, elle était désormais éblouissante. Son air enfantin sur le visage, et ses yeux brillants de malice donnaient subitement au jeune homme l’envie de vouloir être plus proche d’elle. De la protéger coute que coute, de vouloir prendre soin d’elle, au péril de son bonheur. Jack se rapprocha de la jeune femme, toujours en train de rire. Et comme répondant à un besoin urgent, il prit une mèche de la jeune femme et l’enroula autour de son doigt. Et soudain, Elsa ne riait plus. Elle plongea son regard dans celui du gardien. La main de ce dernier se déplaça pour se poser sur la joue de la reine. Elsa ne put retenir le rouge qui commençait à apparaitre aux joues. Elle appuya la pression entre leurs deux peaux en déplaçant son visage. On pouvait lire dans les yeux de la reine une véritable reconnaissance envers le jeune homme. Pourtant l’esprit de l’hiver, rompu le contact établi entre les deux êtres de glace. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Il est vrai que le jeune homme ne n’avait jamais fait face à des sensations aussi fortes. Et actuellement son corps désirait quelque chose qui lui était encore inconnu. Et ayant peur de ce qu’il ne connaissait, par sécurité Jack préférait instaurer une distance entre l’objet du désir et lui-même.
Elsa était trop submergée par ce sentiment d’insouciance qu’elle ne remarqua pas l’éloignement de Jack. Elle réduit la distance établie par le jeune homme et se saisit de ses mains.
« C’est absolument magique. Comment fais-tu ? C’est grâce à la neige ? » Demanda-t-elle rapidement.
Cette fois-ci, ce fut au gardien de rire face à l’enthousiasme d’Elsa. Mais il se dégagea tout de même de son étreinte. Toujours inquiet par ce désir qui brulait chacune de ses cellules.
« Malheureusement non, cela fait partie de mes pouvoirs de gardien. Tu te rappelles je suis l’esprit de l’amusement. » Lui expliqua-t-il.
L’espace d’un instant la reine fut déçue. Mais elle oublia vite cela et se tourna à nouveau vers le jeune homme.
« Peux-tu le refaire ? »
Et ainsi se déroula la journée. Tout au long, les deux êtres de glace se sont amusés en usant chacun de leurs pouvoirs. Il y eut un grand nombre de bataille de boules de neige et de discussions. Et par l’insouciance soudaine de la jeune femme, Elsa ne prenait plus en compte de la bienséance. Un bon nombre de fois elle établit le contact entre eux deux, toujours de manière innocente. Pourtant à chaque fois, le jeune homme se détachait délicatement. Mais cela ne dérangeait pas la reine. Elle se sentait tellement comblée et heureuse, qu’elle ne pris pas en compte du rejet constant du gardien. Pourtant, et malgré le refus de ce dernier, un lien était désormais établi entre les deux. Jack, tout comme Elsa savait qu’il ne pouvait désormais plus se détacher de l’autre. Et la reine désormais, comptait beaucoup sur la présence du gardien pour pouvoir supporter le mariage et les conséquences autour. Elle savait désormais qu’elle n’était plus seule. Certes sa sœur était là pour elle, mais avec un mari et une famille bientôt à prendre soin, elle n’aurait plus été aussi présente qu’auparavant. La reine aurait été par la suite seule, avec un mari qu’elle ne désirait pas. Mais c’était fini. Désormais la reine avait Jack Frost, une personne sur qui comptait et avec qui elle pourrait rire et être elle-même.
Le soleil couchant mit un terme à leur journée et la reine à contrecœur devait désormais retourner au palais. Le gardien la raccompagna jusqu’à Arendelle, dans sa chambre. Et pour arriver discrètement dans le palais le jeune homme prit Elsa dans ses bras et la déposa sur le balcon donnant à sa chambre. La jeune femme au début s’était sentie mal en étant dans les airs, mais après une sensation de liberté l’emplit et durant leur vol, elle poussa un cri de bonheur.
Ils étaient désormais sur le balcon, l’un devant l’autre. La jeune femme avait toujours les yeux brillants et cela se distinguait facilement malgré l’obscurité. Pourtant retourner dans son château lui pinçait le cœur. Elle sentait que la magie de Jack Frost était en train de disparaitre et cela la rendit triste. Elle ne pouvait pas perdre cela, pas maintenant.
« Serait-il possible de refaire cela ? Avant le bal ? » Demanda-t-elle, la voix emplit d’espoir.
Le jeune homme sourit tendrement ;
« Bien entendu. Et même après si tu le souhaites. »
Elsa ne répliqua pas face à cela. Il lui sera impossible de le faire après. Il y aura désormais quelqu’un pour surveiller ses faits et gestes. Et si on perce son secret, cela sera vu comme une trahison envers le futur roi. Mais Elsa ne voulait pas penser à ça.
« Merci encore pour cette journée merveilleuse Jack. »
Le gardien haussa les épaules, avec un sourire timide sur le visage. Puis il se gratta nerveusement la nuque ne sachant que répondre. Lui non plus ne souhaitait pas mettre un terme à cette journée. Et avant qu’il ne fasse face à nouveau à la reine, cette dernière déposa ses lèvres sur la joue du jeune homme. Le jeune homme ne réagit pas. Elsa rit face aux grands yeux du gardien.
« A bientôt Jack » Le salua-t-elle.
Puis elle entra dans sa chambre laissant le jeune homme ébahi sur le balcon. Il se toucha la joue, elle était désormais brulante.