Un Vide de Vérité

Chapitre 31 : Libérée...

1795 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/01/2021 19:04

La nuit touchait à sa fin sur Arendelle, mais pour l’heure, la lune et les étoiles brillaient encore dans le ciel et l’endroit était paisible. En réalité, il n’y avait que le château qui grouillait de vie puisque les trois quarts des habitants étaient toujours réfugiés dans la forêt. Lorsque Laceli s’éveilla, sa tête bourdonnait légèrement mais en dehors de ce très léger inconfort, elle se sentait plutôt bien, même très bien en fait. Elle était de nouveau dans la chambre, allongée sur le lit cette fois ci et même sous les couvertures. Elle se redressa en position assise et se figea de surprise en constatant qu’Elsa dormait à ses côtés. Le Chaton avait bien mérité un peu de repos et Laceli n’avait aucune intention de la réveiller. Elle se surprit à sourire tout en l’observant, elle semblait si vulnérable à cet instant, tellement loin de la méfiance et de la fatigue qui la caractérisait ces derniers temps. Il n’y avait pas de couvertures à remonter parce qu’Elsa dormait au-dessus, toujours habillée des mêmes vêtements.


Elle ne se rappelait pas être revenue dans la chambre, en réalité, ses souvenirs du rituel étaient un peu confus. Elle porta sa main en bas de son dos, là où aurait normalement dû se trouver la marque, mais il n’y avait plus rien. Laceli sourit franchement dans la pénombre de la chambre, elle n’osait pas y croire et pourtant… Depuis qu’on lui avait apposé l’emprunte Maitre/esclave, elle avait toujours sentit la présence de Derlock, comme un fantôme constant par-dessus son épaule, une ombre permanente. Mais cette fois-ci, il avait complètement disparu. Après tant d’échec pour se soustraire à son emprise, c’était inespérée. La joie qu’elle ressentait lui donnait envie de se lever, de chanter, de danser ! Et pourquoi pas, d’embrasser Elsa. Elle essuya les larmes qui roulaient sur ses joues.


« Ca ne va pas ? »


La voix de la blonde la fit sursauter, Laceli la serra fort dans ses bras, sans réfléchir.


« Je vais très bien, merci Chaton. »


Passé l’instant de surprise, Elsa lui rendit son étreinte.


« Je suis heureuse de l’entendre. »


Elles se séparèrent, un peu mal à l’aise par la proximité qui s’était créée aussi naturellement. Elsa se leva, elle passa le châle de sa mère sur ses épaules.


« Que vas-tu faire maintenant ?

-Que ? Comment ça ? »


La blonde rit doucement.


« Tu es libre, Laceli. Alors, que vas-tu faire ?

-Libre ? Tu veux dire que… Tu me… Tu ne me retiens plus ? Je ne suis plus prisonnière ?

-Tu ne l’as jamais vraiment été.

-Vous m’avez privée de mes pouvoirs et ligotée.

-Pour empêcher Derlock de s’en servir et parce que tu m’avais attaquée.

-C’est vrai. Mais tu m’as gardée captive dans cette chambre, confortable certes, mais captive quand même. »


Elsa secoua la tête.


« La porte n’a jamais été verrouillée, il n’y a même pas de soldats en poste.

-Q… Comment ? Depuis tout ce temps la porte était grande ouverte ?

-Oui.

-Mais… Pourquoi ?

-J’ai suivi mon instinct, ce que je pouvais ressentir au travers de ma magie. Mais je dois reconnaitre que tu étais très convaincante, j’ai douté pendant un moment. Je me suis vraiment demandée si tu n’allais pas rejoindre Derlock.

-Hm. »


Il n’y avait pas besoin de le dire à voix haute, depuis la crise de panique, elles savaient toutes les deux combien Laceli avait peur de lui. La brune haussa les sourcils lorsqu’une idée lui traversa soudainement l’esprit. D’un geste, elle alluma un feu dans la cheminée.


« Vous m’avez rendu mes pouvoirs.

-Je te l’ai dit, Laceli, tu es libre. »


Elsa le disait avec tellement de simplicité, mais pour elle, c’était vertigineux. Elle était libre. Libre de faire ses propres choix, libre de choisir ses combats, libre de tout et cela faisait si longtemps qu’elle ne savait même pas par où commencer.


« Je peux juste… sortir ? Si je veux, j’ouvre cette porte, je traverse le couloir jusqu’à la sortie et personne ne m’arrêtera.

-Absolument personne, je te le promets. »


Son cœur manqua un battement, ou deux. Les larmes lui montèrent de nouveau aux yeux. D’un claquement de doigts elle changea sa tenue sous le regard subjugué d’Elsa :


« Tu es magnifique. »


Les mots étaient sortis tout seul, comme souvent lorsqu’il s’agissait de Laceli. La brune croisa son regard et lui sourit. Même dans la pénombre, la blonde pouvait distinguer la petite fossette sur la joue gauche et les taches de rousseur qui parsemaient sa peau mate. Laceli fit un pas dans sa direction.


« J’ai très envie de t’embrasser, Elsa. »


Ses yeux s’écarquillèrent de surprise.


« J… P… »


Elle sursauta lorsqu’on frappa à la porte. La voix étouffée de l’autre côté du bois appartenait à Mattias.


« Votre Majesté, je suis navré de vous déranger mais il y a eu du mouvement cette nuit.

-Vous pouvez entrer. »


Le capitaine se glissa à l’intérieur de la chambre, son regard fit la navette entre Elsa et Laceli, il salua avec respect. L’ancienne reine s’était recomposée, si elle avait été troublée quelques secondes auparavant, c’était maintenant complètement invisible.


« Du mouvement vous disiez ?

-Nous ne savons pas ce que c’est, Majesté, mais le bateau qu’occupe Derlock était cerné par les vents cette nuit, il y avait aussi beaucoup de lumière. »


Laceli ferma les yeux, sa joie s’envola d’un coup parce qu’elle savait exactement ce que ça signifiait.


« Il a commencé le rituel. 

-Anna… »


Elsa frémit, elle se tourna vers la fenêtre et son regard se porta sur l’océan. Elle serra les poings.


« Capitaine, veillez sur Arendelle. Les soldats de Derlock vont peut-être mener une attaque.

-Bien, Majesté.

-Je vais chercher ma sœur. »


Elle se détourna de la fenêtre et sortit à grandes enjambées de la chambre, Laceli sur ses talons.


« Elsa ! Attends ! »


Mais lorsqu’elle était déterminée, il était difficile de l’arrêter, d’autres avaient déjà essayé.


« Elsa, tu ne pourras pas approcher. Je connais les tempêtes de Lenjo, tu ne pourras pas accéder au navire.

-Mais tu ne me connais pas, moi. »


Lorsque Laceli lui attrapa le bras, l’ancienne reine s’arracha à son emprise avec colère. Elle se retourna pour la clouer du regard.


« Ma sœur est là-bas par ta faute ! Je ne laisserai pas ce monstre lui faire du mal ! Tu peux rester à ne rien faire, je ne te demande rien ! »


Elsa n’attendit aucune réponse, elle fit demi-tour dans un vent glacial. Laceli fit un effort pour retenir la bouffée de colère qui venait de monter, elle avait mérité tout ce qu’elle venait d’entendre mais ça n’empêchait pas la douleur. Elle se retourna, le couloir était vide, Mattias avait eu le tact de disparaitre rapidement.


Son cœur battait à tout rompre, le sentiment d’urgence qui lui étreignait la poitrine la poussa à accélérer le rythme de Nokk. Comme Mattias l’avait dit, un vent incroyable s’était levé autour du bateau de Derlock, le faisant littéralement disparaitre. C’était une tempête étrange qui ne soulevait aucune vague sur l’océan mais qui charriait avec elle assez de débris pour faire un écran efficace. Elsa avait beau insisté, plus elle avançait en direction du navire, plus la vitesse de Nokk diminuait. Le vent formidable qui les repoussait n’avait aucune intention de les laisser approcher. Elle serra les dents et se colla au plus proche du cheval d’eau, offrant le moins de résistance possible pour avancer encore et encore, coûte que coûte, il fallait qu’elle passe. Une rafale puissante fit voler monture et cavalière plusieurs mètres en arrière dans un grand plongeon incontrôlé. Mais Elsa n’avait aucune intention de renoncer, elle rentrerait avec sa sœur et Derlock ne terminerait pas son rituel. Elle se rua une fois de plus à l’intérieur de la tempête pour échouer au même résultat. Qu’importe les tentatives, l’angle, les méthodes, la rage qu’elle y mettait, Elsa plongeait encore et encore dans les eaux glaciales. Elle ignora ses muscles endoloris, bien campée sur un esquif de glace, elle était prête à s’élancer une nouvelle fois, mais à quoi bon. Sa détermination se transformait en stupidité lorsqu’elle en venait à se cogner encore et encore au même mur. Il ne s’agissait pas de dompter un esprit récalcitrant ici, ce n’était pas un défi. Le maitre des lieux ne voulait pas qu’on vienne le déranger, ni elle, ni personne d’autre, pas même une mouette. Elsa serra les poings, l’eau dégoulinait de ses cheveux trempés, elle perdait du temps et de l’énergie. Au lieu de ça, elle aurait pu utiliser les connaissances de Laceli pour dresser un plan de bataille, préparer les troupes, mettre en place une stratégie parce que la prochaine étape, elle en était certaine, serait une attaque en règle de Derlock.


Elsa lui avait arraché la maitrise du feu, pire, elle lui avait volé ce qu’il considérait être comme sa propriété.


Mais Anna était sur ce bateau et la culpabilité de ne pas avoir su la protéger était écrasante. Sa petite sœur était seule, une fois de plus. Les larmes se mêlaient au sel de la mer. Derlock ne pouvait pas gagner, elle ne l’accepterait pas. Mais il fallait qu’elle se rende à l’évidence, elle n’était pas de taille à remporter cette bataille, ou en tout cas, pas toute seule. Et pendant que lui devenait plus fort, elle s’épuisait contre une tempête. Elsa essuya ses larmes d’un revers rageur.

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