Les deux Princes

Chapitre 1 : Le Prince Sous La Mer

2757 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/05/2023 13:31

Avertissement :

Cette fanfiction est très librement inspirée de La Petite Sirène. L'histoire ne représente ici qu'une lointaine référence puisque j'ai changé le genre de quasiment tous les personnages 😅. Cette fiction est un yaoï, maintenant vous êtes prévenus 😉


Les deux Princes, fanfiction dédicacée à Megara, il ne faut JAMAIS me lancer de défi 😉



🐚🐚🐚



Atlantica était désespérément calme ce jour-là, à l'image de toutes les autres journées qui s'écoulaient dans le Royaume Sous-Marin. Sans surprise. Sans danger. Sans intérêt non plus... Ario avait fait l'école buissonnière (comme souvent), cherchant un quelconque divertissement pour interrompre l'affligeante banalité de sa journée. Madame Déprima, la préceptrice sirène qui avait enseigné à tous les fils du Roi, avait cessé depuis longtemps d'essayer de retenir le tumultueux jeune triton ; elle préférait se lamenter de son comportement auprès de son père pour justifier de ses nombreuses demandes d'augmentation de salaire...

- Ralenti, Ario ! Où vas-tu encore ?

La petite poisson Chirurgien Bagnard se faufilait difficilement dans les hautes algues à la suite de son ami ; elle avait pris un peu de poids durant l'hiver et ses rayures verticales bleues et jaunes ne suffisaient plus à affiner sa silhouette.

- Dans l'épave, près de la barrière de corail ! Allez Taie d'Oreiller, avance ! J'ai l'impression d'être suivi par un accra de morue géant...

- Toi qui est athlétique, tu ne m'aiderais pas à perdre quelques grammes, des fois ? J'aimerais nager avec des beaux poissons au Bal des Courants Ascendants... souffla son amie, en le rejoignant après quelques coups de nageoires éprouvants.

- Des beaux poissons ? Comme quoi ? Des Poisson-Globe ? se moqua le prince.

- Très drôle...

- Allez, fais pas la tête, je rigole ! Tu es magnifique telle que tu es ! Il y a plein de poissons qui aiment les femelles qui ont des formes, tu sais...

- Mmmmm... Si tu le dis... haleta Taie d'Oreiller.

Le duo était arrivé à destination : l'épave d'un vieux baleinier, reposant en deux parties dans les fonds marins depuis bientôt un demi-siècle. Recouvert d'algues, le bois vermoulu de l'épave offrait une bonne cachette au prince, qui venait souvent l'explorer, profitant de son éloignement du centre d'Atlantica. Fourrageant dans le bâtiment, suivi de plus-ou-moins prêt par son amie, Ario se mit à explorer les restes d'un coffre, dont il sortit un petit objet en bois :


- Taie d'Oreiller, regarde ! Qu'est-ce donc que cet étrange trésor ?

La petite poisson s'approcha pour examiner l'objet :


- Il me semble que les humains appellent ça une "pipe".

- À quoi cela sert-il, d'après toi ?

- Aucune idée...

- Eurêka doit savoir ! Elle sait toujours tout au sujet des bipèdes...

Le prince mit l'embout creux dans sa bouche et souffla dedans, émerveillé par les bulles sortant de l'autre extrémité de l'objet :


- Je pense qu'il faut souffler dedans, regarde !

- À moins qu'il ne faille aspirer... suggéra Taie d'Oreiller, circonspecte.

- Peu importe... Dans tous les cas, il faut certainement le mettre dans la bouche, ça me paraît évident ! C'est peut-être un "sport" chez les humains ? Je vais le ramener au château !

- Sûrement pas, mon Prince !

La voix provenait d'une silhouette orange, grimpée sur les restes d'un luminaire, au-dessus des deux amis. Ario leva sa tête brusquement et fronça ses sourcils, aussi roux que sa longue chevelure qui flottait gracieusement autour de son visage fin aux yeux verts perçants :


- Sébastienne ! Que fais-tu là ? grogna le prince.

- Rien d'autre que mon devoir ! Je ne fais que servir mon Roi... Il m'a ordonné de vous retrouver, vil têtard !

- Je ne suis plus un enfant...

- Vous n'êtes pas un adulte non plus, mon Prince ! Pas encore... répondit la décapode.

- Je le serais dans moins de six mois, Sébastienne ! Et alors tu n'auras plus aucune autorité sur moi.

- C'est ce que vous croyez, jeune triton. Il est temps de rentrer, votre père veut s'entretenir avec vous...

Ario ne protesta pas davantage, il savait que face à son père, le Roi, la parole de sa conseillère Crabe aurait plus de valeur que la sienne. Il fit donc demi-tour et retourna vers le château, la queue ballante.


🧜🧜🧜


Les rayons du soleil qui perçaient au travers des eaux limpides d'Atlantica se reflétaient avec ardeur sur les écailles bleues et vertes de la queue du jeune prince, la faisant étinceler devant le regard avide de quelques prétendantes venues l'accueillirent. Comme à son habitude, Ario ignora leurs compliments intéressés. A ses yeux, elles étaient semblables à un banc de requins blancs, toutes aussi affamées... L'appétit du jeune triton, lui, n'était pas tourné vers leur genre, mais Ario se gardait bien de l'avouer à qui que ce soit, se ce n'était à Taie d'Oreiller, sa seule véritable amie.

La salle du trône était un endroit qui avait toujours impressionné et même effrayé Ario... Les sombres colonnes qui encerclaient l'endroit lui faisaient l'impression de se trouver dans une cage, à la merci d'un dangereux prédateur. Le dangereux prédateur en question était son père, le Roi Triton, posé sur son immense trône. Assis bien droit en son centre, l'immense carrure de son père le toisait avec sévérité. Sa couronne, dressée fièrement sur sa tête aux longs cheveux blancs, finissait d'agrandir sa stature. Ario se sentait de plus en plus chétif à mesure qu'il approchait du trône, précédé par Sébastienne :


- Majesté... J'ai retrouvé le jeune prince dans l'épave du navire bipède, en dehors des frontières de votre royaume, mon Roi.

Celui-ci reporta son attention sur son immense trident, symbole de sa puissance. Il le tournait compulsivement entre ses mains, comme il le faisait chaque fois qu'il inondait de colère... La conseillère Crabe se retira rapidement de la pièce, ne souhaitant pas devenir une victime collatérale du courroux du Roi Sous La Mer. N'ayant pas l'opportunité d'en faire autant, Ario s'approcha et s'inclina :


- Père, j'étais juste parti explorer l'épave, j'allais rentrer lorsque Sébastienne est arrivée !

- De mes sept fils, tu es le seul à oser me désobéir, Ario ! Ce royaume ne perdure que parce que nous avons des règles et que nous les respectons. Tu ne prêtes aucune attention à nos règles, pas plus qu'à tes obligations et encore moins aux concubines. Ton anniversaire approche et tu n'as toujours choisi aucune épouse...

- Mais Père, je ne souhaite pas me marier !

- Tu sembles pourtant impatient de célébrer ta majorité...

- Afin d'aller à la surface observer les bateaux, Père, c'est tout !

Ario su qu'il était allé trop loin au simple fait que son père se leva brusquement. Il planta rageusement son trident dans le sable et s'approcha de son fils si vite qu'Ario cru qu'il allait le percuter :


- Encore cette obsession des bipèdes ! Il n'y a donc que cela qui te questionne ? Les humains ?

- Je les trouve fascinants, Père. Si seulement vous pouviez m'autoriser à aller à la surface, je...

- Ça suffit ! Je ne veux plus t'entendre mentionner les humains, est-ce clair ? Tu n'auras aucun passe-droit ! Tu attendras encore six mois d'avoir dix-neuf ans pour être majeur et aller à la surface observer les bateaux. D'ici là, interdiction formelle de te dérober aux leçons de Madame Déprima ou de retourner dans cette épave.

- Mais, Père...

- Non ! Ta curiosité est déplacée, Ario ! Tout comme tes... Préférences... Ne crois pas que je n'ai rien remarqué, mon fils ! Les concubines m'ont rapportées que tu refusais qu'elles s'occupent de toi.

Les yeux d'Ario s'écarquillèrent aux déclarations de son père. Lui qui avait pris soin de dissimuler son attirance pour les autres tritons avait été trahi par les concubines de ses frères. Parmi elles, les seules sirènes du Royaume (en dehors des épouses légitimes) autorisées à satisfaire les fils du Roi, se trouvaient de terribles prétendantes, visiblement prêtes à toutes les trahisons pour se marier avec le dernier des fils du Roi et ainsi changer de statut.

- Père, aucune des concubines ne...

- J'ai dit, ça suffit, Ario ! Si tu ne te choisis pas une épouse, comme l'ont fait chacun de tes frères, je choisirais pour toi ! Il n'y aura aucune alliance contre-nature, suis-je clair ? Maintenant, va !


🔱🔱🔱


- Alors, alors ? Qu'est-ce qu'il a dit ?

Taie d'Oreiller, qui avait attendue dehors, emboîta la nageoire au jeune prince, qui filait vers sa chambre, dépité.

- Laisse-moi, s'il te plaît... le congédia tristement le jeune triton.

Ario avait juste envie de pleurer. Évacuer toute sa frustration, sa colère et son désespoir... Il s'enferma dans la chambre du palais qu'il avait autrefois partagé avec ses frères, désormais tous mariés.

Andrino, son aîné d'un an, avait été le dernier à épouser une des nombreuses concubines. Son choix n'avait surpris personne ; lors de toutes les remontées, il avait très tôt démontré une préférence envers l'une des sœurs Kardashocéan. Kourtna avait donc changé de statut, passant de simple concubine à Princesse d'Atlantica. Elle ne deviendrait jamais Reine cependant, cet honneur serait réservé à Katrina, l'épouse de son plus grand frère, Atino, aîné des fils de Triton.

Ario était resté proche d'Andrino, tout comme il était resté proche d'Aristo et d'Aquato ; ceux qui avaient partagé les derniers la Suite Princière. Ario était beaucoup moins proche d'Adelo, Alano et Atino, les trois plus âgés de ses frères. Ceux-là se moquaient systématiquement de lui lors des remontées.

Les remontées, comme leur nom le laissait entendre, consistaient à remonter à la surface pour regagner une quelconque crique ou plage déserte afin de s'adonner aux plaisirs charnels. Les couples mariés, qui se rendaient eux aussi à la surface, ne faisaient que consommer une union légale, sous le nom de sortie nuptiale. Les remontées, quant à elles, consistaient à multiplier les rapports intimes avec une multitude de concubines. Tous les princes y participaient, mariés ou non, dès l'âge de seize ans et c'est lors de ces remontées que les célibataires choisissaient, classiquement, leur future épouse parmi celles qui leur procuraient le plus de plaisir. C'était lors de sa première remontée qu'Ario avait compris qu'il n'était pas comme ses frères... Aucune des sirènes ne parvenait à lui provoquer une quelconque excitation, peu importe les efforts qu'elles déployaient pour y parvenir.

Remontée après remontée, cette tendance s'était confirmée et Ario avait découvert l'origine du problème durant une simple promenade au marché d'Atlantica.

Un triton de son âge avait attiré son regard et Ario avait détaillé avidement le corps de ce dernier, se découvrant un émoi embarrassant à la vue de ses abdominaux et de la naissance de sa queue. Ario avait compris. Il préférait les tritons aux sirènes...

Une préférence qu'il avait soigneusement dissimulée et dont il n'avait fait part qu'à la petite poisson. Taie d'Oreiller ne s'en était pas offusquée, à l'inverse de son père, qui venait de lui avouer que jamais il n'accepterait cette particularité. Pourtant, cette particularité le définissait, elle faisait partie de lui. Il était ainsi. Cela ne portait pas de nom sous la mer, si ce n'était infamie.

Ario ne se sentait pas infâme toutefois. Il était poli, bien élevé, passionné, généreux, curieux et déterminé. Des qualités qu'il aurait voulu partager avec quelqu'un. Quelqu'un qui l'attirerait et qu'il attirerait en retour... Noyé dans ses pensées, Ario n'avait pas entendu son frère, Andrino, s'approcher :


- Que fais-tu, mon frère ? Le bruit court que Père t'a encore sermonné à propos de tes escapades...

Andrino était aussi blond qu'Ario était roux, mais ses cheveux étaient nettement plus courts et son allure, nettement moins athlétique...

- Père ne veut pas que j'aille à la surface observer les humains...

- Tu n'es pas encore majeur, rien d'étonnant à ça ! Qu'a-t-il dit d'autre ? C'est l'effervescence chez les concubines...

- Père insiste pour que je choisisse l'une d'entre elles ! Mais aucune ne me plaît, Andrino...

Son aîné vint s'asseoir aux côtés d'Ario et posa une main amicale sur son épaule :


- Écoute, Ario... Certaines sirènes aiment, euh... Certaines pratiques, susceptibles de te plaire... Koraya ou... Ou Klamydia, par exemple... Tu devrais leur laisser une chance !

- Andrino... soupira son frère.

- Quel est le problème, Ario ? À ton âge, tu aurais déjà dû essayer toutes les concubines sans exception ! Ne sois pas si timide, elles adorent ça...

- Je préfère les tritons ! répondit abruptement le plus jeune.

Andrino resta muet quelques instants, fixant son petit frère comme s'il le voyait pour la première fois :


- Ah... Ario... La curiosité est... Une chose naturelle, mon frère, mais... Tu ne trouveras aucun triton à Atlantica pour, euh... Tu devrais oublier cette idée ! Je vais organiser une remontée dans deux lunes pour te changer les idées, d'accord ? D'ici là, je vais essayer de recruter de nouvelles concubines ! Si Poséïdon le veut, elles trouveront grâce à tes yeux !

Après avoir posé un bisou sur la joue de son frère, Andrino quitta la pièce d'un coup de nageoire vigoureux. Ario ne doutait pas une seconde que son aîné allait écumer Atlantica à la recherche de nouvelles sirènes à ajouter au Harem Princier sitôt sorti de la chambre. Andrino était un frère aimant et dévoué, mais il ne comprenait rien...

Ario libéra les larmes qu'il retenait depuis son entrevue avec le Roi, et Taie d'Oreiller en profita pour venir caresser sa joue avec sa nageoire pectorale :


- Ario... Que se passe-t-il ?

- J'étouffe ici, Taie d'Oreiller !

- Que comptes-tu faire ? T'enfuir vers un autre Royaume ? Je ne suis pas sûre que l'eau soit plus bleue ailleurs, tu sais...

- Je vais aller à la surface. Ce soir !

- Qu... Quoi ? Comment ça, aller à la surface ? Le Roi ne vient-il pas de te l'interdire formellement ? Il est plutôt patient avec toi parce que tu es son plus jeune fils, mais si tu continues à le défier comme ça... Non seulement il va déchaîner sa colère contre toi, mais moi je vais finir en Bouillabaisse... Hors de question ! Et puis de toute façon, Sébastienne va te surveiller comme jamais maintenant.

Taie d'Oreiller était une amie fidèle et précieuse, mais elle non plus ne comprenait rien. Le jeune triton laissa ses larmes se tarirent et se rassit posément :


- Tu as raison, mon amie. Je vais... Je vais rester ici jusqu'à demain, le temps que mon père se calme.

- Sage décision ! Tu veux que je t'emmène à manger ?

- Merci, Taie d'Oreiller, heureusement que tu es là !

- Entendu... Je vais te chercher ça et après j'irais nager dans les anémones fourchues ; on se retrouvera demain, chez Madame Déprima ?

- On fait comme ça ! répondit Ario avec un timide sourire.

Oui. Ario allait manger un morceau, puis il s'évaderait ! Ce ne serait pas la première fois. Sauf que cette fois-ci, il irait à la surface observer les bateaux humains. Il connaissait leurs trajectoires dans cette partie de l'Océan, Eurêka lui avait enseigné. Tromper la vigilance de Sébastienne ne serait pas compliqué, il suffirait de laisser traîner de la nourriture un peu plus loin dans le couloir. Ça aussi, il l'avait déjà fait.

Ce soir, sa vie allait changer !



***** Hello! Voici le 1er chapitre de mon two-shot inspiré par La Petite Sirène 😅. Pour la petite histoire, cette idée est venue d'un défi que l'on m'a lancé, mais au départ, c'est un banal fanart qui a attiré mon attention, lequel est visible sur le forum du site, sur le topic dédié à cette fic !

Voilà, j'espère que l'idée vous plaît 😊. La suite bientôt ☺️. Bonne semaine à tous 🧜🏽‍♂️ ***** 

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