Le Labyrinthe : La dernière chance
Quelques heures s’étaient écoulées depuis que Newt était rentré dans le Labyrinthe. Le jeune garçon courait sans s’arrêter. Malgré sa jambe en piteux état, il avançait du mieux qu’il pouvait sans jamais se retourner. Il s’essoufflait vite et son rythme cardiaque s’accélérait de plus en plus. Il était fatigué. Ses jambes et ses bras étaient devenus lourds, très lourds au point qu’on aurait dit qu’il menaçait de s’écrouler à chaque pas qu’il exécutait. Mais tout en courant il repensait à Elisabeth. Cette mystérieuse jeune fille qui avait capturé son cœur. Il l’aimait. Il le savait. Ce sentiment inconnu l’avait submergé. Il ne l’avait jamais ressenti encore mais pourtant cela lui paru familier. Il voulait tout faire pour elle. Il n’osa point imaginer si elle avait succombé à la piqure.
Tout autour de lui, les murs du Labyrinthe se ressemblaient tous. Il voulu essayer de se rappeler de la technique pour retrouver son chemin que tous les coureurs utilisaient mais il en fut incapable. Ce souvenir datait de trop longtemps. Newt ne savait pas quelle heure il était et cela le gênait. Il était rentré dans le Labyrinthe sans prendre le temps de bien s’habiller et de s’armer. En plus de ne pas avoir de montre pour éviter de se faire piéger dans le Labyrinthe, il ne pourrait pas non plus faire face à un Griffeur.
Il essaya de ne plus penser à la débilité de son impatience et accéléra le pas.
Quelques minutes plus tard, le jeune garçon arriva à une impasse. Il fit donc demi-tour avant de se rendre compte qu’il était perdu. Il commença à paniquer et à réfléchir à ce que ferait Minho à sa place. Des souvenirs douloureux remontèrent en lui. Il eut les larmes aux yeux. Mais où donc pouvait bien être caché ce remède ?
* * *
La jeune fille ouvrit les yeux. Une partie de sa mémoire était revenue comme par magie. Pourquoi maintenant ? Tant de questions sans réponses. Elle repensa à ses souvenirs. Surtout au dernier. Newt était son frère. Elle ne pouvait donc pas l’aimer. Elle secoua sa tête pour ne plus y penser. Elle essaya de se relever, doucement, pensant à sa piqure qui lui ferait une souffrance insupportable si elle se relevait trop vite. Mais encore, comme par magie, elle ne ressentit aucune douleur. Elisabeth releva rapidement son haut et découvrit l’absence de sa piqure. Elle écarquilla instinctivement les yeux avant d’être prise d’une douleur à la tête. Cette douleur lui fit fermer les yeux et lui montra un dernier souvenir. C’était elle, avalant un flacon de couleur bleu. Il n’y avait que cette image, sans son.
A peine les yeux rouverts, elle sut instantanément ce que cela voulait dire.
La couleur du liquide du flacon était bleue. Bleu comme le ciel ? Bleu comme la mer ? Non. Bleu comme le sang des Griffeurs. Elle avait bu un flacon de sang de Griffeur. Comment avait-elle réussi à déduire cela ? Elle ne le savait pas vraiment. Mais ce qui la surprenait le plus c’est comment elle avait réussi à en déduire la phrase suivante : après avoir vu le flacon mais aussi la disparition de sa piqure, elle pouvait se régénérer, elle possédait une sorte de antidote contre les piqures. Cela semblait improbable certes, mais si elle avait réussit à combattre la piqure alors qu’elle n’avait bu que du sang de Griffeur, cela voulait dire que le sang de ces créatures était un remède contre leur venin. Elle avait le remède en elle. Elle en était maintenant sûre. Après s’être remis de cette révélation, elle réalisa qu’elle était toute seule dans cette cabane et que surtout, Newt était rentré dans le Labyrinthe.
* * *
La nuit commençait à tomber. Newt devait se rendre à l’évidence, continuer ne servait plus à rien. Il ne savait pas quelle heure il était, ni à quelle distance de la sortie il était. Il devait la retrouver au plus vite pour ne pas se faire coincé dans ce Labyrinthe de la mort. C’était la seule solution pour ne pas mourir dans quelques heures. Son cœur était quand même serré. Il avait échoué. Cela faisait presque une journée qu’il avait sillonné le Labyrinthe de long en large, sans trouver le moindre indice sur une sortie ou sur un remède. Un remède qui était peut être inexistant. Le jeune garçon s’arrêta quelques secondes et s’adossa contre un mur. Qu’allait-il faire s’il revenait les mains vides ? Si Elisabeth était morte alors que lui, était loin d’elle, il ne pourrait pas se le pardonner.
Soudain, il sentit une épine derrière lui qui s’enfonça dans son dos. Une douleur infernale suivit. Il se retourna rapidement et découvrit l’origine de l’épine. C’était une épine de Griffeur. Ce monstre avait réussi à les enfoncer à travers le mur. A peine eut-t-il le temps de réaliser cela, que le mur derrière lui s’effondra pour laisser place à la créature géante. Le jeune garçon roula par terre dans les débris de murs et hurla de douleur. Il se releva rapidement malgré cette douleur qu’il ressentait. Il se tenait désormais devant le Griffeur, blessé et avec pour unique arme, l’espoir de revoir Elisabeth vivante.
* * *
Elisabeth sortit de son lit en un quart de seconde et farfouilla dans la petite caisse qui se trouvait à l’intérieur de la Ferme. Elle déballa toutes les affaires et finit par trouver ce qu’elle cherchait : son pistolet. En le prenant, elle laissa tomber un autre objet. Elle le dévisagea en souriant. Elle tenait dans ses mains le petit ourson qu’elle avait donné à Newt quand ils étaient petits. Elle le rangea dans sa poche en s’efforçant de se rappeler qu’il n’était d’autre que son frère. Elle sortit du dortoir en courant. Le ciel s’était assombri, la nuit s’installa. Elle remarqua un rassemblement auprès des portes. Elle s’écria ‘Newt’ avant de piquer un sprint jusqu’aux adolescents. Quand la jeune fille y fut arrivée, elle poussa violemment les adolescents pour parvenir jusqu’à Gally qui était le plus proche de la porte. Celui-ci, surpris, voulu prendre la parole mais Elisabeth réagit avant.
« Newt… » murmura-t-elle d’un ton désespéré.
« Il ne lui reste plus beaucoup de temps. » répondit Gally sur le même ton.
Elisabeth eut les larmes aux yeux.
« Il y a forcément quelque chose à faire ! » ajouta-t-elle plus fort.
Gally objecta.
« J’y vais. » lança la jeune fille.
Elle voulut rentrer dans le Labyrinthe mais Gally la retint par le bras.
« Vous voulez être deux à mourir ?! »
Elisabeth recula et enleva sa main de son bras.
« C’est vrai que toi tu ne peux pas comprendre ce sentiment. »
Gally la regarda dans les yeux.
« Je sais ce que c’est l’amour Lizzie, mais ça ce n’est pas de l’amour, c’est du suicide.
- Peut être que le suicide c’est de rester enfermé ici avec toi. » ironisa-t-elle.
« Tu peux penser ce que tu veux, vivre c’est être à l’abri du danger. Et quand ces portes vont se fermer, plus personne n’aura envie de sortir et on pourra vivre en paix.
- Donc ce que tu attends c’est que Newt ne rentre pas ? Tu parles d’un ami !
- Newt a fait une erreur. Au moins comme ça tout le monde saura que sortir du Bloc est une erreur fatale. »
Elisabeth regarda le garçon d’un air dégouté. Ce garçon la répugnait.
* * *
Newt était paralysé. Le Griffeur en profita pour lui donner un coup de patte ce qui le plaqua à terre. Malgré ses blessures de plus en plus importantes, Newt se releva. Il réussit à esquiver une deuxième attaque puis contourna le Griffeur. Il savait qu’il n’arriverait jamais à le battre sans arme alors il préféra le contourner et éviter la bagarre. Il se mit à courir, désespéré. Le Griffeur fit de même. Le garçon se retourna sans s’arrêter et lui lança un débris de pierre qu’il avait ramassé. Ce débris ne lui fit aucun dommage mais la surprise le fit ralentir ce qui permit à Newt de prendre de l’avance. A un coin, le garçon tourna le plus rapidement possible. Des cris retentirent. Il leva la tête.
Elisabeth, Gally et tous les autres hurlaient son nom. Il était aux portes du Bloc. Il ne lui restait plus qu’une ligne droite. Bien sûr, le Griffeur était juste derrière et effraya les adolescents. Il sourit et reprit du courage.
Malheureusement cela ne dura pas longtemps. Les portes étaient en train de se refermer. Elisabeth hurla le plus fort, Gally la suivait. Il ne lui restait que quelques secondes. La jeune fille sortit alors son pistolet et bombarda le Griffeur. Celui-ci s’effondra par terre. Les balles filaient pendant que les portes se refermaient. Une des balles ne toucha pas le Griffeur mais l’épaule de Newt, qui s’étala lui aussi par terre. Elisabeth et les adolescents crièrent. Le griffeur agonisa puis s’éteint rapidement. Newt demeurait au sol à côté de lui. Elisabeth n’hésita pas. Elle traversa les portes qui se refermaient maintenant sur elle et se rua vers Newt.
Les portes du Labyrinthe étaient maintenant closes.
* * *
Newt gisait sur le sol. Ses blessures étaient tellement importantes que le pauvre ne pouvait se relever. Elisabeth était à ses pieds, pleurant à chaud de larmes. Elle venait de lui tirer une balle dans l’épaule, il pouvait mourir à tout moment d’une hémorragie. La jeune fille déchira un bout de son t-shirt et compressa la plaie pour l’arrêter. Puis elle lui enroula le bandage autour du bras pour mieux le soutenir. Elle remarqua ensuite une tache noire au milieu de son dos. « Une piqure de Griffeur » se dit-elle. Il avait donc besoin de sang de Griffeur. Elisabeth devait faire vite. Elle se précipita sur la bête et essaya d’extraire le plus de sang possible. Le garçon murmura son nom et une phrase inaudible. Quand Elisabeth fut à côté de lui, elle lui donna le sang du monstre qu’elle avait sur ses doigts. Celui-ci ne comprit pas l’utilité de son geste mais accepta, désespérément. Elle fit beaucoup d’aller-retour. Newt tendit sa main que la jeune fille attrapa. Avec un regard attendrissant, mais un visage effrayé, il lui marmonna :
« Tu viens de signer ton arrêt de mort… »
Puis il essuya quelques larmes sur le visage d’Elisabeth avant de s’évanouir.
La nuit était maintenant installée, les Griffeurs marchaient au loin.
Elisabeth était armée, mais son compagnon ne l’était pas. En plus il venait de s’évanouir. Comment allait-t-elle faire pour arriver à le sauver et à se sauver elle-même ? Cette question lui trottait dans sa tête sans avoir la moindre réponse. Un bruit sourd résonna près d’elle. Elle sursauta et emporta son compagnon du mieux qu’elle put pour trouver une cachette. Ses mains étaient encore ensanglantées et son corps tremblait comme une feuille au vent. Elle s’était montrée courageuse depuis le début de cette aventure, mais la peur de perdre Newt était plus fort que tout. Elle entendit les bruits mécaniques des créatures qui se rapprochaient d’elle de plus en plus. Elle frissonna. Soudain le garçon glissa de ses mains et tomba sur le sol. La jeune fille le rattrapa assez vite mais le choc l’avait réveillé. Miraculeusement, on aurait dit qu’il se sentait un peu mieux. La piqure de Griffeur disparaissait petit à petit et l’épaule du garçon avait arrêté de saigner. Ils se dirigèrent ensemble vers une impasse où un passage sous le mur était dessiné. Ils s’y faufilèrent tous les deux, serrés l’un contre l’autre. Newt s’efforça de ne pas demander à Elisabeth comment elle pouvait être vivante à cette heure-là, mais encore, comment sa piqure de Griffeur avait disparue. Il se dit qu’il en aurait le temps après, quand leur vie ne serait plus en danger. En tout cas, il voulait y croire. Newt sentit la jeune fille trembler. Il enroula ses mains autour de son corps comme pour lui promettre que tout ira bien. La jeune fille versa une larme et ferma les yeux. Ils entendirent soudain des bruits de plus en plus proches. Les deux adolescents retinrent leur respiration. Un griffeur était juste à coté d’eux.
Le monstre géant ne bougeait pas. Elisabeth et Newt pouvaient voir le bas de ses pattes, imposantes et mécaniques. La peur au ventre, les deux adolescents ne firent aucun bruit. Soudain, une des pattes du Griffeur s’approcha dangereusement du trou où ils étaient cachés. A moins d’un mètre d’Elisabeth se tenait cette patte mécanique, en mouvement, prêt à la toucher. La jeune fille avait les yeux dilatés. On pouvait voir dans son regard la peur, la panique et le désespoir. Ils avaient peu de chance de s’en sortir. Le monstre étant toujours à leurs pieds, ils reprirent doucement leur respiration. Leur cœur battait la chamade, le son des pattes mécaniques les fit trembler et frissonner à nouveau.
Les secondes leur paraissaient des heures, les minutes, une éternité. Elisabeth voulait dégainer son pistolet mais elle savait que si elle bougeait, s’en était la fin. Les adolescents devaient attendre que le monstre s’en aille, c’était la seule solution. Newt n’en pouvait plus. Il voulut s’emparer du pistolet de sa partenaire mais au même moment, le Griffeur retira sa patte du trou. Newt et Elisabeth soufflèrent doucement. La bête ne partit point, loin de là, et frappa le mur de toutes ses forces avec ses pattes. Le mur s’écroula alors que les adolescents étaient en-dessous. Elisabeth s’évanouie sous la violence du choc. Newt en revanche, faisait face au Griffeur, seul et blessé.
Le monstre fit valser ses pattes en direction du garçon. Celui-ci roula sur le sol avec la jeune fille, ce qui lui permit d’éviter les coups. Il savait ce qu’il fallait faire : saisir le pistolet d’Elisabeth. Mais quand cette pensée lui vint à l’esprit, c’était déjà trop tard. Le Griffeur le frappa d’un coup de patte et s’empara de la jeune fille. Avec un cri de désespoir, Newt se rua vers le monstre et lui donna une multitude de coups dans le corps. La jeune fille, toujours évanouie, tomba des pattes du Griffeur et atterrie dans les bras de son partenaire. Le monstre recula de quelques mètres. Assez pour que le garçon, actionnant le pistolet, le cribla de balles. Sous les coups, le Griffeur succomba. Newt se rapprocha rapidement d’Elisabeth. Exténué et couvert de blessures, le garçon s’écroula près de la jeune fille. Il finit par fermer les yeux. Au même moment, il entendit un souffle léger. Un mince filet d’air sortait de la bouche d’Elisabeth. Newt était rassuré, sa partenaire était toujours vivante.
Quelques heures passèrent, aucun Griffeur n’avait rejoint les adolescents, à terre. Newt et Elisabeth étaient allongés, inconscients, en plein milieu d’une allée, la mort les guettant. Au bout d’un certain temps, le jeune garçon se réveilla et secoua délicatement sa partenaire pour la ranimer. Quand la jeune fille reprit ses esprits, ils s’installèrent contre un mur, l’un près de l’autre.
« Je voulais attendre qu’on soit en sécurité pour te parler, mais vu la situation, c’est maintenant où jamais. »
Elisabeth le regarda avec tendresse. Il enchaîna :
« Comment peux-tu être en vie Lizzie ? »
La jeune fille se rapprocha de Newt.
« Pendant que je dormais, j’ai eu des visions de mon passé. »
D’un air intéressé, le garçon leva les yeux vers elle. La jeune fille continua.
« J’étais face à ceux qui nous ont piégés ici : les créateurs. Je n’ai pas vu leur visage malheureusement. Mais avant qu’ils m’enferment ici avec vous, j’ai avalé le contenu d’un flacon. »
Elle marqua une pause de quelques secondes comme si cette vérité était dure à imaginer.
« C’était un flacon rempli de sang de Griffeur. »
Newt écarquilla les yeux. Il ne réagit pas, trop perturbé par ce qu’il venait d’entendre.
« C’est le remède Newt. Et c’est pour cela que j’ai vidé le Griffeur de son sang pour te le donner.
- Et c’est donc pour cela que je me suis senti mieux, ma piqure a disparu. » répliqua Newt, un peu sonné.
Elisabeth hocha la tête.
« C’est tout ce que tu as vu dans tes visions ? » demanda le garçon.
Elisabeth ne réagit pas. Que faire ? Lui dire la vérité ? Non, elle ne voulait pas. Elle voulait d’abord approfondir les sentiments qu’elle éprouvait.
« Oui. En tout cas de ce que je m’en rappelle. » mentit la jeune fille.
Un silence suivit. Newt finit par le rompre.
« J’ai bu du sang de Griffeur aussi. Et pourtant je n’ai pas eu de visions de mon passé. »
Elisabeth lui répondit qu’elle ne savait pas pourquoi, lui, n’avait rien vu.
« Pourquoi tu es venue risquer ta vie dans ce foutu Labyrinthe ? Tu pouvais rester à l’abri au Bloc. » Reprit le jeune garçon.
La jeune fille sourit. Newt continua.
« Enfin je sais que Gally n’est pas la meilleure compagnie mais bon… »
Les deux adolescents rigolèrent de bon cœur. Newt prit la main de sa partenaire.
« C’est facile, enchaîna Elisabeth, c’était pour toi. »
« Tu es folle. » marmonna-t-il.
« Je suis folle ? Tu plaisantes ! répliqua-t-elle. Rappelle-moi, qui est rentré dans le Labyrinthe pour aller chercher un remède quasiment inexistant et à risquer sa vie juste…
- Pour la plus courageuse, merveilleuse, charmante, persévérante, passionnante, intelligente des personnes que j’ai pu rencontrer dans cette prison. » la coupa Newt.
La jeune fille esquissa un sourire au coin de la bouche. Newt enchaîna :
« Est-ce que j’ai mis assez d’adjectives ?
- Je pense que tu as oublié ‘parfaite’. » répondit-elle d’un ton ironique.
Puis, devant le regard intense de son partenaire, Elisabeth approcha doucement ses lèvres des siennes. Newt fit de même. Les deux adolescents s’embrassèrent sous la nuit noire du Labyrinthe.
Un bruit lointain vint gâcher leur précieux moment. Elisabeth s’adressa à Newt.
« Qu’est-ce qui se passe ? »
Avant que Newt puisse répondre, le sol se mit à trembler violemment. La jeune fille s’accrocha au garçon.
« Les murs. Ils se déplacent. » répondit-t-il.
Le tremblement et le bruit étaient insupportables. A tel point que la jeune fille n’avait pas entendu ce que Newt disait.
« Pardon ?! » hurla-t-elle.
« Les murs du Labyrinthe se déplacent. » répéta le garçon beaucoup plus fort.
La jeune fille se releva aussitôt.
« Qu’est-ce que tu fais ? » lui cria son compagnon.
« Trouver la sortie de ce foutu Labyrinthe. » lui répondit-elle.
« Lizzie, on est à moitié mort ! » répliqua le garçon en lui montrant ses blessures.
La jeune fille releva Newt et répondit à son oreille.
« Minho m’avait expliqué que la sortie était introuvable car chaque nuit les murs d’une zone bougeaient. Mais il n’y a que les murs secondaires qui bougent, pas les murs principaux. Ce qui veut dire que la sortie se trouve sur un des murs secondaires qui se déplace la nuit et qui est impossible à trouver le jour. On a la chance d’être ici pendant cet évènement. Ne la gâchons pas.
- Et là, c’est quelle zone qui bouge ? » demanda, sceptique, le jeune garçon.
« La zone 1. » répondit haut et fort la jeune fille.
A moitié convaincu, Newt suivit sa partenaire, se frayant un chemin parmi les allées du Labyrinthe.
Cela faisait déjà une demi-heure que les adolescents couraient. Le sol tremblait toujours aussi fort et le bruit était toujours aussi insupportable. Ils s’essoufflèrent vite. Leurs blessures devenaient de moins en moins supportables. Ils savaient qu’ils ne tiendraient pas longtemps. A un moment donné, Newt regarda un mur qu’ils venaient de franchir. Le chiffre 2 y était peint en rouge. « La zone 2 » se dit-il. Ils ne devaient plus être loin de la zone 1. Quelques minutes plus tard, ils venaient enfin d’y pénétrer. Comme prévu, les murs de cette zone étaient en train de changer de place. C’était dangereux de s’y attarder, mais Newt et Elisabeth n’avaient pas peur. En tout cas, pas des murs. Ils avaient beaucoup plus peur d’un éventuel Griffeur qui pourrait rôder dans cette zone. Ils restaient l’un à côté de l’autre. Il ne valait mieux pas se séparer.
Soudain, un mur se posa en face d’eux. Ils étaient maintenant dans une impasse. A peine avaient-ils eut l’idée de rebrousser le chemin qu’un autre se mit à leur opposé. Avec quatre murs entourant les adolescents de chaque coté, aucune issue n’apparaissait. La panique s’installa chez eux. C’était fini. Ils étaient emprisonnés. Avant qu’ils ne réalisent la gravité de la situation, les murs les entourant commencèrent à trembler. Puis, quelques secondes plus tard, ils se refermèrent doucement sur eux. Avec des yeux exorbités, Newt et Elisabeth réfléchirent du plus vite qu’ils pouvaient pour trouver une sortie. Mais au bout de quelques secondes, aucun des deux n’avaient trouvé de solutions. Elisabeth avait les larmes aux yeux. Newt ne voulait pas abandonner. Ils étaient allés trop loin pour abandonner. C’est alors que le garçon se souvint du précieux jour où il avait perdu sa jambe droite. Il était monté sur les lianes qui étaient accrochées au mur. Il avait été surpris qu’elles n’atteignent pas le haut et c’est pour cela qu’il était tombé. Mais voilà, la situation était grave. Il fallait qu’il s’échappe ou du moins, essayer. Newt expliqua rapidement à Elisabeth ce qu’il prévoyait de faire. Le risque était important mais c’était la seule possibilité. Elle acquiesça et ensemble, ils grimpèrent sur les lianes et montèrent rapidement. Les murs se rapprochaient de plus en plus. Les adolescents avaient peur. Peur de monter trop lentement. Peur que leur action soit inutile. Soudain, Elisabeth dérapa et faillit tomber. Newt l’avait rattrapée juste à temps. Avec les blessures qu’elle portait, elle se serait tuée en tombant. Le temps pressait. Les murs avaient presque finis de se refermer et Newt et Elisabeth avaient aussi bientôt fini de monter. Mais le jeune garçon savait ce qu’ils les attendaient. Après quelques secondes, Newt qui était devant la jeune fille, s’arrêta brusquement. Les lianes s’arrêtaient bien avant le haut du mur. Le garçon ne savait que faire. Sa partenaire le rejoignit. Les murs n’étaient plus qu’à deux mètres d’eux. Les adolescents crurent que c’était la fin.
Quelques secondes plus tard, les murs s’arrêtèrent. A un mètre près, Newt et Elisabeth ne fut pas écrasés. Ils éprouvèrent un grand soulagement avant de se rendre compte qu’ils ne pouvaient pas rester dans cette position longtemps à cause de leurs blessures. Newt redescendit doucement. Elisabeth, elle, resta un tout petit peu plus longtemps ce qui lui permis de remarquer une anomalie. Elle appela rapidement Newt et l’invita à voir ce qu’elle avait aperçu. Sur le mur d’en face, derrière les lianes, se cachait quelque chose. Curieuse de nature, elle tendit la main le plus loin qu’elle put pour découvrir ce qu’il en était. C’était un petit papier. Ils le lurent : ‘Tuer’. C’est tout ce qui était marqué dessus. Juste un mot. Les deux adolescents se regardèrent puis redescendirent. Avec le peu de place qu’ils avaient, ils s’assirent au sol, appuyés contre le mur.
« Qu’est ce que cela veut dire ? » demanda Elisabeth l’air interrogateur.
« Je ne sais pas plus que toi… » répondit le jeune garçon doucement.
« Cela sert forcement à quelque chose. Dans le genre, un indice pour trouver une sortie. »
Newt soupira. La jeune fille lui tapa sur l’épaule presque indemne. Celui-ci poussa un petit cri pour exprimer sa douleur.
« Tu n’as pas le droit de soupirer Newt ! C’est le meilleur indice que vous avez trouvé en trois ans ! Tu ne vas pas me dire que ne t’y crois pas !
- Non, je n’y crois pas. Lizzie c’est trop gros. Tu débarques ici et en trois jours tu découvres plus que ce que l’on a découvert en trois ans. Comment c’est possible ? » répondit le garçon, un peu perplexe.
« Newt ! C’est un bout de papier qui désigne un code ou quelque chose comme ça. Je n’ai pas trouvé la sortie. C’est au contraire trop peu pour ce qu’on vient de traverser. » enchaîna la jeune fille accablée par le manque d’espoir de son compagnon.
Le garçon enlaça et embrassa la jeune fille. Ils restèrent enlacés pendant le reste de la nuit à s’embrasser en ne pensant à rien d’autre que leur amour.
* * *
Le jour se leva rapidement sur le Labyrinthe. Newt et Elisabeth s’étaient endormis au pied du mur. Le jour étant levé, les Griffeurs devaient être partis. Il fallait maintenant rentrer au Bloc. Les deux adolescents étaient mal en point. Avec la nuit qu’ils avaient passée, ils étaient bien exténués. N’ayant plus la force de courir, Newt et Elisabeth marchèrent en direction du Bloc. Arrivés aux portes grandes ouvertes, ils ne virent personne à l’entrée. Ils devinèrent tout de suite que Gally, devenu chef des Blocards, avait interdit de sortir du Bloc. C’était triste de penser qu’un idiot avait pu imposer le respect et l’obéissance à tous les autres. Les portes franchies, le jeune garçon tomba à genoux. Sa blessure à l’épaule lui faisait tellement mal. La jeune fille, elle, cria de toutes ses forces pour appeler les Blocards. Au bout de la deuxième fois, vingt personnes sortirent de la cabane et vinrent jusqu’à eux. Les deux adolescents se sentirent perdre connaissance pendant que les trois blocards médecins les ramenèrent à la Ferme.
* * *
Quelques heures plus tard, Elisabeth se réveilla. Juste à côté d’elle, son compagnon, lui, n’avait pas repris connaissance. Elle le fixa avec tendresse. Au même moment, le garçon ouvrit les yeux. Il sourit en voyant le visage de sa partenaire juste devant lui. Il sentit que ses blessures allaient beaucoup mieux. Il remua alors son épaule pour voir s’il était guéri. Malgré une amélioration, elle lui faisait toujours mal. Il laissa échapper un petit cri ce qui fit rire la jeune fille.
« Je vois que ma souffrance fait plaisir à quelqu’un. » s’exclama Newt avec ironie.
« C’était ridicule. » répondit la jeune fille.
« Ridicule, hein ? Tu vas voir si je suis si ridicule ! »
Descendant de son lit, il alla rejoindre la jeune fille. Tous deux rirent de bon cœur. Un bruit de porte retentit. Newt et Elisabeth se calmèrent d’un coup quand ils virent Gally, se tenant devant eux. Les deux amoureux s’assirent sur le lit et se prirent la main.
« Je vois que c’est officiel maintenant. » déclara ironiquement Gally en voyant les deux adolescents main dans la main, complices.
« Qu’est ce que tu veux ? » demanda sèchement Newt.
« C’est un crime de vouloir voir comment vont ses amis ?
- Epargne-nous tes mensonges. Tu es juste venu en savoir plus sur le mot qu’on a trouvé. » ajouta Elisabeth après avoir vu le papier dans les mains de Gally.
« Où l’avez-vous trouvé ? » demanda le chef des Blocards.
Elisabeth lui signifia qu’elle voulait s’expliquer devant toute la bande. Accompagnée de Newt, elle sortit du dortoir. Gally fit de même. Une fois tous les Blocards rassemblés, elle put commencer son discours.
La jeune fille annonça à tout le monde que le remède contre les piqures de Griffeur était le sang de ces créatures. Elle enchaîna sur la nuit qu’elle venait de passer avec Newt et le papier qu’elle avait trouvé. Elle termina par supposer que le papier en question était un indice et qu’il n’était pas le seul. Elle l’avait trouvé dans la zone 1 pendant que les murs bougeaient. Elle en était presque sûre : il y en avait 7 autres qui se cachaient dans les 7 autres zones. Elle leur expliqua également qu’elle ne savait pas laquelle allait s’ouvrir la nuit suivante. Il fallait que les 6 meilleurs coureurs aillent dans le Labyrinthe la nuit aux portes de chaque zone.
« Donc, ce que tu veux, Elisabeth, c’est qu’on perde nos meilleurs coureurs ! » interrompit Gally, furieux.
« Ce que je veux, Gally, c’est qu’on sorte d’ici, coûte que coûte. » répondit la jeune fille sur un ton autoritaire.
Elle regarda les Blocards autour d’elle puis continua.
« Et j’espère que vous êtes d’accord avec moi. Oui, il y a un risque, je ne vous mentirez pas. Laissez-moi vous expliquer le plan. Six coureurs vont aller avec Newt et moi dans le Labyrinthe aux portes des 7 zones. Cette nuit, l’une d’entre elles va bouger. Celui qui aura cette ‘chance’, devra courir le plus vite possible à travers la zone jusqu’à ce qu’il arrive dans une impasse. Normalement, un mur se mettra derrière lui et il sera bloqué de tous les côtés. Il ne faudra surtout pas paniquer. Il faudra alors monter sur les lianes du mur situé en face et ne pas lâcher bien que les autres vont se rapprocher dangereusement. Quand les murs s’arrêteront, ils ne seront qu’à un mètre les uns des autres. Normalement, le Blocard sur place verra derrière les lianes un morceau de papier : un deuxième indice.
- Et pour ceux qui n’auront pas cette ‘chance’ ? » Demanda, inquiet, un Blocard.
Elisabeth ne répondit pas tout de suite. En réalité, elle n’y avait pas pensé. Tout ce qui l’intéressait, c’était sortir d’ici et surtout, avec Newt. Le reste, on pouvait dire qu’elle s’en fichait. Elle connaissait peu les autres Blocards. Ce qui la gênait, c’était que, trouver une sortie était un travail d’équipe. Elle devait gagner la confiance des autres et réciproquement. Comme si de rien n’était, elle répondit.
« Comme je l’ai dit dans l’autre cas, il ne faudra surtout pas paniquer et ne pas bouger. Je crois que les Griffeurs sont attirés par le mouvement.
- Tu crois ou tu en es sûre ? » Interrompit le même Blocard.
Elisabeth sentit monter la colère en elle. Tout ce qu’elle demandait c’était le respect et la confiance. Elle avait tellement envie de lui jeter à la gueule que non elle n’en était pas sûre, mais au moins elle, elle avait essayé. Elle s’était battue jusqu’au bout. Au moment où elle allait lui dire toute sa pensée, Newt l’en empêcha. Il prit la parole.
« On a besoin de toi Ben. Tu es l’un des meilleurs coureurs. Sans toi, on n’y arrivera pas. »
Ben ne répondit pas à la remarque de Newt. Elisabeth enchaîna :
« Vous avez la journée pour vous reposer. On ira dès que les portes se refermeront. »
Elle se dirigea vers le dortoir pour se reposer. Elle l’avait bien mérité. Newt la suivit mais fut arrêté par Ben.
« Tu lui fais confiance ? » demanda le Blocard.
« Oui Ben, je lui fais confiance. »
Après l’acquiescement du Blocard, Newt rejoignit sa belle à l’intérieur. Les six coureurs finirent par les suivre pour se reposer jusqu’au soir.
* * *
Le soir tomba. Newt et Elisabeth emmenèrent les 6 coureurs aux portes du Labyrinthe. Ils étaient bien équipés et bien armés. Ils avaient bien sûr très peur, mais le courage qui était en eux, était bien plus fort. Newt fit un rappel sur le plan et la sécurité. Les coureurs devaient savoir que leur chance de mourir n’était pas nulle.
Les portes commencèrent à bouger, Newt, Elisabeth et les coureurs rentrèrent dans le Labyrinthe. A peine eurent-ils passé les deux premiers virages que les portes du Bloc se fermèrent. Ils étaient maintenant prisonniers. Il leur était impossible de faire marche arrière. Quelques heures passèrent, la plupart des coureurs étaient arrivés à leur zone. Newt et Elisabeth occupaient la zone 4.
Les heures passèrent lentement. Tout le monde avait peur. Soudain, les Newt et Elizabeth entendirent des cris. Un coureur hurlait au loin. Puis ces cris s’arrêtèrent rapidement : un Griffeur l’avait surement trouvé. Newt baissa les yeux, tristement. Elisabeth, elle, espéra surtout que la zone où le coureur avait été mangé ne s’ouvrirait pas cette nuit. Newt prit sa partenaire dans ses bras. Ils prièrent pour que les Griffeurs ne les retrouvent pas.
Au bout d’un moment, un grand bruit retentit. Newt et Elisabeth se crispèrent. Une zone bougeait mais laquelle ? Les deux adolescents espéraient juste que le coureur de la zone allait réussir à trouver un deuxième indice.
Chuck avait peur. Il était le plus récent de la bande des coureurs. Il avait environ 13 ans mais en semblait 10. Il était très peureux. Il avait été accepté chez les coureurs juste parce qu’il allait très vite. Minho avait au début hésité à le prendre à cause de son manque de confiance en soi. Chuck n’avait pas eu beaucoup d’expérience au côté des autres coureurs. A cause de l’attaque des Griffeurs quelques nuits auparavant, beaucoup de ces coureurs étaient morts en essayant de protéger les autres Blocards. Chuck avait été obligé de rejoindre les autres cette nuit. Mais pourquoi lui ? Pourquoi la zone ouverte était la sienne ? Pourquoi, lui, le plus peureux des coureurs, devait risquer sa vie pour ramener un indice ? Il était complètement perdu. Voyant la zone 6 bouger devant lui, il se rappela les conseils d’Elisabeth. Il s’élança à travers les murs en mouvement en essayant de trouver une impasse. Quelques secondes plus tard et ce fut le cas. Ce que Chuck n’avait pas prévu, c’était le Griffeur juste à l’opposé de lui. Le garçon trembla. Au moment où le monstre allait bouger, un coureur lui lança des gros cailloux sur son corps. Ben avait réussi à trouver la zone ouverte et voulait sauver Chuck. A ce moment-là, un mur se ferma derrière lui. Comme prévu, ceux-ci formaient un carré qui allait se rabattre. Malheureusement, dans ce carré, était aussi piégé le Griffeur. Ben ordonna à Chuck de monter sur les lianes, ce que fit ce dernier. Ben, lui, s’occupait du Griffeur. Les murs se refermaient et le garçon perdit de plus en plus de sang. Au fond, il savait qu’il n’allait pas s’en sortir vivant. Il voulait juste tuer le monstre pour que Chuck puisse récupérer l’indice. Les murs n’étaient plus très loin les uns des autres. Ben était gravement blessé. Voyant l’état pitoyable de son ami et dans un geste désespéré, Chuck sauta sur la bête. Il lui planta sa dague dans le crâne, la mort fut instantanée. Heureux de sa belle action, Chuck rejoignit à toute vitesse Ben en lui criant ‘J’ai réussi, j’ai réussi !’. Mais quand il fut assez près pour le voir étalé sur le sol, il comprit toute suite. Ben était mort. Les murs n’étaient plus qu’à deux mètres les uns des autres. Malgré toute la tristesse qu’il portait, Chuck se rua vers les lianes et grimpa le plus haut possible. Une fois les murs arrêtés, il tendit la main et découvrit sa précieuse récompense : l’indice. Il redescendit puis le lut. « Mourir » marmonna-t-il à haute voix avant de lancer un regard à son compagnon décédé.
* * *
Le soleil se leva. Elisabeth, Newt et les coureurs attendaient devant la porte du Bloc que celle-ci s’ouvre. Un coureur manquait à l’appel, Ben. Elisabeth retiendra toujours le moment où Chuck avait annoncé à son petit ami que le coureur était mort. Elle retiendra son regard rempli de désespoir et sa bouche tremblante. Ils avaient, bien sûr, voulu retrouver le corps mais il n’avait pas eu le temps. Il fallait rentrer au plus vite. Newt était à côté de la jeune fille. Il ne disait rien. Il n’avait rien dit depuis la mort du coureur.
Quand les portes s’ouvrirent, quelques Blocards étaient massés devant l’entrée. Elisabeth et Newt se dirigèrent vers le camp mais sans leur jeter un regard. Ils continuèrent ensuite en direction de la Ferme. Les coureurs les suivaient au pas, sans se retourner et sans adresser un mot aux Blocards. Le dernier coureur finit par leur dire que Ben était mort. Puis, il suivit les autres vers le dortoir.
* * *
Quelques jours passèrent. La mort de Ben avait permis aux coureurs de se rendre compte du danger auquel ils étaient exposés. Chaque nuit, l’un d’entre eux mourrait. Chaque nuit, ils étaient de moins en moins. Mais chaque nuit, ils avaient de plus en plus de courage. Ils avaient de plus en plus d’indices. Il n’y avait aucun échec. Au bout de 6 nuits, tous les indices étaient rassemblés. Elisabeth, Newt et les survivants rassemblaient les 8 mots dans l’ordre où ils avaient été trouvés.
Tuer
Mourir
Grimper
Récupérer
S’évader
Sauter
Courir
Inscrire
Cela ne voulait rien dire. Que pouvait-il en déduire ? C’est la question que tout le monde se posait. Des idées avaient été partagées. La plupart des mots pouvaient signifier des ordres à exécuter.
« On ne sait même pas s’ils sont dans le bon ordre. » lâcha Elisabeth, énervée par la situation.
Comme pour répondre à l’exclamation de la jeune fille, Newt pensa à haute voix.
« ‘Tuer’… Tuer un Griffeur ?
- Ou un Blocard ? » répliqua-t-elle, sur un ton sérieux.
Les coureurs la dévisagèrent apeurés. Newt baissa les yeux désespérément « Si c’est tuer un Griffeur ; Que faire après ? » demanda le jeune homme.
« Récupérer, courir, sauter ou grimper ? Je n’en ai aucune idée… » répondit Elisabeth, complètement perplexe.
« Il y a qu’un moyen de savoir. C’est d’en tuer un. »
La jeune fille hocha la tête en signe d’acquiescement. Newt avait raison. Ils étaient en train de débattre sur un sujet inconnu. La clef de la solution se trouvait dans le Labyrinthe.
* * *
La nuit tomba au Bloc. Newt et Elisabeth avaient pris une décision. Ils retourneraient dans le Labyrinthe pour trouver la solution de ce casse-tête géant. Pour une fois en quelques jours, les coureurs refusèrent de les accompagner. Ils avaient tant perdu. Trop de leurs coéquipiers étaient morts à cause de cette aventure. Malgré l’envie de sortir d’ici au plus vite, ils n’acceptèrent guère de tuer un Griffeur alors que leur chance de trouver un autre indice était bien mince. Ils étaient abasourdis par le peu de raisonnement que manifestaient leurs deux chefs. Pourtant, ces derniers avaient réfléchi toute la journée : c’était le seul moyen d’essayer de résoudre l’énigme. Ils comprenaient cependant les coureurs qui ne voulaient pas risquer tout encore une fois, sans doute pour rien. Tous les deux, ils pouvaient y arriver. Ils ne savaient pas s’ils étaient aveuglés par trop d’espoir ou tout simplement un peu trop sûrs d’eux-mêmes. Ils y croyaient fort en tout cas.
Préparés, les deux adolescents attendaient devant les portes ouvertes. Ils allaient bientôt rentrés. La jeune fille fixait le Labyrinthe avec un regard courageux mais aussi inquiet. Newt, lui, remarquait la peur qui émanait d’elle. Il la prit alors dans ses bras pour essayer de la rassurer. Celle-ci sentit une goutte ruisselée sur son visage. Persuadée que c’était une de ses larmes, elle l’essuya rapidement et n’y fit guère attention. Une autre suivit puis plusieurs. Les deux adolescents levèrent la tête. Dans le ciel où la nuit allait tomber, des gouttes d’eau brillantes comme des diamants fendirent l’air frais. Le garçon les regardait d’un air tellement stupéfait qu’Elisabeth ne comprit pas tout de suite ce qui arrivait. Connaissant maintenant bien son copain, elle devina que la situation devait être assez grave. Elle le regarda donc et lui murmura :
« Laisse-moi deviner, il n’a jamais plu en 3ans. »
Newt acquiesça, inquiet. La jeune fille, malgré le réchauffement de ses bras, se sentit de plus en plus frigorifiée. Un frisson se répandit dans tout son corps, pendant que son cœur, lui, battait la chamade. Newt se prit du même frisson puis réalisa que la température du Bloc n’avait jamais été aussi basse. Que cela voulait-il dire ?
« Newt ! »
L’appel de la jeune fille le fit sortir de ses pensées. Devant lui, les portes du Bloc se refermaient bruyamment. Le garçon lança un regard complice à sa partenaire.
« C’est maintenant ou jamais ! »
* * *
Elizabeth et Newt étaient maintenant habitués au grand et majestueux Labyrinthe. Depuis plusieurs nuits, nos deux héros ont dû pénétrer en son cœur et faire face à leur destin. Pourtant, chaque nuit, ils avaient peur. Peur de mourir, peur que, toutes les pertes qu’ils ont dû endurer, ne servent en réalité à rien et que leur aventure soit vouée à l’échec. Cette nuit n’était guère différente des autres. Le poids que nos deux adolescents portaient sur les épaules se fit de plus en plus lourd. Ils réalisèrent que leur piste était trop fragile et ne savaient même pas par où commencer.
« Tuer un Griffeur » Newt se le répétait sans cesse mais sans aucune conviction. « En quoi tuer un Griffeur nous aidera à sortir d’ici ? » se demandaient-ils. « Ce n’est pas le première fois que je tue ces putains de bestioles ! En quoi le prochain serait différent ? » pensa, agacée, la jeune fille.
A peine quelques minutes passèrent que Elizabeth sentait déjà la présence d’un Griffeur à quelques dizaines de mètres d’elle et de Newt. Les deux amoureux se regardèrent déterminés et se ruèrent sur lui. Son pistolet en main, Elizabeth le cribla jusqu’à la mort. Et voilà, ils en avaient encore tué un. Mais que faire maintenant ? Newt suggéra de dépouiller la bête. Cependant, ils savaient qu’ils devaient faire vite car le son émit par le pistolet attirerait bien vite les autres Griffeurs. Le temps était compté. Après quelque minutes de fouille, il se faisait évident que la structure métallique de cette gigantesque bête de 3m de hauteur n’apporterait rien à nos héros. Ils ne trouvèrent que du sang bleu et des morceaux de métaux. Des bruits de pas lourds se firent entendre. Une armée de Griffeurs se dirigèrent tout droit vers les adolescents.
Le monstre mort ne ressemblait plus à rien. Tous morceaux solides avaient été sortis et inspectés. Tout était étalé devant eux mais tout était véritablement inutile.
« Alors c’est fini ? » Lança la jeune fille à son compagnon. « Tout ce chemin parcourut inutilement »
Newt ne réagit pas et continua de chercher.
« Newt, tout est devant nous ! Nous avons tout regardé ! C’est fini … Les Griffeurs arrivent…
- Je t’interdis de dire cela tu m’entends ! A quel moment, depuis que tu es arrivée au Bloc, t’ai-je vue baisser les bras ? Jamais ! Tu as toujours été celle qui m’a donné la foi de continuer ! Crois-moi, si tu n’avais pas été là, j’aurais sûrement abandonné depuis longtemps. Ou alors je me serais donné aux Griffeurs… Quoi qu’il en soit, tu m’as appris à croire. Tu m’as appris à donner une chance en l’avenir. Oui, tuer un Griffeur n’était peut-être pas ce qui nous était demandé sur ce foutu papier mais nous l’avons fait. Tu sais pourquoi ? Parce que cette bête est une putain de machine et que la vie de chaque machine est activée à l’aide d’un bouton. C’est ce qui nous différencie d’elles. Il y a un bouton Lizzie ! Il y a forcément un putain de bouton. »
Les derniers mots prononcés par Newt retentissaient dans la tête de la jeune fille. Lizzie eut un éclair de génie. Ces êtres étaient le fruit des Créateurs, les personnes qui les avaient enfermés ici. Elles avaient forcément dû les contrôler à distance pour les mettre dans le Labyrinthe et ces monstres pouvaient sans doute communiquer entre eux. Cependant, ils ne pouvaient pas émettre des sons par leur gueule. Alors comment les adolescents pouvaient-ils entendre les Griffeurs ? Seulement par le bruit de l’impact de leur patte métallique sur le sol. En clair, un contrôle à distance se faisait par un système d’onde installé à l’intérieur des pattes.
Elizabeth sourit et laissa alors échapper un petit rire. Elle attrapa toutes les pattes et trouva rapidement les boutons correspondant à chacune d’elles.
Soudain, six Griffeurs détruisirent le mur derrière les deux adolescents. Dans un dernier cri de frayeur, Lizzie désactiva les boutons. Newt écarquilla les yeux. Les six Griffeurs s’éteignirent au même moment. Le jeune homme eut juste le temps de prendre le bras de Lizzie et ils se jetèrent quelques mètres plus loin. Les monstres s’étalèrent de tout leur long et provoquèrent un bruit assourdissant qui s’entendit même au Bloc. Exténués mais heureux, Newt et Lizzie réalisèrent que tous les Griffeurs étaient maintenant désactivés. Ils se relevèrent, fiers, et remarquèrent une dernière chose qui ne laissèrent pas de marbre. Une patte de Griffeur semblait collée sur un coin du mur où il n’y avait pas de lianes. Ils s’approchèrent doucement et l’inspectèrent. Newt regarda la jeune fille puis les Griffeurs. Il lança :
« Tuer »
Il regarda ensuite la patte et la ramassa.
« Récupérer »
Il la colla alors sur le mur lisse.
« Grimper »
La jeune fille afficha un regard complice à son partenaire.
« Je ne sais pas ce qu’il y a ensuite mais je sais une chose, c’est que le dernier mot est ‘S’évader’ »