La braise impuissante
Le bras droit possédait un matériel conséquent malgré leurs faibles moyens et une équipe dispersée sur une bonne partie de la terre brulée. Actuellement, leur refuge principale prenait place dans des montagnes, proche de Denver, à l’abri des regards et loin du WICKED ou de quelconque humains suffisamment vivant pour avoir l’idée de balancer les résistants. Les falaises se dressaient tout autour d’eux, sèches, arides et malveillantes. Au sommet on observait par temps clair la grande ville protéger du mal. Mais avant cela, les plaines désertes, rougies et craquelées donnait à penser que plus personne ne vivant sur Terre.
-Dites les gars, vous savez où se trouvent les cuisines, vous ?
Poele à frire s’impatientait d’être au repas du soir, supportant durement les gargouillis de son ventre affamé qui n’avait rien englouti depuis la veille, au soir, presque une journée entière. Thomas, Newt, Minho, et Aris commençaient également à sentir la faim les tirailler.
-Je crois que c’est le gars de notre âge, qu’on a aperçut ce matin, qui’ s’en occupe, déclara Newt.
Après s’être remémoré, en effet, un adolescent blond les avait surpris en sortant tôt de la tente d’un des dirigeants du campement, dans la matinée, débraillé et avec des allures fugitives. Jusqu’à présent, hormis eux et le reste du groupe des filles, ils n’avaient vus aucuns jeunes se battre à leurs côtés. Cela intrigua Thomas lorsque l’asiatique le remarqua.
-On vient tous du WICKED, il en fait peut être parti lui aussi, non ?
-A quoi ça nous avancerait de le savoir ? S’empressa Minho. On n’a pas questionné les filles, même si Aris les connait, nous on ne sait pas ce qu’il s’est passé pour elles.
-Non, mais peut être que ce gars sait quelque chose sur Paige ou….
-Il est là-bas, coupa soudainement le blondinet en désignant d’un haussement de tête la grande tente verte qui se démarquait au milieu des autres.
En effet, le vent ondulait la toile et permettait de discerner un jeune homme manipulant sacs et baquets pleins de quelques choses. En tout ils devaient bien être deux cent à nourrir, et pourtant les repas durés et chacun mangeait suffisamment, en tout cas, mieux que les garçons lorsqu’ils durent traverser le désert jusqu’à ces montagnes avec seulement quelques barres de céréales, des sachets d’eau et la chaleur écrasante. Thomas se rappela soudainement la tempête essuyée juste avant leur arrivée dans la ville où résidaient Brenda et Jorge, les camarades tombant faces aux éclaires déchirant le ciel jusqu’au sol. Instinctivement, sa main glissa dans la poche de sa veste pour s’assurer que l’objet lui étant le plus précieux s’y trouvait toujours.
-En demandant à Aris, les filles pourraient nous dirent d’où il sort, le cuisto.
Thomas se ressaisit et répéta mentalement la phrase de Poêle à frire. Naturellement, ce dernier souhaitait apaiser son estomac, ayant quelque chose de peut être disponible sous la main, et une excuse pour se rendre en cuisines, la possibilité de manger un quelque chose poussait chacun à vouloir descendre de son gros caillou dans le but d’aborder le jeune homme et discrètement prendre un morceau. Leur chef soupira un instant avant de se relevait, dépoussiérant au passage son pantalon crasseux. Les autres l’imitèrent et ils dévalèrent ensemble la pente. Quelques adultes, en les voyants, s’interrogeaient sur le soudain mouvement de cette petite bande, mais sans plus.
La tente abritait deux grande tables en son centre, un équipement de cuisine sur la droite, une de ces remorques spéciale pour les militaires, suffisante pour 50 personnes. Tout le long des parois mouvantes, des cagots, cartons, et pots s’accumulaient, pleins ou vide. Au fond une citerne d’eau métallique conséquente bloquait la deuxième porte. Le blond inconnu y remplissait justement un sceau de dix litres grâce au petit robinet. Lorsqu’il eu fini et se retourna il sursauta en voyant les quatre adolescents l’observant. En deux secondes son visage vira au rouge et ses traits se froncèrent.
-Qu’est ce que vous faites ?!
Posant le seau parterre il les regarda durement tour à tour, en sachant pertinemment d’où provenaient ces individus.
-T’énerves pas ! On vient juste dire bonjour ! rétorqua tout de suite Minho. On ne va pas te voler !
-Ouai. Ils disent tous ça avant de prendre un paquet et s’barrer ! Cassez-vous d’là !
-Dis donc, t’as du répondant !
Voyant que le petit duel risquait de dépasser le verbale, Thomas intervînt.
- Calmez-vous. C’est toi qui t’occupes de la cuisine ici ?
Le blond n’aimait décidément pas ce gars et répondre à sa question le dérangeait pour la simple raison qu’il lui faudrait lui adresser la parole. De ce fait il préféra ne pas répondre et continuer à les juger durement. Jusqu’à ce que Newt se décide.
-On t’a vus sortir de la tente d’un des gars ce matin. Tu y faisais quoi ?
Son sang ne fit qu’un tour, en quelques secondes le cuisinier attrapa le boiteux par le col, le tirant vers lui. Immédiatement, ses amis contestèrent sans pour autant en venir aux mains.
-Ce ne sont pas tes affaires. Tu ferme ta gueule et tu te casses !
L’asiatique lui ordonna de le lâcher tandis que Newt répliquait en tirant si bien sur la main le maintenant que celle-ci le libéra, griffée et rougie. Minho poussa l’agresseur à deux mètres d’eux, se positionna devant le groupe et brandi du poing.
-C’est quoi ton problème ?! Continua Newt, détestant ce genre de gars.
-Vous êtes du WICKED.
-On s’est échappé, on en fait pas parti, précisa docilement Thomas. Et toi ? Qui tu es ?
-Mon nom est Aki. Et moi aussi j’en viens. De ce foutu centre.
L’atmosphère se détendit un peu, chacun comprenant l’inquiétude de l’autre. Lorsqu’on subit les épreuves du WICKED, on a forcement du mal à faire confiance aux autres et à parler ou voir d’autres personnes. Thomas l’avait très bien comprit. On se méfie de tout après.
Ledit Aki mit en route un appareil de cuisson de l’équipement militaire alors que le groupe d’ados prit place sur un banc autour de la table de droite. Minho gardait une once de colère dans son regard et Newt aussi.
-Vous êtes combien à vous en être sortie ? demanda calmement leur nouvelle connaissance en se frottant les mains sur son tablier grisâtre servant à la cuisine.
-On devait êtres une dizaine, en sortant…
La discussion se menait avec Thomas.
-Vous avez rencontré des fondus ?
-Non, pas seulement. Nous sommes passés… un peu partout. Et toi ? Où sont tes camarades ?
Aki émit un rire étouffé.
-Tu déconnes mec, il se retourna pour lui faire face. On était treize dans le Labyrinthe. Nous sommes sortis à trois.
Les garçons n’en revenaient pas, choqués d’apprendre que le groupe d’Aki avait trouvé la sortie en si peu de temps! Et le faible nombre de survivant les choquèrent d’autant plus.
-Trois sont morts dans le Labyrinthe, avant la traversée. Les autres ont péris pendant. Le dernier, est sorti avec une balle dans le corps. Il aura au moins mangé un bon repas avant de s’en aller.
-Vous avez mit un an pour sortir ?! S’époumona Newt, cela lui paraissait impossible, ayant croupi pendant bien plus longtemps entre les murs gigantesque, envahit de lierres.
-Notre… « roi »… était intelligent à un point anormal. Il a laissé les autres faires le sale boulot, quand il a trouvé la solution, il s’est précipité à la sortie. C’est lui qui a tout de suite comprit que la petite fête jouait dans leur repère pour nous faire croire en une quelconque sécurité était fausse. Mais à ce moment là nous n’étions plus que deux.
-Il est où maintenant ?
Thomas brulait d’envie de rencontrer cette personne si futée. Peut être détenait elle la solution au problème ! Comment détruire le WICKED, faire un remède, et trouver un moyen d’éradiquer la maladie ! Arranger la situation ! Mais il se rendit bien compte que quelque chose clochait lorsque la mine d’Aki s’attrista, les yeux baissés, pensif.
-Je ne sais pas où il est. Nous nous sommes séparés. Il est Immun, et n’aidera personne. Ce mec est égoïste, c’est une enflure, la pire raclure que j’ai connu. Il n’est surement pas mort, mais je ne le reverrais jamais. Vous plutôt, c’est quoi votre histoire ?
Le leader entreprit d’expliquer leurs aventures, la première épreuve, la vie au bloc. La traversée sous le soleil brulant, le tunnel aussi, où Winston fut grièvement blessé. La ville de fondus et leur rencontre avec Jorge et Brenda. Puis le but fixait en arrivant au Bras Droit. Détruire le méchant. Thomas n’oublia pas de préciser la perte énorme et tragique de tous leurs camarades, mais Aki resta de marbre, écoutant simplement le récit, sans interrompre ni questionner. Les autres ne furent pas très heureux d’avoir à se remémorer tout cela, mais désormais ils se devaient de vivre avec et ne jamais oublier. Jamais.
Lorsqu’il eu fini d’écouter la voix de Thomas, Aki se rendit compte de sa méfiance envers cette Teresa. Trop présente, trop docile et trop étrange. Elle avait disparue une fois arrivée dans le repère du WICKED. Echangé avec Aris, ils ne l’avaient revus qu’une fois dans la ville détruite. Là encore, elle a disparue lors d’une poursuite, embarquée par le WICKED. Et maintenant ils la recherchaient, où plutôt attendaient le moment parfait pour attaquer et la sauver.
-Il n’y avait que des gars dans mon groupe. La fille n’a pas du avoir le temps d’arriver, on est parti avant. Elle n’aurait pas aimée de toute façon. Vous êtes tous Immun, n’est ce pas ?
Chacun répondit positivement, d’un hochement de tête. Puis il leur demanda de partir, ce qu’ils firent.
Enfin la nuit tombée, tous sortir de leurs retranchements pour se réunir auprès d’une grande lampe solaire qui les éclairait. En règle générale, les groupuscules ne se mélangèrent pas, bien que certain racolaient les uns aux autres, comme la doctoresse qui permit à Brenda de bénéficier temporairement d’un antidote contre la maladie mortelle qui la tuerait. Celle-ci, avec Jorge, discutait en compagnie des garçons, se changeant les idées et soulevant des hypothèses plus ou moins plausibles sur les conditions des tests subit jusqu’à présent. Aris débarqua ensuite avec les filles. Sonya, Harriet et Beth.
Pour le repas, une queue se formait pour se rendre tour à tour sous la tente renfermant la nourriture. C’est là-dessous que les garçons revirent Aki. Ce dernier semblait ailleurs, se préoccupant mollement de remplir chaque bol de quelques louches d’un mélange de légumes verts avec des morceaux de viande séchées, à se demander où est ce qu’ils trouvaient ces aliments.
-Il y a quoi dedans ?
Thomas l’interrogea dans le but de démarrer une conversation, bien qu’en plein mouvement de foule pour se rassasier. Il entendait déjà Poêle-à-frire souffler, désespéré de perdre du temps.
-De quoi tenir, lui répondit simplement le blond, affichant cependant un agréable sourire.
Comprenant, Thomas se tu, lui renvoyas son sourire puis passa sur le côté, son récipient plein. Etrangement Minho ne dit rien lorsque ce fut son tour. Puis vînt celui de Newt.
-Pourquoi j’en ai moins que les autres ?! Remarqua t il bruyamment.
-Peut être que tu ne me plais pas.
Sarcastique, le responsable de la cuisine parut satisfait de sa réplique et s’affaira déjà à remplir un autre bol tendu à Poele-à-frire. Ce dernier voulu l’attraper mais son camarade se mit en travers, mécontent de la situation.
-Je ne suis pas là pour te plaire. Je veux la même chose !
Les deux premiers, s’étant mit en retrait, s’approchèrent à nouveau pour constater qu’en effet, leur ami ne possédait pas même la moitié de leur propre part. S’en suivirent des railleries, mais elles furent rapidement dépassées par les adultes affamés et désireux d’avoir leur restauration dans les secondes venant. Ci bien que Newt fut éjecté de la file par un drôle de gars à chapeau de cow-boy, mettant fin à la discorde.
-Il tient tout le monde dans le creux de sa main. Sans nourriture il n’y a plus personne. Newt, je vais partager avec toi.
-Non, c’est pas la peine Tommy. Ce connard m’a coupé l’appétit.
Agacé, l’estropié tourna les talons et s’en alla, furibond, en direction d’un amas d’obscurité, caché derrière quelques tentes. Il ne l’aimait pas non plus, ce type, ni sa cuisine, une fois qu’il eu gouté à la mixture et qu’une grimace composa son visage. Posant l’objet à terre, il entreprit de jeter un œil autours de lui. Faiblement éclairé, il aperçut le chef de sa bande qui semblait le chercher du regard. Les autres ne l’accompagnaient pas, surement partis explorer plus loin. Comment avait il fait pour les semer si facilement, sans s’en rendre compte ? Il s’en fichait de toute manière.
Même si il n’était plus question de Labyrinthe, de course contre la montre, ou de combat face à des monstres et fondus, Newt commençait vraiment à avoir un ras le bol. Tout l’exaspérait. Lui d’un naturel si calme, il s’étonna de devenir si colérique, proche d’une crise de nerfs. Qui ne craquerait pas après avoir vécut toutes ces choses horribles et indescriptibles ? La mort de ses camarades, l’environnement si hostile, leur manque de connaissance et leur impuissance face au désespoir du monde. Dans quoi vivait-il ? Pourquoi vivait-il toujours ?
Bon, le camp répondait tout de même à un minimum de ses attentes. Une sécurité, une nuit presque paisible, de quoi manger. Mais ce type ! Cet Aki ! Bon sang qu’il le maudissait ! Il le connaissait depuis moins d’une journée, et déjà il n’en pouvait plus. Son attitude hautaine, son passé farfelu… Npn, en réalité, des raisons il n’en avait pas, c’était surtout l’occasion d’avoir un bouc émissaire à porté de main.
Bien une heure avait dû s’écouler lorsque Thomas mit enfin la main sur son ami, affalé derrière une grosse pierre, au fond du campement. Le bol plein lui indiqua qu’il n’avait rien mangé.
-Newt. Tu vas mourir de faim si tu ne manges pas.
-Tu l’as trouvé ? S’inquiéta Minho en rejoignant le brun.
-Oui. Mais il dort ferme. Et il a le ventre vide.
-Newt !
L’asiatique donna un coup à l’épaule du blond qui s’éveilla en sursaut, et ne reconnu pas tout de suite ses camarades, à cause de l’obscurité les ayant avalé depuis le retrait des lampes. Il massa son crâne, pourvu d’une migraine pesante.
-Les mecs, je dormais bien là.
-Et quand il fera jour tu crameras bêtement. T’as rien mangé, t’es sûr que ça va ?
A la simple évocation du repas, Newt senti son estomac se tordre douloureusement, et émettre un gargouillis pas terrible. Les deux autres ayant prévus le coup, avaient mit de côté quatre morceaux de viande qu’ils donnèrent au troisième. Ce problème résolu, ils retournèrent ensemble dans leur coin, trois immense rochers leur faisant une zone ombragée jusqu’à tard dans la matinée. Frypan dormait déjà.