Newtmas - « Take me back to where we started. »

Thomas se fait tirer de sommeil alors que le soleil commence seulement à frapper contre les vitres du camion. Dis donc, la nuit n'a pas été longue et surtout sans repos. Il se redresse lentement tout en tournant son visage vers Brenda pour voir si elle dort encore. Elle au moins, elle a eu le droit à une bonne nuit de sommeil. À peine il la voit dans son champ de vision qu'il sursaute vivement ; elle est en train de le regarder, très proche, cela en devient très gênant tout à coup et il espère secrètement qu'elle ne remarque pas sa gêne.

— Tu m'as fait peur, qu'est-ce qui te prend de te mettre proche de moi comme ça ? dit-il tout en essayant de se reculer.— Ça fait au moins trente minutes que je te regarde et sache que tu fais des choses vraiment étranges pendant ton sommeil, se moque-t-elle gentiment.— Comment ça ? demande Thomas.— Et bien..., commence la brune. Tout d'abord, tu fronces beaucoup les sourcils, ça va te faire des rides carrément horribles alors que tu es encore jeune. Ensuite, tu murmures des choses incompréhensibles du genre « écrase », « variante » ou encore « candidat », j'ai essayé de mettre tout ça ensemble mais ça ne rime à rien. Il y a autre chose aussi, c'est qui « Newt » ?— Oh je..., commence-t-il par dire. Newt, c'est un de mes amis blocards, il est dans mon groupe. Pour ce qui est des mots, c'est bizarre je ne comprends pas non plus, ment-il.— Je vois, dit-elle en se redressant sur le siège. Ne te fais pas de soucis pour lui et pour le reste du groupe, Jorge saura les guider à travers la ville vers la montagne. On les rencontrera sûrement en chemin étant donné qu'on a le même point d'arrivé.Brenda lui sourit pour lui donner le courage dont il a besoin pour se redresser. Il lui sourit légèrement en retour et il ouvre la portière du camion pour sortir. La brune l'imite et ils la referme en même temps, la claquant assez fort.— Oui, soupire Thomas. Tu dois avoir raison. Ça me fait un peu de peine d'être séparé d'eux, on s'entre-aide tellement depuis le début, je sais qu'ils n'auront pas besoin de moi mais moi je risque d'avoir besoin d'eux. On est seulement deux et on sait pas ce qui nous attend dans cette ville.— Je sais, avoue Brenda. Mais je pense qu'on est mieux à deux dans le sens où on peut passer inaperçu plus facilement.Thomas hausse simplement les épaules, se plantant devant la pancarte qui porte son nom comme beaucoup d'autres dans toute la ville. Brenda vient se mettre à côté de lui et hésite à prendre la parole. Après tout, elle sait très bien pourquoi Thomas est perturbé en voyant toutes ses pancartes signées de WICKED qui sont aussi nombreuses que les bâtiments en ruine.— Parle moi de la vie ici, commence Thomas après un long silence. On nous a enlevé tous nos souvenirs et la seule chose que j'ai pu voir, c'était un enregistrement vidéo qu'on a eu le droit de voir après être sortis du Labyrinthe, qui parle du virus. Je connais vaguement l'histoire mais j'aimerais que tu m'en dises plus. En fait, j'aimerais que tu me racontes tout, peut-être que d'autres de mes souvenirs vont refaire surface et m'aider à avoir quelque chose de concret.Brenda prend alors une grande respiration et raconte à Thomas tout ce qu'elle sait, du moins en résumé car sinon, il lui fallait plusieurs heures pour tout dire. Elle lui parle du monde extérieur dans lequel ils vivent désormais, des éruptions solaires qui ont causées beaucoup de morts, du virus qui a fait son apparition, des gouvernements qui se sont associés pour créer le WICKED en suivant et ainsi trouver un remède contre ce virus, comme quoi beaucoup de pays ont été complètement rasés...— C'est pas très joyeux tout ça, termine-t-elle par dire.— C'est sur, s'attriste Thomas. Ça a du être tellement dur pour ces personnes qui ont survécus et qui ensuite, ont été contaminées. C'est une fin tragique.Beaucoup d'informations d'un seul coup, Thomas reste ensuite silencieux pendant de longues minutes, même si Brenda essaye de lui trouver certains points positifs qui se trouvent sur la planète comme le fait qu'elle a pas complètement disparu, comme quoi il y a de petites chance de retrouver une vie normale dans quelques années, mais elle parle clairement à un mur. Elle se tait donc et ils restent côte à côte, seul le bruit du vent qui relève la poussière se fait entendre.

Mais ce silence de mort ne dure pas longtemps, des bruits de pas dans la terre les arrache tous deux de leurs pensées et en quelques secondes à peine, ils voient noir. Thomas comprend tout de suite qu'on lui a mit un sac sur la tête. Il se débat immédiatement en essayant de donner des coups à la personne qui lui tient fermement les mains. Quelques coups de pieds donnés dans le vide, des cris, des mouvements rapides qui donnent à penser que Brenda est dans la même situation que lui. Il pousse un cri désespéré en sentant une douleur l'envahir ; il a reçu un coup de pied dans le ventre. Il s'étale de tout son long sur le sol en sentant sa peau se griffer sur les cailloux pointus qui se trouvaient à terre. Finalement, il stoppe ses essais de vouloir se débattre et apparemment la brune en a fait de même. Il arrive à entendre les voix de ceux qui viennent de les attaquer. Apparemment, il arrive à identifier une femme et deux hommes. Les yeux fermés, il repense à cette nuit, à l'apparition de Newt qui l'a prévenu de ce qui allait se passer en cette matinée. Ce n'était donc pas une variante ? Ou alors, il a bénéficié d'une légère aide pour lui permettre de comprendre que ses amis viendront le sauver coûte que coûte. En plus des informations données par Brenda, de l'information donnée par Newt, sa tête lui fait horriblement mal et ce n'est pas à cause de la chute qu'il vient de faire il y a quelques secondes. « Les premiers symptômes font sûrement leur apparition », pense Thomas. Étant donné que la Braise attaque la zone mortelle qui plus est le cerveau, il se dit que c'est probablement l'un des premiers ressentis de la folie qui le guette.

Thomas se fait porter comme un sac, ruminant. Dès qu'il essaye de dire ou de faire quelque chose, il se prend un coup et on lui demande de la fermer. Après quelques minutes, il le – sans aucune délicatesse évidemment – à terre et on lui enlève le sac qui le fait broyer du noir. Il regarde autour de lui, il a beaucoup de gens, beaucoup de mouvements, et surtout une odeur très étrange. Son regard se pose ensuite sur l'homme qui se trouve en face de lui, assis sur un fauteuil.

— Bonjour Thomas, fait-il avec une voix cassée.

Le concerné fronce les sourcils, comment cet homme hideux connait son prénom ?

— Oui je sais comment tu t'appelles, dit-il comme s'il avait lu dans les pensées de Thomas. En voyant la façon dont tu regardais la pancarte, j'ai su qui tu étais.— À qui ai-je l'honneur ? demande Thomas avec un regard de mépris.— Marcus, soupire-t-il sans trop de conviction. D'autres questions ?— Oui, renchérit Thomas. Où est la fille qui était avec moi ? Pourquoi m'avoir mis un sac sur la tête alors que vous auriez très bien pu m'emmener ici sans, en m'expliquant qu'est-ce que vous me voulez. Je vous aurais peut-être suivit. Et j'ai une dernière question, dit-il en se relevant, enlevant la poussière de ses vêtements à l'aide de ses mains. Avez-vous croisé des garçons de mon âge ? L'un d'entre eux est asiatique et un autre blond avec une peau très clair.

Thomas croise ses bras sur son torse en attendant une quelconque explication sur ce qui venait de se passer.

— La fille est à l'intérieur, commence par dire Marcus. Concernant le sac, c'était sûrement pour ne pas que tu vois où on t'emmène. Et non, je pense pas que tu nous aurais suivit sans faire d'histoire, tu m'as l'air d'un garçon qui ne se fait pas avoir si facilement n'est-ce pas ? (Un rictus se forme sur ses lèvres.) Concernant les jeunes, je crois qu'ils sont passés hier soir, ils doivent sûrement être à l'intérieur également. Vous savez, on donne des fêtes très populaire ici, la plupart des personnes qui rentrent, y restent pendant plusieurs semaines.

Thomas est outré, cet homme a vraiment l'intention de le sortir de ses gonds. Il lui lance un regard de dégout et il se retourne pour essayer de capter d'où venait la musique qui lui brûle les tympans depuis quelques minutes. L'entrée est cachée par des tapis, des couvertures, même des vêtements, c'est sûrement pour garder la pièce sombre. Pour que la fête dure même pendant la journée. Thomas se dit que les personnes qui se trouvent ici sont complètement atteintes de la maladie, ou alors presque. Comment peut-on penser à faire la fête alors qu'il y a tant de problèmes sur cette Terre qui mérite d'être résolus au plus vite. Quoi que, les gens profitent peut-être de leurs derniers instants de lucidité pour ensuite se laisser emporter par la folie et ne plus savoir qui ils sont.Il prend une grande inspiration et commence à pousser l'un des tapis pour essayer de s'aventurer dans le bâtiment mais il est rapidement tiré vers l'arrière par une poignée dure et violente. Il tombe à terre une nouvelle fois et tourne son visage vers l'homme qui se tient à quelques centimètres de son visage. Marcus.

— On ne rentre pas comme ça, il y a une taxe d'entrée et je doute que tu as eu le temps de la prendre.— Pardon ? s'énerve Thomas. Est-ce que vous vous foutez de ma gueule ? Je veux retrouver mes amis.— Et bien tu ne peux pas rentrer comme ça, dit-il calmement.

Le dit Marcus tient fermement une bouteille avec à l'intérieur une liquide brunâtre, qui vous donne la nausée simplement en le regardant. Il la tend sèchement à Thomas et lui ordonne d'en boire. Celui-ci refuse mais en voyant les masses d'homme qui se trouvent autour de lui prêts à le plaquer au sol, il attrape méchamment la bouteille et en boire plusieurs longues gorgées. Le produit est acide, dégoutant et surtout un peu huileux. Il redonne la bouteille à Marcus en toussant fortement, sentant la boisson descendre lentement dans son corps et ainsi le lui engourdir.

— Alors ce n'était pas difficile ! ricane Marcus.— La ferme ! s'exclame Thomas.— Aller amuse-toi bien, dit Marcus en le poussant dans les tapis.

Thomas écarte donne les masses de couvertures, de tapis et une fois à l'intérieur, le bruit de la musique lui éclate presque les tympans. Comment la musique peut-être si forte et qu'on l'entend si peu à l'extérieur ? Il se rend compte qu'il commence à voir flou. Il ferme fortement ses yeux et les rouvre, plusieurs fois d'affilée. Mais qu'est-ce que c'était cette boisson ? Une curieuse sensation l'envahi, comme une chaleur qui le fait flotter au dessus du sol. Il se déplace lentement dans la pièce, ses mouvements étant lents et maladroit, il bouscule plusieurs des personnes présentes qui dansent. Finalement, il tombe sur un visage méconnaissable. Un sourire étire ses lèvres et comme un miroir, la personne en face de lui en fait de même. Il sent des bras entourer son cou et c'est comme un mécanisme qu'il entoure sa taille. Il pose sa tête contre la sienne en murmurant son prénom.

— Brenda...— Tu trouves pas qu'on est bien ici ? souffle-t-elle.— Je dois retrouver mes amis, répond-il.— Pourquoi ? le coupe-t-elle presque. C'est peut-être mieux comme ça, on est en sécurité ici, personne ne risque de nous faire de mal, ils sont tous sous l'emprise de cette boisson qui hallucine.— C'était quoi d'ailleurs, cette boisson ?— Je crois qu'on l'appelle le bliss, commence-t-elle. C'est un agent calmant, ça engourdit tes émotions, ça te ralentit le cerveau et ça te plonge dans un état d'ivresse. Vu que tout le monde a la Braise ici, ils en prennent pour ne pas sentir la maladie leur ronger le cerveau avant qu'ils arrivent au bout du rouleau.

Thomas reste abasourdit. Il a bu une boisson qui l'a rendu ivre et la seule chose que Brenda pense c'est de rester ici jusqu'à la fin de leurs jours ? C'est trop fou, il ne peut pas laisser passer cela. Il ne peut pas se laisser aller et ne pas arriver à temps au refuge pour qu'on le guérisse de cette Braise.Alors qu'il s'apprête à répondre à Brenda pour lui exprimer le fond de sa pensée, un autre visage se tient en face de lui. « Les hallucinations commencent. » se dit-il. Il n'arrive pas très bien à comprendre ce qui lui arrive même si les sensations sont fortes et réconfortantes. Lui n'ayant jamais était ivre, il ne connait pas tout cela. La bouche ouverte, les mots ne veulent pas sortir et pourtant, c'est le moment parfait pour demander ce qui se passe. Le visage qui se trouve à quelques centimètres du sien le trouble, non seulement parce qu'il le connait très bien, mais également par le fait qu'ils soient si proches et surtout parce que leur position n'a pas l'air de le déranger.La musique n'est maintenant qu'un détail à ses oreilles, comme si celles-ci se sont bouchées et que la seule mélodie qu'il entend est celle de son cœur qui s'accélère petit à petit en menaçant de sortir de sa poitrine. Il y a autre chose qu'il entend de façon précise, ce sont deux respirations mélangées. Son corps se bouge automatiquement de droite à gauche de façon lente et imprécise. Le corps qui se trouve en face de lui l'électrise à chaque fois qu'il cogne un de ses genoux ou qu'une main bouge et rencontre avec sa peau. Mais qu'est-ce qu'il lui arrive ?

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