Étrangère
Mon cœur battait à tout rompre. Serrant son poing avec toute la colère du monde dans son regard, la personne qui devait la moins tomber sur cette scène se tenait devant nous. Avant que je ne puisse dire quelque chose pour ma défense, Livaï se retourna puis partit en furie. Il se faisait des idées, je n'avais rien fait. Prête à le suivre où qu'il aille, je me levai en vitesse. Eren m'attrapa par le poignet. Je le rejetai un peu violemment avant de lui dire de me laisser tranquille. Lui parler de cette manière me faisait de la peine mais je n'avais pas vraiment le choix. Je me précipitai donc vers la porte pour réduire du mieux que je pouvais la distance entre Livaï et moi. Il marchait beaucoup trop vite, même en courant je n'arrivais pas à le rattraper. Je le suivis ainsi jusqu'à ce qu'il atteigne sa chambre. Il claqua brutalement la porte derrière lui. Je l'ouvris de la même manière sans vraiment savoir ce qui m'attendait. À peine entrée, il me cria de dégager.
-Écoutez ce n'est pas ce que vous..
-Et qu'est ce que je crois d'après toi ? me demanda t-il en se retournant d'un coup. Si je ne vous avais pas interrompu vous vous serez embrassés !
J'essayai tant bien que mal de le calmer, de le rassurer. Peu importe comment je me justifiais, il ne voulait croire que par lui-même. J'imaginais être à sa place et de comprendre sa réaction. Seulement, moi j'aurai accepté de l'écouter. Il émettait des conclusions trop hâtives, prétendant que je faisais exprès de me rapprocher d'Eren pour l'embêter. Il finit même par me dire que je ne pouvais pas comprendre ce qu'il ressentait, que je pouvais m'estimer heureuse que Petra ne soit plus là. Qu'est ce qu'il essayait de me faire comprendre ? Qu'il se serait venger en se servant d'elle ? Mettant ces hypothèses de côté, ce qu'il disait était complètement faux. Tout d'abord, j'étais simplement venue pour prendre de ses nouvelles. Ensuite, je n'avais qu'au dernier moment vu qu'il comptait m'embrasser. Même après toutes ces explications, j'avais toujours l'impression de parler à un mur.
-Je m'excuse de ce que vous avez vu mais je n'y suis vraiment pour rien ! dis-je pour clamer mon innocence.
-Tu ne fais jamais rien, comme par hasard ! s'énerva t-il. Après tout ce temps, t'as toujours pas compris que je ne voulais plus que tu lui parles !
-Eren est mon meilleur am..
-Et moi qu'est ce que je suis ?! hurla t-il aussi fort que les gens à l'extérieur avaient certainement dû entendre. Si tu avais un choix à faire, je suis sûre que tu saurais même pas prendre une décision !
Il ne me laissa même pas le temps de répondre pour me rétorquer que vu mon silence, il avait sans doute raison. Ce suivit alors d'un interminable dialogue pendant lequel je restais silencieuse. Il commença à me blâmer de toutes sortes de choses qui me firent trembler jusqu'au plus profond de mon être. D'après lui, je ne savais plus qui j'aimais. Je n'avais jamais réellement prouvé mon amour envers lui ou montrer que je le voyais différemment par rapport aux autres. Il m'insulta de manipulatrice puis de menteuse. Je me servais de lui juste pour ma sécurité et pour crier sur tous les toits que j'avais réussi à le mettre dans ma poche. Qu'avec Eren, je serai cent fois plus heureuse et que je n'avais cas retourner l'embrasser puis me donner à lui. Il finit par me dire que lui et moi n'étions réellement pas fait pour être ensemble.
-Tu as hérité quelques traits de ta mère on dirait, me cracha t-il au visage. Je regrette vraiment d'être..
-Comment pouvez-vous dire ça ? lui demandais-je d'une voix cassante.
Mon corps tremblait, ma poitrine me faisait mal. Mes larmes se déversèrent d'un seul coup. Ce qui me rendait le plus triste n'était même pas ma comparaison avec ma mère, mais plutôt le fait qu'il me dise que je ne lui avais jamais rien prouvé. Pour avoir fait une déclaration devant mes camarades, je trouvais ça très audacieux de sa part de me contredire. J'avais fait le premier pas pour l'embrasser. Je n'avais jamais hésité à le défendre ou à le protéger. Je lui avais déjà confié que je l'aimais, sans attendre une réponse de sa part. Ce soir-là, je l'avais laisser me toucher alors qu'aucun autre homme ne l'avait jamais fait auparavant. Après toutes ces preuves, il osait encore me dire que j'aimais Eren. Voyant mon visage tiré par la tristesse, le siens changea d'expression. Précédemment en colère, il arborait à présent un air plutôt abattu.
-Hé.., murmura t-il en essayant de toucher ma joue.
Je le rejetai aussitôt. Je reculais tandis que lui avançait. Alors il fallait que je pleure pour qu'il revienne à la raison ? C'était n'importe quoi. Tandis que je me retournai rapidement vers la porte, il m'attrapa un peu brutalement par le bras. Immédiatement, je tirai sur le siens pour qu'il me lâche. Porte maintenant ouverte, je me mise à courir en essayant de ravaler mes larmes. J'entendis un énorme fracas derrière moi mais je ne me retournai pas. Je ne savais pas où j'allais, mais je devais m'éloigner d'ici au plus vite.
Assise sur les escaliers dans la cour, je continuais à sangloter recroquevillée sur moi-même. Heureusement pour moi, je n'avais croisé personne que je connaissais en venant jusqu'ici. N'arrivant toujours pas y croire, je me répétais ces paroles dans la tête. Je savais très bien qu'il pouvait dire n'importe quoi quand quelque chose le dérangeait. Mais je l'avais trouvé tellement sincère et direct. Même avec la plus profonde des haines, je ne serai jamais capable de lui dire de telles choses. Peut être qu'au final, notre relation ne rimait vraiment à rien.
-Ah enfin, m'interpella quelqu'un. Je t'ai trouvé.
Je paniquai un instant en imaginant que ce soit Livaï. Mais étant donné que c'était une voix féminine, j'abandonnai vite l'idée. En relevant légèrement la tête, j'entrevis une paire de lunettes. Hanji, pas que je ne voulais pas sa présence, mais j'avais juste envie de rester seule pour le moment. Sans me demander quoi que ce soit, elle se mit assise à mes côtés. J'essuyai alors rapidement les dernières larmes qui me restaient avant de lever timidement la tête vers sa personne.
-Qu'est ce qui arrive à une jeune fille aussi courageuse pour qu'elle se mette à pleurer ? me demanda t-elle en souriant.
Hésitante, je ne lui répondis pas tout de suite. Je lui demandai d'abord comment est ce qu'elle m'avait trouvé. Elle me répondit qu'elle m'avait juste vu courir dans les couloirs. Je ne savais pas pourquoi mais je n'avais pas envie de me confier, pas pour l'instant en tout cas. Je n'avais pas vraiment envie d'entendre l'avis de quelqu'un d'autre sur mes problèmes. Hanji était plus qu'une supérieure pour moi, pourtant je restais bloquée.
-D'accord, jouons aux devinettes alors. Soit tu as eu un différent avec un de tes amis, ou peut être ton frère. Soit tu t'es disputée avec l'homme le plus petit que je connaisse ?
Je hochai timidement la tête à l'entente de sa troisième proposition. Elle se mit alors à ricaner avant de reprendre une expression plus sérieuse. À quoi bon tout garder pour soi ? Tandis qu'elle m'écoutait attentivement, je lui expliquai tout. À aucun moment elle ne m'interrompit ou fit une quelconque remarque, c'est ce que j'aimais chez elle. Une fois terminée, elle se mit à réfléchir. J'avais juste peur qu'elle finisse par me dire que j'étais complètement en tord.
-Je pense qu'il y a des bonnes raisons de chaque côté, conclut-elle. J'avoue que les propos de Livaï sont un peu trop cruels et pas à cent pourcent justifiés.
-Il m'énerve, marmonnais-je. J'ai envie de.. de vraiment lui donner une raison pour me parler de cette façon. Peut être que je pourrai.. Eren..
-Hana, m'interpella Hanji d'une voix ferme. Oublie ça tout de suite.
Les sourcils froncés, je réalisai les propos que je venais de dire en la regardant. C'était vraiment moi qui avait dit ça ? Me servir d'Eren pour attiser la colère de Livaï ? J'avais l'impression d'agir comme ma mère. Moi qui lui avait reproché jusqu'à présent son comportement, j'étais entrain de suivre la même route qu'elle. Non, je ne devais pas faire ça. Je regrettai immédiatement ce que je venais de confier à Hanji. Je ne voulais absolument pas donner raison à ma mère, encore moins à Livaï.
-Est ce qu'il t'a déjà dit qu'il n'aimait pas que tu fréquentes Eren ?
C'était une bonne question. Je lui expliquai alors les quelques fois où il avait laissé sa jalousie parler. Peut être que sur ce point j'étais en tord mais ce n'était pas comme si il me l'avait demandé directement. Je ne pouvais pas tout deviner et encore moins tout prédire. Le baiser que Eren s'apprêtait à me donner, je ne m'y attendais pas du tout.
-Si Livaï t'avais demandé par exemple de ne plus parler à Eren, est ce que tu l'aurais fait ?
Elle avait le chic pour me poser des questions compliquées à répondre. En réalité, je ne savais pas quoi penser ni répondre. J'aimais Livaï plus que tout. Eren était quelqu'un de proche pour moi. Ne plus lui parler juste à cause de sa jalousie restait un trop gros effort de ma part. C'est sûr que si j'étais à sa place et que Petra était encore là, j'aurai aimé qu'il réponde oui à cette même question. Mais ce n'était pas comme si Eren et moi avions une relation interdite. Peut être que c'est pour cette raison qu'il ne m'a jamais rien demandé en fin de compte.
-Je vois, me répondit-elle face à mon silence. J'irai lui parler si tu veux..
À quoi bon discuter avec lui, il était l'homme le plus borné du monde. Elle n'avait cas essayé, je doutais que ce soit d'une quelconque utilité. Elle me murmura alors que ce n'était pas très bon d'être en froid juste avant l'opération du mur Maria. Je le savais bien, mais je ne comptais pas retourner vers lui juste pour ça. J'avais fait ma part des choses, je m'étais déjà excusée. Quant à lui, mise à part me dire les pires choses du monde, il n'avait rien fait. J'étais peut être follement amoureuse de lui, mais cette fois-ci je ne le laisserai pas gagner face à ma fierté.
Tandis que je me faisais hisser le long du mur avec mon cheval, je repensai à tout ce que j'avais pu traversé jusqu'à présent. Le soleil allait bientôt se coucher, le moment allait enfin arriver. Une fois sur le mur, je rejoignis mes camarades. Même si je n'étais pas très en forme, je me devais de me montrer forte pour donner du courage aux autres. Depuis ma dispute avec Livaï, deux jours s'étaient écoulés. Deux jours pendant lesquels aucun de nous n'avait fait le premier pas. Quelques regards s'étaient perdus mais rien de plus. Nous étions en froid et pourtant nous nous apprêtions à jouer avec la mort.
-Hana, m'appela Armin. Est ce que ça va aller ?
Je lui hochai la tête. Nul doute que tout le monde était au courant que le Caporal et moi ne nous parlions plus, c'était plus que visible. Le fait qu'il s'inquiétait pour moi me redonna un peu de force pour cette mission plus que périlleuse. Perchés sur notre mur, nous attendions le coup d'envoi final pour reconquérir le mur Maria.
-Et bien, on dirait que le Caporal Livaï a du succès, nous fit remarquer Jean en arrivant.
En effet, celui-ci était entrain de monter avec Hanji le long du mur. Les habitants en dessous de nous l'acclamaient de vives voix. Certains lui criaient de reprendre le mur Maria au nom de tous, d'autres le remerciaient de sauver cette ville. Ils nous souhaitaient bonne chance. J'essayai de regarder ailleurs lorsque Livaï arriva enfin près de nous. Prenant place à côté d'Erwin, je pense qu'il faisait exprès de m'éviter aussi.
-Ça fait combien de temps que le bataillon d'exploration n'a pas eu autant de succès ? demanda t-il en direction du blond.
-Aussi loin dont je me souvienne, c'est la première fois..
Une allure de vainqueur prit possession du visage de notre Major. D'un seul coup, il leva son poing tout en hurlant en même temps que les citoyens. Je restai un instant étonnée devant ce tout nouveau Erwin, prêt et déterminé à sauver ce monde. Mon regard vagua par malheur sur la personne à côté de lui, Livaï. Il n'avait pas l'air d'avoir la forme, un peu comme moi. Il dut sentir son regard sur moi car il tourna quelques secondes plus tard sa tête vers moi. J'eus à peine le temps de tourner la mienne avant que je ne me fasse prendre en flagrant délit. Je soupirai mentalement, même dans ces moments-là j'avais envie de le prendre dans mes bras.
-Que l'opération pour reprendre le mur Maria commence ! cria Erwin.
Il faisait enfin nuit lorsque nous descendions de nos chevaux pour éclaircir notre chemin. En bas de cette montagne, nous aurons pratiquement atteint Shiganshina. Encapuchonnés, nous devions rester anonymes et ne pas prononcer de noms au cas où des ennemis pourraient être à l'affût. Je sentis soudainement quelqu'un prendre les rennes de mon cheval. C'était Jean. Il se mit alors à me conseiller de garder mes forces si nous venions à avoir besoin de mon aide. Eren était dans le même cas que moi, sauf que Mikasa s'occupait de son cheval depuis maintenant plusieurs heures déjà.
-Titan sur notre gauche ! cria Jean alarmé.
Nous nous arrêtions tous pratiquement simultanément. En pointant nos torches sur lui, nous pouvions un peu plus le détailler. Adossé contre un arbre, il était immobile avec les yeux ouverts. On nous ordonna de le laisser tranquille et de continuer notre route. Inquiète, je passais à côté de lui en accélérant le pas. J'avais comme cette impression de sentir son regard sur mon dos. Lorsque je me retournai vers lui, je croisai ses yeux vides de toute expression. Mon corps se mit à trembler. Avais-je peur ? C'était pourtant pas le moment de flancher. Comme par réflexe, je me mise à chercher Livaï du regard. Comme si sa présence était capable à elle seule de me rassurer. Et c'était le cas. Cependant, il n'était pas là. Je me contentai alors de me mordre la lèvre tout en regardant le sol.
-Pourquoi est ce que tu as la tremblotte comme ça ? me chuchota Armin. Tu as peur ?
-Quoi ? Bien sûr que non, ricanais-je nerveusement. J'ai juste un peu froid..
-C'est normal d'avoir peur Hana, m'interpella Eren. On a tous peur..
Malgré notre différent, Eren me parlait toujours. Sa petite phrase eut le don de me rassurer. Cependant, je restai silencieuse, lui lançant simplement un petit sourire. Le reste de mes camarades se contentèrent de se rapprocher de moi. Les voir m'encercler me donna envie de puiser dans le peu de courage qu'il me restait. Mon corps arrêta de trembler pour le reste du voyage.
Galopant à travers Shiganshina, nous apercevions un tas de maisons à moitié écrasées, des ponts détruits et encore quelques squelettes d'être humains. À un moment donné, on nous ordonna de passer en manœuvre tridimensionnelle. M'accroupissant sur mon cheval, j'enfonçai mes grappins dans le mur en face de nous. Je doutais que nous soyons seuls. Nos ennemis avaient certainement devinés ce que nous venions faire ici, c'est à dire colmater la brèche et obturer la porte qu'ils avaient détruite. En gros, ils savaient déjà que l'autre objectif de cette expédition était le fameux sous-sol que nous devions absolument explorer. C'est pourquoi, il était prévu que tous les soldats se dirigent simultanément au niveau de la porte, le visage caché sous leur capuchon. Ainsi, moi et Eren ne pourront être identifiés qu'une fois la première phrase de l'opération achevée.
-Ne reste pas planté là ! criais-je en direction d'Eren qui s'était arrêté sur le mur. Reste en mouvement, direction la porte !
Je pouvais comprendre que le fait de revoir son ancien chez soi pouvait lui faire un choc, mais si il se mettait à se faire remarquer dès maintenant, ça ne sentirait pas bon pour la suite. Une fois rassemblés sur le mur, nous sortions tous nos longues vues pour voir un éventuel titan arrivait vers nous. Mais bizarrement, il n'y en avait aucun. Même d'ici, on n'en apercevait pas un seul, même pas de l'horizon. Peu importe la situation, le plan devait continuer. Je vis alors une énorme lumière près de la porte. C'était Eren qui était entrain de se transformer. D'une vitesse fulgurante, il durcit son titan avant de le quitter de son plein gré. Je restai fascinée du progrès qu'il avait réussi à faire. Et pourtant, aucun signe de l'ennemi pour l'instant.
-Qu'est ce que ça a donné ? cria Hanji.
-Ça a marché ! lui répondit gaiement un soldat. La faille est parfaitement rebouchée !
Je vis alors Eren rassuré à cette entende. Son harnais avait tenu le coup mais pas sa capuche. Mon frère aussi présent lui donna sa cape. Il le remercia avant que nous puissions passer à l'étape suivante. Nous étions maintenant en route vers la porte inférieure. Pas loin de moi, je reconnus le gabarie de Livaï. Il me zieutait furtivement quelques fois, ce qui me faisait sourire toute seule par la même occasion. Pourquoi est ce que tout à coup je me sentais plus forte ?
Nous attendions sur le mur lorsque nous vîmes le signal d'interruption de l'opération, un fumigène. En dessous de nous, des soldats s'agitaient pour trouver une quelconque cachette où pourraient se cacher nos ennemis. Un d'entre eux tira à nouveau un fumigène, clamant que quelque chose sonnait creux contre le mur où il se trouvait. Soudain, une épée vint brusquement s'enfoncer dans son ventre. Quelqu'un sortit du mur. Mes yeux s'écarquillèrent quand je vis cette personne, Reiner. Livaï à mes côtés s'élança à une vitesse indescriptible. Avant que je ne puisse cligner des yeux, il était déjà à la hauteur de Reiner. Il lui enfonça sans retenue une de ses lames dans son cou, la seconde atterrit dans sa poitrine. Remarquant certainement quelque chose, il lui donna un violent coup de pied dans le ventre pour le faire tomber au sol.
-Et merde ! hurla t-il. Encore un coup de son foutu pouvoir..
Mon regard s'assombrit lorsque je le vis se transformer sous mes yeux. Erwin ordonna aussitôt aux soldats de surveiller les alentours. Il eut à peine le temps de finir sa phrase que derrière lui éclatèrent des dizaines de lumières. Au loin se dressa devant nous ce même titan singe, et autour de lui un nombre monstrueux de titans. Prenant un énorme rocher à ses pieds, il nous le lança violemment. Son projectile s'écrasa en pleins sur la porte arrière. Je doutais qu'il nous ait réellement raté. Je pensais plutôt qu'il voulait tout simplement nous coincer.
-Erwin, l'interpella Livaï, le cuirassé se prépare pour une séance d'escalade.
Des griffes sortirent alors des mains et des pieds du blond. D'un pas élancé, il commença à s'agripper aux murs. Était-ce enfin le moment pour moi de me transformer ? Je demandai alors immédiatement les consignes à Hanji. Elle me répondit que pour le moment nous devions encore rester en observation. Le titan singe attira notre attention lorsqu'il tapa le sol de son poing. Tout de suite après, les titans d mètres s'élancèrent vers nous. Leur première cible était sans doute nos chevaux. Si ils advenaient à réussir, nous nous retrouverons coincés ici mais nous perdrons aussi notre seule ligne de ravitaillement. Les ordres furent les suivants. Plusieurs équipes devaient défendre les chevaux tandis que d'autres devaient sortir les lances foudroyante. Quant à mon équipe, celle de Livaï, nous devions nous occuper du titan cuirassé. Avant que nous puissions nous élancer, notre major nous interpella.
-Un instant, Livaï laisse faire ton équipe.. Et tu restes là.
-Tu veux que je défende les canassons au lieu de protéger Hana et Eren ?
-C'est ça, lui répondit-il simplement. Le titan bestial, tu es le seul à pouvoir t'occuper de lui.
-Tu as déjà oublié de quoi on a parlé ? rétorqua Livaï sèchement.
-Je ne me souviens pas que tu ais mentionné ton cas, lui envoya Erwin sur le même ton.
Ces deux-là se mirent alors à se dévisager mutuellement. Je devinai facilement que Livaï parlait sans doute de l'accord qu'il avait passé avec Erwin à mon sujet. Seulement le blond avait raison, à aucun moment Livaï n'avait demandé à rester avec moi. Ça me touchait tout de même qu'il continuait à s'inquiéter pour moi.
-Très bien, finit Erwin par soupirer. Tu n'as cas la prendre avec toi.
Je restai médusée à l'entente de sa déclaration. Toute seule avec Livaï alors que nous étions plus qu'en froid ? C'était plus que bizarre comme situation. Je n'étais cependant ni pour ni contre, j'attendais seulement la réponse de Livaï. Réponse qui se montra positive puisqu'il accepta. D'un coup d'œil, il m'incita à le suivre. Je m'exécutai aussitôt avant de m'engouffrer dans la ville avec lui.
Alors que nous survolions d'innombrables toits, une lumière éclata derrière nous. Eren venait de transformer tandis que Reiner l'observait du haut de son mur. Un instant plus tard, il le longea pour redescendre. Servir d'appât en faisant mine de s'enfuir pendant que moi et Livaï nous nous occupions du titan poilu et de ses acolytes, c'était une brillante idée. Cependant, Bertholdt restait introuvable. Maintenant assez éloignés du mur, leur combat commença. Je souhaitais mentalement que la chance soit du côté d'Eren. Je me concentrais à nouveau sur ma situation lorsque nous passions à côté d'un groupe de soldats coursés par des titans. Livaï se dépêcha de tous les tuer avant de reprendre sa position devant moi. Je me mise alors à fixer son dos, j'étais entrain de réaliser à quel point il tenait à me protéger. Au point de m'emmener avec lui affronter certainement notre plus grand ennemi pour garder un œil sur moi. Décidément, il ne souhaitait pas remettre ma vie dans les mains de n'importe qui.
À présent sur un des toits et à proximité des premiers titans, nous observions de loin notre prochaine cible. Il se situait derrière les siens, par conséquent ça allait être difficile de l'atteindre. De plus, je ne savais même pas ce que mon Caporal attendait de moi. Il ne m'avait pas parlé depuis la seconde où nous avions quittés le mur. Soudain, un énorme cri se fit entendre. Prise par surprise, je faillis glisser de mon toit. Heureusement que Livaï me rattrapa in extremis par le poignet.
-C'est le titan cuirassé qui hurle comme ça ? demanda un soldat à côté de nous.
D'un instant à l'autre, le titan singe balança un énorme baril dans les airs. Il atterrit aux alentours de là où se situer Eren et Reiner. Quelques secondes plus tard, une énième lumière jaillit dans le ciel. Celle-ci était beaucoup plus grosse au point que nous ressentions des courants d'airs jusqu'ici. Malgré le désastre qui se passait là bas, nous devions rester concentrés sur notre mission. Il ne restait plus que les petits gabarits devant nous. La grande question était comment éliminer le bestial. Il restait planté là-bas sans faire mine de bouger. D'un accord commun, les quelques soldats qui nous entouraient décidèrent d'aller supprimer les titans qui venaient vers nous. Pendant ce temps, je me retournai vers le mur. À cause de celui-ci, je ne pouvais rien voir. Je me demandais ce qu'étaient devenus les autres après cette énorme explosion. En vérité, j'étais très inquiète pour eux.
-Si tu voulais rester avec Eren t'avais cas le dire à Erwin, me dit sèchement Livaï.
-Sérieusement ? demandais-je à bouts de nerfs. Je ne pensais même pas à Eren en particulier !
Il me gonflait sincèrement. Pourquoi fallait-il qu'il ouvre la bouche pour me dire de telles conneries ? Ma seule envie là c'était de me barrer et de le laisser tout seul. À bout, je décidai de suivre ma propre volonté. J'attachai mes grappins dans un des grands bâtiments avant de m'élancer. Seulement, Livaï enroula son bras autour de ma taille pour retenir. Je lui demandai alors plusieurs fois de me lâcher mais il ne m'écoutait pas. Irritée, je me retournai vers lui après avoir détacher mes câbles.
-Faudrait savoir ce que vous voulez ! m'énervais-je.
-Je n'ai jamais dit que je voulais que tu partes, me répondit-il en arquant un sourcil.
-Oui et bien.. Arrêtez de me parler d'Eren ! rétorquais-je sur le même ton.
-Mais tu t'inquiètes pour lui non ? me demanda t-il. Qu'est ce que tu fiches encore là ?
-Donc vous voulez que je parte ?!
Cette conversation n'avait ni queue ni tête. Je ne savais pas ce qu'il cherchait mais j'en avais plus que marre de sa gaminerie. Il s'attendait à quoi ? Que je me mettes à lui répondre docilement que je restais avec lui car je l'aimais et que sa sécurité m'importait le plus ? Autant se mettre à genoux devant lui et obéir à tous les ordres qu'il me donnait. Croisant les bras sur ma poitrine, il comptait ouvrir la bouche pour me répondre mais quelque chose derrière lui capta mon attention. D'énormes cailloux se faisaient projeter dans notre direction. Sans réfléchir, je me ruai sur Livaï pour le faire tomber en arrière. Une roche rasa littéralement nos deux têtes. La quasi totalité des soldats se firent déchiqueter aux passages ainsi que quelques titans. Nous n'eûmes pas le temps de nous attarder sur le moment qu'un second caillou se fit lancer vers nous. Livaï me fit alors basculer du côté pour glisser le long du toit. Encore ce fichu titan singe. Souhaitant évités être dans le champs de tirs, nous nous précipitons pour nous envoler à basse hauteur. Nous rencontrions par la suite un nombre de soldats avec des chevaux, Livaï leur ordonna aussitôt de se mettre à l'abri en reculant jusqu'aux murs.
-Debout ! râla t-il à tirant sur la capuche d'un soldat. T'as envie de crever ou quoi ?!
Erwin atterrit alors à côté de nous. La situation se présentait mal car une grande partie des bâtiments était déjà détruite. S'il continuait comme ça, ils seront bientôt tous rasés et nous n'aurons plus nulle part où nous réfugier. Passer de l'autre côté du mur était trop risqué car Bertholdt balançait des débris enflammés dans tous les sens. Livaï en profita pour demander des nouvelles d'Hanji et des autres. Je restai bouche bée quand il prononça le nom d'Eren. Peut être qu'il faisait simplement ça pour me rassurer.
-Autrement dit, les effectifs de ce côté du mur se limitent désormais à vous autres, qui venez à peine d'intégrer le bataillon, nous expliqua t-il. Le Caporal Livaï, Hana et moi-même.
Pratiquement simultanément, de nouveaux jets s'écrasèrent non loin de nous. La plus part des nouvelles recrues criaient ou se bouchaient les oreilles. Seul Livaï parlait calmement à Erwin, lui demandant s'il avait un plan. Soudain, un énorme fracas se fit entendre. Quelque chose venait de se faire jeter sur le haut du mur. Une pierre ? Non, on aurait dit Eren.
-Bon, puisque t'as pas l'air de vouloir nous sortir un plan de contre-attaque, grogna Livaï en direction de Erwin, je te propose de battre en retraite.
D'après lui, il fallait tout de même que des personnes survivent. Erwin était supposé grimper sur le mur pour réveiller Eren en prenant quelques soldats pour foutre le camp. Il faudrait aussi que les jeunes recrues se mettent à cavaler en ordre dispersé pour donner plus de chance à Erwin et moi pour nous enfuir. Perplexe, je me répétai plusieurs fois ce que je venais d'entendre. Moi ?
-Et toi Livaï ? lui demanda Erwin.
-Moi je reste pour tenir compagnie au poilu.
-Quoi ? m'étonnais-je. On est sensé rester ensemble !
Il essaya de se justifier en me disant qu'il n'allait pas survivre et que par conséquent il ne pourrait pas me protéger. Si je venais à l'accompagner, tout était fini de l'humanité. Ne me donnant pas le temps de faire partager mon avis, Erwin m'attrapa fermement par le bras. Évidemment qu'il n'eut pas de mal à me faire traîner derrière lui, c'était un homme après tout. Seulement, il était entrain de me forcer. Je ne voulais pas quitter Livaï. Si il devait mourir alors autant mourir avec lui. J'avais beau me débattre, je n'arrivais pas à le faire lâcher prise. En tournant ma tête vers Livaï, je redécouvris ce même air inquiet qu'il avait eu lorsque nous nous étions séparés avant de rejoindre ma mère. Pourquoi s'était-il énervé déjà ? Parce que je n'avais pas assez insisté pour rester avec lui ?
-Lâchez moi, dis-je à Erwin en le fusillant du regard. Avant que je ne fasse quelque chose que votre petit cerveau n'avait pas prévu.
Il me regarda un instant impassible, certainement entrain de se demander ce que je manigançais. Il me répondit alors qu'il avait fait une promesse à Livaï, qu'il ne pouvait le décevoir. Tirant à nouveau sur mon bras avec plus de force, je sentais carrément la douleur me prendre possession. Je serrai les dents, il fallait que je fasse quelque chose. Je n'avais plus le choix. De mon autre main libre, je dirigeai mes doigts vers ma bouche. Avant que quiconque ne puisse réagir, la foudre s'abattit sur moi. Un instant plus tard, j'étais devenue un titan. Je regardai alors Erwin de haut, je pariais qu'il ne s'y attendait pas à ça. Je n'aimais pas qu'on me force à faire quelque chose que je n'avais pas envie. Personne n'avait le droit de me séparer de Livaï. Déterminée, je me dirigeai vers lui. Il était tout aussi étonné que les autres. Le prenant entre mes doigts, je le déposai sur mon épaule.
-Je vois, murmura t-il. Je dois prendre ça comme une invitation ?
Une invitation à botter le cul de ce titan bestial, oui. Ensemble, nous étions beaucoup plus fort. Je ne comprenais même pas pourquoi nous n'avions pas eu cette idée plus tôt. Je supposais qu'ils ne voulaient tout simplement pas que je me fasse remarquer. Je rigolai mentalement, c'était loupé pour cette fois.
-Hé, m'interpella t-il. Tu n'as pas oublié ce que tu m'as juré la dernière fois ?
De ne pas mourir facilement ? Je m'en rappelais très bien. Comme simple réponse, j'émis un monstrueux cri de titan. Livaï sortit aussitôt ses lames, prêt à se battre. Je ne le réalisai pas encore mais, c'était la première fois que je faisais équipe avec mon Caporal.