Étrangère

Chapitre 32 : Famille

3691 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/08/2017 20:44

La tête lourde et les membres engourdis, j'essayai difficilement d'ouvrir les yeux. Mon mal de crâne était insoutenable. Tenter de bouger était une cause perdue. Récupérant petit à petit la vue, je découvris dans quelle situation foireuse je m'étais encore mise. Assise, mes poignets étaient rassemblés dans mon dos et mes chevilles accrochées aux pieds de ma chaise. À en juger par la proximité des murs, je me situais dans une assez petite salle. Comment avais-je atterri ici ? La dernière chose dont je me souvenais était le moment où des soldats étaient sortis de nul part. J'étais avec le garde de Samuel. Le garde, où était-il d'ailleurs ? Me souvenant subitement du dernier coup que je m'étais pris, je cogitai un instant. Quelqu'un m'avait frappé à l'arrière de la tête. À moins qu'un soldat avait réussi à se faufiler derrière moi pour m'assommer, je ne voyais alors qu'un seul coupable. Si ce garde nous l'avait vraiment fais à l'envers, alors nous nous étions fait embobiner depuis le début.


-Alors tu es enfin réveillée..


Voix et marche féminine, je n'avais pas besoin de réfléchir à deux fois pour comprendre qui m'adressait la parole. Faisant rouler une mèche de cheveux autour de ses doigts, elle se positionna face à moi. Sourire jusqu'aux oreilles, elle me nargua ouvertement. Une chose était plus qu'évidente à présent, nous nous étions fait duper. La réelle question que je me posais maintenant était si mon frère était lui aussi de mèche avec ma mère. Elle tourna alors plusieurs fois autour de moi sans dire un mot. Elle m'observait comme si j'étais sa bête de foire.


-Tu es vraiment une créature incroyable Hana, me dit-elle d'une voix qui se valait douce.


Elle avait employé le mot "créature". Faisait-elle allusion à mon pouvoir de titan ? Jusqu'à la fin elle ne me verra jamais comme quelqu'un d'apparent. J'essayai de répondre mais quelque chose coinça ma bouche. Admirant mon impuissance, elle me ricana au visage. Depuis combien de temps étais-je là au juste ? Avant de m'évanouir, je me rappelais du fumigène. Quelque chose était arrivé à Livaï et Hanji. Tout ce que j'espérais c'était qu'ils étaient en ce moment sains et saufs.


-Je n'aurai jamais cru que les expérimentations de ce fou porteraient ses fruits. Au fond, nous ne sommes pas si différentes toi et moi.


Je lui envoyai un regard noir. Ce "fou" qu'elle avait mentionné était tout de même son mari et mon père. L'homme avec qui elle avait vécu une partie de sa vie et eu des enfants. Je ne comprenais définitivement pas ses sentiments. Moi et mon père, nous étions tous les deux détestés pour une raison que j'ignorais. J'avais envie de lui répondre, de lui poser un tas de questions. Tout en essayant d'articuler quelques mots, elle s'approcha de moi nonchalante. Après avoir enlevé ce qui retenait ma bouche, elle me colla une substance gélatineuse sous les dents. Son goût était infâme. Si j'essayais de refermer la mâchoire, ma langue en était totalement imbibée. Je pouvais donc parler mais évidemment pas me mordre.


-Je ne suis pas comme toi, répondis-je en fronçant les sourcils. Tu es une meurtrière.


Elle passa ses doigts dans mes cheveux en rigolant. En rapprochant ses lèvres de mon oreille, elle me chuchota que moi aussi j'avais tué un tas de personnes. Que ce soit à cause de mon incompétence ou de ma maladresse, j'étais responsable de nombreuses morts. J'essayai de ne pas faire attention à ce qu'elle me disait mais j'avais l'impression de boire ses paroles. Son don pour manipuler les gens était vraiment incroyable.


-Et bientôt, cet homme.. Le Caporal Livaï c'est ça ? Il mourra aussi par ta faute, me dit-elle en souriant. Dommage, on commençait à bien s'entendre lui et moi..


-Tu ne l'intéresse pas, rétorquais-je en sentant la colère montée.


-Tu es sûre ? Pourtant quand j'étais assise sur lui dans la réserve, j'ai cru sentir quelque chose entre ses j..


Je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase que je lui crachai au visage. L'entendre à peine prononcer son prénom me hérissait les poils. Tout en secouant la tête, je m'efforçai de chasser les souvenirs de cette scène. Elle mentait. Il l'avait dis lui-même, il me préférait à elle. Je pouvais avoir foi en ce qu'il ressentait pour moi. Elle essuya son visage avec un mouchoir qu'elle retira majestueusement de sa poche. Sourire arrogant, elle me l'enfonça ensuite dans la bouche. Sentir ce tissu au fond de ma gorge me donna soudainement envie de vomir.


-Je disais donc que nous étions similaires, reprit-elle comme si de rien n'était. Sauf que j'ai choisi ma voie et tu as choisi celle du héro.


Je ne savais pas ce qu'elle cherchait à faire mais si elle prenait le temps de me parler, c'était pour une bonne raison. Quelle voie avait-elle choisi ? Ça voudrait dire qu'elle avait pleinement conscience de la façon dont était perçue sa personne ? Après quelques efforts, je réussis à repousser le mouchoir de ma bouche. Je toussai vivement plusieurs fois avant de me reprendre.


-Et en quoi c'est mal ?


-Ils vont te trouver amusant, les gens au sein de ses murs. Mais il y a une chose qu'il aime encore plus qu'un héros.. C'est de voir le héros échouer, mourir en essayant.


Elle disait n'importe quoi. Les habitants ou les soldats du bataillon, personne ne souhaitait que je meurs. Il y avait un tas de personnes qui comptait sur moi et sur mon pouvoir. Plus j'y réfléchissais et plus je me disais que peut être tout était là le problème. On comptait beaucoup trop sur moi.


-En dépit de tout ce que tu as fait pour eux, ils finiront par te détester, m'indiqua t-elle en me regardant dans les yeux. Le bataillon se sert de toi. Échoue et ils te tourneront le dos.


-Je suis prête à ce qu'on se serve de moi pour l'humanité, répondis-je du tac au tac.


Je disais ça mais je n'étais plus vraiment sûre de rien. C'était comme si elle avait réussi à me retourner le cerveau. Elle se dirigea vers moi en pouffant. Elle me donna une pichenette sur le front avant de prendre une chaise et de la poser devant moi. Dignement assise, elle me toisait intensément du regard.


-Il y a tant d'habitants dans ces murs et il a fallu que ça tombe sur toi, se plaignit-elle en regardant ses ongles. Je pourrai te tuer tout de suite mais je vais te laisser le choix.


Sa voix était devenue un peu plus sévère. Attentive malgré tout, j'écoutai sa proposition. Son premier choix était que je me joignes à elle. Ensemble, elle me demandait d'imaginer ce que nous pourrions accomplir, créer mais aussi détruire. Sur le moment, je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle voulait dire par la rejoindre. À ce que j'avais réussi à comprendre, elle était toute seule. Elle ne faisait pas partie de la police militaire, alors pourquoi ?


-Tuer des innocents dans des combats égoïstes encore et encore, est-ce vraiment ça ce que tu veux ? me demanda t-elle en fronçant les sourcils.


-Avec qui fais-tu équipe ? rétorquais-je en m'éloignant du sujet. Qui a mis au point ce plan ?


Elle se toucha le front, l'air désespéré. Elle promit qu'elle me raconterait la suite plus tard, mais que pour l'instant je devais dormir. Lentement, elle s'avança avec une serviette dans les mains. Elle l'appuya contre ma bouche et mon nez assez fort pour que je ne puisse plus que respirer son odeur. Mon mental me quitta peu à peu et mes yeux se fermèrent. J'allais une fois de plus sombrer dans un long et lourd sommeil.


-Choisis, ma fille ! ricana t-elle avant que je n'endormes.


Je ne sais pas combien de temps passa mais lorsque je repris connaissance, je me retrouvai dans une autre pièce. Toujours dans la même position, je regardai nerveusement autour de moi. À priori, il n'y avait rien qui puisse m'aider à me détacher. J'essayai tant bien que mal de desserrer les cordes ou de faire avancer ma chaise mais rien ne porta ses fruits. La tension monta subitement. La poignée de porte s'enclencha. Elle laissa place à un homme que je ne connaissais que trop bien. C'était ce garde qui m'avait accompagné. Prise de panique, je lâchai les quelques mots que j'avais à lui dire.


-Vite, aidez-moi !


Il resta immobile près de la porte. Aucune émotion ne le trahissait. Une main se posa sur son épaule. La porte se referma pour me faire découvrir la seconde venue de ma mère. Qu'est ce qu'il se passait ? Je me sentis complètement bête quand elle m'indiqua que elle et lui étaient dans le même camp. Elle gloussa légèrement avant de se diriger vers le bureau derrière moi. Le garde, pendant ce temps là, me jaugea de haut en bas. J'avais déjà vu ce regard, avec ces trois hommes dans cette ruelle. Il s'approcha de moi puis posa le dos de sa main contre ma joue. D'un geste lent, il la glissa jusqu'à mon cou puis sur ma poitrine. Il détacha lentement les boutons de ma chemise. Un goût amer remonta le long de ma gorge. Ses mains, elles étaient très différentes de celles de Livaï. Je ne voulais pas que quelqu'un d'autre me touche.


-Hé, l'interpella ma mère. Tu auras tout le loisir de faire ça lorsque je ne serai plus dans les parages.


Laissant ma chemise en désordre, il retira sa main à contre cœur. Elle lui ordonna immédiatement de quitter la pièce pour nous laisser seules. Quand je pense qu'elle avait réussi à se le mettre dans la poche, ça voudrait dire que dès le départ Ben serait parvenu à sortir sans notre aide. Maintenant ce que je me posais comme question, c'était pourquoi avait-elle besoin de ce sérum ? En me voyant cogiter, elle soupira.


-C'est moi l'auteur de ce plan, m'avoua t-elle finalement. Après tout, je suis le cerveau de la police militaire.


Je relâchai complètement mes sourcils sous l'étonnement. Elle ne perdit pas de temps pour me raconter l'histoire de son enrôlement. Plus jeune, elle avait toujours rêvé de travailler pour la cause humaine. Quand elle atteignit enfin les murs avec mon frère, elle n'y voyait là qu'une énorme opportunité. Seulement, en dépit de mes résultats sanguins, nous étions condamnés à rester à l'extérieur des murs si elle n'acceptait pas de m'abandonner. Son rêve ou sa famille, le choix était rapidement fais. Peu de temps après, elle entendit les nombreux échecs du bataillon et souhaitait au début les rejoindre. Pour une raison de condition physique, d'âge mais surtout de statut de nouvelle arrivante, sa candidature fut refusée. Folle de rage, elle chercha à se retourner contre eux. C'est alors qu'elle apprit les différents entre le bataillon et la police militaire. Pour se venger, elle rejoignit les rangs adverses et jura de combattre avec eux jusqu'à la totale dissolution du bataillon. Grâce à son intelligence pour les stratégies, elle devint très rapidement une figure importante auprès de la police militaire. À la fin de son monologue, elle me confirma toute seule que si elle était intéressée par le sérum c'était pour le leur donner. Tout concordait à présent.


-Comment tu as fait pour voler les clés ?


-Je ne les ai pas volé, ricana t-elle.


-Comment ça ? demandais-je perplexe.


-Il n'avait déjà plus ses clés lorsque j'étais avec lui, sourit-elle.


Je lui priai de mieux m'expliquer. J'étais complètement perdue, je m'emmêlais toute seule. Elle m'expliqua qu'au final sa conversation avec Livaï n'avait servis cas l'accuser. Elle voulait que le bataillon pense que c'était lui qui avait failli à sa mission. Mais en réalité, un soldat qu'elle avait encore une fois corrompu s'était chargé des clés. Il était vrai que quelques fois Livaï enlevait sa veste. Je devinais par supposition que ce traitre en avait profité pour les lui voler à un moment opportun.


-Pour ce qui est de la suite du plan, tu le connais déjà.


-Parle moi de papa, changeais-je de sujet. Dis-moi pourquoi toi et même Samuel me détestez ? Vous avez l'air de bien vous entendre pourtant !


Elle soupira à nouveau. Étant donné sa réaction, elle allait certainement une fois de plus se lancer dans un interminable monologue. Se raclant la gorge plusieurs fois, elle commença à tout me raconter. De leur rencontre à leur déclaration, elle m'informa que ça avait été le coup de fondre au premier regard. Ils ne mirent pas beaucoup de temps avant d'habiter ensemble et de vouloir fonder une famille. Leur village se situant à l'extérieur des murs, il n'y avait pas grand monde avec eux. Tandis qu'elle me confiait son histoire, je remarquai qu'un léger sourire était suspendu à ses lèvres. Comme si ressasser les bons souvenirs lui faisait du bien. Mais un jour, tout bascula. Mon père ne faisait plus attention à elle. Se donnant à des expériences dont il refusait de parler, elle perdait petit à petit l'image du couple parfait qu'elle s'était imaginé. Elle avait beau essayé d'attirer son attention et de lui donner envie de s'intéresser à elle, il ne la voyait plus comme avant à ses yeux. À bout, elle chercha réconfort un soir dans une maison voisine. Ma mère étant très séduisante, elle n'eut pas de mal à se faire désirer par un certain homme, qui était pourtant déjà marié. Quelques mois plus tard, elle annonça son erreur et sa grossesse à mon père. Soudainement alarmée d'un détail, j'en oubliai même de respirer.


-Mais alors ça veut dire que..


-Ça veut dire que ton frère n'est pas réellement ton frère, me coupa t-elle nonchalante.


Je restai bouche-béé. Depuis mon enfance, ma famille m'avait menti. Mais surtout, elle avait menti à Samuel. Je ne savais même pas si il était au courant. Étant donné sa dévotion pour ma mère, je doutais fort que c'était le cas. Il se faisait lui aussi manipuler. Il n'était qu'un pantin de plus qu'elle gardait bien au chaud dans son coffre de marionnettes. Sans demander d'avantage d'explications, elle m'exposa volontairement la suite. Mon père, sous le choc, décida d'abord de quitter ma mère. Malheureusement, il l'aimait beaucoup trop. Elle réussit à se faire pardonner et ainsi Samuel naquit. Mon père refaisait attention à elle, elle avait eu ce qu'elle voulait. Pour définitivement oublier cette trahison, ils décidèrent de se donner à un second enfant. Je grandis au début au sein d'une famille en harmonie. Étant la véritable fille de mon père, il était évident qu'il s'intéressait plus à moi qu'à mon prétendu frère. La jalousie commença à naître en lui. Plus les jours passaient et plus Samuel me détestait. Ma mère, voyant la différence que faisait son mari, décida de ne rien dire quant au vrai père de Samuel. Elle garda le secret profondément enfoui à jamais. Un soir, mon père recommença ses expériences. Le rêve de ma mère s'écroula à nouveau. Cette fois-ci, il ne faisait plus attention à elle mais en plus de ça, il me prit sous son aile. Il passa ses journées à s'occuper de moi, à m'apprendre un tas de nouvelles choses. Les sentiments de ma mère rejoignirent ceux de Samuel. Ainsi, je devins le vilain petit canard de la famille.


-Quand je pense que tout a basculé à cause de la venue de cet homme ! s'énerva t-elle subitement. Ils sont partis tous les deux pendant des années et des années..


La voilà encore entrain de parler de choses dont j'ignorais totalement le sens. Cet homme ? Partir pendant des années ?J'avais beau lui demander de m'expliquer cette partie, elle refusait catégoriquement de me donner quelques indices. On aurait même carrément dis que quelque chose lui interdisait d'en parler.


-Ta situation est peut être compréhensible mais la tromperie et le meurtre n'étaient pas une solution ! criais-je irrité.


-On agit tous différemment en fonction de nos obsessions, se justifia t-elle en baissant les yeux. Pour certains c'est l'alcool, les femmes, la religion, les enfants, la couronne, la puissance, la famille..


L'alcool pour les plus vieux soldats de l'humanité. Les femmes comme le père de Historia. La religion pour ce pasteur Nick. Les enfants comme n'importe quels parents heureux. La couronne pour notre faux roi démasqué. La puissance pour mon frère qui n'a jamais cessé d'avoir un sentiment d'infériorité envers moi. La famille comme ma mère. Elle qui espérait un jour obtenir l'homme et les enfants de ses rêves. Sa haine n'était qu'à moitié justifiée pour moi. Son amour sans limité s'était transformé en un nouvel être. Un être qu'il fallait aimer et élever jusqu'à la fin de ses jours. Ma mère ne semblait pas avoir compris cette règle.


-On est tous l'esclave de quelque chose, reprit-elle d'une mine triste. Et toi ? Qu'est ce qui t'obsède tant ? Jouer les héros ?


Son ton de voix avait changé à la fin de sa phrase. Comme si elle était tout à coup en colère. Quelque chose qui me faisait avancer ? Je m'étais longtemps posée cette question. Au début, je pensais que c'était pour savoir qui était réellement ma famille. Mais à quoi bon essayer de découvrir le passé quand le futur peut changer d'une seconde à l'autre ? Ma dévotion était beaucoup plus simple que ça.


-Mon obsession ? ricanais-je. Rester en vie ?


Ma réponse l'étonna car elle leva légèrement les sourcils. Elle claqua ensuite la langue avant de m'apprendre que la police militaire allait bientôt venir me chercher. Il était pratiquement sûr que j'allais mourir. Même si ils me demandaient de leur prêter main forte, jamais je n'accepterai. Je pensai soudainement à Livaï. Il me manquait, j'avais envie de le voir. D'habitude, il arrivait toujours à l'improviste pour me sauver. Cette fois-ci allait être différente. Personne ne savait où j'étais. D'autant plus que j'avais changé plusieurs fois d'endroits. Nous étions peut être actuellement dans l'enceinte d'un autre mur ou même perdues au fin fond d'une forêt.


-Mon père ne méritait pas la mort, chuchotais-je à moi-même. Tu étais sa femme, tu étais sensé l'aimer.


-Mais je l'aimais ! s'énerva t-elle. Il n'a juste jamais su m'aimer en retour..


-Il t'a pardonné, il t'a donné ce que tu voulais le plus !


-Arrête de parler comme si t'y connaissais quelque chose ! me cria t-elle dessus.


Elle avait tors. Moi aussi j'y connaissais quelque chose à l'amour. Moi aussi j'avais commencé à aimer un homme qui ne faisait aucunement attention à moi. J'essayai de lui expliquer qu'avec le temps, j'avais su faire mes preuve auprès de lui. Au début, je n'avais été qu'une gamine incapable et stupide qui ne savait rien faire de ses dix doigts. Grâce à ma persévérance et à mon courage que je puisais chaque jour dans les personnes qui m'entouraient, j'avais su me démarquer et attirer son attention. Elle avait choisi la facilité en se servant d'un autre homme. Je la trouvai bizarrement très attentive lorsque je lui racontai tout ça. Elle râla finalement en me disant que j'étais beaucoup trop jeune pour connaître le véritable amour. Pour elle, je n'étais qu'une enfant qui se voilait la face.


-Il finira par te mettre de côté ou te jeter, me dit-elle en croisant les bras.


-C'est faux. Je sais qu'il m'aime..


-Tu es sûre ? me demanda t-elle en souriant.


Même si il ne parlait pas beaucoup et qu'il ne m'avait jamais rien dis quant à ses sentiments, j'étais sûre qu'il tenait un minimum à moi. Maintenant, assurer qu'il s'intéresserait indéfiniment à moi n'était qu'un mensonge. Je voulais juste me voiler la face et éviter de faire profil bas devant ma mère. Sans grande surprise, elle me perça à jour. Savoir lorsque j'étais incertaine était un jeu d'enfant pour elle. Je repensai soudainement à Samuel. Nous étions carrément entrain de nous éloigner du réel sujet. Ce n'était pas avec ma mère que je voulais parler de Livaï de toute façon.


-Tu devrais avoir honte de te servir de Samuel, marmonnais-je.


-Écoute, nous te détestons tous les deux.


-Parce que tu lui a mis dans le crâne que si mon père s'occupait moins de lui c'était parce qu'il ne l'aimait pas ! rétorquais-je. Alors que non, c'est juste que tu t'es comportée comme une garce !


Elle me donna une violente gifle en guise de réponse. Je pouvais la voir trembler, perdre le contrôle d'elle-même. D'un geste vif, elle attrapa le pistolet accroché à son pantalon. Le pointant directement vers moi, je me rappelai étrangement de ce fameux cauchemar où elle finissait par tirer.


-Tant pis pour la police militaire, je te tuerai moi-même ! me cracha t-elle en rapprochant le canon de mon visage. Et pour Samuel, j'en ai rien à foutre. Je me sers de lui, et alors ? Est ce que c'est de ma faute si il est stupide et irrécupérable ?



-Je vois, nous interpella une voix masculine, stupide et irrécupérable.

Laisser un commentaire ?