Étrangère
-Depuis combien de temps sommes-nous ici déjà ? demanda Sasha lasse.
-3 jours, lui répondit Connie ennuyé.
-Arrêtez de râler, ça me fait chier, se plaignit Livaï.
Depuis 3 jours, nous étions enfermés dans une sorte d'auberge au district Sud du Mur Rose. Notre seul but ? Ne rien faire. Nous étions tous réunis, sauf l'habituel trio, à rester cloîtrer dans ses murs. Je commençais moi aussi à atteindre ma limite de patience. J'étais assise comme à mon habitude, près de la fenêtre. Je regardais l'extérieur, la nature, les oiseaux. Je repensais encore à Ben. Il ne s'était pas passé un seul jour sans que je repense à la façon dont il était mort. C'était peut être il y a quelques semaines, mais je me rappelais encore de tout. Annie n'était pas la seule à avoir eu l'idée de tuer Ben ce jour-là.
-Encore entrain de rêvasser ? m'interpella quelqu'un.
Lorsque je me retournai, mes yeux rencontrèrent ceux de mon Caporal. Il prit alors une chaise à ses côtés puis la mise devant moi. C'est en lui répondant seulement d'un hochement de tête qu'il me rejoignit dans ma contemplation. Seulement, je changeai bien vite mon sujet d'admiration. Livaï, regardant à travers la fenêtre dans un silence absolu. Je le détaillais du regard. Ses yeux, ses lèvres. Il était plus que certain que j'étais bel et bien tombée dans ce piège qu'on appelait l'amour.
-Arrête de me regarder comme si tu allais me sauter dessus, me dit-il.
-N'importe quoi, lui répondis-je immédiatement en le tapant sur la cuisse.
Il émit instantanément un léger cri de douleur. J'en oubliais presque qu'il s'était blessé. Enfin, que quelqu'un l'avait blessé. Quelques jours plus tôt, Mikasa ayant refusé un de ses ordres, avait décidé de foncer tête baissée pour récupérer Eren d'entre les mains de la police militaire. Livaï nous avait demandé de lui faire confiance à ce moment là. La brune ne l'avait pas entendu de cette oreille. C'est en essayant de la retenir que Mikasa lui avait enfoncé profondément son couteau dans la cuisse. Depuis, il avait évidemment été soigné mais sa plaie ne s'était pas encore complètement refermée. Sa coupure était plutôt profonde. Je me rappelais avoir été vachement en colère contre mon amie quand Eren était venu m'apprendre tout ça.
-Je suis désolée, paniquais-je.
D'un geste hésitant, je posai ma main sur sa jambe. Je commençai alors lentement à lui caresser l'endroit où je l'avais tapé. Un lourd silence s'installa. Je ne réalisais pas tout de suite ce que j'étais entrain de faire. C'est en relevant les yeux timidement vers lui que je remarquai qu'il était entrain de me fixer. Ne sachant pas vraiment comment interpréter ce regard, je retirai immédiatement ma main. Je regardais à présent mes pieds, rouge de honte. Je sentis alors quelque chose me remuer les cheveux. Livaï était entrain de me caresser la tête. Ce simple contact me faisait incroyablement bien.
-Caporal, ça vous dérange si je vous emprunte votre amoureuse ? demanda quelqu'un.
Je tournai directement la tête vers cette personne. C'était Ymir. Elle et Livaï se toisèrent du regard, dans le silence. Il n'avait toujours pas enlevé sa main. C'est un instant plus tard qu'il soupira puis se releva. Il sortit ensuite de la pièce pour se diriger je ne savais où. Ymir arbora bizarrement un sourire quand celui-ci fut partit.
-Vu qu'on peut rien foutre ici, on a décidé tous ensemble de faire un jeu ! s'exclama t-elle surexcitée.
-Un jeu ? demandais-je perplexe.
J'étais partagée entre le sentiment de vouloir être seule et celui de vouloir m'amuser avec les autres. Même si je pensais que faire un jeu en ce moment même n'était pas la meilleure des solutions, ça restait tout de même un moyen pour se décontracter. J'acceptai finalement sa proposition avant de la suivre dans la pièce voisine. Tout le monde était présent, même Livaï. Je m'asseyais alors timidement à côté de Jean. Apparemment on allait jouer à un jeu qui consistait soit à faire une action, soit à répondre à une question. J'étais déjà sûre d'avance que je ne choisirai jamais une vérité.
-Vous voulez jouer Caporal ? lui demanda Chrysta.
Ce fut un non catégorique. J'étais un peu déçue. Ça aurait pu être drôle si il avait accepté de se prêter au jeu. Ymir plaça alors une bouteille au centre de la table. La personne désignée devait donner un gage à la personne de son choix. Livaï ne souhaitant pas participer, nous regarda de son canapé commencés à jouer. Le premier tour, la bouteille désigna Connie.
-Jean, Action ou Vérité ?
-Action, répondit-il pas très sûr de lui.
-Très bien, masse moi le pied.
Le visage de mon voisin se décomposa. Connie étant à sa droite, il déposa son pied sur les cuisses de Jean. Je voyais limite ses larmes prêtes à couler à tout moment. C'est avec plein de dégoût que Jean commença à masser son camarade. Connie en profitait beaucoup car celui-ci ne faisait que de lui demander de changer d'endroit. Irrité, Jean tourna à nouveau la bouteille. Elle atterrit sur Ymir.
-Jean !
-Encore moi ?! s'énerva t-il. Vérité..
-Fait nous ton top 3 des plus belles filles ! se moqua t-elle.
Il sembla réfléchir un moment. Il n'y avait pas besoin de se demander qui était la personne au sommet de ce classement. Comme prévu, il nous indiqua que Mikasa était première. Il me regarda ensuite vaguement, puis dit mon nom. Je ne m'y attendais absolument pas. Même si c'était Jean, ça me touchait quand même. La dernière personne fut tout aussi inattendu car c'était Sasha. Jean tu nous cachais bien ton jeu.
La suite du jeu continua tandis que Livaï nous observait toujours du coin de l'œil. Les gages se suivirent un par un. Chrysta avait dû dire ce qu'elle pensait de Reiner. Celui-ci faillit s'évanouir lorsqu'elle l'avait arrosé de compliments. Sasha avait dû resté parfaitement impassible devant un repas fraichement cuisiné. Elle en avait transpiré tellement ça avait été dur pour elle. J'avais quant à moi dû masser les épaules d'Ymir, puis faire une déclaration d'amour à Jean. J'avais recommencé plusieurs fois car je n'avais évidemment eu aucune crédibilité. Bertholdt avait dû répondre s'il était amoureux de quelqu'un. Ça avait été tellement évident qu'il mentait lorsqu'il nous avait répondu que non en rougissant. La bouteille s'arrêta enfin devant moi. C'est d'un air un peu hautain que je regardais un par un mes compagnons. Mais qui allait avoir le droit à ma punition ? Je reposais alors mon regard sur Reiner. Les doutes que j'avais sur lui revinrent à la surface. Je croisai alors mentalement les doigts pour qu'il réponde vérité.
-Reiner, Action ? lui demandais-je innocemment.
-Non, vérité.
-D'accord.., dis-je en faisant semblant de réfléchir, que ferais-tu si tu étais un titan ?
Ils arborèrent alors tous un air étonné, tout particulièrement le blond. Ils se tournèrent ensuite vers lui, attendant sa réponse. C'est en reprenant son sérieux habituel et son regard de marbre qu'il me répondit tout naturellement.
-Je rassemblerai toutes mes forces pour combattre au côté de l'humanité.
J'avais pris le plus grand des soins à le détailler pendant qu'il m'avait répondu. Aucun geste, aucune hésitation ne l'avait trahi. Je remarquais seulement Bertholdt à ses côtés, entrain de le fixer. Il avait l'air encore plus nerveux que lui.
-Ah vengeance, rigola le blond, Hana, Action ou Vérité ?
Tandis que je réfléchissais, je n'avais pas remarqué que la bouteille l'avait désigné. C'est d'un sourire vainqueur qu'il s'était adressé à moi. Si je lui répondais action, je sentais le gros gage surhumain qu'il allait me donner. Même si j'avais dis au début que je ne choisirai que des actions, j'optai finalement pour vérité.
-Que ressens-tu pour le Caporal Livaï ? me demanda t-il de son air arrogant.
Le stress monta d'un seul coup. Le principal concerné ne nous regardait bizarrement plus. Mais je pouvais parier n'importe quoi qu'il écoutait. En inspirant un bon coup, je leur mentis ouvertement. Livaï était mon supérieur, rien de plus. Nous nous entendions bien mais il n'y avait rien entre nous. Je le voyais comme un simple adulte envers lequel je devais mon plus grand respect. Je ne ressentais que de l'admiration pour lui. Après mon monologue mensonger, je passai mon regard sur tout le monde. Le rire de Ymir résonna soudainement dans toute la pièce.
-C'est quoi ces conneries ? se marra t-elle. Arrête tu vas me faire pleurer de rire !
Personne ne semblait réellement me croire. Était-ce à ce point évident ? Reiner accepta tout de même ma réponse, même si on voyait très bien qu'il ne me croyait pas. Nous comptions alors continuer notre petit jeu quand une voix nous interpella.
-Je veux jouer aussi.
Nous tournions alors toutes nos têtes vers la personne en question. Livaï venait de se lever de son canapé, bien décidé à nous rejoindre. Qu'est ce qu'il lui prenait tout à coup ? C'est dans un lourd silence qu'il s'installa en face de moi. Jean tourna la bouteille, elle s'arrêta devant Ymir.
-Caporal, sourit-elle après qu'il ait choisit une vérité, si vous aviez notre âge, quelle fille vous plairait le plus ?
-Chrysta est plutôt mignonne, répondit-il sans hésité.
Pardon ? Que quelqu'un me débouche les oreilles, je croyais avoir mal entendu. Chrysta ? Celle-ci devint aussitôt aussi rouge qu'une tomate tandis que moi je devenais rouge de rage. Reiner et Ymir étaient à présent dans le même état que moi. Une fois son tour passé, il tourna à nouveau la bouteille. Après ça, il posa enfin son regard sur moi. Les sourcils froncés, je le dévisageai. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres avant qu'il ne retourne définitivement la tête. Il se moquait encore de moi.
Les prochains gages visaient ou avaient pratiquement toujours un rapport avec Livaï. Il y avait d'abord eu Reiner qui avait du le battre au bras de fer. Même en ayant des biceps plus prononcés que Livaï, il avait lamentablement échoué. Il avait tout de même recommencé plusieurs fois, bien déterminé à gagner. Quelques minutes plus tard, nous nous étions retrouvés au final à huit contre lui. Sans succès. La bouteille s'était une fois arrêtée devant lui d'ailleurs. Il s'était malheureusement adressé à moi après ça. J'avais bien évidemment répondu naïvement que je choisissais une action. Mon gage était de faire 20 pompes devant lui sans m'arrêter. Lorsque la bouteille me désigna quelques tours plus tard, j'accueillis la vengeance à bras ouverts.
-Action, me dit-il nonchalant.
-Vous devez dormir cette nuit sur le canapé tout sale à l'étage.
J'éclatai de rire quand son visage se décomposa. Il était vraiment dégoûté, bien fait. Je rigolai par contre un peu moins quand la bouteille atterri sur lui le tour suivant. Je crois que quelqu'un là haut ne m'aimait définitivement pas. Comme une évidence, il s'adressa à moi. Ne voulant pas recevoir une punition encore plus terrible que celle déjà obtenue, je lui demandai une vérité.
-Est ce que tu as menti tout à l'heure à Reiner ? me demanda t-il provocateur.
Pourquoi posait-il une question dont il savait déjà la réponse ? Voulait-il juste se moquer encore plus de moi mais devant tout le monde cette fois-ci ? Nous nous lancions alors dans une bataille de regard. L'envie de lui répondre que je n'avais pas mentis me traversa l'esprit. J'allais seulement passer pour la fille qui assumé encore moins ses vrais sentiments. J'optai aussi pour la solution partir en courant puis m'enfermer dans sa chambre, mais un peu trop dramatique à mon goût. Lorsque je décidai enfin de répondre, la porte s'ouvrit.
-Il est bientôt l'heure du couvre feu ! cria un soldat avant de la refermer aussitôt.
Nous avions joué tellement longtemps que nous n'avions même pas remarquer que l'extérieur s'était assombrit. Comme sauvé d'un destin tragique, nous décidions d'arrêter le jeu avant que je ne réponde.
-Mais on a même pas encore manger ! s'horrifia Sasha.
Cette dernière se dirigea d'un instant à l'autre vers le frigo. Le repas du soir vint très bien vite être préparé. Pendant le dîner je ne parlais pas. Je n'avais pas envie. Livaï me lançait quelques coups d'œil mais je ne le regardais pas. Sa question d'en plus de sa réponse de tout à l'heure m'irritaient toujours. Une fois terminé, les filles et moi remontions à l'étage. Je fus la dernière à me doucher. En sortant de la salle de bains, je croisai mon Caporal. Bien décidée à l'ignorer, nous nous croisions dans le silence. J'allais rejoindre les filles quand il se retourna enfin.
-Hé gamine, m'appela t-il.
C'est en ne faisant pas attention à lui que je rentrai dans la chambre, puis claquai la porte. Je restai un instant coller contre celle-ci, réfléchissant à mon comportement enfantin. J'étais vraiment entrain de faire la gamine.
-T'es vraiment dur avec lui, me dit soudainement Ymir qui était assise sur son lit.
Je me dirigeai alors en silence vers mon lit. Je n'étais pas dur, il le méritait c'est tout. Je défis ensuite mes draps avant de m'allonger sur mon matelas. Pourquoi déjà n'avait-il pas répondu mon prénom à la question d'Ymir ? Peut être que je me faisais des idées après tout.
-Vous croyez vraiment qu'il disait vrai pour Chrysta ? marmonna Sasha patate à la main.
-Bien-sûr que non ! s'indigna Ymir. Ça crève les yeux qu'il voulait juste la rendre jalouse !
-Peu importe, répondis-je pour mettre un terme à la conversation.
Me rendre jalouse ? Mais pourquoi ? Parce que que j'avais menti juste avant ? Il s'attendait à quoi de ma part ? Je n'allais pas dévoiler au monde entier que j'avais des sentiments non réciproque avec l'un de mes supérieurs. C'était trop la honte. Cependant, le fait qu'il m'ait demandé justement si j'avais mentis ou non, me laissait croire que ma réponse à son sujet ne lui avait pas plu. Pourquoi ? Plus je cherchais et plus je me disais que cet homme était vraiment incompréhensible. C'est en m'endormant que je me demandai qui était finalement l'enfant entre nous deux.
Il était un peu près 1h du matin lorsque je me réveillai en sursaut. De ce que je pouvais me rappeler, je venais de faire un horrible cauchemar à propos de Ben. J'avais rêvé qu'il se faisait poignarder devant moi, par deux personnes dont je n'avais pas pu voir le visage. J'allais avoir du mal à me rendormir à présent, je le sentais. Je me tournais puis retournais pour trouver la bonne place. Une demi heure plus tard, j'abandonnai. Je me levai alors doucement, prenant soin de ne pas réveiller mes coéquipières.
Je descendis ensuite à la cuisine pour me servir un verre d'eau. Je regardai un instant à travers la même fenêtre depuis mon arrivée ici. Il faisait sombre, un ciel sans étoile. Un peu comme mon cœur en ce moment. Il était vide.
Lorsque je remontai les escaliers, je passai devant une pièce qui attira ma curiosité. Si Livaï avait bien respecté mon gage, il était sensé dormir ici. La porte se mit alors à grincer quand j'essayai de l'ouvrir en essayant de faire le moins de bruit possible. Si ça se pouvait, il n'était même pas là. J'avançai alors à pas de souris vers le canapé. En le contournant, j'aperçus Livaï bel et bien endormi. Il était allongé sur le dos. Son avant bras droit recouvrait ses yeux. Sa jambe et bras gauche pendaient du côté du canapé, touchant pratiquement par la même occasion le sol. Il n'avait même pas de couverture. J'entendais chacune de ses respirations raisonnées dans la pièce. Je restai là, debout à l'observer pendant plusieurs minutes. J'avais l'étrange sensation de vouloir me rapprocher de lui. Incertaine, je m'asseyais d'abord sur le canapé. Je finis par complètement laisser mon corps opéré quand je me mise sur lui. Mon bassin entre ses jambes, ma tête contre son torse, mon bras rejoignant le siens près du sol. J'entendais chacun de ses battements de cœur. Il battait anormalement vite d'ailleurs. Je stressais un instant en imaginant l'hypothèse qu'il puisse être réveillé. Et puis tant pis si il l'était, il n'avait qu'à me rejeter si je le dérangeais. Après ça, je ne mis pas longtemps avant de m'endormir sur la mélodie de son cœur.
Les rayons du soleil me tapaient sur les yeux. Une attirante odeur affluait dans mes narines. Je sentais des doigts se baladaient entre mes cheveux. Lorsque j'ouvris mes paupières, je me rappelais bien vite de là où j'étais. En analysant la situation, j'étais toujours sur mon Caporal. Rose de gêne, je relevais lentement la tête vers la sienne. Ses doigts bougeaient mais ses yeux étaient apparemment toujours fermés. En voyant ses lèvres entrouvertes, l'idée de prendre possession d'elles pour le réveiller me titilla l'esprit. Mais à la place, je lui soufflais tout simplement dans le cou. D'un instant à l'autre, il ouvrit difficilement les yeux. J'y remarquais de l'étonnement, de l'incompréhension. Sa main autrefois sur ma tête se dirigea vers ma joue.
-Est ce que je suis entrain de rêver ? me chuchota t-il toujours à moitié endormi.
-Je ne sais pas, à vous de vérifier.
Pendant une infime seconde, j'avais vu son regard se déplaçait vers ma bouche. Je lui avais répondu sans vraiment savoir ce qui pourrait se passer ensuite. Je ne savais pas si c'était mon imagination ou non, mais j'avais l'impression que nos visages se rapprochaient de plus en plus. Nos lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres.
-Caporal on se lève ! cria une voix féminine en ouvrant d'un seul coup la porte.
Pris de panique, il me poussa violemment. J'atterris alors malheureusement à plat contre le sol, tête la première. La porte se referma aussitôt.
-Non mais t'es malade ?! s'énerva t-il.
Tout en essayant de me relever, je me massais l'arrière du crâne. Il n'avait pas besoin d'avoir une réaction si abusive.
-Qu'est ce que tu foutais sur moi ? m'accusa t-il comme d'un crime que j'avais commit.
-Je voulais dormir avec vous.
-Pourquoi ?
-Parce que j'avais envie, lui répondis-je tout simplement.
-Tu ne peux pas faire tout ce que tu veux.
-Pourquoi ? lui demandais-je légèrement irrité.
-Tu imagines un instant si moi je faisais tout ce que je voulais ?
-Mais ce n'est pas de ma faute si j'en ai plus dans le pantalon que vous, lui crachais-je au visage avant de sortir en claquant la porte.
Faire tout ce qu'il voulait ? Ce n'était pas comme si il passait ses journées à me jouer des tours, à se moquer de moi et à se balader la plus part du temps torse nu sous mon nez. Comme pour exprimer ma colère, je tapai plusieurs fois du pied le sol. Pendant ce temps là, je ne remarquai pas tout de suite que quelqu'un venait dans ma direction.
-Bah alors Hana on était avec..
Par automatisme, j'attrapai le col de cette personne puis lui donnai un violent coup de genou entre les jambes. Elle tomba raide, morte. Toujours en furie, je partis d'un pas lourd et déterminé vers la salle de bain.
-Qu'est ce que tu fous par terre Jean ? entendis-je vaguement au loin.
Arrivée un peu plus tard dans la cuisine, je vis les deux habituels goinfres assis à la table suivit de Reiner et Bertholdt. Connie et Sasha avaient l'air désespérés en regard la fenêtre. Tête accoudée sur leur main, ils se plaignaient mutuellement.
-Mon village n'est pas loin d'ici, dit Connie.
-Le miens n'est pas loin non plus, enchérit la brune.
Tandis que je me servais un café, je les écoutais sans vraiment y penser quoi que ce soit. Il est vrai que nous avions fait tout ce chemin mais nous n'étions même pas autorisés à visiter les environs. De plus, ce n'était pas comme si nous étions débordés. Nous passions nos journées à glander parce qu'il n'y avait rien à faire.
-Peut être qu'on pourrait faire le mur ? supposa le jeune homme.
-Tu veux à ce point retourner dans ton village ? la questionna Sasha.
D'après la brune, elle n'était pas sensée retourner dans son village avant d'être devenue quelqu'un de bien. Quant à Connie, on lui avait sans cesse rabâché qu'il n'y avait aucune chance pour qu'une portion comme lui ne puisse devenir soldat. Sasha le fixa un instant quand il nous confia qu'il aimerait y retourner pour une courte période, du moins tant qu'il était toujours en vie.
-Connie, si tu es sérieux je t'aiderai, dit tout à coup Reiner.
-Hein ? Pourquoi tu ferais ça ? lui demanda le principal concerné.
-Ne trouves-tu pas ça étrange qu'on nous ait ordonné d'être habillés en civil et de rester là ?
Ce qu'il disait était vrai. Nos supérieurs ont précisé que nous n'aurions même pas besoin de porter notre uniforme ni de nous entraîner. Nous étions des soldats, pourquoi nous donner de tels ordres ? Mais ce qui me préoccupais le plus, c'était que nos supérieurs contrairement à nous, ils étaient tous équipés et prêts à se battre. Pourtant nous étions toujours à l'intérieur des murs. Que se préparaient-ils à affronter au juste ?
-Eh bien il y a des ours dans la région, supposa Connie.
-Ah ouais.. des ours, répéta Sasha toujours à moitié endormis.
S'il s'agissait de simples ours, des armes à feu feraient largement l'affaire. Personne ne comprenait ce qu'il se passait et tout le monde était nerveux. Même Livaï ne m'avait rien confié à ce sujet. Peut être qu'il ne me faisait pas assez confiance pour ça ?
-Vous êtes les deux seuls parmi nous à ne pas être préoccupés, les accusa Reiner.
Sasha posa sa tête sur la table en soupirant, de loin être la seule à ne pas se soucier de ce qui se passait. Elle me fixa un instant. Son regard s'assombrit bizarrement d'un instant à l'autre. D'un geste vif, elle releva soudainement la tête.
-J'entends un grondement ! Comme si quelque chose de très lourd était en mouvement !
-Qu'est ce que tu racontes ? lui demanda le blond.
Livaï entra en même temps dans la pièce. Je ne fis pas très attention à lui, toujours concentrée sur les dires de Sasha. Si elle nous disait que des titans étaient proches de nous, ça voudrait dire que le Mur Rose était tombé ?
-J'en suis sûre ! s'exclama t-elle. C'est bien ce que j'ai entendu !
Quelqu'un atterrit alors violemment contre la fenêtre. C'était Auruo.
-Est ce que tout le monde est là ? nous demanda t-il.
Il nous donna aussitôt l'ordre de monter en selle. Nous n'avions apparemment pas le temps d'enfiler notre équipement de combat. Nous devions impérativement passer dans les villages voisins et évacuer les villageois de toute urgence. Sur le moment, je ne compris pas tout de suite ce qu'il nous racontait. Perdue, je regardais chacun de mes camarades.
-Un grand nombre de titans approchent par le Sud. Ils sont à environ 500m.. et se dirigent par ici.