Étrangère
Pendant ce temps, d'autres individus avaient observé la scène. Un petit groupe de soldats réparti en plusieurs équipes. Ils avaient pratiquement tout vu. Le titan qui s'était aventuré seul dans la forêt, son hurlement, puis les deux autres qui s'étaient dirigés dans la même direction. Cette scène avait attiré leur curiosité. Ils se demandaient pratiquement tous ce qu'il pouvait bien s'y passer. Les titans ne s'aventuraient jamais dans la forêt ou très rarement, ils savaient très bien qu'aucun humain ne s'y cacherait. Les soldats entendirent soudainement un énorme fracas, comme un bâtiment venant de s'écrouler.
-Caporal, quels sont vos ordres ? demanda un de ses soldats.
Le caporal lui lança un bref regard. Il tira sur les rênes de son cheval, lui ordonnant de se déplacer à l'avant du rassemblement.
-Erwin, que faisons-nous ? demanda-t-il impassible à la situation.
-Je me demande bien ce qui a pu les attirer, lui répondit Erwin.
-Mise à part un animal sauvage, je ne vois pas grand chose.
-Il ne font pas attention aux animaux, rétorqua son interlocuteur. Quel était ce bruit que nous avons entendu ?
-Je n'en ai vraiment aucune idée. Si tu tiens vraiment à le savoir, nous pouvons aller y jeter un coup d'œil.
-Il se pourrait que ce soit des survivants ? proposa une femme aux cheveux roux.
Le caporal jeta son regard de marbre sur elle. Elle en était un peu mal à l'aise. C'était toujours intimidant de porter l'attention de son supérieur. Personne ne pouvait être à l'abri d'une réplique cinglante et sans pitié de sa part.
-Et tu penses que ce sont des survivants de quoi, de où ? la questionna son caporal.
La femme baissa la tête. La flamme d'espoir qui étincelait dans ses yeux venait de disparaître. Elle avait un grand cœur. Retrouver des survivants lui faisait beaucoup de bien surtout si elle pouvait leur venir en aide.
-Je ne sais pas, il se pourrait que..
Elle stoppa sa phrase lorsqu'un hurlement éclata à nouveau. Tous les soldats se retournèrent. Les avis étaient mitigés. Beaucoup commencèrent à vouloir quitter cet endroit tandis que d'autres étaient débordés par la curiosité.
-Il faut y aller ! cria l'un des soldats.
-Non, partons. C'est beaucoup trop dangereux, surenchérit un autre.
-Il a raison, repartons vite fait au mur !
-C'était le cri d'une femme, chuchota la rousse.
-Femme ou pas, elle est sûrement morte à l'heure qu'il est. Nous devons repartir ! Si nous restons trop longtemps ici nous allons tous mourir, lui répondit l'un des soldats dans la foule.
Le regard de la jeune femme s'assombrit. Elle affichait maintenant une mine plutôt triste.
-Fermez-la bande d'incapables, grogna le caporal, ce n'est pas à vous de décider. Je vous rappelle que vous êtes des insectes que je peux piétiner en simplement deux secondes et demi.
Cette femme faisait partie de son escouade. Il était hors de question qu'un simple soldat lui parle de la sorte. Les trois hommes qui accompagnaient la rousse rigolèrent, amusés de la réponse de Livaï. Quant à elle, sa simple réaction était de rougir.
-Livaï, l'interpela Erwin, va jeter un coup d'œil à cette forêt.
Il hocha la tête avant de faire demi-tour avec son cheval, accompagné de son escouade.
Positionnés devant l'entre de la forêt, les bruits étaient maintenant plus clairs et audibles. Livaï ordonna à son escouade de laisser les chevaux et de continuer à pieds. Ils marchèrent pendant plusieurs minutes. Le sol tremblait sous leur pieds. Des titans étaient proches. Un peu plus loin devant eux, se tenaient trois titans et deux humains. Un jeune garçon aux cheveux bruns et une jeune fille aux cheveux roses attisèrent immédiatement la curiosité des soldats. Que faisait-ils dans cet endroit et pourquoi ? Ils observèrent ensuite le brun poussait la rose ainsi que sa course poursuite avec les trois titans. Seulement, un des trois rebroussa chemin et décida de prendre en chasse la fille.
-Suivez les deux titans, ordonna Livaï, je prends celui qui est seul.
Ils hochèrent simultanément la tête. Ils s'envolèrent ensuite à l'aide d'une machine qui leur donnait la possibilité de se déplacer avec des grappins et du gaz. Faisant de même, Livaï se dirigea dans la direction opposé. Bien vite, il se retrouva au dessus du titan qui courrait après la jeune fille. Il avait cette envie d'attendre un peu, de voir comment elle allait s'en sortir. Valait-elle la peine d'être sauvée ? Après quelques minutes, il l'aperçut s'arrêter puis sortir un couteau de son pantalon. Elle le plaça directement sous sa gorge. Il pensa sur le moment qu'elle avait du cran. D'une vitesse fulgurante, il plaça son grappin sur la nuque du titan, tira sur son crochet et découpa la chair du titan.
POV Hana
J'étais enfin prête à mourir quand soudain le titan s'écroula au sol. J'écartai rapidement le couteau de ma gorge. À cet instant précis, tout ce que j'espérais était que Ben avait miraculeusement réussi à se débarrasser de ces titans. Malheureusement, mon espoir s'écroula. Ce n'était pas Ben mais un autre homme qui se tenait dos à moi, sur la tête du titan. Il était plus petit qu'un homme ordinaire mais son allure n'en disait pas autant. Lorsqu'il daigna enfin me regarder, il me lança un regard qui me gela complètement sur place. Lui rendant son regard, je ne savais pas si j'étais crédible ou tout simplement ridicule. Vêtu d'une cape verte et d'une machine autour de ses hanches, l'homme sauta du titan pour me rejoindre. Il me poussa alors violemment contre un arbre et m'attrapa par le cou. Il serrait tellement fort, j'arrivais à peine à respirer.
-Qui es-tu ? me demanda-t-il sèchement.
Cet homme était un inconnu pour moi. Pourquoi devrais-je lui révéler mon identité ? Je levai mon pied du sol afin de viser son entre-jambes. Il la bloqua rapidement avec son autre main, desserrant légèrement l'emprise sur mon cou. Je dégageai alors sa main pour tenter de m'enfuir. Je n'avais cependant pas anticipé sa rapidité. Sans aucun effort, il me balaya au sol. Il plaça mes poignets au dessus de ma tête. Sa force était incroyable, inhumaine. J'avais mal. Cela me rappela aussitôt cette même souffrance dans mon rêve. Le scrutant du regard, j'essayai de comprendre son comportement. Nous étions tous les deux humains donc du même côté, non ?
-Qui es-tu, gamine ? insista-t-il.
-Je ne suis personne, m'énervai-je, j'ai toujours vécu ici !
Il me fixa silencieusement pendant un court moment avant de brusquement me lever. Ne connaissait-il pas la délicatesse ?
-Tu vas venir avec moi.
Avec la manière dont il me tirait, je n'avais pas vraiment le choix. Quelques mètres plus loin, nous tombions nez à nez avec d'autres individus, dont trois hommes et une femme.
-Vous ne l'avez pas retrouvé ? leur demanda l'homme qui me tenait fermement le poignet.
-Aucune trace de lui, lui répondit l'un d'eux avec des cheveux noirs.
-Et les titans ?
-Nous les avons tués caporal, affirma une femme aux cheveux roux.
Caporal ? Je ne comprenais vraiment pas la situation. Qui étaient toutes ces personnes ? Après quelques secondes de réflexion, je réalisai enfin qu'ils parlaient de Ben.
-Vous n'avez pas retrouver Ben ? m'exclamai-je paniquée.
La jeune femme secoua sa tête de droite à gauche. Sans pouvoir m'en empêcher, je commençai à pleurer. J'étais entrain de comprendre que je l'avais réellement perdu. À ma plus grande surprise, ils me laissèrent déverser ma tristesse en silence. Seuls mes pleurs étaient audibles.
-Rejoignons les autres, ordonna le caporal.
-Est-ce que je peux au moins savoir qui vous êtes ? demandai-je entre deux sanglots.
-Nous sommes des soldats du bataillon d'exploration. Alors si tu veux arriver vivante jusqu'aux murs, grogna-t-il, je te conseille d'avancer.
Des soldats ? Ces hommes venaient du mur ? Je n'en croyais pas mes oreilles. Ben restait néanmoins introuvable. Il m'était compliqué de penser à autre chose mise à part à lui. Je ne pipai mot de tout le trajet. En sortant de la forêt, les soldats regagnèrent leurs chevaux.
-Étant donné qu'il n'y a pas de cheval pour toi, m'expliqua le caporal, tu vas monter avec moi.
Il me lâcha le poignet, monta sur son cheval et m'ordonna de faire de même. Je m'exécutai immédiatement, même si je n'avais jamais monté un seul cheval de ma vie. Me retrouvant derrière lui, je n'osais pas mettre mes mains.
-Si tu ne te tiens pas, tu vas tomber.
Le caporal dicta à son cheval d'avancer et mes mains se placèrent automatiquement autour de sa taille. J'étais gênée, je n'avais jamais été aussi proche de quelqu'un. Tournant la tête pour penser à autre chose, je remarquai la rousse me dévisager. J'avais du mal à comprendre ce que j'avais fait de mal. Repensant soudainement attention à mes poignets, je réalisai qu'ils me faisait terriblement mal.
Notre groupe arriva rapidement à la rencontre de Erwin. Le caporal et lui s'échangèrent quelques mots. Nous étions actuellement sur la route pour rejoindre les murs. Je n'avais reçu aucune question, seuls quelques soldats me regardaient bizarrement. Je restais tout de même anxieuse à l'idée de découvrir ce nouveau monde qui m'était encore complétement inconnu.
Nous faisions maintenant face à la tombée de la nuit. J'étais vraiment fatiguée. Je n'avais échangé aucune parole avec le caporal. Malgré son comportement, il restait celui qui m'avait sauvé. Je devais le remercier. Un énorme bâillement s'échappa soudainement de ma bouche. Tout compte fait, je lui exprimerai ma gratitude demain.
Arrivés à destination, nous entrâmes à l'intérieur des murs. J'étais profondément fascinée par leurs hauteurs. Quelques personnes nous saluèrent à notre passage tandis que d'autres se contentèrent de nous dévisager. Le caporal me dirigea aussitôt dans un bâtiment. Tous les soldats y logeaient.
-Livaï, interpella Erwin, je vous veux tous les deux dans mon bureau demain matin.
Le caporal hocha la tête. Je connaissais à présent son prénom et eux toujours pas le mien. L'homme m'emmena jusqu'à ma chambre puis me lâcha finalement le bras.
-Sois prête pour demain.
Il entra dans sa chambre, juste à côté de la mienne, sans attendre ma réponse. Faisant de même, je m'affalai directement sur mon nouveau lit. Ma vie avait été chamboulée. J'avais perdu deux personnes mais avait été sauvée par une autre. J'étais à présent à l'intérieur des murs qui pour moi jusqu'à présent n'étaient qu'une légende. Je ne le réalisais pas encore mais j'étais sur le point de commencer une nouvelle vie.
***
[Chapitre relu et corrigé]