L'automne d'une vie

Chapitre 31 : XXX- trentième

4202 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/04/2019 17:10


Levi ouvrit en grand la porte du bâtiment et se retrouva sous la neige.

-Oh, putain de merde !

Il s'arrêta et s'assit contre le mur.

Elle avait peur de lui.

Aki avait peur de lui.

La blonde était assise sur le tabouret du bureau du brun, dans lequel Erwin avait déniché une quantité impressionnante de pommades et autres médicaments à base de plantes. Il avait aussi mis une bouilloire remplie d'eau au-dessus du feu, pensant qu'une bonne infusion ne ferait pas de mal à la jeune fille.

-Tu sais Aki, vous vous faites du mal pour rien. Tu es aussi importante pour lui qu'il l'est pour toi. Malheureusement, vous êtes aussi aveugles l'un que l'autre.

Aki, occupée à fixer un dessin qu'elle avait trouvé dans le tiroir du brun, ne répondit pas tout de suite.

-Ce n'est pas ce que vo-

-Si, c'est ce que je pense. Je vois la façon dont tu le regardes. Et tu sais quoi? Lui aussi. Lui aussi, il a les yeux qui brillent quand il les pose sur toi. Lui aussi, il ne peut pas s'empêcher de te chercher même quand il sait que tu n'es pas là. Lui aussi, il le remarque quand tes chaussettes sont de la même couleur que ton pull. C'est idiot, mais c'est comme ça. Alors pourquoi, pourquoi aucun de vous n'est foutu de le voir?

-Je…

Sa voix mourut dans sa gorge avant qu'elle n'aie pu en dire plus. Elle voulait être avec lui, là, maintenant. Le serrer dans ses bras même si ça lui foutait une peur bleue. Elle savait qu'il l'aiderait à surmonter ses peurs même si ça prenait des années.

-J'ai besoin de lui. Je ne peux pas me permettre de le perdre pour une amourette qui ne marchera peut-être pas.

Erwin lui tendit sa tasse et s'adossa au bureau en bois.

-Qu'est-ce que tu as à perdre ?

-Notre amitié.

-Ce n'en est déjà plus. Vous vous faites du mal et vous n'êtes pas fait pour ça. Si vous continuez à vous mentir comme ça, ça va mal finir. De toute façon vous le savez déjà.

Elle hocha la tête tristement. Avoir peur du changement, c'est la nature humaine.

-C'est son anniversaire, aujourd'hui.

-Je sais.

-Écoute, Aki, je n'en peux plus de le voir aussi profondément enfoncé dans son chagrin. Il a besoin d'aide. Et tu le sais très bien.

-Je ne sais pas si-

-Je ne te demande pas ton avis.

Elle se tut. Si Erwin était aussi sérieux, ça voulait dire quelque chose.

-Je te raccompagne jusqu'à ta chambre ? Je pense que tu as besoin de réfléchir.

Il fit une petite pause, réfléchit.

-Promets-moi que tu iras lui parler.

-D'accord. Promis.

Il sourit. Ces deux-là allaient vraiment lui causer bien des soucis, il le sentait.

-Ah, Aki ! On n'attendait plus que toi !

Hanji avait les cheveux lâchés, ce qui était plutôt rare, et portait une robe, ce qui était encore plus rare.

-Hanji ! Vous êtes magnifique !

-Merci p'tite Aki. Mais je ne compte pas te voler la vedette, quand même…

Elles se sourirent et Hanji lui indiqua la grande table.

-Va t'asseoir, ils t'attendent tous.

Elle obéit et prit place en bout de table, en face de Levi.

Le voir lui rappela qu'elle n'avait toujours pas tenu la promesse d'Erwin… Elle aurait le temps de lui parler pendant la fête.

-Bon, un toast à Aki, à Levi et à la nouvelle année !

Il y avait tant de gens rassemblés que le "toast" prit des allures de tempête.

Elle entendit Haru, à côté d'elle, murmurer à l'oreille de Yuki "je parie qu'on va enfin les voir ensemble, ces deux-là. Il serait temps."

Dès que les premières bouteilles d'alcool furent sorties des placards, Aki se débrouilla pour s'extirper de la salle après avoir échappé à une Hanji toute excitée qui tentait de la faire boire.

C'était maintenant qu'elle allait la tenir, sa promesse. Elle avait vu Levi sortir un peu plus tôt dans la soirée, il devait encore être dans les parages.

Le brun était adossé contre le mur en pierre qui tombait en ruines, les yeux fermés.

La douce lumière du clair de lune tombait sur lui, éclairant faiblement son visage.

Aki hésita un long moment avant de s'avancer lentement et de se planter à ses côtés.

Un grand silence suivit. Levi gardait les paupières closes. Aki se demanda s'il l'avait remarquée.

La fête à l'intérieur battait son plein. On aurait dit que leurs deux anniversaires n'étaient qu'un prétexte pour se bourrer la gueule. Elle pouvait clairement entendre les rires hystériques et les bruits de verres.

-Morveuse.

Concentrée sur la fête, elle n'avait pas entendu le brun.

-Aki.

-AKI.

Elle sursauta violemment et fit volte-face.

-Caporal !

-Tu peux me répondre quand je t'appelle ?!

-Excusez-moi…

Il poussa un soupir exaspéré.

-On va bientôt changer d'année hein…

-Oui…

-...

-Caporal… Ça ne vous rend pas nostalgique le changement d'année…?

Il la regarda.

-Non. Pourquoi je le serais ? C'est juste sur le papier, on continue à vivre normalement.

-Vous avez raison…

-...

Un silence s'installa.

-Caporal…

-Ouais ?

-Je veux… Que vous me parliez de votre passé.

-Tu crois que t'as le droit de me demander ça ? T'es juste une recrue merdeuse, va falloir te calmer.

-Vous aviez promis.

La blonde le regardait fixement, l'implorant de tout lui raconter.

Le brun, déstabilisé, recula d'un pas.

-J'ai pas dit que je tiendrais ma promesse.

-Caporal… s'il vous plait…

-Ok, ferme-la maintenant.

Il inspira profondément.

-Qu'est-ce que tu veux savoir ?

-Tout.

La blonde affichait un air décidé qui ne lui ressemblait pas. Mais elle avait envie de savoir absolument tout sur lui, jusqu'au plus infime détail.

Il soupira.

-Putain, sérieusement ?

-Oui.

-T'es bornée.

-N'essayez pas de vous échapper.

-Mais, merde, c'est que tu deviens chiante !

-Caporal.

Aki ne détournait pas le regard, elle le fixait de ses yeux couleur océan. Elle n'allait pas lâcher l'affaire, et il avait beau le savoir, il continuait d'essayer de s'enfuir.

Elle le perturbait. Elle ne l'avait jamais fixé comme ça, l'air si décidé.

-C'est bon, c'est bon.

Elle esquissa un sourire et s'assit sur le mur de pierre face à lui.

-Putain, je sais pas comment commencer…

-Je vous écoute. Prenez votre temps.

-Ouais, c'est ça.

Il prit une grande inspiration et commença :

-Comme je te l'ai déjà dit, ma mère était une pute. Elle est morte quand j'étais enfant. Après ça, j'ai pas eu la vie rose. J'ai du me battre pour pas me faire tuer, là-bas. Un jour pendant qu'on effectuait une mission pour un client, on a croisé Erwin, ça s'est enchaîné et on a fini par se retrouver dans le bataillon.

-On ?

-Ouais, Isabelle, Furlan et moi.

-Oh.

Elle attendit qu'il continue mais il ne semblait pas décidé.

-Caporal… Il y a bien une suite. Qui sont ces gens ?

-Oh, putain, mais tu m'emmerdes.

-Parfait. Vous pouvez partir, si c'est ça que vous voulez.

Il prit un air surpris quelques secondes avant de repasser à son expression habituelle. S'il s'attendait à ça… La blonde pouvait avoir du caractère, quand elle le voulait.

-Wow, gamine…

-Alors ? Qu'est-ce que vous attendez ?

Oh, ce petit côté qu'elle avait lui plaisait beaucoup. Il aurait voulu s'approcher d'elle, et…

-C'est bon, t'as gagné. T'as du cran putain !

Elle ne répondit rien et attendit qu'il parle.

-Notre but premier était de récupérer un truc qu'Erwin avait, on est allé en expédition pour ça. Ça a mal fini. Point final.

-Comment ça, ça a mal fini ? Et qu'est-ce que vous vouliez récupérer?

Ça ne semblait pas être des souvenirs plaisants à se rappeler.

-Je comprends si c'est trop personnel, Caporal…

-Au point où j'en suis.

Ils continuèrent à parler pendant plus d'une d'heure. La blonde ne pouvait que se rendre à l'évidence: elle était complètement amoureuse de lui.

-Caporal, je…

Elle fut interrompue par les douzes coups de minuit qui sonnèrent.

Des "Bonne année !" s'élèverent de la salle.

-Bonne année, Caporal.

-Toi aussi, gamine. Et joyeux anniversaire.

Ils restèrent tous les deux silencieux avant que le brun ne s'étire, ayant visiblement envie de bouger.

-Écoute, gamine, je vais y aller. J'ai pas mal de paperasse.

-Caporal ! Attendez…

Il était déjà en train de s'éloigner, mais sous son ton suppliant, il fit volte-face.

-Gamine, ta joue. Elle est putain de fluorescente.

-Q-quoi ?

-Une luciole.

Il se rapprocha d'elle lentement et prit la petite bête lumineuse sur son doigt.

Ils n'étaient qu'à quelque centimètres l'un de l'autre.

Aki commença à paniquer. Puis elle réalisa qu'elle n'aurait sûrement pas d'aussi bonne occasion une seconde fois. L'ambiance était parfaite. Après tout, les nombreux sous-entendus qu'ils avaient tous les deux faits le mois précédent était clairement du flirt. Mais là, toute l'audace dont elle avait fait preuve en lui proposant, notamment, de dormir avec elle, s'envola. Elle faisait le premier pas, et après, il était trop tard pour revenir en arrière. Prenant son courage à deux mains -après tout, elle n'avait rien à perdre et tout à gagner-, elle déposa sa main sur la joue du brun qui baissa les yeux vers elle, sa main où la luciole scintillait allègrement suspendue dans les airs. Elle se mit sur la pointe des pieds. Voyant qu'il ne réagissait pas et qu'il avait simplement l'air de se demander ce qui lui prenait, elle hésita et posa délicatement ses lèvres sur les siennes avant de regretter son geste.

Elle ferma les yeux. Aucun des deux ne semblait décidé à bouger, le brun n'avait pas l'air de se soutirer à leur baiser, c'était déjà ça.

Toutes ses peurs s'étaient envolées. Elle était tellement bien avec lui. Ses lèvres avaient un goût de café et c'était mille fois mieux que tout ce qu'elle aurait pu imaginer.

Qu'est-ce qu'elle avait bien fait de, enfin, faire ce putain de premier pas.

Les deux manquèrent de souffle et se séparèrent au grand regret de la blonde. Elle baissa la tête, trop effrayée pour regarder Levi dans les yeux. Cette fois, ce n'était plus du flirt, ce n'était plus de la plaisanterie, ils s'étaient vraiment embrassés.

Celui-ci semblait avoir du mal à retrouver une respiration régulière.

Alors qu'elle hésitait à s'enfuir en courant pour ne pas avoir à faire face à sa réaction, elle sentit ses bras l'enlacer et la serrer contre lui.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle détestait cette facette d'elle, tellement faible.

Le brun murmura doucement en caressant ses cheveux. Il prenait des précautions, comme s'il avait peur qu'elle se brise sous son étreinte.

-Aki...Oh putain, Aki…

-Caporal, je… Je devrais partir.

Elle tenta de se soutirer à son étreinte, rouge comme une pivoine, mais le brun la retint.

-Ah non, putain, tu vas pas me faire le coup ! On vient de s'embrasser bordel ! J'ai pas attendu aussi longtemps pour juste ça !

Le fait qu'il vienne de le lui rappeler rendait cela encore plus réel.

Elle regrettait vraiment de ne pas disposer d'un livre derrière lequel elle pourrait se cacher.

-Je sais, mais…

Il ne lui laissa pas le temps de finir, se pencha vers elle et l'embrassa de nouveau. Cette fois c'était clair, ça ne lui avait pas déplu, bien au contraire.

Elle sentait ses doigts si fins effleurer sa nuque. Prise d'un élan d'affection, elle passa ses bras autour du cou du brun sans se détacher de lui. Elle osa ouvrir les yeux et rougit encore plus, si c'est possible. Le brun le bouffait littéralement des yeux. Elle entrouvrit les lèvres, et cela laissa le temps au brun d'approfondir leur baiser. Surprise, elle eut un mouvement de recul.

Elle se détesta pour ce geste. Mortifiée, elle tourna les talons et s'éloigna aussi vite qu'elle le put.

-Aki ! Mais bordel de merde…

Il savait qu'il serait incapable de se contenter de l'embrasser quand ils seraient ensemble. Il le savait très bien. Mais si la blonde ne pouvait pas supporter plus?

Il allait l'attraper le lendemain et ils auraient une petite conversation. Enfin, une grande conversation.

vi ouvrit en grand la porte du bâtiment et se retrouva sous la neige.

-Oh, putain de merde !

Il s'arrêta et s'assit contre le mur.

Elle avait peur de lui.

Aki avait peur de lui.

La blonde était assise sur le tabouret du bureau du brun, dans lequel Erwin avait déniché une quantité impressionnante de pommades et autres médicaments à base de plantes. Il avait aussi mis une bouilloire remplie d'eau au-dessus du feu, pensant qu'une bonne infusion ne ferait pas de mal à la jeune fille.

-Tu sais Aki, vous vous faites du mal pour rien. Tu es aussi importante pour lui qu'il l'est pour toi. Malheureusement, vous êtes aussi aveugles l'un que l'autre.

Aki, occupée à fixer un dessin qu'elle avait trouvé dans le tiroir du brun, ne répondit pas tout de suite.

-Ce n'est pas ce que vo-

-Si, c'est ce que je pense. Je vois la façon dont tu le regardes. Et tu sais quoi? Lui aussi. Lui aussi, il a les yeux qui brillent quand il les pose sur toi. Lui aussi, il ne peut pas s'empêcher de te chercher même quand il sait que tu n'es pas là. Lui aussi, il le remarque quand tes chaussettes sont de la même couleur que ton pull. C'est idiot, mais c'est comme ça. Alors pourquoi, pourquoi aucun de vous n'est foutu de le voir?

-Je…

Sa voix mourut dans sa gorge avant qu'elle n'aie pu en dire plus. Elle voulait être avec lui, là, maintenant. Le serrer dans ses bras même si ça lui foutait une peur bleue. Elle savait qu'il l'aiderait à surmonter ses peurs même si ça prenait des années.

-J'ai besoin de lui. Je ne peux pas me permettre de le perdre pour une amourette qui ne marchera peut-être pas.

Erwin lui tendit sa tasse et s'adossa au bureau en bois.

-Qu'est-ce que tu as à perdre ?

-Notre amitié.

-Ce n'en est déjà plus. Vous vous faites du mal et vous n'êtes pas fait pour ça. Si vous continuez à vous mentir comme ça, ça va mal finir. De toute façon vous le savez déjà.

Elle hocha la tête tristement. Avoir peur du changement, c'est la nature humaine.

-C'est son anniversaire, aujourd'hui.

-Je sais.

-Écoute, Aki, je n'en peux plus de le voir aussi profondément enfoncé dans son chagrin. Il a besoin d'aide. Et tu le sais très bien.

-Je ne sais pas si-

-Je ne te demande pas ton avis.

Elle se tut. Si Erwin était aussi sérieux, ça voulait dire quelque chose.

-Je te raccompagne jusqu'à ta chambre ? Je pense que tu as besoin de réfléchir.

Il fit une petite pause, réfléchit.

-Promets-moi que tu iras lui parler.

-D'accord. Promis.

Il sourit. Ces deux-là allaient vraiment lui causer bien des soucis, il le sentait.

-Ah, Aki ! On n'attendait plus que toi !

Hanji avait les cheveux lâchés, ce qui était plutôt rare, et portait une robe, ce qui était encore plus rare.

-Hanji ! Vous êtes magnifique !

-Merci p'tite Aki. Mais je ne compte pas te voler la vedette, quand même…

Elles se sourirent et Hanji lui indiqua la grande table.

-Va t'asseoir, ils t'attendent tous.

Elle obéit et prit place en bout de table, en face de Levi.

Le voir lui rappela qu'elle n'avait toujours pas tenu la promesse d'Erwin… Elle aurait le temps de lui parler pendant la fête.

-Bon, un toast à Aki, à Levi et à la nouvelle année !

Il y avait tant de gens rassemblés que le "toast" prit des allures de tempête.

Elle entendit Haru, à côté d'elle, murmurer à l'oreille de Yuki "je parie qu'on va enfin les voir ensemble, ces deux-là. Il serait temps."

Dès que les premières bouteilles d'alcool furent sorties des placards, Aki se débrouilla pour s'extirper de la salle après avoir échappé à une Hanji toute excitée qui tentait de la faire boire.

C'était maintenant qu'elle allait la tenir, sa promesse. Elle avait vu Levi sortir un peu plus tôt dans la soirée, il devait encore être dans les parages.

Le brun était adossé contre le mur en pierre qui tombait en ruines, les yeux fermés.

La douce lumière du clair de lune tombait sur lui, éclairant faiblement son visage.

Aki hésita un long moment avant de s'avancer lentement et de se planter à ses côtés.

Un grand silence suivit. Levi gardait les paupières closes. Aki se demanda s'il l'avait remarquée.

La fête à l'intérieur battait son plein. On aurait dit que leurs deux anniversaires n'étaient qu'un prétexte pour se bourrer la gueule. Elle pouvait clairement entendre les rires hystériques et les bruits de verres.

-Morveuse.

Concentrée sur la fête, elle n'avait pas entendu le brun.

-Aki.

-AKI.

Elle sursauta violemment et fit volte-face.

-Caporal !

-Tu peux me répondre quand je t'appelle ?!

-Excusez-moi…

Il poussa un soupir exaspéré.

-On va bientôt changer d'année hein…

-Oui…

-...

-Caporal… Ça ne vous rend pas nostalgique le changement d'année…?

Il la regarda.

-Non. Pourquoi je le serais ? C'est juste sur le papier, on continue à vivre normalement.

-Vous avez raison…

-...

Un silence s'installa.

-Caporal…

-Ouais ?

-Je veux… Que vous me parliez de votre passé.

-Tu crois que t'as le droit de me demander ça ? T'es juste une recrue merdeuse, va falloir te calmer.

-Vous aviez promis.

La blonde le regardait fixement, l'implorant de tout lui raconter.

Le brun, déstabilisé, recula d'un pas.

-J'ai pas dit que je tiendrais ma promesse.

-Caporal… s'il vous plait…

-Ok, ferme-la maintenant.

Il inspira profondément.

-Qu'est-ce que tu veux savoir ?

-Tout.

La blonde affichait un air décidé qui ne lui ressemblait pas. Mais elle avait envie de savoir absolument tout sur lui, jusqu'au plus infime détail.

Il soupira.

-Putain, sérieusement ?

-Oui.

-T'es bornée.

-N'essayez pas de vous échapper.

-Mais, merde, c'est que tu deviens chiante !

-Caporal.

Aki ne détournait pas le regard, elle le fixait de ses yeux couleur océan. Elle n'allait pas lâcher l'affaire, et il avait beau le savoir, il continuait d'essayer de s'enfuir.

Elle le perturbait. Elle ne l'avait jamais fixé comme ça, l'air si décidé.

-C'est bon, c'est bon.

Elle esquissa un sourire et s'assit sur le mur de pierre face à lui.

-Putain, je sais pas comment commencer…

-Je vous écoute. Prenez votre temps.

-Ouais, c'est ça.

Il prit une grande inspiration et commença :

-Comme je te l'ai déjà dit, ma mère était une pute. Elle est morte quand j'étais enfant. Après ça, j'ai pas eu la vie rose. J'ai du me battre pour pas me faire tuer, là-bas. Un jour pendant qu'on effectuait une mission pour un client, on a croisé Erwin, ça s'est enchaîné et on a fini par se retrouver dans le bataillon.

-On ?

-Ouais, Isabelle, Furlan et moi.

-Oh.

Elle attendit qu'il continue mais il ne semblait pas décidé.

-Caporal… Il y a bien une suite. Qui sont ces gens ?

-Oh, putain, mais tu m'emmerdes.

-Parfait. Vous pouvez partir, si c'est ça que vous voulez.

Il prit un air surpris quelques secondes avant de repasser à son expression habituelle. S'il s'attendait à ça… La blonde pouvait avoir du caractère, quand elle le voulait.

-Wow, gamine…

-Alors ? Qu'est-ce que vous attendez ?

Oh, ce petit côté qu'elle avait lui plaisait beaucoup. Il aurait voulu s'approcher d'elle, et…

-C'est bon, t'as gagné. T'as du cran putain !

Elle ne répondit rien et attendit qu'il parle.

-Notre but premier était de récupérer un truc qu'Erwin avait, on est allé en expédition pour ça. Ça a mal fini. Point final.

-Comment ça, ça a mal fini ? Et qu'est-ce que vous vouliez récupérer?

Ça ne semblait pas être des souvenirs plaisants à se rappeler.

-Je comprends si c'est trop personnel, Caporal…

-Au point où j'en suis.

Ils continuèrent à parler pendant plus d'une d'heure. La blonde ne pouvait que se rendre à l'évidence: elle était complètement amoureuse de lui.

-Caporal, je…

Elle fut interrompue par les douzes coups de minuit qui sonnèrent.

Des "Bonne année !" s'élèverent de la salle.

-Bonne année, Caporal.

-Toi aussi, gamine. Et joyeux anniversaire.

Ils restèrent tous les deux silencieux avant que le brun ne s'étire, ayant visiblement envie de bouger.

-Écoute, gamine, je vais y aller. J'ai pas mal de paperasse.

-Caporal ! Attendez…

Il était déjà en train de s'éloigner, mais sous son ton suppliant, il fit volte-face.

-Gamine, ta joue. Elle est putain de fluorescente.

-Q-quoi ?

-Une luciole.

Il se rapprocha d'elle lentement et prit la petite bête lumineuse sur son doigt.

Ils n'étaient qu'à quelque centimètres l'un de l'autre.

Aki commença à paniquer. Puis elle réalisa qu'elle n'aurait sûrement pas d'aussi bonne occasion une seconde fois. L'ambiance était parfaite. Après tout, les nombreux sous-entendus qu'ils avaient tous les deux faits le mois précédent était clairement du flirt. Mais là, toute l'audace dont elle avait fait preuve en lui proposant, notamment, de dormir avec elle, s'envola. Elle faisait le premier pas, et après, il était trop tard pour revenir en arrière. Prenant son courage à deux mains -après tout, elle n'avait rien à perdre et tout à gagner-, elle déposa sa main sur la joue du brun qui baissa les yeux vers elle, sa main où la luciole scintillait allègrement suspendue dans les airs. Elle se mit sur la pointe des pieds. Voyant qu'il ne réagissait pas et qu'il avait simplement l'air de se demander ce qui lui prenait, elle hésita et posa délicatement ses lèvres sur les siennes avant de regretter son geste.

Elle ferma les yeux. Aucun des deux ne semblait décidé à bouger, le brun n'avait pas l'air de se soutirer à leur baiser, c'était déjà ça.

Toutes ses peurs s'étaient envolées. Elle était tellement bien avec lui. Ses lèvres avaient un goût de café et c'était mille fois mieux que tout ce qu'elle aurait pu imaginer.

Qu'est-ce qu'elle avait bien fait de, enfin, faire ce putain de premier pas.

Les deux manquèrent de souffle et se séparèrent au grand regret de la blonde. Elle baissa la tête, trop effrayée pour regarder Levi dans les yeux. Cette fois, ce n'était plus du flirt, ce n'était plus de la plaisanterie, ils s'étaient vraiment embrassés.

Celui-ci semblait avoir du mal à retrouver une respiration régulière.

Alors qu'elle hésitait à s'enfuir en courant pour ne pas avoir à faire face à sa réaction, elle sentit ses bras l'enlacer et la serrer contre lui.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle détestait cette facette d'elle, tellement faible.

Le brun murmura doucement en caressant ses cheveux. Il prenait des précautions, comme s'il avait peur qu'elle se brise sous son étreinte.

-Aki...Oh putain, Aki…

-Caporal, je… Je devrais partir.

Elle tenta de se soutirer à son étreinte, rouge comme une pivoine, mais le brun la retint.

-Ah non, putain, tu vas pas me faire le coup ! On vient de s'embrasser bordel ! J'ai pas attendu aussi longtemps pour juste ça !

Le fait qu'il vienne de le lui rappeler rendait cela encore plus réel.

Elle regrettait vraiment de ne pas disposer d'un livre derrière lequel elle pourrait se cacher.

-Je sais, mais…

Il ne lui laissa pas le temps de finir, se pencha vers elle et l'embrassa de nouveau. Cette fois c'était clair, ça ne lui avait pas déplu, bien au contraire.

Elle sentait ses doigts si fins effleurer sa nuque. Prise d'un élan d'affection, elle passa ses bras autour du cou du brun sans se détacher de lui. Elle osa ouvrir les yeux et rougit encore plus, si c'est possible. Le brun le bouffait littéralement des yeux. Elle entrouvrit les lèvres, et cela laissa le temps au brun d'approfondir leur baiser. Surprise, elle eut un mouvement de recul.

Elle se détesta pour ce geste. Mortifiée, elle tourna les talons et s'éloigna aussi vite qu'elle le put.

-Aki ! Mais bordel de merde…

Il savait qu'il serait incapable de se contenter de l'embrasser quand ils seraient ensemble. Il le savait très bien. Mais si la blonde ne pouvait pas supporter plus?

Il allait l'attraper le lendemain et ils auraient une petite conversation. Enfin, une grande conversation.

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