L'automne d'une vie
La petite blonde finit par se décider, après avoir complètement reprit son souffle, à sortir de la chambre et rejoindre les deux soldats.
-Ah, Aki ! Enfin ! Qu'est-ce qui t'as pris tant de temps ?
La voix joyeuse d'Hanji se fit entendre depuis la salle de bain :
-C'est Levi qui l'a monopolisée !~
Erwin fronça légèrement les sourcils et interrogea Aki du regard.
-Ce-ce n'est pas du tout ce que vous croyez…
-Allez Aki, tu peux le lui dire que vous avez largement dépassé la limite de la relation supérieur/recrue! Vous vous êtes protégés au moins?
En comprenant à quoi la brunette faisait allusion -J'hallucine ou elle vient de suggérer qu'on…-, Aki devint cramoisie et réprima un haut-le-coeur. Ça faisait partie de ses pires cauchemars.
-Hanji! Nous n'avons absolument rien fait, et j'ai une peur maladive des contacts physiques.
Erwin réprima un sourire en voyant la blonde devenir rouge tomate à cette évocation.
-Tu as quand même un faible pour lui, pas vrai, Aki?
La jeune fille fut surprise par la question, venant d'Erwin. Ce n'était pas dans les habitudes de celui-ci d'aborder ce genre de sujets. Mais évidemment, il avait vu les réactions de Levi quand ils avaient parlé d'elle, et il voulait savoir si ce que Levi semblait ressentir pour la jolie recrue était réciproque.
-Et pas de mensonges, précisa le grand blond.
Aki resta un moment muette et finit par répondre à la question :
-C'est idiot, mais… oui.
Comme elle aurait aimé disparaître sous terre ! Elle venait d'avouer qu'elle avait un faible pour son supérieur.
En fait, elle avait beaucoup plus qu'un simple faible pour lui, elle en était complètement folle amoureuse.
Hanji éclata d'un rire tonitruant, les faisant tout les deux sursauter.
-JE LE SAVAIS ! JE LE SAVAIS ! C'était quand la première fois que vous vous êtes embrassés ? Aujourd'hui ? Pendant les leçons de danse qu'il t'a données ? Ou les entraînements ?
-Hanji, on ne s'est jamais embrassés.
Elle put entendre un soupir déçu.
-Mon petit doigt me dit que ça risque de ne pas tarder, rétorqua Erwin avec un petit sourire.
-Oh, mon Dieu, gémit la recrue aux taches de rousseur en enfouissant son visage dans ses mains, honteuse. Arrêtez!
-Ohhh mais c'est qu'elle est gênée! On devrait appeler Levi pour qu'il voit ça!
-Surtout pas!
C'était un cri du coeur. Aki détestait que celui qu'elle aimait tant la voie dans une position de faiblesse. Ça lui donnait l'impression d'être pathétique.
-En tout cas, Aki, sache que tu as notre bénédiction à tous les deux. Tu peux faire du bien à Levi, il en a besoin. Il a passé tellement d'années seul, sans personne pour l'épauler. Je suis sûr qu'il appréciera si tu lui proposes de l'aider. Il fait tout un tas des choses avec toi qu'il ne ferait pour personne d'autre.
-J'ai une SUPER idée!, hurla Hanji, surexcitée.
Ce qui signifiait, que c'en était une très mauvaise.
-Tu pourrais proposer à Levi de l'aider dans sa paperasse!
Les deux blonds réfléchirent quelques instants.
-Ce n'est pas une si mauvaise idée, Hanji.
-Évidemment que non!, rétorqua la principale intéressée, l'air excessivement fière.
Aki n'en revenait pas. Ses deux supérieurs étaient en train d'essayer de la caser avec Levi. Ça semblait si naturel pour eux deux.
-Je… peux essayer, j'imagine?
-OUIIIIIIIIIIII!
Soudain, la porte s'ouvrit en grand et la personne vers laquelle convergeaient toutes les conversations apparut.
-Leviiii!
Hanji se rua vers lui et lui sauta dessus.
-Lâche-moi, quatz'yeux.
Les yeux de l'homme analysèrent la pièce et Aki eut l'impression que ses yeux s'attardaient sur elle. Elle devait se faire des illusions. Pas vrai?
-J'ai rassemblé mes affaires, et fais le ménage. On peut y aller.
Le brun parlait d'une voix encore plus froide que d'habitude, l'air agacé. Plus que d'habitude.
-Ok, on était prêt aussi. On passe prendre Mikasa et Eren et on y va.
Tous sortirent de la chambre après avoir récupéré leurs affaires respectives.
Erwin toqua à la porte des frères et soeurs de coeur.
-Oui ? Entrez.
La voix posée d'Eren rappela la gentillesse dont il avait fait preuve avec elle à Aki. Il ressemblait tellement à son grand frère. Pas physiquement, mais ils étaient semblables jusqu'à la gestuelle.
-Bonjour, Eren. Parés à partir ?
-Euh, ouais, quasiment.
-Super. On vous attend en bas.
-Ok! À tout de suite!
Il les gratifia d'un sourire et referma la porte.
Une fois le grand escalier descendu, Erwin et Hanji trouvèrent un moyen plus ou moins discret pour s'éclipser et laisser les deux autres seuls.
Un long silence s'installa. Aki avait du mal à respirer et elle n'osait pas lever les yeux vers les yeux acier du brun, ou il saurait absolument tout de ce qu'elle pensait.
Leurs mains s'effleurèrent et Aki eut une réaction de recul, qu'elle s'efforça de cacher.
-Tu as peur de moi?
La question était si incongrue qu'Aki faillit éclater de rire.
-Pourquoi ce serait le cas ?
-Je sais pas.
La blonde fronça les sourcils, à peine. Qu'est-ce qui pouvait bien l'amener à penser ça?
-Au fait, Caporal, est-ce que ça vous arrangerait que je vous aide dans vos papiers? Si je peux, évidemment.
Elle l'avait pris de court, elle le voyait bien à la façon dont ses mains se crispèrent, à peine. Cela signifiait qu'il aurait quelqu'un travaillant à ses côtés, dans la même pièce que lui, tard. Et ce quelqu'un là, ce qui n'était pas anodin. Qui sait s'il arriverait à se contrôler?
-Ouais, pourquoi pas. Tu m'as l'air assez intelligente pour gérer ça.
-Super!
-Je bosse super tard dans la nuit. Ça te dérange?
-Non, ça devrait aller. J'ai l'habitude.
Elle n'avait pas conscience que cela pouvait entraîner des questions sur son sommeil.
-Tu dors peu ? Je veux dire, il me semble que je t'ai déjà posé la question, mais bon.
-Effectivement.
Elle sourit doucement et continua :
-Mais oui. Je dors mal. Mieux que vous, quand même. Le pire, c'est les nuits d'orage.
-Tu as peur de l'orage ?
Elle avait laissé passer ça sans vraiment y faire attention, et venait de se rendre compte que ça ajoutait une peur à la liste de celles-ci déjà grande qu'avait Levi. Il devait vraiment la trouver faible.
-Oui.
-Vraiment? Je ne m'endors pas mieux qu'avec un orage qui éclate dehors.
-Vous voulez dire que… ça vous berce, en quelque sorte?
-Ouais.
Ça semblait si absurde à la blonde aux yeux bleus, qui avait une peur panique dès qu'un éclair apparaissait ou que l'orage grondait, qu'elle émit un petit rire.
-Je n'avais jamais vu ça sous cet angle.
-Ouais, je m'en doute.
À ces mots, Hanji reparut, suivie d'Erwin, d'Eren et de Mikasa.
-Allez, c'est parti les cocos, on rentre !