L'automne d'une vie
-Ah, Aki ! Enfin !
-Excusez-moi, Hanji. J'ai failli me perdre…
-T'inquiète pas, je m'en doutais de toute façon !
-C'est vrai que je suis assez prévisible…Que vouliez-vous me dire ?
-Oh, Aki ! Si tu savais !
-Il suffit que vous me le disiez pour que je sache..
-Hé ! Mais t'es pas bête !
-Ça semble évident….
-Bon. Je vais te le dire.
Elle inspira à fond et prit une pose dramatique.
-Le bataillon d'exploration est en train de faire faillite ! Si on ne fait pas quelque chose, on n'aura bientôt plus les moyens de sortir au-delà des murs ! En plus, les citoyens en ont marre de payer pour " donner à manger aux Titans" comme ils disent ! Alors le gouvernement est obligé de réduire les moyens qu'il nous donne !
-Mais… comment…
-Nous au moins, on ne reste pas enfermés comme du bétail entre les murs. Mais Aki, tu sais que nous perdons beaucoup de compagnons, d'amis ou même plus dans une expédition et malheureusement, souvent nous ne rapportons aucunes informations...
-J-je le sais mais… La population pense que nous ne servons à… rien ?
-C'est ça. À quelques exceptions près.
-Alors… le bataillon… va fermer ?
-Non, Aki. On va se battre. J'ai besoin de Titans pour mes expériences moi !
-Caporal…
Elle s'arrêta juste derrière lui.
-Qu'est-ce que t'as encore ?
-Comment… comment as-t-on pu en arriver là ? À ce que toutes la population intra-murale nous déteste ? Je veux dire… Ne sommes-nous pas, à l'origine, porteurs des espoirs de l'humanité ?
Il sentait à sa voix tremblotante que cette histoire touchait beaucoup la jeune fille. Sûrement qu'elle avait du mal à accepter le fait qu'ils ne soient, justement, plus les porteurs de cet espoir si chéri.
-Gamine…
Il chercha un instant les mots justes.
-Imagine-toi à leur place. Ton fils s'est engagé dans les bataillons d'exploration, les expéditions de ce mêmes bataillons étant financées avec l'argent de tes impôts. Ton fils, donc, part avec le bataillon, et comment revient-il ? En morceaux. Tu ne récupères qu'un bras, ou une jambe. Et le pire, c'est que tout ça aura été inutile. Comment tu te sens envers ce bataillon, qui en plus de te "voler" ton argent, tue ton fils ?
Aki prit quelques instants de réflexion bien que la réponse paraisse évidente.
-Je lui en voudrais…
-Tu lui en voudrais énormément. À tes yeux ce serait seulement des putains de meurtriers -et des voleurs.
-Tout de même… De là à vouloir nous laisser tomber…
-Les ressources ne sont pas infinies. Les gens en ont marre de nous payer pour que dalle.
-Que dalle…souffla la blonde.
-Ouais. Enfin bref. La prochaine expédition ne devrait pas être avant quelques mois alors peut-être qu'on pourra faire quelque chose pour apaiser tous ces cons.
-J'espère…
De longues minutes s'écoulèrent avant qu'Aki remercie le brun et s'éloigne.
-Akiii !
Haru lui sauta dessus, la prenant par surprise.
-Salut, Haru. Où est Yuki ?
-Héhé..
La petite blonde remarqua les joues rouges et l'air réjoui de son amie.
-Ne me dit pas…
L'autre lui prit la main et l'entraîna vers leur dortoir. Une fois arrivées dans la chambre de la plus grande, elles s'arrêtèrent.
-ON EST ENSEMBLE !
-Non ? Enfin ?
-Eh oui !
-Mais c'est super !
-Je suis tellement contente !
-Tu m'étonnes ! Comment ça s'est passé ?
-Il me l'a dit pendant qu'on se baladait dans la forêt d'à côté. On marchait tranquillement en échangeant quelques mots, et à un moment il s'est arrêté et il m'a fait sa déclaration sans prévenir.
-Tu as dû être super surprise !
-Mais tellement ! Sur le moment j'avais pas vraiment pigé ce qu'il se passait et j'ai mis quelques secondes à lui répondre. Et après, on s'est regardés pendant… Bien 2 minutes, et il m'a embrassée.
-Vous êtes trop mignons ! Mais pourquoi il n'est pas rentré avec toi ?
-Je sais pas, il m'a juste dit qu'il devait aller aux dortoirs.
-Ahah… Je vois…fit Aki, pensive.
-Je me demande bien ce qu'il est allé y faire.
-Je ne sais pas…
-Bon, tu sais quoi, je vais aller le voir.
-Ok. À tout à l'heure !
-À tout', Aki.
Elles échangèrent un sourire et la plus grande s'éloigna.
Aki s'adossa au mur contre son lit et soupira longuement.
Ça faisait tellement longtemps qu'elle essayait de mettre les deux en couple, et enfin, aujourd'hui, ils l'étaient.
Elle était vraiment contente pour eux. Et malgré ça, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur.
Comme si… comme si elle était jalouse.
Elle se laissa glisser en position allongée. Elle essaya de faire le vide dans son esprit, et la première chose à laquelle elle pensa fut Levi. La blonde fronça les sourcils et se força à penser à autre chose. Son livre, par exemple. Ce livre était passionnant. Il avait beau être récent et ne pas parler de lacs, de déserts ou d'immenses étendues de lave, le style de l'auteur et l'intrigue était intéressants. D'ailleurs...en parlant de lacs de laves et d'autres mystères de l'ancien monde, elle aurait adoré jeter un oeil au livre d'Erwin. Maintenant qu'elle y pensait, c'était étrange qu'il conserve un tel livre sachant que se renseigner sur le monde d'antan était interdit. Il aurait dû, au contraire, interdire aux membres -et à lui-même évidemment- de le lire. Si c'était découvert, Erwin ne serait pas bien vu… Il se devait de respecter la loi, vu son poste haut placé.
Mais ça l'arrangeait bien qu'il s'intéresse à l'ancien monde lui aussi. Elle n'aurait comme ça aucun soucis si il le découvrait, et elle pourrait même envisager de lui poser quelques questions, comme il devait en savoir plus qu'elle.
Quelque chose lui revint à l'esprit. Levi lui avait dit que ce livre était celui d'Erwin. Est-ce que ça signifiait qu'il lui faisait confiance ? Parce que si elle le répétait, le major aurait de gros ennuis. Enfin… peut-être s'était-il dit qu'il lui suffirait de l'effrayer assez pour qu'elle ne répète rien, sous peine qu'il lui mette quelques bon coups.
Ça ne servait à rien de tourner ses pensées en boucle dans sa tête, encore et encore. Elle n'arriverait qu'à s'embrouiller encore plus qu'elle ne l'était déjà. Levi était tellement impénétrable qu'elle ne pourrait jamais deviner ce qu'il pensait. Surtout ce qu'il pensait d'elle -ce qui l'importait bien plus que n'importe quoi d'autre.
Elle soupira encore, et essaya de se caler assez confortablement. Il était seulement quatre heure, elle ne pouvait pas se permettre de s'endormir ou elle se réveillerait totalement perdue dans le temps. Elle attrapa donc son livre sur sa table de nuit et se plongea dedans, jusqu'à que le soleil se couche lentement et qu'elle se lève pour aller manger -avant qu'elle se fasse engueuler par Haru.