L'Exécuteur
Hello-ooo ! J'ai une semaine de retard. Bon. Je vous explique mon malheur. J'avais déjà écrit la moitié du chapitre, mais mon ordi a planté et m'a supprimé le document, et ce bien que je l'aie déjà enregistré ! Du coup voilà, j'avais vraiment pas la motiv' de me retaper 2000 mots… Pardon, j'ai mis du temps du coup…
Sinon je suis vraiment désolée, mais je viens de taffer presque 9h alors je suis carrément claquée, donc je n'ai pas la motivation de répondre aux commentaires cette fois-ci... :( La prochaine fois, promis !!
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Il regardait les immeubles défiler derrière la fenêtre, la ville illuminée dans cette nuit endormie. La froideur de la vitre le maintenait en éveil, l'empêchant de sombrer dans ses pensées pessimistes. Il était tellement, tellement fatigué. Il avait l'impression d'avoir pris cent ans d'un seul coup, et son esprit fissuré ne pouvait le supporter plus longtemps. Son corps était devenu passif, mou, presque apeuré. Et il détestait ça, ce mot l'écœurait, lui écorchait le bouche. Ça n'était pas digne de l'Exécuteur. D'ailleurs, ou était-il passé celui-là ? Qu'allait-il devenir ? Méritait-il vraiment d'exister après toutes les erreurs qu'il avait commises ? Il en doutait fortement. Plissant fort les paupières, il pinça ses lèvres tremblantes. Tout ce qu'il demandait était dormir, et rien d'autre, il voulait simplement qu'on lui foute la paix. Sa mère… Sa mère avait réussi à lui remonter le moral, à lui éclaircir les idées, se remettre dans le droit chemin dirait-il presque. Mais maintenant, tout cela n'avait servi à rien, tout avait été inutile. Il avait même réussi à faire croire à Carla qu'il œuvrait pour le bien, le pensant lui-même, mais il s'était bien gouré. Une main gantée l'effleura, venant de la femme, et sans doute pour le rassurer… Bien qu'il en doute. Il eut cependant un semblant de réaction, se dégageant d'un brusque mouvement d'épaule, mais rien de plus. Il n'en avait pas la force. C'est alors qu'un morceau de tissu apparut dans son champ de vision. Un bandeau.
« J'ai besoin que tu mettes ça sur tes yeux, fit la femme, son ton ne laissant transparaître aucune compassion particulière. »
Il s'en doutait. S'emparant sans rien dire de ce qu'elle avait entre les mains, il le noua autour de sa tête, fermant les paupières. Elle n'était pas au courant que cela ne servait à rien. Bien que son rôle d'Exécuteur ait été mis entre parenthèses, il n'avait perdu aucune de ses connaissances, et il lui restait tout de même un brin de vigilance. Car Eren avait appris par cœur le plan de la zone sécurisée. Il savait situer ses impasses, ses rues, ses boulevards, ses places… Ne restait que quelques blancs bien sûr, mais ce qu'il connaissait était plus que suffisant. Et juste avant de placer le bandeau devant ses yeux il avait pu apercevoir le nom de la rue. Alors il se concentra, paupières closes, à l'affut du moindre mouvement que faisait la voiture. Ah, juste là, ils venaient de bifurquer sur la droite. Avenue Lamye. Cinquante mètres plus loin, encore à droite… Rue . Juste ici, le rond-point, première sortie. Et ainsi de suite.
Une dizaine de minutes plus tard tout était devenu silencieux. Ils s'étaient éloignés du côté attractif pour se faufiler dans les dédales de petites rues. Ils tournèrent à gauche, et notre brun fronça les sourcils. Impasse Jensen. Ils devraient normalement ne plus pouvoir continuer dans à peu près trois… deux… le véhicule stoppa. Bingo. Le moteur fut coupé, et deux portières s'ouvrirent. La femme sortit de son côté, et Eren, tendant l'oreille, put l'entendre faire le tour de la voiture en grommelant un truc incompréhensible, avant de lui ouvrir. Sans doute dans le but de le guider, puisque sa vue était obstruée, mais il déclina l'offre en s'extirpant lui-même du véhicule et se postant à ses côtés. N'insistant pas, la femme se mit en route, ainsi qu'une dizaine de personnes autour d'eux restant à une distance respectable de l'Exécuteur perdu. Une lourde porte grinçant avec un fort bruit métallique sembla s'ouvrir devant lui, sûrement un garage. Suivant l'inconnue qui s'était sensiblement rapprochée de lui, il s'engouffra à l'intérieur, les muscles tendus, à l'écoute. Quelque chose d'un fort poids sembla être déplacée, puis vint un raclement désagréable fortement semblable à celui que le ferait une bouche d'égout. Les personnes autour du brun se rapprochèrent, puis des tintements de pas se dirigèrent sous la surface du sol, s'éloignant de plus en plus. Il faudrait donc descendre, et à coup sûr par une échelle. La femme ralentit, puis s'arrêta net.
« On va en bas mon cher. »
Puis il l'entendit se déplacer, posant tranquillement pied par pied sur les barreaux de fer. Une fois que le son de sa descente s'estompa, il s'engouffra dans le trou à sa suite prudemment, les sens à l'alerte maximale. Quand pourrait-il donc retirer ce fichu bandeau ? Autour de dix mètres environ il parvint finalement au niveau caché, et il poussa un discret soupir.
« Tu peux regarder, lui signala l'inconnue.
Il ne se fit pas prier et arracha le tissu de ses yeux. Enfin, de son masque. La lumière des néons de la pièce était très blanche, et son intensité lui fit immédiatement plisser les paupières. L'endroit était plus petit que ce qu'il aurait cru, mais il s'agissait sûrement d'une cachette secondaire, et elle restait suffisamment large pour servir de salle de réunion. Sa superficie devait avoisiner les cinquante mètres carrés, et le plafond se trouvait trois mètres plus haut. Au centre de la pièce – et qui prenait une place conséquente de l'espace – se trouvait une imposante table ovale, entourée de pas moins d'une quinzaine de chaises. Sur les côtés avaient été placées deux hautes étagères pratiquement vides, et au fond, dans un des angles, trônait une petite glacière. Rien d'autre. Uniquement quatre murs grisâtres.
La femme attira l'attention du brun, lui indiquant de venir se placer au fond de la salle et de s'asseoir à ses côtés. Eren se trouvait ainsi à l'endroit le plus éloigné de la seule issue de secours… Il tira la chaise, celle-ci émettant un crissement aigüe des plus inconfortables, puis s'y laissa tomber lourdement, son corps lui semblant peser deux tonnes. Une main entra dans son champ de vision, et déposa devant lui sur la table un objet faisant penser à une laisse, surmonté d'un boîtier noir étroit. Il pivota lentement vers la femme, celle-ci tapotant son cou du bout de l'index.
- Au cas où tu aurais envie de t'exprimer, dit-elle, et le brun crut percevoir filtrer un mince espoir dans sa voix.
Il fixa l'objet avec méfiance durant de longues secondes, puis, avec un long soupir, il s'en empara et l'enfila. L'inconnue trépigna d'impatience, sans même prendre la peine de le lui cacher.
- Maintenant tu restes appuyé sur le bouton qui est juste là un petit peu, et… C'est bon ! C'est allumé !
Elle se racla bien vite la gorge, regrettant sans doute de s'être emportée. Suivant ses directives, Eren alluma le modificateur de voix avec délicatesse.
- Parle maintenant. » murmura-t-elle, les mains jointes dans une prière silencieuse.
Mais il ne dit rien, vaguement intimidé, entouré de ces douze personnes qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Mais surtout, il ne parlait jamais sous son costume d'Exécuteur. En tout cas pas lorsqu'il ne comptait pas tuer ces individus ensuite. Ça le... changeait. Un bruit retentit subitement au-dessus d'eux, ce qui amoindrit un poil l'attention qui était entièrement focalisée sur notre protagoniste. Petit à petit, les sons des pas tintant contre les barreaux se rapprochèrent grandement, puis il y eut un instant de flottement et quelqu'un surgit soudain du trou noir de l'échelle, se laissant tomber sur le béton de la pièce, accroupi. Le Chien. Qui se redressa d'ailleurs directement, balayant la pièce du regard, l'arrêtant sur l'Exécuteur. Alors, il s'approcha à grandes enjambées, tira une chaise près de la sienne – n'en laissant qu'une seule inoccupée entre eux deux – et s'y vautra, bras croisés et jambes écartés. Son attention se détourna totalement d'Eren, comme s'il faisait exprès de ne pas le voir. La suite ne tarda pas. Bientôt, d'autres chiens sortirent de l'échelle. Un. Deux. Quatre. Six. Sans compter Eren il y avait à présent dix-neuf personnes, qui d'ailleurs s'étaient légèrement rapprochées de ce premier. Leurs mains étaient croisées dans leur dos, celui-ci étant parfaitement droit. Le bruit reconnaissable de la porte d'égout qui se referme résonna, puis des pas claquèrent contre les barreaux à une allure tranquille, rythmée comme un compte à rebours. Et enfin une personne sortit, de dos, son long manteau marron clair lui arrivant jusqu'aux genoux. Puis elle se retourna, et le brun put découvrir que le reste de son corps était, lui aussi, vêtu dans le style des chiens. A la manière dont ces derniers réagirent, il comprit qu'il s'agissait là de quelqu'un d'important. Compte tenu de sa stature plutôt imposante, c'était un homme. Homme qui s'installa sur la chaise opposée à la sienne, bien en face de lui. Eren ne tarda pas à se demander pourquoi ils n'étaient que quatre à s'être assis. Le Chien était-il si important ? Oui, sans doute. Mais la femme ? Elle n'avait pas fait montre du moindre talent, mis à part cette étrange impression qu'il avait envers son comportement démonstratif. Enfin, il faut dire qu'elle avait un peu rembarré le Chien, et commandait le reste de la troupe, ce qui la plaçait donc finalement, maintenant qu'il y réfléchissait, un niveau au-dessus de ce premier.
« Bienvenue à vous, prononça l'homme de sa voix claire dans sa direction, bien qu'un peu brouillée par le modificateur.
L'infirmier hocha imperceptiblement la tête, dans l'attente de ce qui allait suivre. L'autre croisa ses doigts sous son menton, et pencha la tête, l'étudiant avec minutie.
- Je vous remercie du peu de résistance dont vous avez fait preuve.
- Pour une fois, grogna le Chien d'un ton bas, et sans doute pour lui-même.
Mais l'ouïe fine du brun l'avait entendu.
- Vous devez vous demander qui nous sommes, continua l'homme de haute stature.
Ah ça, c'était certain. Il voulut répondre, mais sa voix resta obstinément bloquée dans sa gorge. Parler… ça faisait bizarre dans ce genre de situation. La conversation semblait prendre une tournure plutôt tranquille, ce qui aurait dû le mettre plus à l'aise. Mais non, ce fut l'effet inverse. Voyant qu'il ne disait rien, et se doutant de sa réponse, l'homme déclara :
- Nous faisons partie d'une organisation, celle des Rebelles. Tu en as peut-être entendu parler.
Sous son masque, Eren ouvrit grand les yeux. Il avait en effet envisagé cette possibilité, mais la découvrir surprenait toujours, principalement lorsque celle-ci était de cette taille. Il parla enfin, et avec surprise :
- Ah, les connards à la grosse force de frappe.
Le Chien grogna, la femme rit doucement, et l'homme au manteau parut se détendre imperceptiblement sur sa chaise.
- C'est bien nous, confirma-t-il dans un soupir. Nous n'avons pas bonne réputation, c'est certain.
Carrément. Les Rebelles étaient une organisation bien armée qui foutait la merde au sein de la Police Spéciale, l'empêchant de mener à bien son travail, et allant jusqu'au meurtre bien trop souvent. Elle était extrêmement crainte dans tout le pays, et représentait voire même la menace numéro un. Stohess étant la capitale, l'organisation aurait dû y sévir davantage, mais ce n'était pourtant pas le cas. Le Chien avait d'abord été la source principale du mal qui rongeait Stohess, puis il avait petit à petit laissé la place aux Rebelles, ceux-ci restant relativement calme comparé à d'autres villes moins étendues. Mais personne à part Eren n'avait compris qu'il était leur allié. Ou même qu'il en faisait partie depuis le début. Mais pour ça, il n'en avait pas encore la réponse.
- Il y a cependant plusieurs choses dont vous n'êtes pas au courant, en lien avec ce que vous avez vu cette nuit.
Le brun serra les poings sur la table, puis les détendit lentement. Le visage de Kitz venait de surgir dans son esprit, apeuré et colérique.
- Et vous avez les preuves de ce que vous avancez, bien entendu, ne put-il s'empêcher d'intervenir.
- Bien entendu, répéta l'homme tout aussi posément. Seulement…
Notre protagoniste plissa immédiatement les paupières. Il ne l'aimait pas. Il le trouvait dangereux, l'air beaucoup trop calme à son goût.
- Quand vous comprendrez nos raisons, joignez-vous à nous, termina l'autre.
Bien sûr.
- Si elles sont bonnes, grinça-t-il. Et vous me demandez ça comme ça ? Je pourrai parfaitement trouver le moyen de vous dénoncer.
- Je n'en doute pas, répliqua l'homme, et Eren pouvait le sentir esquisser un léger sourire sous sa cagoule. Mais je prends le risque.
Il devait être sûr de lui. Notre brun ne sut que trop répondre à cette marque de confiance en soi totale. L'homme était bien trop du genre à calculer son coup semblait-il, et il ne savait comment réagir face à ça. Lui qui se contentait de fouiller la merde et l'éliminer. Il devait à coup sûr le prendre pour un idiot.
- J'ai conscience que tout cela doit vous prendre au dépourvu, mais nous ne pouvions attendre plus longtemps. Vous nous mettiez trop de bâtons dans les roues. Et… Nous avons besoin de vous.
Le cœur du brun se serra. Il avait enchaîné connerie sur connerie, et l'homme allait toutes les lui renvoyer dans la figure. Un ricanement s'éleva, le coupant dans son désarroi et ses regrets.
- Arrête de le prendre avec des pincettes tu veux ? fit le Chien avec son éternelle amertume.
- C'est un élément crucial, intervint la femme.
- Calme-toi, claqua l'homme en direction du Chien.
Ce dernier se leva brusquement, faisant tomber sa chaise en un claquement sec.
- Vous me répugnez, lâcha-t-il. Vous avez peut-être oublié que cet enfoiré a tué trois des nôtres, mais pas moi ! Je me casse.
Sans regarder l'Exécuteur il partit vers l'échelle.
- Reste là ! tonna la voix de l'homme au manteau.
Le Chien s'immobilisa net.
- Ta présence rassure les autres. Et nous aurons besoin de toi si les choses venaient à déraper. Ne commence pas à gâcher tous nos efforts et retourne à ta place.
- Mais…
Il se coupa de lui-même, balaya la pièce des yeux puis retourna s'asseoir d'un pas raide et sans un mot.
- Bien, nous pouvons continuer, soupira l'homme.
Il sortit de sa grande poche une pile de photographies, puis les fit glisser sur la table en direction du brun. Ce dernier les prit en mains, retirant l'élastique qui les retenait d'un seul mouvement. La première était pratiquement noire, et avait été prise à l'angle d'une rue lors de la nuit. On pouvait y voir deux personnes discuter dans l'ombre, pas très loin d'un belvédère. Il posa la photo sur la table et passa à la seconde, qui avait été prise d'un autre endroit mais reflétait toujours la même scène. Il regarda la suivante, et ainsi de suite. Zoom sur une enveloppe marronnée assez épaisse échangée. Des billets sortis afin de vérifier que le compte était bon. Policier Spécial dans une voiture n'étant pas de fonction, et… le brun s'arrêta sur l'image. Deux prisonniers au sol, visiblement mal en point et dans les vapes. Il voyait cette scène pour la deuxième fois cette nuit. Cela arrivait-il donc si souvent ? Ses mains tremblèrent. Le brun posa lentement la photo sur la table, avec les autres, et regarda celle qui suivait. Elle fut pire. Une salle, comme un hangar, une sorte de… Laboratoire. Deux tables d'opération, des corps y étant attachés, et sur le sol… Au moins cinq Policiers Spéciaux, morts. A côté de lui, la femme se pencha.
- Ah, ça. Une de nos plus grosses prises.
Eren se sentit subitement révolté, et il se leva.
- Pourquoi me montrer tout ça ?! s'exclama-t-il. Je suis censé vous faire davantage confiance en voyant tous ces cadavres ?!
Ceux qui étaient debout reculèrent d'un bon pas, apeurés. Mais l'homme au manteau leva la main afin de les apaiser.
- La Police Spéciale n'agit pas forcément pour le bien des citoyens, contrairement à ce que tu pensais.
- Elle mène quelques expériences douteuses, fit la femme.
- Elle torture, corrigea le Chien, qui s'était mis sur ses pieds et s'avançait vers lui. Maintenant repose ton cul sur cette foutue chaise, tu fais flipper tout le monde.
- Recule, cracha l'infirmier, qui commençait à être plus qu'exaspéré par son attitude.
Le Chien stoppa et écarta les bras, semblant visiblement s'amuser du désarroi d'Eren.
- Allons, allons, n'agis pas comme un con.
- Tu étais le premier à le faire, rétorqua le brun du tac-au-tac.
- Hey, je t'emmerde, d'accord ?
L'homme voulut le calmer une nouvelle fois, mais il fut coupé d'un geste par le Chien, qui brandit sa main dans sa direction.
- Tu es peut-être un bon tueur, mais tu t'es tourné vers les mauvais méchants. Et ça a foutu la merde.
Il s'assit sur la table, son attention vrillée sur le brun.
- En fait j'ai peut-être la solution. T'es si stupide que t'as besoin d'être materné hein ? T'inquiète pas, je vais bien m'occuper de toi et te mater comme ta mère aurait dû le faire si elle t'avait bien éduqué.
Ah, merde, pensa Eren. C'était la seule personne dont il n'aurait pas dû parler. Faisant volte-face, tournant donc le dos au Chien, il marcha pas à pas, débutant le tour de la table avec une lenteur exagérée. L'homme au manteau se mit debout également, mais sans bouger, voulant faire redescendre d'un cran la tension qui venait de monter à pic. Tout le monde regardait l'Exécuteur avec méfiance, peur ou encore colère. Celui-ci, continuant sa marche d'escargot, leva doucement ses bras, entremêlant ses doigts au niveau de sa poitrine, puis il tendit ses coudes vers l'avant, et ses phalanges craquèrent dans le lourd silence qui était rapidement tombé.
- Vous avez bien choisi votre petite cachette, articula-t-il, tentant de contenir sa colère. Peu de circulation, quartier tranquille…
Il s'arrêta et se tourna vers le Chien, qui était maintenant à l'opposé de lui.
- Impasse Jensen, hein, termina-t-il.
L'autre vacilla de surprise, puis fit un dangereux pas en avant.
- Espèce de…
Ah, il avait donc visé juste, il s'agissait bien de l'impasse Jensen. Ça avait été un pari risqué. Mais le résultat en valait la chandelle. Le petit homme vint se planter furieusement face à la femme.
- T'étais pas censée lui mettre un putain de bandeau ?
- Mais c'est ce que j'ai fait, couina-t-elle. Il ne pouvait rien voir !
- Je n'ai pas besoin de mes yeux pour savoir où on m'emmène, siffla le brun. Bien que je sois « stupide ».
- Toi, grogna le Chien. Bâtard…
Un rire les fit se figer tous. L'homme au manteau. Il s'était rassis, bras et jambes croisés.
- Eh bien, gloussa-t-il, que de surprises avec toi. Tu ne cesseras décidément pas de m'étonner.
Se raclant la gorge, il reprit tout son sérieux et fit le tour de la table afin de récupérer les photos empilées sur la table. Il les rassembla tranquillement, nouant l'élastique autour. Chose faite, il s'intercala entre la femme et le Chien, et posa une main sur l'épaule de cette première.
- Veux-tu montrer nos découvertes à notre nouvel ami, s'il-te-plaît ?
- Bien sûr ! pépia-t-elle immédiatement, l'air étrangement ravie.
- Accepterais-tu de nous suivre, une fois de plus ? s'adressa-t-il ensuite directement à Eren.
Ce dernier le jaugea, comme réfléchissant, mais il avait déjà pris sa décision.
- Oui. » dit-il simplement.
Cinq minutes après ils étaient retournés dans la voiture, et le brun avait de nouveau les yeux couverts. Suivre le trajet fut chose aisée, du moins jusqu'à ce qu'ils ne sortent de la zone sécurisée, et là Eren fut complètement perdu. Son cœur palpita dans sa poitrine dans l'attente de ce qui allait suivre, ses paupières grandes ouvertes sous le bandeau qui obstruait son masque. Après quinze bonnes minutes, le véhicule stoppa finalement, frein à main levé.
« Tu peux enlever ton bandeau mon cher, lui signala la femme, qui encore une fois s'était placée à ses côtés.
Doucement, il le retira, et ses yeux s'agrandirent au fur et à mesure qu'il découvrait ce qui l'entourait. D'autres voitures avaient été garées à la suite, et certaines une rangée devant, formant un parking miniature. Il se trouvait dans une salle immense, le plafond se situant plusieurs mètres au-dessus. Sûrement une ancienne usine, qu'il pensa, mais se reprit bien vite en regardant avec un peu plus d'attention. Il n'y avait aucune fenêtre, et il se rappelait avoir descendu avant de parvenir ici. Ils s'étaient donc établis en sous-sol. Ça n'avait pas grand-chose d'étonnant. Mais ils devaient tout de même avoir les moyens pour aménager pareil endroit. Des structures métalliques encadraient le tout, avec au moins trois bons niveaux, d'une largeur avoisinant les cinq mètres. On pouvait y retrouver… si sa vision ne le trompait pas, des tables et des chaises, et plusieurs personnes debout semblant discuter activement. De l'autre côté, au moins la moitié de l'allée consistait en de multiples étagères métalliques à roulettes, et l'autre partie de nouveau une haute structure, mais moins large cette fois-ci, et contenant de hommes. Des hommes armés. Tous, sans exception. Putain, il avait foutu les pieds dans une véritable fourmilière d'attaque. Et la construction continuait ainsi, formant l'angle, menant à une autre partie du lieu que le brun ne pouvait voir d'où il était – même chose de l'autre côté.
Mais ce qui l'impressionna le plus, c'était ce qui se trouvait au centre de la salle. Cinq immenses écrans d'au moins trois mètres de haut qui avaient été mis bout à bout, légèrement en décalé afin de former un arc. Avec un bureau sur toute la longueur, trois personnes pianotaient activement sur des ordinateurs. Ça ne rigolait pas ici. La salle était bruyante, remplie de quoi… Une soixantaine de personnes ? Quelques unes s'exclamèrent de leur retour, mais cela fit principalement tomber un certain silence, les éclats de voix se transformant en chuchotis. Eh oui les gars, l'Exécuteur était de la partie. Il inspira d'ailleurs profondément sous son masque, le cœur battant, avec la crainte qu'on ne lui jette des pierres. Mais ce qui choqua principalement Eren, ce fut que ces Rebelles ne portaient aucun masque. Ils étaient vêtus à la manière de civils, en tenues plutôt sportives, mais c'était tout. Ils paraissaient incroyablement… Banals. L'homme au manteau apparut à sa gauche.
- Plutôt cosy n'est-ce pas ? rit-il.
Le brun ne répondit rien, sans doute trop étonné par toute cette grandeur qu'il avait sous les yeux.
- Je te laisse aux bonnes mains de notre scientifique. C'est sans doute elle qui pourra t'informer avec le plus de précision possible.
La femme, et personne qu'il connaissait le plus pour l'instant, vint se planter face à lui.
- C'est parti ! s'exclama-t-elle avec entrain. Allons dans mon labo ! »
Elle se dirigea vers le fond de la salle et l'infirmier la suivit, ignorant tant bien que mal tous ces regards soupçonneux braqués sur lui. Poussant une porte à double battant, ils pénétrèrent dans une seconde pièce un peu plus petite, mais restant tout de même incroyablement immense. Sans s'attarder, ils empruntèrent un escalier assez étroit qui se trouvait directement sur leur droite, et qui menait à travers le plafond. Ils parvinrent dans une pièce plus étroite, et moins haute de plafond. Une pièce presque d'une taille vaguement « normale », en somme. Deux vitres épaisses les séparaient du lieu, qui à proprement parler ressemblait en effet à un laboratoire. Enfournant une clé dans une serrure qu'Eren n'avait même pas remarquée, la femme poussa une porte qui se détacha de la baie vitrée. Elle lui fit signe de la tête de le suivre.
- Entre, n'aie pas peur, fit-elle en chantonnant à moitié.
- Merci, marmonna-t-il.
Il la considérait pour le moment comme la seule personne à être un tant soit peu amicale. Appréciable. Il s'avança dans la pièce, son regard glissant sur les deux longues tables disposées face à face, et jonchée de quelques objets dont il n'avait sûrement jamais entendu parler. Puis il se figea face au lavabo intégré rempli d'un liquide pourpre reconnaissable entre tous. Du sang.
- Ah zut ! s'exclama la femme derrière lui. Y a un truc qui doit boucher !
Elle enfila une longue paire de gant et alla farfouiller dans la vasque, sous le regard incompréhensif du brun.
- Je sais, je sais, soupira-t-elle. On m'avait demandé de tout nettoyé, j'suis désolée.
- Pas de problème, fit-il, hésitant.
Puis elle s'immobilisa.
- Ah ! Trouvé !
Et elle tira d'un coup sec, faisant voler quelques gouttes de sang qui atterrirent en une ligne parfaite sur les petits carreaux blancs. Eren oublia de respirer, et ses yeux s'écarquillèrent d'horreur. Il aurait normalement dû bondir en arrière, mais peut-être était-ce qu'il n'en avait plus la force. C'était… Des morceaux d'os accolés les uns aux autres, comme une partie de colonne vertébrale. Non, s'en était véritablement une, il en était certain. Quelques minuscules bouts de chair y étaient encore attachés, à moins que ça ne soit des filaments de graisses… Ça n'était tout de même pas des restes humains, si ? La femme regardait ce qu'elle avait dans la main, puis son menton se tourna vers notre brun, avant de revenir de nouveau à ce qu'elle tenait. Il y eut ensuite un court instant pendant lequel ils se fixèrent sans piper mot, sans doute trop abasourdis. Et enfin, la scientifique ouvrit la bouche :
- Oups ? »
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Déjà la fin de ce chapitre, eeehh oui ! Notre scientifique n'est décidément pas très dégourdie… Ça peut paraître une scène plutôt drôle, mais pensez-y mieux, et en fait ça doit faire vachement flipper XD Carrément gore. Qu'est-ce que vous dites de tout ça ? :)
Beuzouilles sur vous ~