Le destin des Ackerman - Tome 1

Chapitre 25 : Chapitre 24 - Nouveaux objectifs

3773 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 23/04/2020 19:18

Thomas termine de se préparer pour la journée à venir. Il passe ses bras dans les manches de sa veste d'uniforme puis met son bras droit en écharpe avant de se diriger vers la porte. Lorsqu'il l'ouvre, il remarque quelqu'un qui attend à la sortie : une jeune femme aux cheveux blonds brillants soigneusement coiffés et attachés à l'aide d'un ruban rouge. Ses yeux bleus se lèvent vers lui avec un brin de gêne.


Julia ?


Bonjour Thomas. Salue-t-elle avec sa voix douce et un petit sourire poli aux lèvres.


Salut... Tu attends Moblit ? Il ne devrait pas tarder.


Non, je... Elle remet de l'ordre dans son esprit. Je vous attendais tous les deux. Le capitaine m'a demandé de vous amener à elle.


Ah... Ok ben... Ok.


Thomas met sa main libre dans une poche et sent le malaise qui s'installe entre eux.


Leur dernier tête à tête en est la cause mais, bien qu'ils n'aient pas eu l'occasion d'en parler, cet incident est déjà de l'histoire ancienne pour Thomas. Malheureusement la distance qui s'est installée entre eux n'a pas permise de passer à autre chose.


Julia s'en veut, terriblement. Ce n'est pas le manque de réponse du jeune homme qui lui a fait mal mais le fait qu'elle se sente coupable d'avoir gâché la toute première amitié tissée depuis des années avec un autre être humain. Elle ne cesse de se demander pourquoi elle a été aussi bête, pourquoi elle a perdu le contrôle de ses sentiments...


Elle jette un furtif coup d’œil en direction du soldat Ralle qui est adossé au mur de l'autre côté de la porte, fixant le sol.


La jeune femme aimerait soupirer mais se retient de la faire pour éviter d'attirer son attention. Un énième questionnement sur ce qu'elle ressent s'impose à son esprit hésitant et perdu. Elle aimerait se rassurer, se convaincre qu'elle a simplement confondu ses sentiments à l'égard de Thomas. Après tout, c'est normal non ? Après tant d'années à être tenue à l'écart des autres, à être surprotégée, n'est-ce pas une fatalité que de s'attacher à la première personne qui s'intéresse un tant soit peu à elle ? Mais ce désir, que vient-il faire là, alors ? Julia ne se souvient que trop bien de cette envie irrépressible de le toucher, de parcourir sa peau du bout des doigts, de... Elle se mord la lèvre et secoue vivement la tête pour chasser ses pensées.


Tout ça n'était qu'une méprise de sa part et la seule conclusion possible est qu'il leur faut recoller les morceaux.


Mais leur amitié est-elle vraiment brisée ? Thomas ne l'a jamais vraiment évitée et les quelques fois où ils se sont parlé il était toujours aussi avenant et amical avec elle. Aurait-il décidé de tourner la page, de mettre ça sur le compte des sensations trop fortes qu'ils avaient vécu les jours précédents ?


Il a raison. Pense-t-elle si fort qu'elle le prononce dans un murmure.


Alors, après cette intense réflexion qui a profité de ces quelques secondes de silence entre eux, la jeune femme décide de briser la glace.


Dis, Thomas... Prononce-t-elle sur un ton plus bas qu'elle ne le souhaitait mais ça suffit à attirer l'attention de son interlocuteur.


Le soldat Ralle se tourne vers elle et l'interroge du regard.


Tu crois que... Ça pourrait redevenir comme avant entre nous..? Demande naïvement Julia avec un air timide et triste, fixant le sol tellement l'attente de sa réponse la rend nerveuse.

 

Son camarade est surpris par la question et ne sait pas vraiment quoi répondre dans un premier temps.


C'est vrai qu'ils se sont tout de suite bien entendu et cette mise à l'écart du groupe qu'il s'est imposé a assez duré. Certaines choses sont arrivées et elles doivent maintenant appartenir au passé pour qu'ils puissent avancer. Moblit, Julia et lui sont les derniers de cette escouade et ils doivent se serrer les coudes, être là les uns pour les autres.


Thomas se rend encore une fois compte comme il a été idiot et, surtout, égoïste. Julia avait sûrement besoin de lui ces derniers temps. Il se souvient de sa peur d'aller au combat, de son effroi en s'imaginant se trouver face à un titan...


Tout stupide qu'il est, le jeune homme n'a pas pris la peine de soutenir son amie et la féliciter comme il se doit pour son exploit à Trost.


Je...


La porte s'ouvre et Moblit en sort. Il les observe un instant en haussant un sourcil. Julia serre ses doigts sur le bas de sa veste d'uniforme, frustrée que le lieutenant Berner ait interrompu leur conversation.


Qu'est-ce que vous attendez ? Demande-t-il.


Toi. Répond Thomas avec un sourire pour qu'il ne se doute de rien.


Julia acquiesce.


Hanji nous attend. Complète la jeune femme.


Ah, bon, allons-y alors.


Le petit groupe se met en marche et ils resteront tous silencieux jusqu'à ce qu'ils arrivent devant la porte d'un bureau dans le bâtiment administratif. Moblit frappe trois fois.


Entrez ! Entendent les soldats à travers la porte.


Ils s'avancent dans la salle et effectuent un salut militaire.


Ça me fait plaisir de vous voir, ces derniers temps avec les préparatifs j'ai du mal à sortir de ce bureau.


Thomas remarque une couverture et un oreiller posés en désordre sur une banquette plus loin.


Je préfère dormir ici même si c'est moins confortable, j'ai des fois des idées qui me viennent en pleine nuit, c'est plus facile de tendre le bras pour attraper de quoi noter que de traverser la caserne, haha ! Explique la capitaine, comme si elle avait lu la question qu'imposait l'observation de son protégé.


Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous, Capitaine ? Demande Moblit, toujours aussi déterminé à assister sa supérieure.


Hanji replace ses lunettes puis pousse un tas de feuilles de papier qui encombre son sous-main. Le capitaine attrape ensuite une pile de dossiers.


C'est un secret de polichinelle : nous nous préparons à reconquérir le mur Maria en bouchant les portes de Shiganshina. C'est pourquoi le Major a demandé à ce que deux escouades supplémentaires soient créées et que la notre se complète.


Thomas baisse la tête et serre les dents. Julia le remarque et le regarde tristement, Moblit reste neutre d'apparence mais il sent son cœur se serrer. Tous les trois doivent pourtant se rendre à l'évidence : ils ont besoin de sang frais. Hanji sourit tristement en voyant ses hommes ressentir de la douleur à l'idée de « remplacer » leurs camarades disparus.


On m'a soumis plusieurs dossiers. J'ai déjà choisi deux nouveaux membres mais j'hésite pour le dernier.


Vous voulez qu'on vous aide pour votre choix, Capitaine ? Demande Moblit.


C'est exactement ça. Affirme Hanji qui leur fait signe d'approcher.


Ils s'avancent tous les trois vers le bureau où deux dossiers tournés vers eux les attendent.


Le premier fait mention d'un certain Julian Peters, 19 ans, second de sa promotion qui excelle dans quasiment tous les domaines. Le second dossier est plus parlant pour Thomas en voyant un nom très familier : « Judith Stern ». Il ne prend même pas la peine de le lire plus parce qu'il sait déjà qu'il essayera de diriger le choix du capitaine vers elle.


Mh, je me doutais que ça te plairait. Dit Hanji en voyant la réaction de Thomas.


Il sourit et reprend place un mètre plus loin en attendant que Julia et Moblit se fassent leur propre avis. Deux minutes suffiront.


Mon choix se porterai plutôt sur Judith, pour ma part. Annonce Moblit.


Pareil pour moi. Plussoie Thomas.


Et toi Julia ? Demande Hanji.


Je... Elle regarde brièvement ses deux compagnons. Judith serait sûrement un très bon choix, elle a beaucoup de qualités mais je note surtout un niveau plus faible que la moyenne en manœuvres tridimensionnelles. Julian est plus complet et serait une meilleure addition à notre groupe, à mon sens.


Capitaine... Commence Thomas. Judith et moi étions dans la même brigade d'entraînement, nous avons abattu un titan ensemble pendant la poursuite de Reiner et Bertolt. Si le seul problème est son niveau au combat elle est meilleure que je ne l'étais en arrivant dans cette escouade. Elle est déterminée à se battre et j'ai une confiance aveugle en elle.


Hanji acquiesce avec un sourire en coin.


Mais... Les principales qualités de Judith sont ce talent naturel pour le commandement et sa capacité à analyser toutes situations. Je ne pense pas que nous ayons besoin d'un leader dans cette escouade, ça ferait doublon avec le rôle et les compétences de Moblit. Ajoute Julia.


J'entends vos arguments et avis, je vais réfléchir. Je vous libère, votre petit déj' vous attend. Moblit reste deux minutes, s'il te plaît.


A ces mots Julia et Thomas sortent du bureau après avoir frappé leur poitrine de leur poing. La première partie du chemin est silencieuse avant que la jeune femme ne se décide à parler.


Désolée de ne pas plaider pour ton amie, je... Je veux juste que...


Ça va, ne t'inquiètes pas, je comprends. Le capitaine nous a demandé de l'aider à choisir le meilleur et j'ai sûrement un avis biaisé.


Julia sourit finement et acquiesce, inutile d'en parler plus longtemps. Discuter avec lui la fait se remettre en question, elle a peur de le vexer ou de dire ce qu'il ne faut pas, chose qu'elle ne ressentait pas, avant.


Tu... Ton bras va mieux ? Demande-t-elle pour changer de sujet.


Thomas baisse les yeux vers l'épais bandage qui couvre son avant-bras droit.


J'en sait rien, ça doit cicatriser... J'espère pouvoir rapidement reprendre l'entraînement.


Elle n'ose pas lui proposer son aide si jamais il doit changer le bandage, elle préfère éviter tout risque de débordement. Enfin, si ce n'est que le bras ça devrait aller, tant qu'il garde cette foutue chemise boutonnée jusqu'en haut.


J'ai entendu dire que vous avez analysé une seringue d'un produit étrange ces derniers jours, Hanji et toi. Reprend Thomas.


Ravie qu'il parte sur un sujet de conversation plus à sa portée et qui ne devrait pas provoquer de malaise, son sourire s'élargit.


Oui en effet. Kenny Ackerman l'a donné au Caporal avant de mourir, selon ses dires l'injection permet de transformer quelqu'un en titan pur. Explique la cousine du Major.


Tu veux dire... Comme ceux qui sont hors des murs ? S'étonne Thomas.


Oui, c'est ça. Techniquement ça peut sauver une vie.


Mouais... Je suis pas sûr que devenir un abruti de dix mètres de haut qui bouffe tout ce qui lui passe sous la main soit un vrai sauvetage... Commente le jeune homme.


Julia glousse légèrement en mettant sa main devant sa bouche.


Oui, vu comme ça c'est vrai, mais on découvrira peut-être bientôt un moyen pour que les titans redeviennent humains.


J'espère...


Julia regarde ses pieds.


Les titans sont nos ennemis mais... Elle soupire. Je n'arrive pas à accepter que nous tuons des humains et donc que... J'ai tué un de nos semblables.


Ils arrivent devant le réfectoire, Thomas ouvre la porte et laisse passer Julia. Tous deux s'installent ensuite à une table libre après avoir pris de quoi grignoter.


C'est vrai que c'est effrayant de se dire que depuis des dizaines d'années ces choses qui nous dévorent et qu'on découpe sont des humains. Je n'arrive pas à savoir si c'est rassurant ou si ça empire notre situation... Reprend le jeune homme pour continuer la conversation.


Il observe la paume de sa main gauche pendant un instant puis serre son poing aussi fort que ses dents. Quoi qu'il puisse se dire pour essayer de se rassurer, Thomas a du sang sur les mains, du sang qu'il ne peut pas enlever.


Mademoiselle Smith observe le jeune homme assit en face d'elle avec tristesse. Alors qu'elle était protégée dans un endroit secret par son cousin, son ami a dû se battre contre les divisions centrales pour survivre à Trost. Qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ? Il en est ressorti avec des blessures qui ne sont pas seulement physiques à en juger par son expression torturée qu'il arbore. Julia aimerait demander ce qu'il s'est passé mais avant d'ouvrir la bouche Thomas recommence à parler.


Keiji m'avait rassuré en me disant qu'il est normal de faire des cauchemars, de revivre toutes ces choses horribles qu'on a vues. Il m'a fait comprendre qu'on souffre tous de ça, même ceux que l'on considère comme nos héros. Sur le moment je ne l'ai pas vraiment cru, pour moi le parfait héros était un homme droit, altruiste, serviable, fort et surtout qui ne recule jamais devant rien et ne ressent pas la peur, quelqu'un qui peut affronter la mort sans sourciller, une personne qui ne regrette jamais rien. C'est con hein...


Julia croise ses mains sur la table et l'écoute attentivement. Thomas soupire.


Mais j'ai vite compris que dans la réalité tout est différent. Je pensais qu'en tuant des titans et des soldats de la division centrale je deviendrai un héros qui fait briller d'admiration les yeux des nouvelles recrues comme le Caporal Livaï...


Il s'arrête un moment et soupire encore, le regard fixé sur la table.


Je me suis trompé. Leurs yeux brillent mais je n'ai pas l'impression que c'est à tort. Même si tout ça me hante, je continue de croire en l'avenir.


Julia ne sait pas quoi lui répondre. Thomas relève la tête et croise son regard.


Tu t'en voudras sûrement toute ta vie d'avoir supprimé des vies mais tu n'avais pas le choix. C'était eux ou toi. Se demander qui méritait le plus de vivre ne sert à rien, on ne peut pas revenir en arrière. Alors penses plutôt à ce monde que tu veux voir de tes propres yeux pour qu'il ne se résume pas à de simples mots sur du papier. J'imagine que c'est une motivation suffisante. Termine le jeune homme.


La jeune femme acquiesce lentement puis lui sourit.


Oui, nos rêves combleront sûrement cette partie d'humanité que nous avons perdu. Commente la jeune femme.


Thomas hoche puis détourne son attention de sa camarade pour commencer à manger.







De l'autre côté de la salle, Mikasa et Sasha sont attablées ensemble. Comme toujours mademoiselle Braus dévore et n'hésite pas à jeter son dévolu sur deux viennoiseries en même temps. Mikasa, elle, reste silencieuse comme d'habitude et mange tranquillement même si elle semble pensive ce matin, se rappelant un moment avec Thomas la veille, avant qu'elle ne quitte son dortoir.


Imagines que demain l'humanité gagne contre les titans, qu'est-ce que tu feras ? Demanda Thomas.


Mikasa se mit à tripatouiller son écharpe rouge posée sur ses cuisses.


J'aimerai trouver une maison dans les montagnes, comme celle où j'ai grandi, pour y habiter.


Thomas l'observait et lut la nostalgie sur son visage. Elle ressentit le besoin de tout lui dire.


J'aimais cet endroit, il ressemblait beaucoup à celui où on a passé une semaine. Expliqua la jeune femme en se tournant vers son compagnon, le regard tombant sur cette arcade sourcilière qui est le vestige de ce petit séjour.


Il acquiesça seulement.


La tranquillité, la simplicité... On avait un potager et quelques volailles, mon père chassait. J'étais heureuse.


Elle se sentit profondément nostalgique en parlant de ça. Depuis six ans elle ne l'avait pas évoqué, avec personne. Ce souvenir horrible de son père qui se fait poignarder en ouvrant la porte, sa mère qui reçoit un coup de hache en voulant défendre sa fille... Elle a tout perdu en un unique instant.


Sa tête se baissa et son visage devint caché derrière ses mèches brunes. Thomas comprit sa détresse et sa tristesse.


Un jour nous étions tous les trois dans la salle à manger, ma mère et moi étions en train de faire une broderie. Nous attendions le docteur Jäger, le père d'Eren, pour sa visite hebdomadaire.


Il l'écoutait attentivement, pendu à ses lèvres, certainement désireux de connaître le précédent chapitre de son histoire.


Je me souviens que juste avant que quelqu'un ne frappe à la porte, ma mère m'avait dit que cette broderie est un héritage familial et que je la transmettrai à mes enfants quand j'en aurai. Alors, du haut de mes neuf ans, je lui ai demandé comment on fait des enfants...


Le jeune homme se mit à sourire, apparemment attendri par cette partie du récit.


Ma mère était gênée alors elle m'a dit de le demander à mon père qui était en train de sculpter quelque chose, dans un bout de bois qu'il avait trouvé dans la forêt. Alors je l'ai fait. Ça l'a tellement mis mal à l'aise qu'il a failli faire tomber ce qu'il avait dans les mains. Je crois même me souvenir qu'il a rougi. Il s'est débiné en me conseillant de poser la question au docteur Jäger puisqu'il était médecin. A peine sa phrase se termina que quelqu'un frappait à la porte.


Thomas serra les dents.


On pensait tous que c'était le père d'Eren mais au moment où la porte s'ouvrit, mon père eut une sorte de sursaut et du sang commença à ruisseler de son ventre. Quand il s'est effondré nous avons vu trois hommes répugnants sur le pas de la porte. Ils voulaient nous emporter ma mère et moi. Ma mère s'est jetée sur eux et l'un des bandits a paniqué alors il l'a frappée avec sa hache. Elle s'est vidée de son sang au sol.


Le soldat Ralle baissa la tête.


Ils m'ont emmenée dans une autre maison et m'ont bâillonnée. Ils discutaient mais je n'arrivais pas à les comprendre, j'étais encore trop choquée, j'étais déjà morte dans mon esprit. Et puis Eren est arrivé et en a tué deux. Le dernier est arrivé de nulle part et l'a attrapé par le cou pour l'étrangler. Eren me répétait que je devais me battre. Je voyais les veines de son visage gonfler, son teint rougir, ses mains se crisper sur celles de son agresseur. J'étais toute tremblante, j'étais terrorisée et ne savais pas quoi faire. Il me le répétait encore et encore... « Bats-toi ! ».


Elle prit une pause d'une seconde et regarda ses mains.


Alors j'ai ramassé le couteau qui était à mes pieds et, après un énième appel, j'ai tout à coup senti que tout mon corps était comme parcouru d'un éclair, j'ai senti une force incroyable s'emparer de mes muscles et je savais exactement quoi faire pour tuer. Je ne tremblais plus. Mes mains se sont tellement serrées que le bois du manche de mon arme s'est effrité. Je me suis lancée vers le bandit et je l'ai poignardé en plein cœur.


Le jeune homme était bouche-bée.


Ce jour là les Jäger m'ont adoptée et Eren m'a offert cette écharpe.

 

Elle désigna le vêtement rouge qu'elle ne quitte pas depuis des années.


Et...


Mikasa croisa enfin le regard de son conjoint avec timidité à cause de ce qu'elle s'apprêtait à dire.


...Je ne sais toujours pas comment sont faits les enfants. Avoua-t-elle avec les pommettes légèrement rouges et le regard fuyant, sûrement de quoi faire penser à Thomas que ce récit poignant était fait pour mener à l'évocation d'une chose bien particulière.


Thomas n'avait rien à dire, il se contentait de la regarder sans vraiment comprendre où elle voulait en venir.


Je voudrai le découvrir, avec toi... Dit-elle à demi-mots, honteuse de formuler cette requête de façon claire et ses joues gagnent une intensité de couleur supplémentaire. J'ai envie de savoir ce que c'est avant de mourir.


Mikasa se sent être secouée, c'est Sasha qui essaye de la tirer de ses pensées.


Hé, ça va ? Demande mademoiselle Braus.


Euh... Si-si, j'ai juste un peu mal dormi... Ment la brune.


Je sais bien que tu ne dors pas beaucoup en ce moment... Elle se penche en avant pour parler à voix basse. Qu'est-ce qui te tracasse, des soucis avec Thomas ?


Mikasa écarquille les yeux puis balaie les alentours des yeux pour s'assurer que personne n'a entendu.


Ça vaaaaa, je vous ai vu. Mais je ne le dirai à personne t'en fais pas. Enfin, peut-être qu'un bout de viande pourrait me délier la langue... Dit sincèrement Sasha qui pourrait baver rien qu'à imaginer ce goût qui lui manque depuis des années.


Je savais bien que tu me suivais pour ça... Grogne Mikasa.


Et donc, qu'est-ce qui ne va pas ? Élude miss patate.


Rien. Ça va. Répond Mikasa mais aux yeux de Sasha elle n'est pas très convaincante.


Laisse-moi deviner, vous avez... Elle hausse suggestivement les sourcils pour faire référence à une acte bien particulier. Et ça s'est mal passé ?


Le visage de la brune devient couleur pivoine, jusqu'à la racine, et secoue vivement la tête en signe de négation. Sasha se marre.


Consciente que cette conversation ne pourra que l’embarrasser de plus en plus, Mikasa se lève en laissant une partie de son repas sur la table. Elle se presse d'aller vers la sortie en cachant son visage à l'aide de ses cheveux. Ne regardant pas devant elle, Mikasa percute quelqu'un près de la sortie. La jeune femme lève les yeux, deux yeux bleus rieurs l'observent. Son regard se baisse, elle voit un fin sourire.


Thomas s'apprête à ouvrir la bouche pour lui demander ce qui ne va pas, pour savoir pourquoi elle vient de lui rentrer dedans mais il remarque qu'elle a une expression étrange. De la panique ?


Julia dévisage la brune, tout aussi surprise.


Mikasa tire sur son écharpe pour cacher ses joues rouges. Elle trépigne de nervosité sur place. La mimique suggestive de Sasha, ce qu'ils ont fait la veille, la discussion qui a suivi... Elle ne réfléchit pas plus longtemps et attrape le jeune homme par le bras pour l'entraîner dehors à pas décidés, sans même lui donner d'explication.

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