L'Ode à la liberté [Livre I]
Chapitre 50 : Reconquête de Shiganshina - part III : Révélation
4554 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 24/09/2020 18:58
« Aller de l'avant. »
Plus qu'une maxime, un dogme - un écho qui tourbillonnait autour de cet être humain engagé de son plein gré, et qui pourtant, depuis sa tendre enfance est entrainé dans une spirale infernale sans y avoir consenti Si ces mots parvenaient à faire vibrer tout son être, ils lui permettaient de percevoir à nouveau le néant auquel il s'était confronté plus tôt, se remémorant partiellement certains passages de son rêve - discernant vaguement images et sons.
Ne remarquant la présence du chef Zoe qu'à cet instant, le soldat Jäger se posait mille et une question : Comment Hanji a-t-il survécu ? Et les autres, où sont-ils ? Æsma ? Pourquoi ils étaient si peu à l'heure actuelle ?
Ne pas voir la belle blonde l'obligeait à faire face aux nouvelles contradictions assaillant son esprit. Trop obnubilé par la « mort » d'Armin, il avait oublié le reste avant qu'on ne lui agite sous le nez le corps inerte du Major. Et si à la place d'Erwin se trouvait Æsma ? Quid de son amour ou de son meilleur ami ?
Tiraillé par la raison et les sentiments, peu importe... Son absence était belle et bien réelle. Peu importe l'avis des uns et des autres, le caporal - tout aussi aveuglé par ses sentiments personnels - poserait son veto. Pourtant, Æsma comme Armin représentaient l'avenir contrairement au Commandant du Bataillon appartenant déjà au passé. Des pensées que le jeune Titan clamait haut et fort.
Livaï n'en avait que faire des états d'âmes de ces ados pré-pubères, la raison devait primer sur le reste. Ordonnant aux soldats de dégager, le capitaine Ackerman sortie cette foutue seringue de sa boîte, prêt à injecter le sérum à son supérieur - afin qu'il bouffe l'actuel possesseur du Colossal.
Se laissant guider par ce foutu rouquin appartenant à la bleusaille, Eren laissa son esprit divaguer au-delà du réel - tentant de se ré-approprier ce fameux rêve, persuadé de fil en aiguille que ce songe était en réalité un souvenir de son défunt père. Si les noms de famille revenaient facilement, revoir le faciès de l'individu au côté du docteur et de madame Traum était une mince affaire.
« Si je vous dis qu'au-delà des murs, il y a de la vie ? » Eren cligna plusieurs fois des yeux, n'en croyant pas un traître mots et secoua la tête pour chasser ses paroles de sa tête. Ils devaient forcément parler des Titans. Peu importe, maintenant il allait parcourir et découvrir le monde seul.
Patientant sur quelques toits plus loin, il ne fallut pas longtemps pour que le cadavre recevant le cérébro-spinale se transforme en Titan. Un Titan de sept mètres environ, tout rachitique, arborant des traits similaires au soldat Arlelt - ne manquant pas de méduser la petite escouade tactique, spectateur de l'exécution de leur ancien camarade Bertolt, se faisant broyer la tête en un seul claquement de dents.
Une tirade d'émotions s'emparait du soldat Jäger soulagé d'un poids en réalisant que son chef avait choisi Armin et se délectait de voir son ennemi mourir sous ses yeux. Un réconfort qui ne durait que quelques secondes, quand il regarda en arrière pour contempler une ville anéantie. S'il pouvait encore se transformer en Titan, il remuerait ciel et terre pour nettoyer le District de fond en comble, dans l'espoir de retrouver Æsma.
La succession de pouvoir achevé, ses camarades et lui se hâtèrent de rejoindre la dépouille du petit Titan pour y extraire Armin - au même moment, un fumigène violet s'éleva dans le firmament.
Si les marmots s'échangeaient des regards curieux, certains prêt à foncer à répondre face à cet appel en détresse - le caporal lui se méfiait, ordonnant aux gamins de ne pas bouger d'ici et se dépêcha de se ravitailler. Ceci dit, les lames confectionnés pour ses besoins personnelles gardaient encore toute leur splendeur et mutilait sans peine celui qui touchait par mégarde, il lui suffisait juste de recharger les bonbonnes de gaz.
— Hanji, ne t'inquiète pas pour moi, occupe toi du reste, répliqua le petit homme - sans laisser à son collègue placé un mot, déjà élancer dans les airs.
Voltigeant à travers les ruines, ses mains harponnement fermement les pommeaux, prêt à dézinguer l'adversaire pouvant encore surgir de nul part.
Arrivant à la source, pas un rat à l'horizon, si ce n'est des corps inanimés - étalés sur le sol. Quelques secondes suffisaient à ses yeux d'acier pour reconnaître ces deux soldats. Même si son intuition lui signalait qu'aucun danger ne se profilait à l'horizon, il valait mieux prévenir que guérir. Avant de rejoindre les deux gamins, il se promena aux alentours s'assurant que personne d'autres ne traînaient.
Dans un premier temps, il comprit que Delroy avait tiré le fumigène, tenant fermement le pistolet dans ses mains. Le garçon respirait bruyamment, grommelant des mots incompréhensible - proférant probablement des injures pour atténuer la douleur. Le brun se voyait avec des vêtements plus ou moins arrachés et ensanglantés, dévoilant des bouts de verres plantés et éparpillé sur son corps, aussi bien sur le visage, le cou ou le buste. Plus qu'un instinct de survie, le jeune homme possédait un incroyable métabolisme pour survivre à une telle explosion.
Quant au second corps, moins meurtri physiquement, il ne bougeait pas d'un iota. Le taciturne dû s'accroupir près de la gamine - le minois presque boursouflé et recouvert de suie - pour percevoir un quelconque mouvement au niveau du thorax et passer sa main pour sentir une léger souffle émaner de son nez. Une petite marre rouge se propageait autour d'elle. Fort heureusement, l'origine de ce saignement provenait de son bras droit effroyablement lacéré en l'observant de plus près.
— Caporal, murmura faiblement la voix du basané - manquant de s'étouffer avec sa salive inexistante, lorsqu'il se releva pour s'asseoir, gémissant en sentant les morceaux s'engouffrer dans sa peau.
— Ne bouge pas, tu vas aggraver ton cas, répondit calmement le caporal - envoyant un nouvel appel. Ne te force pas à parler, on aura le plaisir de bavasser, une fois rentré et soigné.
Retirant sa cape, Livaï la plia impeccablement et la plaça délicatement sous la tête de la morveuse.
Hanji atterrit maladroitement quand il devina l'identité des deux rescapés et se précipita vers eux, mais son collègue le stoppa avant qu'il ne tente de prendre le premier dans ses bras, lui faisant remarque l'état chaotique de ce dernier. Rien que lever la main pour saluer son chef, demandait à l'explorateur Henchman un effort considérable.
— Vas chercher de quoi retirer ces bouts de verre, désinfecter et soigner leurs plaies, avant que l'un d'eux ne succombe à une hémorragie, dit l'Ackerman - forçant à son futur supérieur de rebrousser chemin. Et ramène un des mioche avec toi.
Attendant qu'Hanji revienne, il se joignit de nouveau aux deux explorateurs, le deuxième toujours plongé dans un coma, le premier commençant à retirer les brisures de verre.
— Oh là, qu'est-ce que tu fou ?!
Le grand basané peinturluré de matière noire déposée par la fumée, le fixa sans sourciller.
— Je mâche le boulot, répondit-il. Entre vous et moi, et sans vouloir vous manquer de respect caporal, je ne crois pas que le temps soit en notre faveur...
— Tu n'as pas à t'inquiéter là dessus, coupa Livaï. L'ennemi est déjà bien loin.
Gagnant toute l'attention de Delroy, il scruta un laps de temps Traum convaincu d'avoir vu ses paupières s'agiter - sans doute un cauchemar... Il continua :
— Comme tu peux le voir, plus de Colossal à l'horizon. Pendant que je m'occupais de ce maudit macaque, Armin et Eren ont réussi à venir à bout du géant.
— Attendez, vous me dites que vous avez réussi à terrassé l'un d'eux lequel ? S'enquit le jeune homme.
— Le Colossal justement.
— Mais alors... Vous l'avez tué directement ou...
— Sa capture nous a permis de sauver l'un de tes camarades. Bref, on rediscutera de tout ça plus tard, les voilà. Livaï se leva pour laisser place à Hanji et Conny - les bras chargés pour les soigner.
S'affairant à retirer les éclats incrustés dans la peau de son subalterne, le chef Zoe signala à son collègue :
— J'ai demandé aux autres estropiés de faire un tour des murs, et de nous alerter s'il y a la moindre petite chose. Ça va être amusant de tous vous ramenez. Heureusement que certains éclopés peuvent encore tenir sur leur deux jambes, sourit Hanji - en déversant de l'alcool sur les plaies de Delroy qui grinça des dents. Je ne sais pas quand se réveillera Armin, mais ça va nous donner un ordre d'idée sur le processus de transmission de pouvoir. J'ai hâte de pouvoir l'interroger.
— Ne t'emballe pas trop, rappelle toi de ce qu'à dit Eren. D'après la conversation entre ce Bertolt et Ymir, aucun d'eux ne souvenait de quoi que ce soit à leur réveil, rétorqua le capitaine.
— Je sais, mais ne sait-on jamais...
— Attendez... Armin à dévorer Bertolt ?!
Le basané ne savait pas s'il devait se réjouir ou non - et vue la tête de Conny, l'histoire ne devait être guère réjouissante. Le crâne d'œuf pansait les plaies de leur camarade dans une vie végétative.
— Longue histoire, lui répondit son chef.
— Et combien sommes-nous de survivant ?
— Onze, si on vous compte tous les deux, répliqua le Ackerman. C'est un miracle que vous deux ayez échapper à la mort.
— Vous ne croyez pas si bien dire... murmura le soldat Henchman - hanté par la tournure des évènements.
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District d'Utopia
Sans prendre en compte l'activité exubérante dans l'enceinte de Sina, au nord du Mur Rose, la vie avait un goût étrangement luxueuse, contrairement aux autres district. Plus on s'approchait du sud, plus la disette se faisait flagrante. Que penser des ville dans le mur Maria à une certaines époque ? Enfin... depuis qu'Historia « gouvernait » assisté par l'armée, chacun commençait à voir midi à sa porte. Nombreux citoyens préparaient la grande fête du printemps pour la commémoration des Déesses de ses murs. Les marchands proposaient leurs plus beaux produits. Les artistes en tout genre exposaient leurs œuvres, tandis que les saltimbanques animaient et amusaient les citoyens entre musiques et danses.
Ne pouvant s'attarder plus longtemps, Æsma emprunta le chemin qui emmenait jusqu'au quartier général. Là-bas, elle devait gérer toute une paperasse administrative devant prouver son identité et l'objet de sa venue - heureusement que le Major avait tout anticipé. Obligée de déposer sa signature dans le cahier des charges pour finaliser sa demande, la terreur la saisit brutalement remarquant la personne ayant été de passage dans les geôles d'Utopia et pour des raisons bien mystérieuse. Le plus troublant est que cette visite datait de ce jour.
L'incertitude se dessina un court instant sur le visage de la blondinette, puis apposa quand même sa signature - refermant aussitôt le cahier, prit le papier d'autorisation qu'on lui tendit et se précipita vers la sortie de l'accueil pour tourner à gauche, courant à travers le corridor extérieur, bifurquant de nouveau à gauche pour arrivée aux escaliers et emprunta ceux qui descendaient. L'instant d'après des soldats des Brigades Spéciales la freinèrent dans sa course, lui mandant le document écrit prouvant son droit de visite. Frappant vivement et nerveusement du pied contre la pierre, la demoiselle se mordit la lèvre attendant impatiemment qu'on la laisse passer.
Une fois à l'intérieur, l'exploratrice longea les murs humides, parsemés de temps à autre de moisissure. Le sous-sol devait faire la même superficie que les bas-fonds de la capital - toutefois, la prison d'Utopia profitait de plusieurs sous-étages contrairement à la moyenne. C'est là qu'on enfermait les criminels les plus dangereux. Il fallait descendre encore deux étages avant d'atteindre le dernier sous-terrain. Pas besoin de chercher quelle cellule, une seule porte s'offrait à elle.
Le froid régnait dans la geôle parfaitement éclairée grâce à l'étrange quartz découvert dans la caverne des Reiss. Avançant jusqu'à la balustrade, elle aperçut deux individus face au cristal d'Annie Leonhart - son cocon semblait toujours intact.
— Dans le deuxième cas, si elle le veut vraiment, Annie peut tout instant sortir de son cristal et s'enfuir d'ici, mais c'est trop risqué.
Aucun doute concernant l'identité de ladite Brigadière, mais qui était l'homme qui l'accompagnait ? Obscurcie par la venue de sa mère, elle n'avait pas fait attention aux autres inscriptions. Un grand homme, aux cheveux blonds portant se tenait à ses côtés, discutant de la jeune Leonhart. Une conversation qui fut de courte durée, quand ce dernier se retourna dans sa direction et remarqua sa présence. Voyant qu'interlocuteur ne parlait plus, la belladone pivota également pour comprendre la raison.
Quant aux autres soldats surveillant la cellule du Titan féminin, ne bougeaient pas d'un iota - la blondinette n'en reconnaissait aucun.
Un frisson désagréable se déplaça le long de son épine dorsale, s'éparpillant et triturant ses organes internes. Son sang crépitait et faisait vibrer ses veines, agitant faiblement chaque membre de son corps externe. Ne sachant pas où elle trouvait encore toute la force physique pour trainer son corps en bas des escaliers, mais elle la possédait et elle se retrouva face à face de ces deux adultes gardant un calme olympien.
Le soldat mesurait pas loin d'un mètre quatre-vingt voir plus, possédait une musculature incroyablement développée, un peu à l'étroite sous-cette veste. Les cheveux mi-longs et d'une blondeur similaire à celle d'Historia, il arborait deux billes teintées d'un bleu-gris sous ses lunettes rondes et portait une barbe blonde mal entrenue.
— Voilà qui est fâcheux, invectiva sur un ton glacial la mère.
— Je ne fais que mon boulot, répondit confusément la fille.
Si l'homme s'interrogeait silencieusement sur la présence de la demoiselle, Æsma n'y alla par quatre chemins.
— Qui est-ce ? Pourquoi êtes-vous ici ?
— On t'en pose des questions, rétorqua la belladone - plutôt agressive, toujours pousser par l'envie de frapper son avorton.
— Allons, allons mesdames, pas de violence. Pas ici, vous risqueriez de finir en prison ici même
Le brigadier s'approcha de la jeune fille l'analysant furtivement de la tête au pied. Une exploratrice, blonde, aux yeux verts :
— Tu dois être Æsma. Le blond témoignait déjà une certaine sympathie pour la gamine.
Méfiante, surtout quand il s'agit de sa mère, l'exploratrice recula d'un pas et fixa avec suspicion sa génitrice, refusant de serrer la main de cet homme.
— Oh pardon, je me présente, Tom...
— Wätcher, intervint aussitôt Jane Traum.
— Wätcher ? Répéta la gamine.
— Un cousin de la famille, affirma la dame.
Le blond réajusta ses lunettes, observant sa cousine, quelque peu dérouté. Æsma ne savait pas trop quoi penser. Sa mère pourrait aussi bien mentir que dire la vérité, puisqu'elle n'avait jamais rencontré un seul membre de sa famille côté maternel - à part son oncle, de loin, très loin... Enfin, cela ne répondait pas à la question de la demoiselle.
— Pourquoi vous êtes ici ? Je croyais que tu avais quitté l'armée depuis belle lurette, allégua l'exploratrice.
— S... Tom, allons y, nous avons encore beaucoup à faire, somma la cousine - se dirigeant vers la sortie, ignorant comme elle savait si bien faire sa progéniture.
Se soumettant sans grande conviction, arrivant au côté de la jeune femme, Tom Wätcher lui tapota rapidement l'épaule avant de poursuivre sa route. Les gardes se mirent à emboîter le pas, comme de bons petits chiens, laissant la main à d'autres collègues. Enfin des têtes que la blondinette connaissait.
Le Major Dorke en personne apparut. Remarquant la présence de la subalterne de son ancien collègue et ami Smith, le commandant se joignit à elle - documents en mains - se saluant de manière professionnelle.
— Je pensais qu'Erwin viendrait en personne, dit-il - vérifiant les expressions de la demoiselle, connaissant parfaitement la situation entre Jane et elle.
— Le Major a plus important à faire... marmonna-t-elle - les yeux toujours rivés sur la porte. Pourquoi était-elle là ? Pourquoi l'avoir laissé entrer ici ?!
— Ta mère sait se montrer très persuasive. Voyant la mine dégoûtée d'Æsma, Naile estompa ses doutes irrémédiablement, elle a réussi par le biais de Xaver à se procurer d'anciens documents, nous connaissons maintenant tous les clans ayant protégé les Fritz. Reste maintenant à retrouver les derniers survivants de certaines de ces lignées... Enfin, là n'est pas le sujet, voilà les derniers rapports. Tu peux jeter un coup d'œil.
Récupérant la pochette fermée par un lacet en cuir, Æsma dénoua la lanière et jeta un rapide coup d'œil.
— Nous pouvons certifier qu'Annie Leonhart est belle et bien vivante. À plusieurs reprises, mes soldats ont pu noter qu'elle bougeait. Enfin rien de flagrant au premier abord, mais les plus fins observateurs ont pu voir que ses lèvres ou ses paupières se mouver. Au moins une fois par mois.
— Une fois par mois... Y-a-t-il un jour, un horaire en particulier ?
Surpris par sa question, il n'avait pas creusé autant le sujet. L'idiot...
— Shepard, tu peux vérifier les soldats qui ont fait les constats et à quel moment ils étaient présents au moment des faits.
Main sur le cœur, l'officier appela quelque uns de ses soldats et repartir en direction des étages supérieurs.
— D'autres choses, l'interrogea l'exploratrice.
— Rien à signaler. Pour l'instant nous n'avons plus d'idée pour parvenir à détruire le cristal, même pas de quoi créer une fissure...
« Annie peut tout instant sortir de son cristal et s'enfuir d'ici » des mots qui détonait dans la cervelle de la blonde, décelant autre chose :
— Attendez ! Qui est ce Xaver que vous avez mentionné plus tôt ?
— Tom Xaver ? C'est le gars qui était avec ta mère, haussa des épaules le Major des Brigades Spéciales - caressant sa petite barbe tout en observant le cocon.
— Je vois... Merci pour le rapport !
La jeune fille s'empressa de répondre par un geste militaire des plus maladroits et détala de la cellule pour retrouver la lumière du jour.
Sortant de la cours du QG, Æsma regarda dans toutes les directions, tournant sur elle-même, mais les deux adultes avaient déjà disparu.
— Putain, fulmina-t-elle dans sa barbe.
Prête à broyer le dossier dans ses mains, elle se ravisa ne pouvant se permettre de revenir les mains vide. Qui était ce Tom Xaver et quel lien entretenait-il avec sa mère ?! La blonde se contenta de donner un coup de pied dans le gravier pour exprimer sa frustration, faisant fuir un oiseau au sublime plumage noir - tranquillement poser à quelques mètres plus loin sur le muret. Elle revint sur ses pas pour savoir si l'officier avait pu détecter de nouveaux indices..
Dans le bureau des archives, le soldat Shepard fut étonné de voir l'exploratrice sitôt alors qu'il venait à peine commencer d'établir une prospection, notant sur un tableau les tours de garde des témoins au moment des faits.
Examinant le tableau, les amplitudes horaires variaient à tout bout de champ, si ce n'est que cela se déroulait tous les vingt-neuf jours. Bref, rien de transcendant...
Ajoutant ces nouvelles informations dans le dossier, Æsma lisait plus attentivement les rapports, notant qu'il était impossible de toucher le cristal à main nue, car extrêmement froid contrairement au cristal retrouvé dans le sous-terrain et leurs instruments de mesures étaient obsolète pour mesurer la véritable température. Cela évoquait à la blonde la technique de cryogénie découverte dans les livres de sciences, lui donnant l'impression qu'ils étaient à des années-lumières des technologie très avancés -repensant aux armes inventés. Un livre uniquement dédié à ça en parlait : des armes à feu capable de tirer en rafales ou encore apte à viser sa cible, peu importe la distance et de l'endroit où il se trouve. Effrayant.
Pour l'instant, les bouquins récupérés ne faisait office que de vitrine dans la bibliothèque du Bataillon, ne comprenant pas pourquoi il y avait autant de livre sur la « mythologie scandinave » - une civilisation éteinte depuis des millénaires, si elle avait réellement existé. Quel rapport entre leur monde et la leur ?
La patience étant une vertu, les pièces du puzzle ne s'assembleront que lorsqu'ils obtiendraient les secrets que cachait le docteur Jäger dans sa cave.
La cave... LA CAVE ! S'exclama Æsma - ouvrant grandement les yeux, découvrant un plafond en bois parfaitement entier et immaculé, ressuscitant pas la même occasion son frère plongé quelques secondes auparavant dans un affreux marasme.
Le lieutenant se jeta immédiatement sur sa petite sœur, enroulant et enserrant ses bras autour d'elle. Tout ce que pouvait faire la blonde était de réponse à son étreinte, tentant de remettre de l'ordre dans sa tête.
— Que s'est-il passé ? demanda-t-elle complètement désorientée.
Relâchant la demoiselle, Gabriel se releva, muant son excitation en silence, pour étudier de façon étrange et curieuse à la question - lui laissant le temps d'examiner son propre corps, curieusement, sans aucune blessure.
— Je... je ne comprends pas... dit-elle. Pourquoi je suis ici ?! La bataille... elle n'est pas terminée !
— Commence par te détendre, s'agaça déjà l'ainé.
Arrêtant de s'agiter dans tous les sens, Æsma fixa son frère attendant qu'il s'explique.
— Par où commencer ? Vous êtes rentrées de Shiganshina, il y a trois jours de cela.
— Trois jours ?! S'écria l'exploratrice.
— D'après le rapport de Delroy, vous vous êtes quasiment pris le souffle ardent du Colossal de plein fouet. Tout ce qu'il a pu faire, c'est de t'extirper de là in-extremis, auquel cas vous auriez été carbonisé, voir désagrégé en poussière vu le ravage qu'il est capable de provoquer. Un putain miracle que vous ayez survécu... Bref, vu la façon dont vous avez été valdingué, tu t'es prise un sacré coup sur le crâne pour tomber dans le coma. Le plus surprenant, c'est que tu n'avais pas de commotion cérébrale à ton retour...
— Nous avons gagné ?!
— Gagné est un bien grand mot, vu le nombre de soldats morts durant cette bataille... Au total, vous êtes que onze à vous en être sortie.
— Quoi ?! Qui ?! Æsma saisit son frère par les épaules.
— Calme toi, répondit celui-ci - dégageant les mains de la benjamine. Comme tu peux le constater, tu es l'une des rescapés. C'est Delroy qui t'a sauvé de ce pétrin, mais il doit encore se reposer. Ton chef Hanji à survécu à la déflagration. Sinon, seuls les membres de l'escouade tactique et un petit bleu sont encore en vie.
— Attends... tu sous-entends que le Major Erwin est mort ?
— Si les soldats n'ont pas péri sous l'explosion du Colossal, c'est le Bestial qui s'est chargé du reste
— Bordel, murmura Æsma - s'ébouriffant les cheveux, prête à se les arracher.
— En même temps, c'était une mission suicide... Enfin, la bonne nouvelle, c'est que vous avez pu accéder à « la cave ».
— Et...donc ? Demanda Æsma - quelque peu ébranlée par les premières informations.
Les livres de Grisha Jäger confirmèrent la première chose : la vie subsistait à l'extérieur des murs, et perdurait depuis des millénaires.
La réalité était tout aussi cruelle pour les Eldiens sur l'autre continent. Pas de Titans. L'être humain se suffisait à lui-même pour tyranniser.
Ymir Fritz, l'ancêtre des Eldiens, pactisa avec un démon pour obtenir le pouvoir du Titan. Son âme fut partagée en neuf, nommant les Titans intelligent : Primordiaux. C'est ainsi qu'ils dominèrent, opprimant tous les autres peuples pendant plusieurs siècles. C'est alors que le peuple de Mahr - autrefois puissante - déclencha une guerre civile, réussissant à affaiblir Eldia. Ils réussirent à l'occasion à rallier à leur cause sept des neufs Titans.
Le roi Fritz abandonna une partie de son peuple, pour s'installer avec les autres sur Paradis, érigeant les trois murs que la population connaissait aujourd'hui. Le Titan Originel avait précautionneusement effacé toute la mémoire des Eldiens de « l'île » pour éviter tout désagrément. En échange, six clans suivirent le roi Fritz dans son périple, signant un pacte pour ne pas dévoiler le secret.
Le destin avait voulu que la route de Grisha et Dinah Fritz - dernière de la lignée royale - se croisent. La dernière branche royale restée sur le continent possédait des secrets sur les Titans encore inconnu pour le peuple Mahr et seul un membre de la lignée royale était apte à contrôlé les pouvoirs de l'Originel. Ils se marièrent et eurent un enfant et l'envoyèrent au camp d'entraînement comptant sur lui pour récupérer l'Originel caché sur l'île de Paradis. Tout ne se passa pas comme prévu. Leur garçon les dénonça pour complot et les parents qui se trouvèrent déportés sur l'île. Tous les traîtres étaient condamnés à devenir des Titans dénués d'intelligence, mais encore une fois, la vie s'amusait à sa guise et c'est là que le docteur obtenu le Titan, actuellement possédé par Eren.
Terminant son récit, Gabriel pensait fortement que quelque chose clochait chez sa petite sœur demeurant imperturbable face aux révélations.
— Je te trouve bien sereine... Lui dit-il.
Æsma se massa la nuque ne sachant pas trop quoi répondre, sans chercher à feinter quoi que ce soit - méditant et comprenant peut-être enfin ce qu'il se tramait...
— Æsma, l'appela-t-on.
— Hmm ?
Ayant terminé de faire les cent pas dans la pièce, Gabriel se rassit au bord du lit, posant un avant-bras sur chaque cuisse écartée l'une de l'autre, observant sa sœur, très préoccupé par son attitude.
— J'ai l'impression que tu me caches quelques choses depuis que je t'ai récupéré là-bas et je crois fortement qu'il y a un lien avec tout ça.
— Ne dis pas n'importe quoi, s'enquit de répondre la blonde - ne pouvant s'empêcher de rire nerveusement et de mordre l'intérieur des joues.
— Æsma, ne me dis pas que t'ai retrouvé à nouveau dans ce lieu morbide par le plus grand des hasards. Je sais que tu as vu maman avant... Gabriel marqua une pause, se rapprochant de sa petite sœur, insistant du regard. Æsma, si tu es au courant de quelque chose, dis-le-moi.