L'Ode à la liberté [Livre I]
Chapitre 48 : Reconquête de Shiganshina - part I : Impulsion
5835 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 21/09/2020 15:30
Deux semaine plus tard
Heurtant les cailloux, le carrosse oscillait secouant légèrement les deux femmes à l’intérieur de la caisse. La plus jeune se terrait dans son mutisme ruminant pas ce qu’elle venait de découvrir plus tôt, sous le regarde perfide de la plus âgée.
Jambe droite sur la gauche, retenant son genou droit de sa main gauche, elle appuya son dos sur la banquette en velours teinté d’un noir de fumée, s’harmonisant parfaitement avec ses yeux aniline, la mère - plus cauteleuse que jamais - scrutait sa progéniture en plein dilemme. Rien de tel pour exacerber son aversion naturelle pour cette enfant indésirable, ayant le don de fourrer son nez là où il ne fallait pas.
— Si je réponds à tes interrogations, me promets-tu de garder le silence ?
La réaction de la blonde ne fit pas attendre.
— Quoi ? Tu veux que je mente au Major ? S’indigna-t-elle.
— Je ne te demande pas de lui mentir, mais rester discrète jusqu’à nouvel ordre.
— Mais tu as permis à l’ennemi de se fondre dans la masse, encore aujourd’hui ! Et tu veux que je reste dans mon coin, à me tourner les pouces ?!
En un instant, Jane Traum se joignit au côté de son avorton, se redressant correctement pour asseoir sa domination, attrapant le menton de ce dernier la forçant à le regarder droit dans les yeux. Ramenant quelques mèches irisées derrière son oreille, l’ancienne brigadière se délectait de la peur qui luisait dans ces billes vertes, puis effleura du bout des doigts la joue droite de « sa » fille au regard fuyant, peinant à avaler sa salive.
— Tout ce que tu vas faire, c’est me donner les informations collectées au compte goutte, répliqua calmement madame Traum - caressant le cou de la demoiselle.
Æsma sentait son étreinte se resserre autour de sa gorge. Trop effrayé à jouer les insolentes face à sa mère, elle laissa sa mère exercer la pression, se faisant de plus en plus forte et douloureuse, l’empêchant de respirer.
Se réveillant en sursaut, encore allongé dans son lit, l’exploratrice posa les mains sur son cou, reprenant péniblement son souffle. Une silhouette se hissa subitement au-dessus d’elle. Dans un premier temps en panique, prête à crier, elle se ravisa en reconnaissant sans grande difficulté ces deux cristaux de couleurs émeraude.
Alarmé par le cri émis quelques secondes plus tôt, Eren câlina la jolie frimousse de sa partenaire dans l’espoir d’effacer toute la peur qui animait la demoiselle. Voyant qu’elle était encore entraver par des chaînes invisibles, il plaqua délicatement ses lèvres contre les siennes, réussissant à extirper Æsma de son atonie.
— Qu’est-ce qui te tourmente de si bon matin ? Lui murmura-t-il avec toute la bienveillance qu’il avait à son égard.
La bouche entrouverte, la blonde n’arrivait pas à exprimer quoi que ce soit. Tout ce qu’elle discernait à l’instant même, c’est que le beau brun était dans son lit, entièrement nu et coller à elle. Elle devait se rafraîchir les idées au plus vite, mais se retrouver clouer au lit avec Eren ne l’aidait absolument pas, encore moins avec des hormones déjà en ébullition.
S’apercevant que « sa » petite amie demeurait pantoise, lui-même sentit ses émotions entrer en éruption - incontrôlable de si bon matin.
L’instrument primaire au garde-à-vous attira toute l’attention de l’exploratrice, jetant un rapide coup d’œil sous les draps, ne manquant pas de la faire rougir - adressant une œillade à son camarade, l’insultant de pervers.
Préférant oublier son mauvais rêve et ne pas épiloguer dessus, Æsma enroula ses bras autour de la nuque d’Eren, le ramenant jusqu’à lui pour échanger un tendre baiser, puis langoureux. Le désir s’amplifiait à mesure que leur langue dansait lascivement. Émoustillé par ses avances, le brun débuta pudiquement les préliminaires - promenant subtilement ses doigts jusqu’à l’entrecuisse de « sa » copine, parvenant à lui faire pousser un petit gémissement des plus adorable. Une mélodie qu’il appréciait entendre.
— Æsma chéri, réveille toi ! Brailla une voix masculine derrière la porte - ouvrant la porte de la chambre dans le plus grand des fracas. J’aurais besoin de toi pour… OH !
Reconnaissant cette voix entre mille, il n’en fallait pas plus pour les jeunes tourtereaux de les stopper dans leur action, échangeant des regards en panique. Pourquoi diable n’avaient-ils pas pensé à fermer la porte à clef ? Une chance que les draps existent…
Hanji - un demi-sourire aux lèvres - ajusta ses lunettes avant de tourner le dos.
— Tu te cachais là… Eren quand je te disais de te reposer, je le pensais sincèrement. Bref, dépêchez-vous de terminer votre affaire, Æsma j’ai besoin de toi pour procéder aux dernières vérifications. D’ailleurs, ta mère est arrivée, il y a quelques minutes.
La porte se referma aussitôt, laissant les deux adolescents complètement bredouille.
Ramassant et enfilant son pantalon sans grande conviction, le jeune Titan observait avec intérêt la blonde qui se rhabillait dans son coin - clairement déçu d’avoir été coupé en plein élan.
Boutonnant sa chemise, Æsma glissa ensuite sa main derrière sa nuque pour remettre en place ses cheveux, s’apercevant que son compagnon traînait toujours des pieds. Au lieu d’être en admiration devant ses abdominaux, elle se concentra sur la clef pendu au cordon - qu’il mit autour de son cou.
Eren remarqua le trouble miroiter dans les yeux printanier de « sa » petite-amie qui fixait ledit objet. Interloqué, il s’approcha d’elle entourant ses bras au niveau de son bassin pour le presser contre le sien et se saisit de sa bouche, ne pouvant résister à la tentation plus longtemps
— Dépêche toi de t’habiller, Hanji m’attends ! Dit-elle - repoussant l’apollon.
Poussant un grognement pour montrer son mécontentement, le brun s’exécuté malgré tout.
Obsédée par ce fardeau qui pendait à son cou, l’exploratrice demanda la permission de voir l’objet de plus prêt. Son camarade haussa les épaules, ne voyant aucun inconvénient et ne comprenant surtout pas ce qui pouvait l’obnubiler à ce point - les réponses ne verront le jour que lorsqu’ils auront regagné l’entièreté du mur Maria, en escomptant tuer les deux salauds qui s’étaient bien foutu de sa gueule.
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Le soleil se déclinait à l’horizon. La foule exaltée par les récents événements, encouragea le Bataillon d’Exploration au sommet du mur.
Galvanisé par cette énergie impromptue, le Major Smith répondit au civil avec la même ardeur, surprenant au passage ses fidèles associés.
Contemplant le coucher de soleil, Æsma appréhendait. Chevaucher à Shiganshina serait aisé, puisque la nuit apparaîtrait dans une heure tout au plus. Les raisons qui tracassaient la demoiselle - lorsqu’elle osait y songer - était bien plus inquiétante qu’elle ne désirait le croire.
« Apprends à connaître ton ennemi, autant que tes amis. Connais-le, autant que tu te connaisses toi-même. Pactise avec eux. Un échange de bons procédés ne peut être bénéfique entre les deux parties, seulement, il faut savoir jouer les bonnes cartes - sans atouts, ni faiblesses. Montre toi plus subtil que l’invisible, le mystère et l’inaudible, et tu triomphera sur ton adversaire. »
Des mots qui tournaient en boucle dans sa tête, pendant qu’elle tripotait la poche de sa veste vérifiant qu’elle n’avait pas oublié « ses vitamines » comme sa mère aimait si bien le dire. Cette femme abusait d’elle, elle en avait conscience. Était-ce dû au lien du sang ou le fait qu’elle craignait les représailles ? Si elle ne subissait pas le courroux de sa mère, quelqu’un d’autre se chargerait de son cas quand certains mythes prendront fin.
La nuit tombée, le Bataillon d’Exploration était déjà à la moitié du chemin. Le stress était palpable chez la majorité des soldats, qui pour une bonne partie n’avaient jamais affronté de Titans auparavant.
Livaï pensait qu’il aurait mieux fallu péter les deux jambes de l’autre estropié, mais ce boulet savait ce qu’il faisait. Son obsession pour les Titans était parfois plus effrayante que celui d’Hanji. Le simple désir de vouloir découvrir ce que recelait le sous-sol du docteur Jäger ne faisait que le conforter dans ses idées.
Le silence interrompu par des murmures, le capitaine Ackerman ralenti la cadence et tendit l’oreille pour épier la conversation entre les deux jeunes membres de l’escouade de recherche.
— Si je me suis autant dépensé, ce n’est pas pour abandonné au dernier moment. Je n’aurais aucun regret, ni une once de remords à les tuer. J’espère même pouvoir me les farcir personnellement, invectiva Delroy à voix basse.
— Je comprends… répondit sa camarade - quelque peu songeuse.
— À ma place, tu aurais fais la même chose pour ton frère.
— Peut-être ouais...
— Ah, j’aimerais bien dire mes quatre vérités à Ymir aussi. Quoi que dise Historia, cette pétasse, c’est bien foutu de nous.
— Peut-être qu’il y a des raisons bien plus obscures qui empêchait Ymir de tout nous dire.
— Et alors ? Elle aurait été d’une très grande aide, si elle n’avait pas retourné sa veste, juste pour sauver son cul.
— Tu n’aurais pas fait la même chose ?
— Hein ? Contrairement à certains, je suis loyale à mes convictions.
— Tout comme Ymir, Reiner ou Bertolt... En vrai, on ne sait rien d’eux, de leur passé. Peut-être qu’on se trompe complètement à leur sujet.
— Sans vouloir te froisser, je m’en bats les couilles de leur passé, ça ne justifie en aucun cas de tuer des innocents.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire !
Remarquant que Livaï les observaient du coin de l’œil, Æsma cessa immédiatement de parler, préférant se renfermer dans sa coquille.
— Ah j’espère qu’on trouvera également une solution pour détruite le cristal d’Annie et la faire parler celle-là, ajouta le soldat Henchman.
La blonde hocha la tête se remémorant sa dernière visite à Utopia. D’après cet homme à lunettes, il n’y avait que deux façons de détruire son cocon. La première, qu’Annie le fasse d’elle-même. La deuxième… La deuxième, elle ne savait pas. Elle était arrivée tardivement pour entendre le début de leur conversation.
Le mur profilait à travers la ligne imaginaire, l’aurore débutant à peine.
La mission pouvait enfin débuter. Les vétérans du Bataillon et quelques soldats anciennement affiliés à la garnison passèrent en manœuvre tridimensionnel, laissant leur monture à l’extérieur du District. En premier lieu, ils devaient dissimuler leur visage et couvrir l’entièreté de la ville pour avoir une meilleure vue d’ensemble.
Courant le long du mur, Æsma prenait le temps d’admirer les vestiges d’un passé tumultueux, enjoliver par la nature reprenant ses droits. Est-ce que les autres Districts du Mur Maria ressemblaient à ça ? À l’exception que les bâtiments, là-bas, étaient restés intact. Elle jeta un coup d’œil à son meilleur ami - plutôt concentré sur sa quête, préférant de ne pas ruminer le passé.
Arrivé au point de rendez-vous, les soldats guettaient les alentours.
— Aucun Titan dans les parages. Étrange… murmura Henchman.
La demoiselle gardait le silence. Étrange oui et non. Si ses hypothèses s’avéraient justes, l’ennemie n’était pas loin. Vraiment pas loin et elle redoutait le pire.
Au loin, un fumigène vert apparu dans le ciel, annonçant l’obturation de la première porte. Lorsque que l’éclair jaillit, il fallut environ cinq bonnes minutes pour le Titan d’Eren de reboucher la brèche. Pendant ce temps-là, les explorateurs virevoltèrent dans la ville, restant vigilants, guettant le moindre recoin. Toujours rien à signalé.
La reconquête du mur Maria semblait trop facile. À cette réflexion, un fumigène rouge apparu - à l’endroit où se trouvait le Major Smith.
Les membres de l’escouade de recherche se hâtèrent de retrouver leur commandant - Arlelt à ses côtés. L’ami d’enfance d’Eren supposait que l’ennemi pouvait se trouver à l’intérieur des murs. Erwin ordonna à ses troupes de vérifier chaque recoin des murs pour trouver la moindre anomalie, sommant à Livaï de rester ici pour prendre à revers l’ennemi au besoin.
L’équipe d’Hanji également mis sur le banc de touche pour cette requête se réunirent avec leur chef pour une petite mise au point. Sans Harold, on comptait quatre nouveaux membres dans l’escouade de recherche : Nancy, Klaus, Edmund, Leslie. Des collègues avec qui la blonde n’échangeait que professionnellement. D’une part par leur différence d’âge, de deux, elle avait encore du mal à accepter l’idée qu’il était primordial de remplacer leurs anciens camarades. Rien de nouveau sous le soleil, Moblit s’assurait seulement que tout le monde savait ce qu’il avait à faire durant cette mission.
Même si le Major était capable d’anticiper toute éventualité, se doutait-il des manigances de Jane Traum, qui profitait de cet aparté pour mener à bien ses manigances ? Possible, mais ce grand homme plaçait tous ses espoirs dans la cave du docteur Jäger et ne s’ingéniait pas à interférer dans les affaires de son ancienne amante. Æsma grimaça rien qu’à l’idée que ces deux-là aient pu avoir une aventure…
— Tu penses pouvoir te transformer en Titan, lui demanda le taciturne - interrompant la morveuse qui se mordillait la phalange moyenne.
— Hein ?
Se saisissant du poignet de la gamine, Livaï désigna les marques sur son index. Ces derniers temps, Æsma avait l’étrange impression que le nabot n’avait de cesse de lui coller au cul, se doutant probablement de quelque chose.
— Tout le monde ne possède pas votre sang-froid, caporal, s’exprima-t-elle - un sourire narquois.
— C’est un peu tard pour abandonner le Bataillon, dit-il - en pointant du doigt les soldats pistant la moindre anomalie. Laisse ta peur te dominer et tu te feras tuer sur-le-champ… enfin, se débarrasser d’un boulet dans ton genre, qui adore se mettre en danger, serait un mal pour un bien. Ne compte pas sur moi pour te sauver les miches, il y aura plus important. Et crois-moi, tu n’es pas en tête de liste sur les personnes à qui j’injecterais le sérum en cas d’urgence.
Pas de réplique cinglante à lui balancer, le soldat Traum se contenta de lui lancer un regard blasé.
Suivant les yeux de la gamine qui portait une attention particulière à son équipement, Livaï sortit son pommeau pour agripper une des lames rangées dans son fourreau et l’extirpa de cette dernière le plus délicatement possible.
Intrigué par leur échange, Delroy s’était joint à eux pour découvrir cette merveille de plus près, demandant la permission de toucher l’objet.
— Dégage tes sales pattes de là, fulmina à voix basse Æsma.
Outragé, Henchman regarda sa co-équipière, se frottant le dos de sa main qu’elle avait claqué sans état d’âme.
— C’est pas un jouet.
— Une mauvaise manipulation, et tu perds tes doigts, affirma le caporal - abaissant son épée. J’ai peut-être parlé trop vite, t’es pas aussi…
Lorsque qu’un militaire tira un fumigène, la réaction du capitaine Ackerman ne se fit pas attendre, plantant son grappin dans le mur pour se précipiter dans le vide. Les deux explorateurs s’avancèrent pour découvrir ce qu’il se passait.
Ce mec est surhumain… pensait Æsma découvrant la lame de son supérieur déjà planté dans le cou d’un de leur ennemi - une deuxième dans la poitrine Remarquant que le grand basané tremblait, hésitant à venir en aide au caporal, la demoiselle su que l’adversaire en question n’était autre que Reiner. Le traître gisait au sol, se remuant dans tous les sens.
— Il va se transformer, dit-elle - barrant la route à son meilleur ami.
— SURVEILLEZ LES ALENTOURS, hurla le commandant du Bataillon d’Exploration. IL FAUT COINCER LES ALLIÉS.
Pas besoin de chercher plus loin. Des bruits assourdissants détonnèrent successivement dans les environs. À l’intérieur de l’enceinte du mur Maria émergeaient des Titans, toute variété confondue - mais impossible de tous les distinguer et de les compter à travers l’écran de fumée. Sans grande surprise, le Bestial était de la partie - plus grand que ses confrères. Pas de trace du Colossal… Notant l’absence de Bertolt, Æsma se mordit la lèvre inférieure, inspectant rapidement les alentours - serrant fermement chaque poignée de ses sabres.
— PROJECTILE DROIT DEVANT ! TOUS À TERRE !
Un tremblement de terre s’ensuivit, manquant de faire perdre l’équilibre aux soldats.
La porte extérieure était également bouchée. Les voilà pris en étau à cause du projectile que le salaud de Bestial leur avait envoyé.
Pendant que le Major Smith terminait de scruter l’horizon, élaborant un nouveau plan, le macaque mugit levant les bras en l’air pour frapper lourdement le sol - donnant le feu vert aux plus petits. Ces derniers se ruèrent dans leur direction, fonçant droit vers la bleusaille bloqué à l’extérieur du district.
Suivant les instructions de leur commandant, Æsma suivit son escouade à l’intérieur du District, troquant leur arme de base par les lances. Son équipe et celle de Livaï s’occuperaient personnellement du Cuirassé - seul le caporal restait à sa place, ayant eu pour ordre d’éliminer le Bestial dès que l’occasion se présenterait.
L’inquiétude s’emparait de la blonde. Savoir que son beau brun allait servir d’appât ne l’enchantait guère - or, c’était le seul moyen d’attirer le Cuirassé et engagé un combat sans merci. Toutefois, le Titan d’Eren pouvait cristallisé son corps au même titre que le féminin, lui donnant la possibilité de briser partiellement l’armure du Titan de Reiner - les lances foudroyantes se chargeraient de terminer le travail.
De son côté, Mikasa devait se faire à l’idée que Eren pouvait parfaitement se débrouiller tout seul. S’emmitouflant dans son écharpe, elle contempla - comme tout le reste de ses camarades - le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, attendant l’occasion favorable pour attaquer.
Contrairement à elle, Delroy s’impatientait, virevoltant aux alentours - le combat lui semblait affreusement long. Voyant Eren en mauvaise posture, il s’apprêtait à se ruer sur Reiner, mais la jeune asiatique fit obstacle. Surpris par son élan de lucidité, elle qui habituellement aurait foncé tête baissé, Henchman se ravisa aussitôt. Il ne pouvait pas se laisser aveugler aussi facilement, s’il comptait vaincre ces monstres.
Cerner Reiner était un jeu d’enfant, mais Jean demeurait sur ses gardes, guettant chaque recoin de la rue qu’il survolait, se demandant quand est-ce que l’autre grand dadais allait faire son apparition…
Une opportunité s’offrait enfin aux membres du Bataillon. Hanji et Mikasa se précipitèrent irrémédiablement devant, lances en mains. Chacun enclenchant le pistolet, visant directement les yeux. Le Cuirassé hurla de douleur lorsqu’il encaissa les premières explosions. Les autres arrivèrent pour balancer leur première lance dans la nuque de ce dernier et s’écartèrent aussi vite que possible pour éviter les éclats de verres.
Hanji ordonna une nouvelle salve. Delroy ne se fit pas prier et s’élança le premier, Mikasa lui emboitant le pas. Quand à Jean, il se devait de raviver la flamme des deux clowns à deux doigts de flancher.
S’arrimant trop près, Ackerman rattrapa de justesse Henchman. Il remercia sa collègue et se hâta de découvrir le résultat de leur attaque. Le Cuirassé était hors d’état de nuire.
Se débarrassent de la suie couvrant la moitié de son visage, Æsma s’approcha de Jean.
— Toujours rien …
— Restons sur nos garde, maugréa l’officier. Une chance qu’il ne s’est pas manifesté lors de la bordée.
— Ne parle pas trop vite, on a pas non plus passé au peigne fin le district.
Leur discussion fut de courte durée. Le cuirassé pas complètement amorphe, lâcha un rugissement avant de s’écrouler.
— Tirez d’autres lances ! Réagit aussitôt le chef Zoe. On va le pulvériser, ce sera réglé !
Si Armin pensait que le cri de Reiner était le signal d’alerte pour Bertolt lui vienne en aide, son hypothèse s’avérait erroné, par totalement ceci dit.
— Les salauds, siffla Delroy.
Un nouveau cri raisonna à travers le champ de bataille, provenant de l’autre côté du mur, faisant jaillir des éclairs dans les cieux. La seconde d’après, une dizaine de Titans atterrissaient dans le District - probablement un coup du Bestial.
La dépouille du Titan Cuirassé ne semblait pas vouloir s’évaporer. Faut-il extraire Reiner de sa dépouille, se demandait la blondinette.
Le ciel s’assombrit brutalement. Levant le nez en l’air pour examiner la météo, Æsma découvrit avec effroi une créature étrange volé dans le ciel, fait de métal, s’apparentant de très loin à un oiseau… Un Titan intelligent ?
Sortant immédiatement sa longue vue, l’être vivant était dépourvu de toute matière organique en apparence. Ce dernier ouvrit la gueule en grand et régurgita ce qui se trouvait à l’intérieur de son estomac, avant d’exposer quelques mètres plus loin. Deux autres de la même espèce l’imitèrent.
Un vrai feu d’artifice se déchaînait dans la voûte azurée. L’ire des dieux s’abattait sur Terre, annihilant définitivement des édifices délabrés.
Une semi-victoire qui volait bien vite en éclat.
Une giboulée de Titans abondait tout le District, contraignant les explorateurs à se réfugier sur les toits des bâtiments encore intacts et de préférences à bonne distance de ces êtres affamés de chair humaine.
Æsma se dépêcha de sortir le petit sachet à l’intérieur de sa veste, offert généreusement par sa mère et piocha à l’intérieur pour y sortir un de ces cristaux violets qui lui permettrait de trouver l’énergie nécessaire pour éliminer tout ce beau monde.
Finissant par sursauter et avaler tout rond lorsqu’on tapota son épaule, elle se retourna pour faire face à son co-équipier - ce dernier l’observait presque horrifié.
— Qu’est-ce que… Ne me dis pas que tu manges en pleine bataille ?! S’exclama Delroy.
— Je…
— Putain Æsma, c’est pas le moment de jouer aux cons. Allons rejoindre les autres au sommet de l’ancien quartier général, pesta le garçon - partant le premier.
Le suivant de près, la blonde percevait le regard sans équivoque de son ami.
Atterrissent au côté de leur autres camarades, elle remarqua l’absence d’Eren. De nouveau solliciter par son ami, il désigna sa position. Toujours sous sa forme titanesque son amoureux se préparait à l’offensive.
— Nancy, Klaus, Edmund, Leslie, allez protéger immédiatement le Cuirassé. Ça serait dommage qu’il se fasse bouffer par ses copains, ordonna Hansi continuant d’observer - ou plutôt à s’extasier devant la scène. Quarante neuf... On va devoir se partager tout ça hein ! Armin va avec Sasha et Mikasa. Vous combattrez au côté d’Eren. Jean, Conny, je vous confie mes deux petits protégés. Lisbeth, Simon avec Moblit et moi. Nous allons directement au Nord. J’ai vu une belle gueule de sept mètres de long là bas. Ça serait génial de le capturer.
— Chef, je ne crois pas que ça soit le bon moment pour ça, soupira le lieutenant.
— C’est partie !
Les épaules de l’exploratrice s’affaissèrent, déçue de ne pas pouvoir se battre au côté son compagnon.
Le petite équipe fraîchement composé d’Æsma, Conny, Delroy et Jean, courait, bondissant sur les bâtiments démolis pour atteindre l’extrémité du Sud.
L’officier Kirschtein donna les premières instructions.
— Et on reste toujours en binôme, souligna-t-il - venant tirer l’oreille de la blonde.
— Aïe. Qu’est-ce que tu fou ?! s’exclama-t-elle.
— Arrête de faire comme l’autre idiot suicidaire.
— De quoi tu parles ? Tu me prends pour une bleue ?!
Le grand brun harponna l’épaule de Jean, demandant silencieusement de se calmer et s’exprima à sa place.
— Ce que veux dire Jean, c’est de ne pas en faire qu’à ta tête. Et je t’arrête tout de suite, je sais ce que tu vas dire. Si tu crois qu’on a pas remarqué tes actions irréfléchis durant les dernières missions… T’es pas invincible. Sauf si tu cherches à passer l’arme à gauche plus tôt que prévu.
— Vraiment Delroy, je ne vois pas de quoi tu parles. Soit plus clair, répondit calmement la jeune femme.
— Bref, c’est pas le moment de se prendre la tête, s’interposa l’officier - montrant les Titans qui souhaitait se joindre à eux. Et on utilise les lances seulement en cas d’extrêmes urgences.
Le soldat henchman s’approcha de sa collègue, lui chuchotant.
— Je sais que tu ne veux pas en parler, mais je suis pas né de la dernière pluie et je ne suis pas le seul à voir que quelque chose cloche. Et je ne crois pas ce que les « bonbons » que ta mère t’a donné la veille te soit d’une grande aide, termina-t-il avant de rejoindre Jean et Conny, méditant sur la meilleur façon de procéder à l’élimination de chaque Titan.
Si Delroy avait mis le doigt sur un point sensible, ne grattant superficiellement que la surface, il en fallait peu pour faire démarrer au quart de tour Æsma. Sans tenir compte des conseils et tout autre consignes, elle sprinta pour faire un salto avant passant au dessus de Jean. Un sourire malicieux aux lèvres, elle tira la langue à l’officier - surpris par son action - et s’élança dans les airs, engageant le combat avec le premier Titan - le fauchant instantanément.
— Bon les gars, désolé, mais je suis. À cette vitesse, elle va pulvériser tous les records et on aura aucun Titan à se mettre sous la dent, lança Conny en envoyant son piton dans le corps d’un Titan de cinq mètre.
— Mais attends moi triple buse, s’écria Jean emboitant le pas.
— Putain de merde, feula Delroy - accrochant son grappin sur le mur en face.
Le soldat se laissa glisser brièvement sur le sol pour lacérer les membres inférieur d’un Titan de douze mètres. Il rebondit sur le mur, activant le gaz pour reprendre de la vitesse et crever les yeux de ce dernier. Automatiquement, le Titan cacha son visage, souffrant des blessures que le soldat lui infligeait - permettant au brun d’achever son travail.
Trois Titans repérèrent la blondinette, loin de ses camarades. Æsma riposta avant que les deux premiers ne l’attaquent, l’éblouissant avec une grenade aveuglante et évita in-extremis le dernier, lui tranchant les doigts au passage. Le monstre chancela. Delroy l’assista pour l’éliminer, lui ordonnant de s’occuper de son petit copain, pendant qu’il s’occupe du premier.
Cependant, un déviant plus sur-excité que jamais par les amuses bouches, galopa jusqu’à eux, bondissant entre les anciennes habitations, échouant maladroitement sur la plateforme où se trouvait les deux membres de l’escouade de recherche. La créature agita son arrière-train, tel un chat prêt à capturer sa proie. Le binôme esquivèrent son attaque. Néanmoins, Æsma se retrouve projeter à travers les débris engendrer le déviant.
Le duo : Jean et Conny, vînt leur porter secours, tailladant le creux des genoux. Malheureusement, le monstre gigotait encore, obligeant les garçons à réitérer leur actions à plusieurs reprises pour le démembrer entièrement. Pressé d’en finir avec lui, Conny dégaina une grenade explosive et la balança à hauteur de son point faible créant une entaille et fit une piqué pour enfoncer ses lames le plus profondément possible dans la nuque.
Les explorateurs se posèrent un instant pour reprendre leur souffle. Si Delroy refrénait son envie de baffe sa meilleur amie qui crachotait la poussière, Jean craqua.
— Espèce d’inconsciente, qu’est-ce que je t’ai dit ?!
La choppant pas le col de sa veste, il la secouait dans tous les sens, continuant les injures. La blondinette s’accrocha aux manches du jeune homme pour ne pas fléchir.
Chacun se trouva subitement avec le crâne endolori, choqué par ce qu’il venait de se passer.
— Vous pensez vraiment que c’est le moment de se disputez ? tempêta le petit Springer.
Des Titans pullulaient encore… Le soldat Kirschtein s’assit, se laissant un moment de répit pour réfléchir à la situation.
— Æsma, il te reste encore des bombes ?
La blondinette fouilla les poches de veste et fit signe de la main qu’il lui en restait trois.
Parmi les ennemies, il en restait un encore très coriace. Pas très grand, mais une musculature hors-norme.
Jean emprunta une bombe pour l’offrir à son pote de chambre.
— On va faire un lancer de nain, dit-il en défiant son ami.
— Quoi ?! Mais ça va pas la tête ! S’exclama le nain en question.
— Je suis très sérieux. Tu vas lui balancer ça dans sa tronche de cake, puis neutraliser ses yeux avec tes deux lames qui commencent à s’émousser. Ce connard semble avoir la peau extrêmement dure, ça nous permettra donc de le démembrer plus rapidement, le temps que tu les changes. Conny, tu es le meilleur, après Mikasa, souligna-t-il, à savoir maîtriser à la perfection l‘équipement de manœuvre tridimensionnelle. Tu pourra aisément fuir. Avec ton gabarit, c’est les doigts dans le nez !
— C’est pas une si mauvaise idée que ça, attesta Delroy - se grattant le menton.
— Vous êtes des malades ! S’indigna le soldat Springer. Remarquant qu’aucun de ses camarade contestait l’idée de Jean, il ajouta : Bordel. Vous me revaudrez ça les gars. Un jour, je grandirais et je vous dépasserais tous, sans exception !
Le petit crâne d’œuf leva le majeur et s’exécuta.
Jean toisa Æsma. La blonde hocha la tête en guise de réponse. Se précipitant dans des directions opposés, ils dégainèrent le filin de leur pistolet pour planter le piton le plus loin possible afin de prendre de la hauteur et synchroniser leur attaque.
Pendant qu’ils s’acharnaient à détacher les bras de son possesseur, Delroy slaloma à ras le sol, incisant les tendons du monstre - ce dernier tangua d’un côté, facilitant la tâche à Conny pour découpé la nuque.
— Bordel ! Il veut pas crever ! Hurla-t-il.
— Bouge ton cul Conny ! Gueula la blondinette.
Elle balança les dernières bombes, permettant au soldat Springer de terminer le travail.
Après le hors-d’œuvre, il était temps de s’attaquer au repas.
Atterrissant au sol, un Titan statique depuis le début l’observait. Elle n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi dépremié que lui. Méfiance, se dit-elle - regardant le monstre incliné légèrement la tête. Il ne bougeait toujours pas.
La blondinette actionna la détente pour contourné ce gros bébé - ne la quittant pas des yeux.
Elle se retrouva soudainement et violemment projetée contre le mur de l’enceinte. Vomissant du sang, elle se releva sans trop de difficulté, ne ressentant pas la douleur. Le sentiment de liberté et d’invulnérabilité que lui procurait les stimulants rendaient Æsma euphorique, effaçant tout pessimisme qui s’ancrait foncièrement chaque jour - renforçant son esprit rebelle.
Trouvant immédiatement le coupable qui avait osé attrapé son cable, Æsma se préparait à la contre attaque. À l’instar de son congénère, le Titan - plus petit que l’autre - respirait la joie et la bonne humeur. Le dépressif se releva brusquement, ne se semblant pas pouvoir partager son petit-déjeuner après l’avoir poussé.
Avant que l’un d’eux n’arrive, l’exploratrice balança les lames sur le premier et en dégaina des nouvelles, se hissant sur le toit. Le deuxième ayant gardé pour cible la demoiselle, ne s’occupa pas de son copain et sauta directement sur le toit. Le bougre était cruellement rapide et s’amusait à faire des cabrioles. Visiblement, les Titans envoyés par ces drôles de créatures s’avéraient extrêmement dangereux et plus perspicace que leurs ainés.
Courant à l’opposé de ces deux « déviants », Æsma accéléra la cadence et voltigea dans les airs pour effectuer une attaque en piqué. Elle rembobina aussitôt le câble, plantant le second piton d’ancrage derrière l’hyperactif. Une fois, mais pas deux, cria-t-elle - éliminant radicalement celui-ci avec une attaque tournant
Son confrère démoralisé par le spectacle, se rua sur elle. Attendant le bon timing, elle envoya le premier piton dans l'oeil gauche, puis le deuxième, le temps de récupérer l'autre. Maintenant qu'il était à sa portée, elle élimina le Titan avec succès.
S’apprêtant à partir pour prêter main forte aux autres groupes, delroy interpella ses camarades et désigna la brume émanant de l’endroit où se trouvait le Cuirassé. Aucun Titan dans les parages et aucun signe de vie de leur collègue chargé de surveiller Reiner.