L'Ode à la liberté [Livre I]

Chapitre 6 : Il est temps de faire un choix

1521 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/03/2021 22:24

District de Trost


Assis au creux de ce fauteuil en cuir - abimé par le temps - les yeux de Jean Kirschtein avait perdu toute son éclat d’âme doré, qui lui donnait cet air habituellement confiant. Il fixait - le regard vide - le ciel bleu, ne remarquant pas les oiseaux gazouiller de bonheur. Le jeune homme était bien trop absorbé par ses pensées obscures, contrastant à merveille avec cette journée ensoleillé.

Il était impossible pour lui d’oublier cette scène. Lui et ses camarades chargés d’aider l’équipe de nettoyage, avaient analysé les cadavres un à un.

Le fait de se remémorer ce moment précis, lui donnait la nausée. Parmi ces morts se trouvait Marco. Hanté par le visage déchiqueté de son meilleur ami, son cadavre nageant une mare de sang, avait également perdu une partie de son buste. L’identifier avait été facile. Trop facile. Personne ne portait avec fierté des tâches de rousseur de son envergure.

Marco Bott était mort. Marco. Le gars qui s’était hissé à la septième place. Celui qui était capable de diriger une escouade avec succès, tant il avait une facilité déconcertante à se lier d’amitié et gagner la confiance des gens. Un leader né. Même les grands frères auraient suivit le soldat Bott les yeux fermés. Un mec pur et naïf aux premiers abords, mais qui débordait d’intelligences. Du même niveau que l’autre tête d’ampoule qui suivait l’idiot suicidaire. 

Alors qu’il avait un grand avenir devant lui au sein des Brigades Spéciales, Marco se trouvait parmi les victimes. Comment a-t-il pu mourrir de façon aussi regrettable, se demandait Jean. Cette question tournait en boucle dans sa tête.

Quand ? Comment ? Pourquoi ? C’était improbable aux yeux de la recrue Kirschtein. Il se frotta le front, à tel point que le haut de sa tête devenait rouge. Il avait beau chercher une explication cohérente et plausible, rien ne lui venait à l’esprit. 

Chaque soir, une fois installé dans son lit, le garçon ne pouvait contenir ses larmes. Il était complètement désemparé. Le rêve de Marco s’était volatilisé et lui avait perdu son meilleur ami à tout jamais.


« Ta grande qualité c’est que tu n’es pas quelqu’un de fort. Tu sais aussi facilement te mettre à la place des plus faibles et comme en plus tu as le talent de savoir évaluer avec justesse une situation donnée, tu sais en toute circonstance ce qu’il convient de faire ou non »

Jean observait les flammes qui avaient dévorer les corps depuis quelques heures. Ils formèrent à l’unisson un tas d’os. Marco avait disparu de ce monde.


La bonne blague, pensait Jean en se mordant la langue. Il regrettait amèrement d’avoir échoué. Si seulement il avait été sur place pour sauver son ami.

Tout ce chemin parcouru en valait-il la peine ? Bien sûr que oui. Une fois dans les Brigades Spéciales, Jean serait à l’abri de tout danger. C’était l’unique moyen d’échapper aux Titans et à la mort. Vivre en toute tranquillité, fonder une famille avec sa futur femme…

Baliverne, s’exclama-il en tapant du poing sur l’accoudoir. Comment dormir sereinement sur ses deux oreilles ? Il voyait encore le faciès béat et horrifique de chacun de ces monstres. Sans oublié le Titan Colossal. Le plus incroyable de tous. Le mur Maria avait été détruit. La porte de Trost aussi. C'était un ennemi redoutable.

Les dégâts qu’il avait causé avait tué Marco. Qui le vengerait ? Personne. Le discours d’Eren refit surface. Jean du mettre son égo de côté pour admettre que cette face de sanglier n’avait pas totalement tort, mais il était loin d’être comme lui. Mourir n’était pas une option.


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Seul dans son coin, Armin Arlelt, émettait toute sorte de spéculations. Certaines choses semblaient lui avoir sauté aux yeux, notamment depuis ce fameux examen surprise. Il s’ébouriffait le crâne, comme si cela l’aidait à remettre de l’ordre dans ses idées. Il lui arrivait de se frapper la tête, refusant de tomber dans des conclusions aussi hâtives. 

Ce comportement amusait fortement son camarade adossé au pas de la porte. Fidèle à lui même, se disait-il. Ceci dit, le cerveau de Delroy carburait tout autant. Ce qui le troublait le plus, était l’absence du Major Erwin. C’était lui qui avait donné les instructions aux Brigades Spéciales. Il y avait forcément anguille sous roche.

Autre chose avaient interpellé les garçons. Comment Annie s’était-elle retrouvée avec l’équipement de manœuvre tridimensionnelle de Marco ? Ce n’était pas passé inaperçu à leurs yeux, ayant aidé - maintes et maintes fois - la recrue Bott à réparer son dispositif.

Armin eut un léger sursaut. Vraisemsablement, il n’attendait pas à avoir de la visite. 

— C’est toi Delroy ! s’exclama-t-il.

— Pourquoi te morfond-tu autant ? Depuis que nous avons été contrôlé, j’ai l’impression que tu as découvert des choses contre ton gré…

Perspicace, murmura Armin. Un peu trop à son goût. Le grand brun n’était pas du genre à tourner autour du pot. Delroy aimait appuyer, là, où ça fait mal.

Le soldat Arlelt hocha la tête en guise de réponse. Nul besoin de mentir. Il était bien trop tourmenté par les évènements et parler ne lui ferait pas de mal.

— C’est encore flou. Il manque encore beaucoup trop de pièces pour compléter le puzzle, dit Armin

— On aura peut-être une réponse ce soir…

— Comment ça ?

— Ah oui, justement… Je voulais t’informer qu’on avait une réunion à 21h, dans la cours. Le Major Smith a ordonné à toutes les nouvelles recrues de se pointer, car il a une annonce importante à nous faire, répondit Delroy, haussant les épaules.

— Tu sais… avec tout ce qu’il s’est passé, je ne suis pas sûr qu’on nous dit toute la vérité. Même le Bataillon en charge d’explorer et d’en apprendre plus sur l’état actuel de notre monde, doit avoir son lot de petits secrets. La corruption est partout.

— Tu penses qu’il y a une autre raison à sa venue ?

— Possible…

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Un silence de mort régnait dans le dortoir des filles. La plupart des recrues avaient pris la fuite, ne préférant pas être témoin de ce qui allait suivre.

L’endroit quasiment désert, Ymir finit par exploser de rire, face à la mine sombre de Mikasa. Christa supplia à son amie d’arrêter, de peur qu’elle se fasse étriper. Ymir essuya ses larmes.

— Et toi, Annie ? Tu ne dis rien depuis tout à l’heure. Fais nous donc part de ton opinion.

Annie pris une profonde inspiration, méditant une fraction de seconde pour ne pas imploser. Elle ne supportait plus l’ambiance et encore moins ces pimbêches qui se crêpaient le chignon.

Eren par-ci, Eren par-là. Tout le monde avait compris. Ackerman était le genre de personne qui se saignait à blanc. Peu importe ce qui lui en coûtait. Et valait mieux éviter de faire un commentaire déplacé.

Ymir, toujours aussi provocatrice, avait réussi à déclencher la bombe à retardement. Pourtant, cette fille était très mal placée pour dire quoi que ce soit à ce sujet. Elle ne comprenait pas même pas l’intérêt qu'elle portait à la petite Lenz, sans personnalité, respirant l’hypocrisie à plein nez.

— Mikasa et toi, vous êtes pareilles, répondit Annie, nonchalante. 

À cette simple comparaison, les deux concernés arquèrent un sourcil, se dévisageant mutuellement .

— Qu’est-ce que tu nous chantes Annie ? Demanda Ymir.

— Je te pensais plus intelligente que ça, dit sèchement Mikasa.

La recrue Leonhart se gratta la tête, puis souffla. Elles les avaient peut-être sur-estimé, bien plus qu’il ne fallait.

— Si quelqu’un vous demandait de mourir, vous le feriez ?

— Hein ? S’exclamèrent les deux autres en cœur.

— Cessez d’attendre qu’on vienne vous prendre la main et faites vos propres choix. À l’inverse, ça m’étonnerais que les autres vous suivent aveuglément, dit Annie en regardant froidement Christa. 


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« Vous avez 30% de chances de mourir lors de la mission que nous allons entreprendre. D’ici quatre ans, plus de la moitié d’entre vous seront mort. Ne restez ici que si vous êtes prêt à vous sacrifier ».

Il n’était pas surprenant que la majorité choisissent un autre corps armée. Seulement vingt des soixante dix-huit survivants restèrent au pied de l’estrade. Bien plus qu’avait escompté le Major, après s’être décidé de dévoiler de but en blanc les raisons de sa présence.

À partir de maintenant, la vie de ces jeunes soldats allait drastiquement changer. Pour le meilleur et pour le pire.

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