L'Ode à la liberté [Livre I]

Chapitre 26 : Vieilles connaissances - Part I : Coïncidence

2807 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/04/2021 13:02

District de Stohess


Les lèvres pincées, Æsma survola le flyer qu'Armin lui donnait. Ces connards de la Brigade n'auront pas attendu pour accuser le Bataillon.Le karma était inévitable. Quel idée d'avoir élaboré un plan aussi foireux ?

Toute la petite équipe était à cran, encore plus depuis le kidnapping d'Eren et Historia, sans parler de l'assassinat de Dimo Reeves et l'arrestation d'Erwin Smith. Les voilà officiellement devenus des fugitifs.

Delroy frotta le dos de sa collègue, lui retirant la feuille des mains, l'inspecta rapidement et broya le détritus dans la paume de ses mains.

— Ils ont eu le Major Erwin et une partie du Bataillon, mais Hanji et Moblit se promènent encore dans la nature. Avec toutes les informations récoltés à droite à gauche, ces deux là ont du déjà préparer une contre-attaque, dit-il.

— Puis le capitaine a été très réactif, nous sommes toujours dans la course, ajouta le soldat Arlelt. À coups sûr, le funérarium est dans le coup. Bizarre qu'ils trimballent deux cercueils pleins en pleine nuit. Aussi longtemps que nous contrôleront Reiss, nous devrions être capable de découvrir comment ont été bâtis les murs. Il doit bien y avoir des traces de cette technologie. Il est encore possible pour Eren d'apprendre le durcissement...

— Même si tout semble aller pour le mieux, pour l'instant, je ne veux toujours pas tuer d'humains. Même si le capitaine me l'ordonne, je n'en serais pas capable, répliqua Jean.

— Idem ! Le capitaine Livaï usera certainement de sa force pour nous obliger à lui obéir comme il l'a fait avec Historia, ajouta Conny.

— Ouais... Malgré sa gentillesse pendant les négociations avec la compagnie Reeves, il continuera à jouer les tyrans, même une fois qu'Historia sera couronné, grommela Sasha.

— Si on en arrive là, je ne pense pas rester dans un groupe qui agi de la sorte. Quand j'y repense, j'ai sacrifié mon avenir car je voulais sauver l'humanité.

— J'ai toujours pensé que ce nabot était anormal, dit Mikasa. Mais, avec tout ce qui se passe... Nous devons lui faire confiance. Vous devriez tous prendre une décision maintenant.

Les bras croisés, se positionnant en tailleur, Æsma gardait le silence, les yeux rivés au sol. Oui, ils devaient se fier au caporal. Ils n'avaient tué personne, mais tout de même... leurs actes étaient plutôt répréhensibles. Un chaos régentait autant à l’intérieur de son cœur que dans sa tête, toujours sceptique aux décisions de ses ainés.

Sa vision idyllique avec Hanji s’effondrait. Un cataclysme des plus destructeurs. Elle se leva pour faire quelques étirements pour taire ses angoisses.

Traum observait Ackerman. Cette fille ne tergiversait jamais. Recourir à la violence ne lui faisait ni chaud, ni froid, prête à tuer les personnes lui barrant la route. En tout cas, quand il était question d’Eren, elle était déchainée.

Serait-elle capable d'en faire de même pour les êtres qui lui était cher ?


Ces aléas de la vie distrayaient le soldat Henchman, lui permettant de ne pas ruminer sur les anciens incidents. Ou non. Au contraire. Une plus grande menace les guettaient, mais le gouvernement déployait toutes les ressources nécessaires pour détruire ce que le Bataillon avait bâti depuis des décennies.

Les traîtres avaient forcément survécu à la horde de Titan. Bertolt... Le Colossal était doté d'une puissance incommensurable et il était loin d'être bête. Possible qu'il ait pu permettre à Reiner et Ymir de fuir, attirant les Titans de son côté et... BOOM. Tous ont succombé à l'explosion. À moins que... Peut-être que le Bestial les espionnaient également depuis le début. Qui donc se cachait derrière ? Que manigançait ces salauds à l'heure actuelle ? Impossible qu'ils abandonnent Annie de la sorte. Où donc se trouvaient-ils exactement ? Sont-ils rentrés chez eux ? Ou sont-ils retrouvés à l'intérieur des murs guettant la moindre occasion pour un assaut surprise ?

Quoi qu'il en soit, le Bataillon d'Exploration manquait de moyens pour faire front des deux côtés. L'étau se refermait dangereusement sur eux et cela et sans Eren, tout était perdu.

Delroy sentit des regards braqués sur lui. Depuis le début, il marmonnait dans son coin, de somptueux jurons à en faire pâlir plus d'un, proférant des menaces plus savoureuse que l'une que les autres.

Il se renfrogna aussitôt, se rongeant les ongles. Quel con. Il n'était pas le seul à être affecté par cette félonie et n'était pas de cette manière, qu'il maintiendrait le morale de ses amis, déjà au plus bas.

À moi de montrer l'exemple, se dit-il, bombant son torse.

— Concernant le caporal, Mikasa à raison. Le doute nous a plus permis. Si nous voulons faire pencher la balance en notre faveur, nous devons nous montrer plus impitoyable et rusé qu'eux. Et, je vous promet qu'après ça, on va dénicher la solution pour prendre l'offensive lorsqu'on va partie à Shiganshina.

— Vous devriez tous prendre une décision. Maintenant, ajouta le soldat Ackerman.

— Où comptes- tu aller ? Demanda Armin.

Ce dernier s'adressa à Æsma sur le point de quitter l'écurie.

— J'ai juste besoin de me dégourdir les jambes. Je ne vais pas très loin, promis !


Quelqu'un avait attiré son attention, et par précaution, elle se chargea de la filature, souhaitant vérifier de ses propres yeux. Était-ce bien lui ? L'aurait-il reconnu ? Il fallait absolument qu'elle l'intercepte. Si jamais il venait à alerter la police... Elle perdit sa trace à l'intersection.

Merde. Autant rebrousser chemin, avant d'inquiéter les autres, songea-t-elle - s'éternisant à examiner attentivement chaque individu qui déambulait à la porte du district, à la limite de la déception de s'être trompé. Son imagination lui jouait-t-il des tours maintenant ?

Se préparant à faire marche arrière, quelqu'un lui colla un mouchoir chargé d'une odeur éthérée, l'entraînement de force dans une petite ruelle, à l'abri des regards curieux. Son assaillant la projeta contre le mur et frappa son plexus solaire.

Cette frappe douloureuse lui provoqua une nausée. Peinant à reprendre sa respiration. Elle regardait son agresseur stupéfaite. Sur le point de s'effondrer, elle se rattrapa à lui. il était impossible de lui parler. Tout ce qu'elle pouvait faire était de le dévisager, pendant qu'il déversait un liquide sur le mouchoir et l'obligea à l'inhaler. Ce dernier s'excusa pour cette petite mésaventure, que s'était pour la protéger. Pendant qu'elle luttait contre les effets soporifiques pendant de sempiternelles secondes, il lui promit de tout lui expliquer à son réveil. Complètement épuisée, elle renonça à se rebeller.


Se sentant légèrement balloter, la victime s'efforça à ouvrir les paupières horriblement lourdes. Impossible. Complètement dans le gaz, elle ne lutta pas plus longtemps.


Au chaud - à moitié somnolente - elle s'enroula dans les draps, profitant de ce moment fort agréable. Longtemps qu'elle n'avait pas profité d'un repos aussi compensateur. Ce qui finissait par lui paraître étrange...

Æsma se réveilla et se redressa brusquement. Comment s'était-elle retrouvée ici ? Où était-t-elle ? L'escouade ?

— Tu es enfin réveillée princesse.

Affolée, elle se tourna la tête vers son ami de longue date. Son agresseur. Il ne portait qu'un demi-chignon négligemment attaché, dévoilant le reste de ses cheveux blonds lisse et brillant, où quelques mèches rebelles cachaient son visage. Aloysisus, futur héritier des Rovdyr, le meilleur ami de son frère se tenait devant elle.

— Al !

— Æsma.

Le jeune homme des Brigades cessa d'écrire. Il pivota de sa chaise pour faire face à la demoiselle. Un sourire espiègle se dessinait sur ce charmant visage. Il fallait se l'avouer, il avait une vraie gueule d'ange. L'individu avait pris clairement ses aises pour la dévorer de ses yeux dorés. Elle détourna les yeux, déglutissant péniblement.

— Où suis-je ?

Elle se caressa au niveau de l'estomac, outragée en repensant à ce qu'il lui avait fait. Ça faisait mal. Très mal.

— Toujours à Stohess.

— Putain ! Cria-t-elle. Pourquoi t'as fait ça ?!

— Calme toi. Tes très chers collègues sont encore en fuite. Bien que trois d'entre eux, ne s'en sont pas sorties indemnes.

— Quoi ?! Qui ?!

Son cerveau était sur le point d'imploser.

— Qu'est-ce que j'en sais, répondit l’ami de longue date - haussant des épaules.

Le grand blond se pencha légèrement - coudes sur les genoux, jambes écartées. Il planta ses yeux bleus dans les siens. Nul doute qu'il avait l'intention de lui tirer les vers du nez pour récolter le plus d'informations possible. Or, aujourd'hui, elle ne cédera pas.

La mine renfrognée, elle était furieuse contre lui.

— Tu as vraiment de la chance que je t'ai vu.

— Hein ?

Elle le regardait un peu ahuri.

— De la chance ? Je te rappelle que tu m'as fait respi...

— Comme tu le sais, le Bataillon d'Exploration est dans le collimateur de l'armée toute entière et surtout de la garde royale, coupa-t-il.

— Tu m'as...

— Ton Major est actuellement placé sous haute surveillance. On a déjà mis pas mal de vos collègues en prison. Il ne reste plus qu'à trouver la fine équipe du Chef Livaï et Zoe.

Il ne lui laissait pas le temps d'en placer une. Elle se sentait bafouée par son indifférence.

— Peu importe le temps que ça prendra, votre organisation sera dissoute dès demain, quoi qu'il arrive. Si tu nous dis tout ce que tu sais, il y a peut-être une chance infime de sauver tes camarades de la mort. Je te conseille vivement de me dire tout ce que tu sais.

Le soldat avait réussi à dévier la conversation, lui faisant oublier un instant ses méfaits.

— C'est complètement absurde, répondit Æsma - secouant la tête. Vous n'avez toujours pas pris conscience du danger qui rôde à l'extérieur des murs ?! Même si je savais où les autres étaient cachés, que je vous dévoile nos attentions, qu'est-ce qui me garantit que les Brigades tiendront parole ?

Qui donc était mort ? Qui ? Elle était sur le point de s'arracher les cheveux, complètement perdue, abattu.

— Toi plus que moi, sait que ce corps armée est corrompu jusqu'à la moelle. Même si tu fais exception à la règle. Ma foi ce qui n'est pas le cas, continua-t-elle amèrement, je ne t'aiderais pas !

Son soit disant ami s’approcha d’elle.

— Aïe ! Lâche-moi !

— Je me suis évertué à sauver ton p'tit cul et plaider en ta faveur pour que tu ne croupisse pas en prison. Alors s'il te plaît, coopère, dit-il - en lui pinçant et jouant avec ses joues .

— Mais tu me fais mal !

Ce bougre se comportait comme si de rien n'était, énervant de plus en plus la blondinette. Peu importe le climat - aussi pacifiste soit-il, qu'il installait, elle était clairement sa prisonnière. Elle devait impérativement trouver un moyen de fuir d'ici et retrouver ses camarades. Avaient-ils au moins réussi à repérer Eren et Historia ? Peu probable... Trois de ses collègues ont été tués. Ou peut-être qu'il lui racontait des bobards pour la faire parler. Mais Al n'était pas du genre à mentir, enfin... après ce qui s'est passé, elle se méfiait.

Où était-elle dans Stohess ? Combien de temps avait-elle dormi ? Puis, si elle voulait fuir, il faudrait d'abord qu'elle sache sa position exacte, savoir combien de temps il lui faudrait pour trouver un équipement ... et connaître le nombre et la position exacte de chaque soldat. Était-elle au moins au district de Stohess ?

Le séduisant soldat saisit son visage, la forçant à le regarder droit dans les yeux.

— Je sais à quoi tu penses. Laisse tomber. Le Major Dork et Gab vont bientôt arriver.

La blondinette grimaça. Qu'est-ce qu'il l'attendait ?

— Si je comprends bien, le Major Smith est actuellement votre prisonnier. J'aimerais le voir de mes propres yeux.

— Tu crois vraiment être en position pour exiger quoi que ce soit ?

Énervée, Æsma saisit l'homme par le col de sa chemise.

— Prouve moi que tu me dis la vérité Peut-être que là, je serais plus enclin à parler.

L'ami d'enfance attrapa ses poignets et la balança en arrière. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, quand elle se trouva entre lui et le matelas - qui s'affaissa peu à peu sous leurs poids.

— Jeune fille, j'ai toujours aimé ta fougue, mais des fois tu devrais apprendre à rester à ta place.

Elle réussit à le repousser, le giflant de toutes ses forces.

— Putain qu'est-ce que tu fou ?!

— Pardon, je pensais que c'était une invitation, répondit-il - faussement naïf

— T'es qu'un enfoiré ! S'indigna-t-elle.

— Pourtant la dernière fois... ria-t-il.

— J'étais bourrée !

— Ouais et heureusement que je ne suis pas ce genre de connard, répliqua-t-il - un ton plus grave. Puis, ton frère m’aurait étripé.

Æsma se mordit la lèvre inférieure, honteuse. Il lui avait éviter de commettre l’irréparable. Elle s'ébouriffa le crâne en pensant à Hanji - qu'il l'avait rejeté. Puis à Eren - qui devait forcément encore lorgner sur Annie. Ou bien Mikasa. Après tout, il n'avaient aucun lien de sang et vu leur promiscuité… Ivre, elle était un véritable démon de la dépravation.

— Qu'est que vous foutez tous les deux ? S'éleva une voix au pas de la porte.

Gabriel entra dans la pièce, un brin irrité. Peu importe les liens qui les unissaient, il détestait voir son ami rôder autour de sa cher et tendre petite sœur. Il exécrait tout ce qui possédait un attrait viril ceci dit, désirant préserver sa sœur de ces serpents. Ce qui contrariait davantage le lieutenant en ayant surpris leur petites conversations. 

Traum était suivi d'un homme aux cheveux courts et noir portant une moustache affinée. Dans la main de ce dernier, se trouvait une veste des Brigades Spéciales, qui ne semblait pas correspondre à sa taille.

— Rien, on s'amusait, souriait Al - peu rassuré.

— Comporte toi correctement Rovdyr, ordonna le Major - en mettant une claque derrière la tête du jeune homme. Æsma Traum, enchanté je suis ...

— Naile Dork. La première fois que je vous ai vu, c'était pendant la capture du Titan Féminin. Je m'en souviens. Où est le Major Erwin ?

— Bordel, t'es pire qu'avant, grommela Gabriel - tirant l’oreille de sa sœur. Respect un peu tes supérieurs.

— Tu souhaites voir Erwin ? Demanda le Major. D'accord. Ça nous laissera le temps de discuter en chemin. Les garçons, je pense que vous devriez venir, cela vous concerne aussi. Surtout toi Aloysius.

Interloqués, le frère et la sœur observaient le commandant, contrairement à leur ami. Le Major Dork tendit la veste des Brigades Spéciales à Æsma pour éviter tout soupçon.


Le carrosse en route, Naile sortis d'une valise, un équipement de manœuvre tridimensionnel, mais ce dernier était beaucoup plus compact. Il ne possédait pas de fourreau, mais était muni de deux pistolets de gros calibres. Le frère et la sœur analysèrent tour à tour ce nouveau dispositif.

Les pistolets semblaient devoir être fixés sur les deux avants-bras de l'utilisateur. Idéal pour les combats à distance, mais visiblement il y avait deux défauts à ce dispositif. Le premier, l'immobilité. Le grappin étant rattaché directement à l'arme, réduisait considérablement les axes de mouvements. Le deuxième, ce sont les munitions. Il fallait donc un moment pour recharger l'arme. Æsma repéra un petit sceau gravé en dessous de la crosse.

— Al. C'est ta famille qui a fabriqué ça ?!

— Oui, marmonna-t-il.

Le Major leur révéla certaines informations, qu'il n'a découvert que très récemment, par le biais d'Aloysius. Même le général Zackley ignorait tout ça. Le royaume avait engagé Kenny Ackerman - un célèbre assassin - pour diriger l'équipe anti-humaine, une unité secrète appartenant aux Brigades Spéciales de la Première Division, sous les ordres direct du roi.

Æsma resta bloqué un moment sur le nom de famille Ackerman. Mikasa était orpheline. Un parent éloigné ?

— Le dispositif est spécialement conçu pour éliminer un être-humain. Elle a surtout été pensée pour s'opposer au Bataillon d'Exploration, supposa Rovdyr songeur.

— Et vous doutez encore du Major Erwin ?! s'offusqua Æsma. Le culte du mur, le Titan dans le mur, la famille royale... Qu'est-ce qu'il vous faut de plus pour réagir ?! Par votre incompétence et votre lâcheté, il va être exécuté !


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